Photo Pierre Fénard.
Il y a 18 mois, Henri Leclerc répondait par anticipation à Valls !
La blogosphère de gauche commence à publier des articles critiques au sujet du ministre de l’intérieur. Le blogueur Juan, par exemple, s’en explique dans un article très intéressant.Cette évolution est réjouissante, et montre que l’exercice de Valls qui consiste à séduire la droite tout en étant plébiscité par la gauche (on se souvient de son succès à l’université d’été du PS à La Rochelle l’an dernier) a peut-être atteint sa limite, l’attaque contre Christiane Taubira étant le déclencheur. Ne rêvons cependant pas trop…
Valls reproche notamment à Christiane Taubira de négliger la récidive, considérant que les mesures de probation sont inefficaces. Un bien mauvais procès, puisque la plupart des mesures de probation ont été petit à petit supprimées par la droite depuis une dizaine d’année , et que les moyens de leur application diminués au fil des ans.
Il se trouve qu’Henri Leclerc, président d’honneur de la Ligue des droits de l’homme, a évoqué cette question de la récidive il y a quelques mois, à l’occasion d’une conférence qu’il a donnée à Quimperlé. C’était au moment où Sarkozy mettait en place les « peines plancher ». Ces peines, que de nombreux juristes, avocats et magistrats ont sévèrement critiquées, foulent du pied un principe essentiel, celui de l’individualisation des peines. Mais il n’y a pas que cela. Elles rendent la prison presqu’automatique. Or, on sait parfaitement que la prison engendre la récidive, a fortiori lorsqu’elle est surpeuplée, et c’est le cas dans l’immense majorité des établissements pénitentiaires. La solution simpliste préconisée par Valls consiste évidemment à construire de nouvelles prisons. Henri Leclerc le rappelle dans sa conférence : chaque fois qu’on crée de nouvelles places en prison, on a instantanément une augmentation équivalente, presqu’à l’unité près, du nombre d’incarcérations…
La vidéo de la conférence d’Henri Leclerc est en visible ci-dessous, elle mérite d’être vue ou revue. A lire également l’article consacré à ce sujet sur le site de la section LDH de Toulon, et les liens vers lesquels il dirige.
Valls découvre son vrai visage
Manuel Valls nous livre au fil des jours son véritable visage : il est un homme de droite, et il ne s’en cache plus.
Son attaque contre le projet de réforme pénale présenté par le ministère de la justice éclaire tristement cette position. Cette attaque aurait pu être effectuée par Sarkozy et ses ministres de l’intérieur successifs : on y trouve les mêmes fantasmes, les mêmes mensonges (interprétations éhontées de statistiques sorties de leur contexte notamment).
Christiane Taubira a réagi à cette attaque en mettant justement en lumière une des manipulations contenues dans la lettre de Valls à Hollande. Le ministre de l’intérieur se réfère à une étude de l’Observatoire national de la délinquance et des réponses pénales (ONDRP), pour justifier le maintien des « peines plancher » introduites par Sarkozy, et pour faire le procès des mesures de probation, inefficaces selon lui.
Sauf que le président de cet observatoire met lui-même en garde contre une utilisation abusive de ce rapport : il écrit en effet, « Ces données sont inédites, puisqu’elles permettent de déterminer pour toutes les personnes de l’échantillon le type et le nombre d’infractions pour lesquelles elles ont été mises en cause. Leur champ n’en est pas moins restreint dans le temps, dans l’espace mais surtout par rapport à l’ensemble des personnes mises en cause en raison du seuil de cinq infractions qui a été appliqué ».
Évidemment, Valls s’est bien gardé de tenir compte de cet avertissement.
Comme le disait en substance Rebsamen, président du groupe socialiste au Sénat, les jours derniers, le ministre de l’intérieur met un soin particulier à l’entretien de sa popularité… Sauf qu’il le fait en utilisant les mêmes grosses ficelles que la droite : utilisation des tendances xénophobes d’une partie de l’électorat telles que l’islamophobie, la peur de la « délinquance », populisme.
