Photo Pierre Fénard.
70ème anniversaire du massacre de Thiaroye (Sénégal) : la France responsable
On commémore cette année le 70ème anniversaire du massacre des Tirailleurs sénégalais, à Thiaroye, près de Dakar (Sénégal).
Ces soldats, qui avaient combattu pour la France pendant la 2ème guerre mondiale, avaient, après la défaite de 1940, été faits prisonniers par les Allemands. Mais les nazis ne voulaient pas les interner chez eux : ils ont donc construit des camps en France. A la libération, la France les a renvoyés chez eux. Mais il y avait un problème : ils n’avaient pas reçu leurs soldes. Et ils ne l’ont pas admis. C’est la principale raison du massacre qui s’est déroulé Thiaroye : pour ne pas verser ces soldes, l’armée française a tiré, massacrant plusieurs centaines de ces soldats africains.
La région de Loudéac est concernée par ce drame, puis qu’une centaine de ces soldats ont été enfermé à Trévé, pendant trois mois. La section LDH Loudéac centre Bretagne a, en 2011, réalisé un travail important sur ce dossier, en collaboration avec l’historienne Armelle Mabon. Ce travail s’est terminé par l’édition d’un livre, « Nous n’avions jamais vu de Noirs » (éditions Récits), recueil de témoignages de Trévéens, et par l’érection, par la municipalité de Trévé, d’une stèle à la mémoire de ces soldats (voir le dossier des témoignages ici, et l’article sur l’inauguration de la stèle de Trévé là). Renseignements sur l’ouvrage « Nous n’avions jamais vu de Noirs » ici.
A l’occasion de ce 70ème anniversaire, la Ligue des droits de l’Homme a publié un communiqué, demandant à la France de reconnaître enfin sa responsabilité dans ce drame.
IL Y A SOIXANTE-DIX ANS, MASSACRE À THIAROYE (SÉNÉGAL) : LA FRANCE DOIT RECONNAÎTRE SES RESPONSABILITÉS
Il y a soixante-dix ans, à Thiaroye, près de Dakar, plusieurs centaines de tirailleurs africains démobilisés qui demandaient le paiement de leur solde de captivité, prévue par les textes en vigueur à leur départ de France, ont été qualifiés de « mutins ». La Ligue des droits de l’Homme demande à la France de reconnaître les faits et d’assumer ses responsabilités.
Ces faits sont établis. Des dizaines de soldats ont été tués et blessés, d’autres condamnés. Ils étaient de retour en Afrique après avoir été appelés en 1940, pour défendre la France, puis détenus sur son territoire par les nazis qui refusaient qu’ils le soient en Allemagne. Le 1erdécembre 1944, ils ont subi une répression brutale qui a fait plusieurs dizaines de morts, suivie d’un procès où trente-quatre d’entre eux ont été lourdement condamnés.
Le silence officiel sur cet événement a commencé à être levé en 2004 par les déclarations de l’ambassadeur spécial, Pierre-André Wiltzer, dépêché à Dakar par le président Chirac pour la première Journée du tirailleur. Puis, par celles du président Hollande qui, avant de se rendre au Sommet de la francophonie de Kinshasa, a regretté à Dakar, le 12 octobre 2012, cette « répression sanglante ». Les recherches récentes des historiens, notamment celles de l’universitaire Armelle Mabon, de l’université de Bretagne-Sud-Lorient, et d’un chercheur auteur d’une thèse à l’Ecole des hautes études en sciences sociales, Martin Mourre, conduisent à une meilleure connaissance des faits et amènent la Ligue des droits de l’Homme à demander aux autorités françaises de reconnaître clairement les injustices commises.
Plus d’un millier de tirailleurs embarqués à Morlaix, le 5 novembre 1944, sur le « Circassia », et arrivés le 21 novembre, à Dakar, ont été spoliés des trois quarts de leur solde de captivité prévue par les textes officiels. Et quand, le 28 novembre, ils ont demandé à recevoir ce qui leur était dû, ils ont été considérés en état de rébellion. L’armée a ouvert le feu sur eux, et justifié cette répression en prétextant des tirs de leur part.
En réalité, à ces tirailleurs qui avaient passé plus de quatre années en France, lié connaissance avec des Français de métropole, et, pour certains, rejoint des groupes de Résistants après le débarquement de Normandie, il s’agissait de faire comprendre qu’ils devaient réintégrer en Afrique française leur statut d’indigènes. Pour cela, selon le mot du général commandant les troupes coloniales à Dakar, un « coup de bistouri » douloureux était nécessaire. Comme lors des massacres de Sétif et Guelma en Algérie, quelques mois plus tard, il s’agissait d’ôter à ces colonisés toute idée d’émancipation.
Soixante-dix ans après, la LDH estime que la France s’honorerait à reconnaître clairement les faits. A l’occasion du Sommet de la francophonie à Dakar, elle demande aux autorités françaises :
- de rendre publique la liste nominale des tirailleurs à bord du navire « Circassia » parti de Morlaix, le 5 novembre, et arrivé à Dakar, le 21 novembre 1944 ;
- de reconnaître la spoliation dont ont été victimes ces tirailleurs des trois quarts de la solde de captivité qui leur était due ;
- d’exprimer les regrets officiels de la France pour la répression qui les a frappés à Thiaroye, le 1erdécembre 1944 ;
- de rendre publics les noms des morts et des blessés qu’elle a faits parmi eux ;
- de s’engager au paiement aux descendants de ces tirailleurs du complément de solde dont ils ont été spoliés ;
- de transmettre à la Cour de cassation la demande d’annulation sans renvoi des condamnations prononcées en février 1944 par le tribunal de Dakar.
