Bienvenue sur le site de la LDH-66 (Pyrénées orientales)

VENEZ REJOINDRE LE COMBAT POUR LA JUSTICE, L’EGALITE, LES LIBERTES, LA DEMOCRATIE, LA DÉFENSE DES DROITS HUMAINS

L’OBSERVATOIRE DE LA LIBERTÉ DE CRÉATION S’OPPOSE AU BOYCOTT DES ARTISTES RUSSES

Communiqué de l’Observatoire de la liberté de création dont la LDH est membre

Communiqué de l’Observatoire de la liberté de création

L’Observatoire de la liberté de création, qui réunit une quinzaine d’organisations luttant ensemble contre la censure des œuvres, affirme son plein et entier soutien aux artistes ukrainiens et prépare une initiative en ce sens.

Nous sommes informés de demandes de limogeage d’artistes russes des institutions auxquels ils collaborent et de demandes de boycott des œuvres des artistes russes dans les concerts, festivals, théâtres, etc., certaines organisations membres de l’Observatoire étant sollicitées en ce sens.

Nous tenons à rappeler fermement les principes qui nous unissent : la liberté de création et la liberté de diffusion des œuvres. Personne ne saurait en être privé en raison de sa nationalité. Ce serait confondre des hommes et des femmes et le gouvernement de leur pays. Et ce serait méconnaître les risques que prennent bon nombre d’artistes russes, actuellement, pour affirmer leur refus de la guerre, ou leur refus du régime qui les contraint, parfois jusqu’à l’enfermement carcéral. Démissionner d’une institution en Russie, comme l’ont fait de nombreux responsables culturels, est un droit et un risque.

Evincer des artistes russes de nos institutions culturelles, boycotter leurs œuvres, au seul motif qu’ils sont russes, est une discrimination inacceptable.

_

The Observatory for creative freedom, which draws together some fifteen organizations to fight against the censorship of artistic works, states its full support for Ukrainian artists and is preparing an initiative to this end.

We are aware of requests to remove Russian artists from the institutions in which they collaborate and of requests to boycott the participation of Russian artists in concerts, festivals, theatres, etc. Certain Observatory member organizations have been contacted in this respect.

We wish to restate firmly the principles that unite us: the freedom to create and diffuse artistic works. No one should be deprived of this freedom solely because of his or her nationality. This would mean a lack of distinction between the individual members and the government of their country. And it would mean a lack of recognition of the risks currently taken by a large number of Russian artists when they state their rejection of the war or their rejection of the regime that constrains them, even to the point of jailing them. Resigning from an institution in Russia, as many cultural actors have done, is a right and a risk.

To oust Russian artists from our cultural institutions and to boycott their work, simply because they are Russian, is unacceptable discrimination.

_

Liste des membres de l’Observatoire de la liberté de création :
Association du Cinéma Indépendant pour sa Diffusion (Acid) ; Association des cinéastes documentaristes (Addoc) ; Section française de l’Association internationale des critiques d’art (Aica France) ; Fédération des lieux de musiques actuelles (Fedelima) ; Fédération nationale des syndicats du spectacle, du cinéma, de l’audiovisuel et de l’action culturelle (FNSAC-CGT) ; Fédération nationale des arts de la rue ; Ligue des droits de l’Homme (LDH) ; Ligue de l’enseignement ; Les Forces musicales ; Scénaristes de Cinéma Associés (SCA) ; Syndicat français des artistes interprètes (SFA-CGT) ; Syndicat national des artistes plasticiens (Snap-CGT) ; Syndicat national des scènes publiques (SNSP) ; Société des réalisateurs de films (SRF) ; Syndicat national des entreprises artistiques et culturelles (Syndeac).

Paris, le 8 mars 2022.

Poutine face au défi du contrôle de l’opinion russe dans la guerre

Publié sur franceinter.fr le 7 mars 2022

La LDH qui participe aux collectifs unitaires contre la guerre en Ukraine , soutien la lutte du peuple ukrainien face à la guerre de Poutine comme elle soutient les opposants russes qui osent braver la répression comme ci-dessous à Moscou.

4000 manifestants anti-guerre ont été arrêtés dimanche en Russie ; Poutine doit maîtriser le « narratif » de cette guerre s’il veut éviter les contestations à mesure que son coût réel se fera sentir, en vies humaines et sous l’effet des sanctions.

Manifestants russes à Moscou contre le guerre en Ukraine le 24 février 2022 – AFP

Il faut saluer le courage des quelques milliers de manifestants qui ont bravé hier les déploiements policiers et une répression certaine, pour défiler à Moscou et Saint Petersbourg, jusqu’à Novosibirsk en Sibérie. Ils exprimaient leur opposition à ce qu’on n’a plus le droit de qualifier de « guerre » en Russie, seulement d’« opération militaire spéciale ». Plus de 4.000 d’entre eux ont été interpelés, s’ajoutant à plus de 10.000 depuis le début de l’invasion.

Ces manifestants ne sont évidemment pas assez nombreux pour stopper l’aventure dans laquelle Vladimir Poutine a embarqué la Russie, au nom d’une vision héritée du XX° siècle, au risque de sacrifier l’avenir du pays au XXI° siècle.

Mais ces manifestants montrent au moins que derrière une façade maintenue intacte par un autoritarisme de plus en plus pesant, les craquements existent. 

La question se pose dès lors de savoir si Poutine parviendra à étouffer ces velléités d’opposition à son aventurisme militaire, et à se prémunir d’une résistance interne si le coût humain, économique et politique de cette guerre devient trop élevé ; ce à quoi s’emploient Ukrainiens et Occidentaux, car c’est l’un des clés de l’évolution de ce conflit.

Cela fait des années que Poutine restreint progressivement l’espace vital de la société civile, de l’information indépendante, et de l’opposition politique. Des ONG comme Mémorial, consacrée à la mémoire des crimes du stalinisme, ont été fermées ; les médias indépendants muselés, comme la radio Echo de Moscou qui a préféré cesser d’émettre il y a huit jours ; et l’opposition est à l’image d’Alexei Navalny, qui croupit dans un camp pénitentiaire.

Mais l’enjeu de cette guerre va au-delà de cette opposition constituée. Il porte sur le contrôle du « narratif » de cette guerre, sur le nombre de morts, sur l’impact des sanctions. Qui contrôle le récit peut espérer contrôler les émotions et les opinions !

La population russe n’est soumise aujourd’hui qu’à un seul discours, sur la « dénazification » de l’Ukraine, sur la menace de l’Otan, sur l’ « illégitimité » des autorités de Kiev. Seule une minorité a aujourd’hui les moyens de le contester.

Le « modèle chinois » montre qu’il est possible de verrouiller l’information. Mais ça deviendra plus compliqué lorsque le véritable bilan des morts de cette guerre commencera à arriver dans les familles. Les Comités de mères qui avaient joué un grand rôle dans les guerres d’Afghanistan et de Tchétchénie, se réveillent déjà.

Et il y va y avoir l’impact des sanctions économiques dont la Banque mondiale prédisait hier qu’elles feraient reculer le Produit intérieur brut russe de 15% cette année, c’est historique. Poutine parviendra-t-il à diriger la colère des Russes contre l’Occident, ou devra-t-il assumer une part du blâme pour cette guerre inutile qui ruine la Russie ?

Une partie de la guerre d’Ukraine se joue en Russie même, car si le rapport de force militaire est en faveur de l’armée russe, il en irait autrement si la population n’adhérait pas au récit de Poutine. Même en dictature, il est difficile d’entraîner éternellement un pays entier dans une telle aventure contre son gré.

|1| |69| |70| |71| |72| |73| |319|