Le plus triste dans l’affaire, c’est que ça fonctionne bien, même très bien, y compris à gauche : rappelons-nous l’ovation que Valls a reçue à l’université d’été du PS en 2012 !
Ce n’est pas un hasard qu’il ait choisi de s’attaquer à Christiane Taubira. Elle représente sans doute ce que Valls déteste le plus : le courage politique. S’il y a dans ce gouvernement un ministre qui a fait preuve, et continue de faire preuve de courage politique, c’est bien Christiane Taubira, qui a été et continue d’être attaquée par la droite, avec des arguments qui peuvent aller jusqu’à la haine raciale, on l’a encore vu récemment.
A lire cet excellent billet :
Des voix s’élèvent contre l’interdiction du foulard à l’Université
Une nouvelle polémique alimente depuis quelques jours les discours xénophobes, racistes et islamophobe : le port du foulard par des jeunes femmes musulmanes à l’Université.
Cette polémique est née à la suite de la publication d’un rapport réalisé par le Haut conseil à l’intégration, un organisme créé par Michel Rocard en 1989. Or ce comité, qui avait une mission « laïcité », n’existe plus : il a été remplacé, en décembre 2012, par l’Observatoire de la laïcité, présidé par l’ancien député Jean-Louis Bianco. Parmi les mesures préconisées par ce rapport, il y a l’interdiction du port du foulard à l’Université.
Comme chaque fois que ce « problème » est abordé, un amalgame est fait entre le foulard, qui ne recouvre que les cheveux, et la burqua, qui « anonymise » celle qui la porte puisqu’elle cache intégralement le visage. La loi qu’avait fait voter Sarkozy en 2010 concernait le port de la burqua dans les espaces publics, pas le voile. Evidemment, cet amalgame n’est pas innocent.
Le ministre de l’intérieur s’est, comme on pouvait s’y attendre, précipité sur cette publication pour dire tout le bien qu’il en pensait. La ministre des universités s’est quant à elle prononcée contre.
Et fort heureusement, d’autres voix se sont élevées pour dénoncer cette mascarade. Et des voix autorisées. À commencer par la Conférence des Universités. Des intellectuels ont également apporté leur éclairage, tout aussi autorisé.
Jean Baubérot (lire ici le compte rendu de sa conférence donnée à Saint-Brieuc en décembre 2012 sur le thème « laïcité et lutte contre les discriminations »), tout d’abord, historien, spécialiste de la laïcité, et membre de l’Observatoire national de la laïcité. Il ne mâche pas ses mots : « On a l’impression », dit-il, « que ce petit lobby n’a de cesse de vouloir exacerber les tensions, faire monter la pression, énerver les musulmans, bref se fabriquer des adversaires pour mieux pouvoir se poser en héros contre l’intégrisme par la suite ». Et il ajoute : « Ce faisant, on fait le lit de l’extrême droite, alors que se profilent des élections, et celui des islamistes intégristes qui deviennent attractifs: ils peuvent entretenir le sentiment de victimisation de musulmans susceptibles de se radicaliser. C’est pain bénit pour eux ». Il revient aussi sur cet amalgame : « L’ennui, c’est que l’amalgame est systématiquement fait entre ce voile intégral qui cache l’identité d’une personne et le foulard qui ne fait que cacher les cheveux, mais permet l’identification. Vous avez même des dessins qui représentent des femmes en niqab, alors qu’on parle du foulard ». Et il conclut : « Que veut-on ? Renforcer l’exclusion de femmes qui peuvent s’épanouir à l’université ? Provincialiser l’université française qui n’est pas la mieux classée au monde ? Faire comme si la France était une île et qu’on ne regarde pas ce qui se passe ailleurs ? ».