Paris, le 27 novembre 2014
Exhibit B, Projet crocodile : la liberté de création une nouvelle fois menacée
Sale temps pour la liberté de création! Deux affaires viennent simultanément démontrer qu’il ne faut pas lâcher la pression, et la défendre obstinément, sans arrêt.
La première concerne la pièce de l’artiste Sud-Africain, Brett Bayley, intitulée Exhibit B, qui met en scène des acteurs noirs dans des situation qui évoquent l’esclavage, la ségrégation raciale, le colonialisme, les zoos humains… Des scènes dures, évidemment, puisqu’il s’agit de dénoncer des événements qui eux n’étaient pas mis en scène. Une contreverse s’est rapidement déclenchée, qui, et c’est là l’aspect particulièrement pervers de cette affaire, demande, au nom de la lutte contre le racisme, d’interdire ce spectacle. Une pétition a été lancée, dressant un procès d’intention inadmissible à l’auteur. Il semble bien que la simple évocation de ces périodes honteuses où l’homme noir était humilié, exploité, martyrisé, demeure insupportable à certains. Une contreverse qui est intervenue presque simultanément aux propos scandaleux de l’entraîneur de l’équipe de football des Girondins de Bordeaux, prouvant que la lutte contre le racisme doit toujours être à l’ordre du jour.
La deuxième affaire concerne une bande dessinée, qui évoque les violences conjugales. Elle rappelle naturellement celle qu’avait lancée M. Coppé contre le livre « Tous à poil » il y a quelques mois. Les planches de cette bande dessinée, intitulée « le projet crocodile », réalisée par Thomas Matthieu, devait être exposée par la mairie de Toulouse dans le cadre de la journée internationale contre les violences faites aux femmes. L’exposition a finalement été annulée, les élus de Toulouse considérant que la bande dessinée était « vulgaire ». On est bien d’accord : la violence contre les femmes est bien vulgaire… Une jeune femme, victime de viol conjugal, a réagi en adressant une lettre ouverte poignante au conseil municipal de Toulouse. On peut la lire ici, sur le site du Huffington post.
La Ligue des droits de l’Homme, la Licra et le MRAP, et l’Observatoire de la Liberté de création ont tous deux réagi à la cabale contre Exhibit B dans deux communiqués, qui analysent parfaitement l’enjeu de cette affaire.
La pièce de Brett Bailey, Exhibit B, est au centre d’une controverse qui a pris une forme inadmissible.
EXHIBIT B : UN SPECTACLE QUI NE DOIT PAS ÊTRE INTERDIT OU ANNULÉ !
Communiqué commun de la Ligue des droits de l’Homme, de la Licra et du MRAP.
D’aucuns, jugeant cette pièce sans l’avoir vue, la considèrent raciste et demandent sa déprogrammation du TGP, à Saint-Denis, et du 104, à Paris. Ils l’accusent de montrer les Noirs dans des positions de victimes, et vont jusqu’à demander son interdiction aux préfets.
Comme si la représentation de la façon dont les préjugés racistes ont pu aboutir aux situations les plus abominables, comme l’esclavage, les discriminations coloniales, les humiliations, les zoos humains, n’avait plus aucun sens aujourd’hui. Comme s’il n’était plus convenable ou utile de montrer comment l’être humain est capable de se comporter quand il se croit supérieur, grâce à la couleur de sa peau.
Dans la France d’aujourd’hui, dont les préjugés racistes n’auront pas disparu, loin s’en faut, nous, organisations antiracistes, affirmons que l’art doit être libre de contribuer à la lutte contre ce fléau, et que nul ne saurait interdire à un artiste de représenter la souffrance qui en résulte, dès lors qu’il n’en fait pas l’apologie. Nous affirmons qu’il n’est pas admissible de faire un procès d’intention à l’artiste au motif qu’il est blanc, la lutte contre le racisme étant universelle et ne pouvant dépendre de la couleur de la peau, des origines ethniques ou des convictions religieuses de ceux qui la portent.
Car l’actualité récente nous rappelle avec force la nécessité impérieuse de promouvoir en permanence le devoir de mémoire. Ainsi, dans un entretien accordé à Sud-Ouest, le 4 novembre dernier, Willy Sagnol a déclaré : « L’avantage du joueur typique africain, c’est qu’il n’est pas cher quand on le prend, il est généralement prêt au combat et on peut le qualifier de puissant sur un terrain. Mais le foot, ce n’est pas que ça. Le foot, c’est aussi de la technique, de l’intelligence, de la discipline. » Ces propos nauséeux et racistes, qui renvoient le joueur africain, le Noir, à l’animalité, à la « puissance », tandis que la technique, l’intelligence et la discipline restent l’apanage des Nordiques, des Blancs, auraient dû susciter une réprobation unanime.
Au lieu de cela, les instances officielles du football ont soutenu l’entraîneur, le président des Girondins a répondu de façon agressive à une demande de sanction en se solidarisant avec Willy Sagnol, et ont été diffusées massivement des images sidérantes de joueurs noirs et méritants venant consoler leur coach !
Si un spectacle de théâtre, dont la diffusion est infiniment plus modeste, ne peut, à lui seul, résoudre la question aussi cruciale du racisme, il est non seulement légitime qu’une œuvre, à sa manière, et avec toute la subjectivité de l’artiste, puisse s’adresser aux spectateurs sans que personne ne s’immisce entre les deux pour juger en lieu et place du public, mais nécessaire quand elle illustre, fût-elle d’une manière crue et dérangeante, les dangers des clichés les plus éculés du racisme.
Paris, le 21 novembre 2014
Paris, le 25 novembre 2014
communiqué de l’Observatoire dela liberté de création
Contre les préjugés, nous avons besoin d’art, de partage et de parole
Les directeurs du TGP et du 104, Jean Bellorini et José-Manuel Gonçalvès ont choisi de programmer dans leurs établissements l’installation performance Exhibit B de Brett Bailey.
Elle repose, par la succession de tableaux vivants représentant alternativement des évocations de l’esclavage, de la colonisation et de la répression violente de l’immigration, sur la dénonciation de ce que le racisme a produit de pire. Chacun de ces tableaux incarnés est porté par des performeurs qui ne quittent pas du regard les spectateurs accueillis par petits groupes. Chaque scène est accompagnée d’un cartel explicatif. La fin du parcours d’installation permet de lire les témoignages des performeurs sur leur propre expérience, mais aussi à chaque spectateur d’écrire son ressenti, quel qu’il soit.
Créé en 2010, ce spectacle a été vu depuis dans plusieurs villes européennes, à Avignon et au 104 en 2013, ou encore tout récemment à Poitiers, sans qu’aucun incident ne trouble sa programmation, ni sa découverte par des spectateurs ayant librement choisi d’y assister.
Evoquer n’est pas approuver. Tout artiste doit pouvoir librement représenter une part de l’histoire humaine passée et présente, et chercher à ébranler les consciences, à interroger les préjugés.
Pourtant, des personnes jugeant raciste et indigne un spectacle qu’ils n’ont pas vu, animent depuis plusieurs semaines une campagne d’intimidation qui va de la demande d’annulation puis d’interdiction, à la menace d’empêcher les représentations par un appel à la manifestation.
Si le procédé n’est pas nouveau, il choque toujours pour au moins trois raisons fondamentales. C’est d’abord le procès d’une intention : celle de l’artiste, celle des performeurs et celle du directeur. C’est aussi la condamnation de l’art, qui n’existe que par la représentation, l’image, le lien, la question, et surtout le dialogue du singulier et de l’universel. C’est enfin l’interdiction pour tous, demandée par quelques-uns.
L’Observatoire de la liberté de création assure de son soutien Brett Bailey, Jean Bellorini, José-Manuel Gonçalvès et leurs équipes. Le TGP et le 104 ont choisi d’accueillir une œuvre dans une programmation qu’ils assument – artistiquement et politiquement – et qu’ils accompagnent d’une médiation, pour ce projet comme pour tous les autres. Ils ne font là que leur métier.
Il convient de garantir à chacun la liberté de devenir spectateur et de participer à la représentation d’une œuvre. L’intimidation et le désir de censure sont illégitimes, c’est dans le débat critique que chacun doit pouvoir s’exprimer.
L’Observatoire de la liberté de création demande donc à tous ceux qui partagent ses valeurs d’aider à assurer le bon déroulement des représentations.
L’Observatoire de la liberté de création appelle ses adhérents, mais aussi les citoyens et les spectateurs, à se rassembler pacifiquement sur le parvis des théâtres à l’occasion des représentations. L’Observatoire de la liberté de création assurera une mission de médiation et de dialogue, et participera au débat du 28 novembre à 19 h au TGP, qui doit permettre à tous les points de vue de s’exprimer.
Pour combattre les préjugés, nous avons besoin d’art, de partage et de parole.
Il est urgent de protéger les œuvres, les artistes et les professionnels, dans un pays qui doit porter haut la liberté de création, d’expression et de diffusion de l’art comme de la pensée.
Les 25 ans de la convention internationale des droits de l’enfant : la France à la traîne…
Ce 20 novembre, on célèbre le 25ème anniversaire de la Convention internationale des droits de l’enfant. On ne sait pas si Manuel Valls a prévu quelque chose… Peut-être lui reste-t-il suffisamment de pudeur pour ne pas trop se manifester. Parce que les droits de l’enfant, en France, en 2014, sous un gouvernement « de gauche », ça fait quand même un peu rêver… Enfants en rétention, malgré les promesses, mineurs isolés abandonnés, dans le meilleur des cas, expulsés… Enfants Rroms condamnés à l’errance… Enfants handicapés non scolarisés (enfants autistes notamment)… le tableau est sombre. Et on n’a pas vu de progrès par rapport à la triste période sarkozyque.
Le réseau éducation sans frontière est évidemment bien placé pour dresser un bilan à l’occasion de cet anniversaire. Il le fait dans communiqué publié ce jour, et diffusé également par la Ligue des droits de l’Homme. Nous le reproduisons ci-dessous. En lien ici, le texte de la déclaration avec les réserves émises par la France.
25e anniversaire de la CIDE
La France piétine allègrement les droits des enfants
25ème anniversaire de la Convention internationale des droits de l’enfant, ratifiée par la France en 1990. Au cœur de ses principes, la non-discrimination, la recherche de l’intérêt supérieur de l’enfant et la participation de celui-ci aux décisions qui le concernent.
Dans ce pays, de nombreux mineurs n’en bénéficient pas, ou pas autant que d’autres. Parce qu’ils font partie des pauvres, ceux que l’on ne veut pas voir, qui font peur. Parmi eux, certains en sont encore davantage exclus.