Une autre voix s’était exprimée, en décembre 2011 : celle de Danièle Lochak. Cette historienne, membre de la Ligue des droits de l’Homme, publiait alors un article sur le Haut conseil à l’intégration, et elle non plus ne mâche pas ses mots, lorsqu’elle présente un historique des préconisations de cet organisme : « lorsqu’on examine le contenu des rapports et des avis du Haut Conseil à l’intégration sur une période de vingt ans, ce qui saute aux yeux c’est le nombre de propositions qui ont pour effet — sinon pour objet — de restreindre les droits des étrangers ou de précariser leur situation par des mesures de contrôle toujours plus strictes. Ce faisant, le HCI embraye sur le discours tenu par tous les gouvernements successifs, de droite comme de gauche et se coule dans la problématique imposée depuis plus de trente ans : à savoir que la « maîtrise des flux migratoires », et donc la lutte contre l’immigration irrégulière, sont le préalable à toute politique d’intégration des immigrés résidant légalement en France. Or cette thèse est fallacieuse.
D’abord parce que les mesures répressives engendrent insécurité et précarité, stigmatisent l’ensemble de la population immigrée, encouragent la suspicion et la xénophobie. Elles ont donc des effets désintégrateurs. Ensuite, elles mobilisent les énergies et les crédits et la priorité qui leur est donnée a pour conséquence de repousser toujours à plus tard les initiatives concrètes en faveur de l’intégration. » (source : le site « les mots sont importants, http://lmsi.net/Le-Haut-Conseil-a-la-des). On peut voir ici la vidéo d’une conférence de Danièle Lochak donnée à Lorient en septembre 2011 sur la « généalogie des droits de l’Homme »).
Ces deux articles, passionnants, éclairent de façon très intéressante le sujet : à lire d’urgence !
Déchaînement de haine raciale et de xénophobie sur les réseaux sociaux
Stella Vidal est une militante de droite, qui a démarré à l’UDR, est passée par le RPR et poursuit sa « carrière » à l’UMP. Aujourd’hui, on la classe dans la droite « décomplexée ». Cette femme d’un âge respectable tient des propos qui le sont beaucoup moins : elle posté un twitt dans lequel elle traitait Christiane Taubira de « guenon guyanaise », reprenant la caricature qu’on avait vue lors des manifestations contre le mariage ouvert aux personnes de même sexe. Elle a supprimé son tweet, mais sans s’excuser ni regretté quoique ce soit : elle s’est contentée d’écrire sur son blog : « Après y avoir réfléchi, j’avoue que ce n’était pas du meilleur goût, mais quand on est très en colère suite à des propos insultants pour la Droite et ses militants, en réagissant à chaud, on surréagit », après avoir déploré être victime d’une « cabale » : « tout ça pour avoir, sur un coup de colère après son réquisitoire sur la Droite laxiste, taxé Taubira de « guenon guyannaise » et avoir joint une photo-montage anonyme qui figure en bonne place sur le Net ». L’UMP a exclu de ces rangs, les jours derniers, un de ses militants qui avait publié un tweet sur l’étoile rose et la déportation des homosexuels. Fera-t-elle de même à l’encontre de cette « militante », ou jugera-t-elle, elle aussi, qu’il ne s’agit que d’une « sur réaction » due à la colère ?
La page Facebook « adopte un gitan », qui n’est plus accessible aujourd’hui et qui était encore publique jeudi 8 août, s’attaque pour sa part aux gens du voyage. On y trouve tous les clichés : voleurs de cuivre, grosses cylindrées, saleté, amalgame Roms et gitants etc… Il semble que cette page a été largement signalée à Facebook et qu’elle finalement été fermée (elle avait dû l’être une première fois, mais rouverte aussitôt). Une page de droite elle aussi décomplexée.
On voit bien au travers de ces deux exemples (on pourrait les multiplier) que les blogs et les réseaux sociaux servent de vecteur à cette droite qui n’a plus honte de montrer son vrai visage. Cette droite les a depuis longtemps investis. Et elle ne se contente pas de cela : elle propage ses idées racistes et xénophobes dans les commentaires des journaux et des blogs. On peut d’ailleurs se demander s’il n’y a pas des militants spécialisés dans cette « veille » numérique et chargés de commenter les articles qui traite de ces sujets, tant leur style et le contenu est stéréotypé. On avait réussi à le prouver avec les site français de souche, dont les articles étaient partagés sur Facebook des centaines de fois, et souvent avec à l’unité prêt le même nombre de partage, ce qui lui valait de figurer en tête du classement « ebuzzing ».