Des enfants ballotés d’un hébergement de fortune à l’autre, qui dorment dans la rue, changeant d’école au gré des hébergements insalubres, déplacés, refusés d’inscription scolaire (forcément, ils sont roms)
Des enfants cachés, des enfants qui redoutent le jour, où avec leurs parents déboutés de leur demande d’asile, la Police viendra en force les chercher pour les arracher au quartier, à la ville où ils avaient repris l’espoir d’une vie normale. Des enfants qui voient leurs parents menottés, certains subir des violences lorsqu’ils refusent l’expulsion vers un pays où ils sont menacés.
Des enfants privés de liberté des jours et des jours, enfermés dans un Centre de rétention administrative, vivant eux-aussi l’angoisse de l’expulsion annoncée
Des adolescents isolés étrangers, pris en charge par l’Aide Sociale parce qu’ils sont mineurs, soupçonnés au moment de leurs 18 ans d’avoir menti, sur leur âge, leur vie : convoqués à la police, conduits à l’hôpital sous escorte policière, ils subissent des tests osseux, des examens physiologiques humiliants destinés à les caractériser comme majeurs, quelle que soit la réalité de leur parcours ou des documents fournis, et leur attribuent un âge compris entre 19,7 et 35 ans… En les disant majeurs, on fait d’eux des menteurs, profiteurs, coupables, et certains sont emprisonnés. La plupart sont « seulement » rejetés, mis hors des circuits d’accueil. Parfaits boucs émissaires de fantasmes sur l’étranger parasite. D’autres encore, mineurs ou jeunes majeurs isolés, pourtant scolarisés, vivent dans la rue.
Nous exigeons
- Que soient vraiment appliqués tous les droits fondamentaux prévus par la Convention Internationale des Droits de lʼEnfant.
- Qu’une politique d’accueil et d’asile, véritablement protectrice, assure aux mineurs et à leurs familles des conditions de vie décentes et durables dans ce pays.
Le 19 novembre 2014
Mort de Rémi Fraisse : la LDH crée une commission d’enquête avec plusieurs associations
Ajout lien vers Reporterre en fin d’article.
« Dans la foulée de son communiqué du 28 octobre 2014 sur la mort de Rémi Fraisse, la LDH a organisé une conférence de presse, ce 14 novembre 2014, avec Benoît Hartmann (FNE), Florian Borg (SAF), William Martinet (UNEF), Fabrice Ferrier (RAIDH), ainsi que l’avocat de la famille Fraisse, Arié Alimi afin d’annoncer la création d’une commission nationale d’enquête sur les conditions de la mort de Rémi Fraisse ».
C’est par ce communiqué que la Ligue des droits de l’Homme a annoncé, vendredi 14 novembre, la création d’une commission nationale d’enquête sur la mort du militant écologiste Rémi Fraisse, dans la nuit du 25 au 26 octobre.
Cette création intervient après la révélation des conversations qui se sont déroulées entre les gendarmes au moment de la découverte de Rémi Fraisse, dont le décès a été rapidement constaté. Conversations qui rendent inadmissible le temps qu’il a fallu aux responsables pour reconnaître que le jeune homme avait été victime d’une grenade lancée par un gendarme, et qui révèlent par ailleurs que le premier souci, au moment de la découverte du drame, avait été de retarder la diffusion de l’information.
Lors de cette conférence de presse, Pierre Tartakowsky, président de la Ligue des droits de l’Homme, a déclaré : « Nous avons commencé à récolter les témoignages sur place, et notre commission nationale d’enquête les confrontera aux discours institutionnels ». Il a poursuivi : « Il ne s’agit pas d’une démarche de suspicion à l’égard de l’instruction menée actuellement par la justice, précise-t-il, Nous n’entendons pas jouer comme un contre-pouvoir mais comme un complément civique, faire monter la pression pour que les éléments dissimulés de cette affaire soient mis en lumière. La vérité a besoin d’accoucheurs. » (source, Politis).
L’avocat, Me Arié Alimi a justifié la vigilance des associations par le « traitement judiciaire spécifique des violences policières » en France, qui consiste à « soutenir mordicus les forces de l’ordre » (Source : L’Humanité).
Parmi les commentaires les plus odieux qui ont entouré ce drame, on peut noter celui du président du « syndicat » agricole FNSEA, l’agrobusiness man, Xavier Beulin, dirigeant de la société Sofiprotéol, qui a osé parler de « djihadistes verts ».
Des extraits sonores de la conférence de presse, dont une déclaration du père de Rémi Fraisse lue par l’avocat de la famille, sur me site Reporterre.
Pierre Tartakowsky : « ‘Zemmoureries’ et invitation à occuper le terrain »
Le dernier livre d’Eric Zemmour a fait grand bruit, et serait en passe de battre des records d’édition. Si c’est vrai, ça n’est pas la meilleure nouvelle de l’année.
Invité à un nombre incalculable d’émissions de télévision pour en faire la promotion, Zemmour a la plupart du temps déclenché colère et indignation chez les autres invités, sauf bien sûr ceux qui ont de la sympathie pour l’extrême droite.
La méthode généralement utilisée pour le contredire se résumait en une contestation des chiffres qu’il avance dans son livre, des faits historiques qu’il utilise en les déformant… Méthode qui n’a prouvé que son inefficacité, Zemmour réussissant à s’en sortir par des pirouettes rhétoriques.
Juqu’à ce qu’il soit confronté à Mazarine Pingeot, dans l’émission « Les grandes questions » de Franz-Olivier Giesbert, sur France 5.