Le phénomène est inquiétant. La publication de ce type de propos s’est accélérée depuis l’examen de la loi sur le mariage pour tous, et depuis cet été, et les propos sont de plus en plus violents. Le fait qu’ils sont parfois tenus par des personnalités politiques (le meilleur exemple est sans doute celui de Christine Boutin) contribue naturellement à encourager certains esprits faibles, tels que cette dame ou l’auteur anonyme de la page « adopte un gitan », à publier des propos de plus en plus violents.
L’association Amaro Drom, présidée par Véronique Labbé, a porté plainte pour provocation à la haine raciale contre la page facebook « adopte un gitan ».
Une proposition de loi pour dénoncer les étangers en situation irrégulière
obligeant tout officier public à informer le procureur de la République et le préfet de département de la situation irrégulière dans laquelle se trouve un individu au regard du droit français.
La proposition de loi comporte un article unique ainsi rédigé :
« Art. L. 621-2-1. – Toute autorité constituée, tout officier public ou fonctionnaire qui, dans l’exercice de ses fonctions, acquiert la connaissance qu’une personne entre ou séjourne irrégulièrement sur le territoire français, doit transmettre au préfet de la République, parallèlement au procureur de la République, tout document ou information qui y sont relatifs. »
Une proposition de loi déposée par le député UMP Bernard Reynès, et cosignée, naturellement, par son camarade de jeu Marc Le Fur.
Il s’agit ni plus ni moins de contraindre les « officiers » public, c’est-à-dire les maires, et tout fonctionnaire, à dénoncer les étrangers qui n’ont pas de titre de séjour ou de récépissé de demande d’asile.
Cette obligation ne concernait jusqu’alors que les personnes ayant commis un délit. Le séjour irrégulier en France n’en étant pas un (il s’agit seulement d’une infraction), les officiers publics et les fonctionnaires n’étaient pas tenus à cette obligation de délation.
Ces gentils députés entendent donc rectifier le tir. Et cela au nom de la lutte contre l’immigration irrégulière, qui, tout le monde le sait, gangrène la société française.
À ce propos, les politiques, de droite comme de gauche, utilisent volontiers une statistique qui classe la France 6ème sur 197 pays pour le nombre d’immigrés qu’elle accueille. Ce chiffre n’a aucun intérêt. Celui qui compte réellement, c’est la proportion de personnes immigrées par rapport à la population du pays. Et là, patatras, la France dégringole à la 54ème place, avec 10,7% d’immigrés, derrière des petits pays tels que les Emirats arabes unis (70%) et la Suisse (23%).
Il serait temps de parler sérieusement de ce problème, au lieu de stigmatiser les étrangers et de caresser l’extrême droite dans le sens du poil !
Le député de la 3ème circonscription des Côtes d’Armor a également cossigné, parmi de nombreuses autres, une proposition de loi « visant à faire respecter le droit de propriété privé ou public et à renforcer la procédure d’expulsion des gens du voyage », ainsi que celle visant à interdire le mariage aux personnes en situation irrégulière…
Ils veulent interdire le mariage aux étrangers en situation irrégulière
Proposition de loi
Art. 143-1. – Le mariage ne peut être célébré si l’un des futurs époux se trouve en situation irrégulière sur le sol français.
Et parmi les 38 signataires (tous UMP) de cette proposition de loi, on trouve qui ? M. Le Fur, député de la 3ème circonscription des Côtes d’Armor, bien sûr !
M. Le Fur doit avoir un problème avec le mariage. Il s’est brillamment illustré pendant les débats sur le mariage ouvert aux couples de même sexe, ce qui lui avait valu d’être sanctionné (ça fait désordre, pour un vice-président de l’Assemblée nationale !). Pas plus tard que le mardi 30 juillet, on a pu le voir à Loudéac participer à une soirée « veilleurs », c’est-à-dire en fait à une prière de rue contre quoi il s’élève lorsqu’elles sont organisées par des Musulmans… Prière de rue qui n’a pas pu compromettre beaucoup l’ordre public : le député était entouré de 11 personnes… Et en 2010 il avait commis une proposition de loi visant les mariages dits « gris » (clairs ou foncés ?). Proposition qui était naturellement tombée dans les oubliettes de l’histoire.
La présente proposition risque fort elle aussi de ne pas avoir beaucoup d’avenir. On va expliquer pourquoi à M. Le Fur :
Comme le rappelle le site de l’association « Les amoureux au ban public »,
- Le droit au mariage est un droit constitutionnel, réaffirmé régulièrement par le conseil constitutionnel (Décision n°2003-484 DC du 20 novembre 2003) ;
- Cette proposition est contraire aux engagements internationaux de la France, et en particulier aux articles 8 et 12 de la Convention européenne des droits de l’Homme (CEDH) ;
- « Selon une jurisprudence constante de la Cour Européenne des droits de l’Homme, les dispositions de la Convention s’appliquent à toute personne se trouvant sur le territoire d’un Etat partie. Dès lors, une personne, quelle que soit sa nationalité, bénéficie du droit d’invoquer la Convention, y compris si elle se trouve sur le territoire en situation irrégulière », conclut Amoureux au ban public.
Autre point, et non le moindre : cette proposition de loi ne pénaliserait pas que les étrangers en situation irrégulière, puisqu’elle concernerait directement les ressortissants français souhaitant épouser un étranger.
Ces 38 députés savent pertinemment que leur proposition ne peut pas aboutir. Mais ce qui compte pour eux, évidemment, c’est l’effet d’annonce, qui leur permet de se rapprocher un peu plus de l’extrême droite et d’envoyer un signe d’amitié au front national pour les prochaines municipales.
Monsieur Le Fur a-t-il conscience que sa proposition de loi est en fait une incitation à vivre dans le pêché ?
Malfaiteurs libérés à Dreux : on se calme !
3 malfaiteurs libérés faute de place dans la prison : il n’en faut pas plus pour mettre en émoi politiques, policiers (du moins certains) et médias. Et chacun y va de son refrain sur le laxisme de la gauche. La gauche (c’est peut-être beaucoup dire…) pour ne pas être en reste prend le relais, le ministre demande une enquête…
Heureusement, Maître Eolas arrive, et comme il sait si bien le faire, il dégonfle l’affaire en la ramenant à ses justes proportions. Allez vite lire ce qu’il en pense, comme d’habitude, c’est passionnant, et le résumer serait lui faire offense. Ça se trouve ici.
Mais il y a un point que j’aimerai soulever. Qui les médias sont-ils allés trouver pour commenter cet « incident » ? Comme d’habitude, le « syndicat » Alliance. Les affaires policières sont les seules pour lesquelles les médias s’adressent à un syndicat pour avoir le point de vue de l’administration. Dans l’éducation nationale, on interroge d’abord le ministre, ou le recteur d’académie, ou le directeur départemental, puis, et seulement puis, éventuellement, un syndicaliste. Pour le déraillement de Brétigny on a vu aussitôt le directeur de la SNCF et le ministre des transports. Là, ça semble être inutile, on va tout de suite chercher un syndicat. Et de préférence pas n’importe lequel : Alliance ! ça doit être le meilleur.
C’est pourtant bien Alliance qui a monté les rumeurs sur les incidents qui ont suivi le déraillement du train, allant jusqu’à évoquer des détrousseurs de cadavres. C’est pourtant bien Alliance qui a pubié, après les incidents de Trappes, à la suite du contrôle d’une femme en burqua, des photos de voyoux qui dataient de 2005, en les présentant comme venant d’être prises !