Mazarine Pingeot s’est placée sur un tout autre point de vue : la psychanalyse.
Dans l’article qu’il consacre à cette « confrontation », le chroniqueur Bruno Roger-Petit écrit : « avec un culot incroyable, l’écrivaine a défié l’apôtre de la défense du mâle dominant émasculé par la société féminisée héritée de Mai 68 et juillet 1789 et le lobby LGBT sur son propre terreau : la virilité. » (la totalité de l’article est à lire ici, avec la séquence vidéo). Un régal.
Pierre Tartakowsky, président de la Ligue de droits de l’Homme, se place également sur ce plan, dans l’éditorial qu’il consacre à cet ouvrage dans le numéro d’octobre 2014 de l’organe mensuel de la LDH, « LDH Info ». A lire ci-dessous.
« Zemmoureries » et invitation à occuper le terrain
Éditorial de Pierre TARTAKDWSKY, président de la LDH
Pour utiliser avec mesure une litote de pure convenance, on dira que le dernier ouvrage d’Éric Zemmour n’a pas grand intérêt en soi. Plutôt qu’une étude, Le Suicide français fonctionne plutôt comme une incitation a soi-même se suicider, devant l’avalanche combinée de catastrophes et de complots aussi irrémédiables qu’effroyables. Inutile d‘y chercher une élaboration raisonnée, voire même une cohérence : l’auteur va de bar en bar et y délivre des harangues de comptoir, dont les termes, le propos, l’orientation peuvent varier d’un bar à l’autre. Quelques constantes se dégagent pourtant, quasi obsessionnelles, et qui, elles, nous intéressent. Car l’intérêt que cristallise sa démarche, les bulles médiatiques qu‘elle gonfle et qui la gonflent en retour, avec une absence quasi générale de distance critique sont, eux, tout a fait indicatifs d’une période, et de ce qu`elle charrie de peurs et d’impuissance, de périls et d’exigences éthiques.
Dans le monde d’Éric Zemmour, la France se porte mal depuis qu’on a porté atteinte à la figure du père, du mâle, de l’homme. Il ne s‘attarde pas sur la décapitation royale mais c’est pour mieux se focaliser sur le libéralisme ravageur de mai 1968, a qui il impute tout à la fois la chute de De Gaulle, l’émasculation des hommes des générations qui suivent, contraints a singer les femmes qu’ils ne sont pas, le trouble des identités — sexué-es et autres — charrie par un individu triomphant, un féminisme ravageur et des affirmations identitaires dissolvantes.
Dans le monde d’Éric Zemmour, l’histoire n’est qu’une somme de bien-pensances politiquement correctes auxquelles il faut le plus vite possible substituer des masses de bon sens, de préférence bien de chez nous. C’est ainsi que l‘on apprend entre autres que Pétain aurait sauvé des juifs — français – , au prix du sacrifice des autres ; que l‘on renoue avec les assignations à résidence les plus racistes, celles-là mêmes qui l’avaient fait condamner par la justice et applaudir, par le groupe UMP de l’Assemblée nationale, au lendemain de cette condamnation…
Comment expliquer, dans ces conditions, le frémissement incessant qui accompagne son ubiquité médiatique ? Comment expliquer que chaque magazine, chaque chaîne, chaque plateau se fassent un devoir de lui permettre d‘occuper l‘espace de la parole publique ? On peut évidemment y voir la trace d’un fonctionnement très marqué par l’émergence hégémonique des chaines d’info, de complicités incestueuses entre ego et réseaux, d’une attirance trouble pour le scandale et le sulfureux. Mais force est bien de constater que le discours plait, ravit même une partie non négligeable de l’opinion publique, avide de vérités aussi éternelles qu’élémentaires, sans pour autant être organisée dans une structure de l’extrême droite.
En fait, Éric Zemmour surfe sur de grandes et vieilles peurs anthropologiques, qui naissent d’ébranlements d’archaïsmes. Sexualité, famille, filiation et transmission n’ont certes jamais été des catégories historiquement stables ; mais la modernité industrielle, les révolutions bioéthiques, les mouvements de libération des individus, et singulièrement des individus femmes. des collectifs contraints dont ils étaient sujets et non acteurs, tout cela a modifié à grande vitesse et en profondeur les modes a penser et à vivre de centaines de millions de femmes et d’hommes.
Cette révolution des mœurs — dont la rapidité n’a guère de précèdent a l’échelle de l’histoire — s’est combinée à d‘autres révolutions, sociales, productives, économiques, démographiques, chacune avec son potentiel, ses lots de promesses, ses désillusions et ses avenirs désenchantés. Le tour de passe-passe matois auquel s’adonne Le Suicide français est d’attribuer au libéralisme des premières les angoisses nées des dernières. Mais ignorer ces inquiétudes serait évidemment en laisser le monopole de gestion aux artisans locaux de haine globalisée.
C’est d’ailleurs la seule raison pour laquelle on pourrait être tenté de remercier Éric Zemmour. À sa manière, il nous invite, de façon pressante, a « occuper le terrain » face à des résurgences idéologiquement maurassiennes, à une morale et des mœurs directement issues du troisième Empire, a une vision des droits toujours plus exclusive des ayants droit eux-mêmes.
C’est bien dans cet esprit que la LDH se mobilise et mobilise autour d’elle contre les idées d’extrême droite, quelles que soient leurs formes, les terrains qu’elles entendent se soumettre. C’est tout le sens de son investissement et de celui de ses sections dans l’initiative qui se tiendra les 21 et 22 novembre, à l’université Paris 8 et avec le concours de Mediapart. pour rassembler celles et ceux qui, dans les municipalités, a l’école, autour de la formation, dans les entreprises, face au sexisme, au racisme et a l’antisémitisme, entendent défendre résolument — dans le débat d’idées et en pratique — la notion s’égalité et de fraternité. Car, n’en doutons pas, la liberté — qui n’est rien sans liberté intellectuelle digne de ce nom — est à la clé.
Dérapage de l’entraîneur des Girondins de Bordeaux à propos des joueurs africains
Additif 17h00 : Willy Sagnol est bien revenu sur « l’affaire » pendant la conférence de presse qu’il a organisée. Et il a clairement exposé ses regrets :
«Si par mon manque de clarté et ma sémantique imparfaite, j’ai pu faire que des personnes se soient senties choquées, humiliées ou blessées, j’en suis désolé», a assuré jeudi Willy Sagnol. «L’interprétation que ces personnes ont pu faire ne reflète en rien la pensée qui était mienne, et surtout mes convictions humanistes», a-t-il insisté, soulignant avoir tenu ses propos dans un cadre «uniquement sportif, et nullement politique, ou sociétal » (source Libération, article compet ici).
Décidément, le monde du football français est éloigné des valeurs humanistes de la République : la déclaration récente, à l’occasion d’une interview, de Willy Sagnol, entraîneur du club « Les Girondins de Bordeaux » en est une nouvelle preuve. Qui arrive avec l’affaire de « quotas » de joueurs noirs que d’aucuns avaient voulu imposer aux clubs ; après cette clause illégale inscrite sur les demandes de licence destinés aux mineurs, et qui leur demandait de justifier la nationalité de leurs parents (lire ici). On pourrait aussi parler des jeunes (souvent très jeunes) footballeurs africains qu’on fait venir en France en leur promettant monts et merveilles, et qu’on abandonne sans scrupules lorsqu’ils sont jugés trop faibles pour la carrière qu’on leur avait promise…
Dans son interview, Willy Sagnol dit exactement ceci : «L’avantage du joueur, je dirai typique africain : il n’est pas cher, généralement prêt au combat, on peut le qualifier de puissant sur un terrain. Mais le foot, ce n’est pas que ça, c’est aussi de la technique, de l’intelligence, de la discipline. Il faut de tout. Il faut des Nordiques aussi. C’est bien les Nordiques, ils ont une bonne mentalité. Une équipe de foot, c’est un mélange. C’est comme la vie, c’est comme la France. Sur un terrain, on a des défenseurs, des attaquants, des milieux, des grands, des rapides, des petits, des techniques. Voilà.»
L’entraîneur considère que ces joueurs sont de mauvais techniciens, et qu’en outre, ils sont moins intelligents et moins disciplinés que les autres.
On aurait pu penser que le rôle d’un entraîneur d’équipe sportive est aussi de faire régner une bonne ambiance, un bon esprit dans l’équipe dont il a la charge : curieuse méthode.
Il n’y a pas que cela qui est consternant dans cette affaire : il y a aussi l’indulgence incroyable du club et de son président à l’égard de l’entraîneur : quand Thomas Sotto, journaliste d’Europe 1 demande à Jean-Louis Triaud s’il compte demander à l’entraîneur de présenter des excuses, la réponse du président est claire : « mais vous plaisantez ? Ce ne sont que quelques personnes qui demandent cela » (lire ici).
D’après le journal Le Parisien, Signol aurait présenté ses excuses à ses joueurs. Le confirmera-t-il au cours de la conférence de presse qu’il doit donner dans l’après-midi ?
La section bordelaise de la Ligue des droits de l’Homme n’a pas tardé à réagir : elle publié une lettre ouverte qu’elle a adressé à Willy Sagnol, que nous reproduisons ci-dessous.
Carton rouge, M. Sagnol
Preuve hélas que l’intelligence peut rester aux vestiaires, vous êtes un personnage public apprécié dont on aurait pu attendre que ses propos ne prêtent ainsi le flanc à des clichés à connotation raciste aussi stupides que dangereux, et pour ce fait condamnables,
Que chaque joueur, à l’image de chaque citoyen, ait ses qualités propres, cela ne fait aucun doute et c’est aussi la richesse d’un collectif, d’une société telle que la société française.
Que cela vous conduise à une caricature aussi simpliste sur les présupposées qualités physiques des Africains recrutés à coût réduit et intellectuelles des « nordiques » ne peut qu’alimenter une forme d’idéologie aux relents plus que douteux.
La France n’a pas besoin de cela M. Sagnol. Le sport n’a pas besoin de cela.
Vous êtes suffisamment au fait des actes ou injures commis sur certains stades lors de rencontres pour ne pas avoir à en rajouter, qui plus est sur la place publique.
Vos propos n’honorent ni le sport que vous représentez ni le rôle d’entraineur d’une équipe professionnelle que vous occupez.
Nous refusons quant à nous de rentrer dans une autre forme de caricature. C’est pourquoi M.Sagnol, nous vous demandons solennellement de faire entendre une autre voix, de promouvoir et véhiculer de manière plus positive les enjeux de la diversité et des valeurs collectives dans le monde sportif.
La Ligue des droits de l’Homme de Bordeaux
Condamné à 3 mois de prison, Boris Le Lay perd son sang-froid
Boris Le Lay, de son état marchand de galettes au Japon, vient d’être condamné par le tribunal correctionnel de Paris à 100 jours amende de 50€, transformables en 100 jours de prison s’il ne s’acquitte pas de cette somme. On se doute du motif : antisémitisme.
Le Lay est habité, il doit plusieurs dizaines de milliers d’euros d’amendes, toujours pour le même motif, incitation à la haine raciale. Il en tire une gloire qu’il étale à longueur de pages sur son site breizhatao.
Mais là, il est un peu énervé, le marchand de galettes. L’objet de son courroux, outre cette condamnation ? un projet de mosquée à Quimper.
Du coup, toujours sur son blog, il multiplie les articles, allant jusqu’à dresser une liste nominative des personnes soutenant ce projet.
La Ligue des droits de l’Homme, qui est à l’origine de plusieurs plaintes et plusieurs condamnations de Le Lay, est naturellement visée, dans le cadre du vaste « complot judéo – maçonnique » dont ce paranoïaque se dit victime. La section de Quimper a réagi à ces attaques, tout d’abord par un communiqué de presse, que voici ci-dessous (téléchargeable ici). Cossigné par plusieurs organisations, il rappelle les faits, et demande au préfet du Finistère de prendre les mesures nécessaires. Lire également ici.
Communiqué de presse
4 novembre 2014
18 organisations de la région quimpéroise et de Bretagne, ACAT – AFPS – ARAC –
CIMADE – Droit d’Asile – Kevre Breiz – LDH – FSU – Solidaires – ADECR – EELV –
Ensemble – MJCF – Nouvelle Donne – NPA – PCF – PG – UDB, se sont adressées au Préfet du Finistère pour attirer son attention sur le climat nauséabond entretenu par plusieurs groupuscules d’extrême droite et l’utilisation de sites internet pour répandre la haine, le racisme, l’antisémitisme, l’islamophobie, les appels à l’extermination.
L’un de ces sites, à la suite de la manifestation du 25 octobre à Quimper contre l’intolérance et le racisme, pour le vivre ensemble, se déchaîne contre les associations démocratiques de notre région et leurs responsables, nommément désignés, qu’il insulte, salit, diffame, menace, appelant à la délation pour identifier des personnes à partir de photos.
Un autre reprend en ligne une photo de poteaux destinés à leur exécution…..
Les idées développées par ces sites et les méthodes qu’ils emploient relèvent clairement du fascisme et mettent en danger les valeurs démocratiques et républicaines, le vivre ensemble. Les actes qu’ils peuvent inspirer représentent une menace pour la sécurité des personnes.
C’est ce qu’une délégation de ces organisations, accompagnée par près d’une centaine de citoyens, militants associatifs, politiques, syndicaux, a déclaré à M. le Préfet qui l’a reçue.
Elle lui a fait part de ses préoccupations devant ce déferlement de propos haineux et l’impunité de fait dont bénéficient leurs auteurs, qui continuent leur activité malgré plusieurs décisions de justice à leur encontre.
Elle lui a demandé quelles dispositions il comptait prendre pour faire respecter la loi et mettre un terme à cette situation intolérable.
M. le Préfet a pris note des questions posées par cette délégation et lui a fait savoir qu’il allait étudier les moyens à sa disposition à cette fin.
Les organisations engagées dans cette initiative, et celles qui voudront les rejoindre, seront attentives au suivi de ce dossier et resteront mobilisées contre la haine et l’intolérance, pour une société juste et fraternelle, pour les droits humains.
La chasse à l’enfant continue : deux ados en rétention à Rennes Saint-Jacques
En mai 2012, lorsque Sarkozy a été renvoyé, on ne pensait pas avoir à s’occuper de mineurs isolés placés en centre de rétention administrative par un gouvernement socialiste.
Eh bien si…
Et les ministres de l’intérieur de ce gouvernement n’ont pas grand-chose à envier à leurs sinistres prédécesseurs…
Ainsi, aujourd’hui, deux mineurs sont enfermés au CRA de Rennes. Les jours derniers, c’est un bambin de 15 mois qui était enfermé dans un autre centre.
Le Cimade, qui assiste ces adolescents, a envoyé un communiqué à la presse pour dénoncer ces pratiques odieuses.
Deux mineurs en rétention au Centre de Rétention Administrative (CRA) de Rennes
Ces derniers jours, ce sont deux jeunes qui ont été placés en rétention par la préfecture de Loire Atlantique, au mépris de leur situation de mineurs isolés arrivés en France quelques jours auparavant.
Il s’agit d’un jeune homme âgé de 16 ans et demi en provenance du Mali et d’une jeune fille âgée de 14 ans et demi en provenance d’Angola. Ils ont tous deux présenté des documents d’état civil attestant de leur âge, mais ont malgré tout été assimilés à des majeurs par les autorités françaises. Une prise d’empreintes a en effet révélé une fausse identité de personnes majeures, identité utilisée par des tiers pour obtenir de faux passeports.
Si les conditions de leur arrivée en France ne peuvent être élucidées, les autorités françaises font délibérément le choix de traiter ces jeunes sans tenir compte de leur jeune âge, ni des documents qu’ils présentent pour en attester. Aucune procédure d’authentification n’a été diligentée avant leur placement en rétention en vue de leur expulsion. Ce, au mépris de leur situation de grande vulnérabilité.
Le jeune homme a été remis en liberté par le Juge des libertés et de la détention mardi 28 octobre. La jeune fille va être présentée aux juges administratif et judiciaire ce jeudi 30 octobre.
Tous ces éléments démontrent l’acharnement dont sont victimes ces deux jeunes. La toute jeune fille est privée de sa liberté depuis cinq jours, dans un lieu d’enfermement où elle n’a pas sa place en tant que mineure, en attente de son expulsion vers un pays où elle a été victime de traitements inhumains et dégradants.
La Cimade dénonce l’acharnement de la préfecture de Loire Atlantique à l’égard de ces deux jeunes. C’est la marque d’une politique aveugle menée contre les personnes étrangères, notamment les plus vulnérables.
La Cimade demande la régularisation de leur situation, c’est-à-dire leur protection, à laquelle ils ont droit en tant que mineurs.
Rennes, le 30 octobre 2014
Contester et mourir… conséquences du refus de la confrontation démocratique
La Ligue des droits de l’Homme, dans un communiqué, revient sur les circonstances du décès de Rémi Fraisse, pendant la manifestation organisée contre la construction du barrage de Sivens, dans le Tarn.
Contester et mourir… conséquence du refus de la confrontation démocratique
Rémi Fraisse est mort dans la nuit du 25 octobre 2014 lors de la manifestation qui s’opposait à la construction d’un barrage de retenue à Sivens, dans le Tarn. Militant écologiste, membre de France nature environnement, il faisait partie des nombreux acteurs, en particulier locaux, qui voulaient faire connaître un point de vue, pourtant largement partagé, de contestation d’un projet dont l’utilité méritait d’être interrogée.
Cette mort n’est pas acceptable. La Ligue des droits de l’Homme présente à sa famille et à ses proches toutes ses condoléances.
La LDH prend acte de l’ouverture prochaine d’une information judiciaire, seule mesure de nature à permettre d’établir la vérité des faits.
Cependant, quelles que soient les responsabilités individuelles qui se révéleront, la mort d’un manifestant atteste d’un mauvais usage, voire d’un usage excessif des forces de l’ordre.
La Ligue des droits de l’Homme constate que de Continental à Notre-Dame-des-Landes, de la ferme des « Mille vaches » à Sivens, la contestation est criminalisée et réprimée. Cette politique place l’ensemble de la société sous tension alors même qu’elle aurait besoin de raison, et elle substitue l’autoritarisme au débat et à l’imagination dont nous avons besoin collectivement pour relever les défis posés au vieil ordre productif et de distribution. La société française doit apprendre à débattre avec calme du bien-fondé de ses aéroports, de ses barrages et de son industrie agroalimentaire. Le gouvernement doit apprendre à compter avec les refus populaires et à en valoriser l’apport dans des processus de confrontation démocratiques, accepter, enfin, de considérer que l’avenir n’est pas de son seul ressort.
A défaut, on peut prévoir d’autres tensions, d’autres durcissements, d’autres drames, provoqués de fait par des acteurs très éloignés de l’intérêt général. La Ligue des droits de l’Homme entend rester vigilante quant au respect des libertés et droits fondamentaux des citoyens par les pouvoirs publics, dans ce contexte comme dans d’autres.
Le Planning familial attaqué par une pétition d’une association anti-avortement
L’association « droit de naître », qui rassemble des catholiques intégristes opposés à l’avortement, a lancé une pétition destinée à la ministre de l’Education nationale, lui demandant d’interdire au Planning familial d’intervenir dans les écoles. Le Planning familial est en effet habilité à intervenir dans les collèges et les lycées, dans le cadre des séances d’éducation sexuelle « à raison de trois séances par an et par groupes d’âge homogènes ». Cette habilitation repose sur l’expertise de l’association dans le domaine de la contraception.
Cette association, créée en 1995, peu connue, semble être particulièrement opaque. Elle diffuse notamment une brochure intitulée « 50 questions et réponses contre l’avortement ». Ce document de 56 pages, imprimé en Pologne, est un tissu de mensonges, de calomnies, d’affirmations gratuites, de déformation de la vérité. Il vise naturellement à effrayer et à culpabiliser les femmes : « les réponses vont du carrément faux au mélange du vrai et du faux en passant par des raisonnements spécieux », indique Annie Bureau, gynécologue et militante au planning familiale (elle est décédée en septembre dernier) dans un article publié en 1998 par la revue « Prochoix » (il s’agit d’une « revue d’investigation, de réflexion et d’analyse au service de la défense des libertés individuelles menacées par l’essentialisme, le racisme, l’intégrisme et toute idéologie totalitaire ou anti-choix »).
« Droit de naître » prétend avoir rassemblé plus de 6.000 signatures. C’est tout à fait possible. Un détail frappe quand on parcourt la liste des signatures : la plupart sont « anonymées », ne conservant que l’initiale du patronyme… courageux mais pas téméraires !
Cette pétition ne dénote pas dans le paysage politique actuel, avec les actions contre le mariage ouvert aux couples de même sexe, les campagnes contre les ABCD de l’égalité à l’école, la manif pour tous, les « journées de retrait de l’école », et autres « jours de colère » : on assiste à une forte mobilisation qui vise singulièrement l’éducation nationale. Ces mouvements tentent en ce moment de rentrer dans les conseils d’administration des collèges et lycées et dans les conseils d’école.
Il est temps que les militants de l’égalité et les mouvements laïcs se mobilisent. C’est le sens de l’appel que lance le planning familial à l’occasion de la publication de cette pétition.
« Articles plus récents |1| … |9| |10| |11| |12| |13| … |125| Articles plus anciens »