Mais non, dans son journal de dimanche soir, France 2 n’a pas hésité à interroger un policier syndiqué à Alliance. Qui a eu le culot de mettre en cause les suppressions de poste dans la police, alors qu’il y a un peu plus d’un an, lorsqu’elles étaient le fait de la droite, il les approuvait !7
Il serait peut-être temps que, dans les affaires de police, les médias fassent l’effort de trouver des sources un peu plus fiables !
Pour la CNCDH, la situation des Roms en France est extrêmement préoccupante
La Commission nationale consultative des droits de l’Homme (CNCDH), qui assure, auprès du Gouvernement, un rôle de conseil et de proposition dans le domaine des droits de l’homme, du droit et de l’action humanitaire considère, dans un communiqué, que la situation des Roms en France est « extrêmement préoccupante et les accès au droit commun (scolarisation, santé, protection sociale) perdurent, de même que les difficultés pour accéder à un emploi salarié ». Le scandale est d’autant plus grand que la circulaire du 26 août 2012, qui posait la recherche de solutions alternatives en préalable aux démantèlements de camps n’est pratiquement jamais respectée. Et pourtant, des expériences d’intégration existent, et elles fonctionnent : le film de Sophie Averty, « Cause commune » (lire ici) qui relate une expérience magnifique à Indre prouve qu’avec un peu de courage politique, tout est possible.
Communiqué de la CNCDH
Paris, jeudi 2 août 2013 – La CNCDH appelle le gouvernement à la mise en œuvre stricte de la circulaire du 26 août 2012 pour garantir l’accès au droit commun des populations Roms présentes en France. L’institution nationale indépendante de protection des droits de l’homme souhaite également faire part de sa grande inquiétude face à l’alarmant climat de tension qui règne autour de la question, envenimé ces dernières semaines par d’intolérables propos de haine véhiculés par des élus ou des responsables politiques.
Le 26 août 2012 était signée par sept ministres la circulaire interministérielle « relative à l’anticipation et à l’accompagnement des opérations d’évacuation des campements illicites ». Cette circulaire avait été saluée par les associations de défense des droits de l’homme dans la mesure où elle marquait un changement de discours de la part des autorités et témoignait de leur volonté d’apporter une réponse individualisée et territorialisée aux situations de grande précarité vécues par des citoyens européens.
Presqu’un an après l’entrée en vigueur de cette circulaire, que constate-t-on sur le terrain ? Dans de nombreuses villes, les évacuations des lieux de vie se sont poursuivies trop souvent sans solutions alternatives et au mépris du caractère inconditionnel du droit à l’hébergement, mettant des hommes, des femmes et des enfants à la rue, dans une précarité toujours plus grande. Le volet préventif de la circulaire, qui prévoit l’anticipation des opérations d’évacuation des bidonvilles et l’accompagnement des populations, est peu et inégalement mis en œuvre sur le territoire. La situation des Roms en France est extrêmement préoccupante et les entraves dans l’accès au droit commun (scolarisation, santé, protection sociale) perdurent, de même que les difficultés pour accéder à un emploi salarié.
Face à la situation de grande précarité dans laquelle se trouvent les 20 000 personnes Roms vivant en squats ou en bidonvilles actuellement, des solutions existent et la CNCDH formule ci-joint des recommandations qui lui semblent devoir être mises en oeuvre le plus rapidement possible, afin que soient respectés les droits fondamentaux de ces citoyens européens vivant sur le territoire français : droit à l’hébergement, respect de la scolarisation des enfants, droit à la santé et accès au travail. Les recommandations de la Commission s’appuient sur les travaux menés sur le terrain par ses associations membres, sur les interventions du Défenseur des droits en la matière et reprennent pour une grande part des recommandations déjà formulées par la CNCDH dans un avis de mars
La Mayenne envahie par une horde de 14 mineurs isolés étrangers !
L’exclusion progresse.
« Après les gens du voyage et les Roms, voici le tour des mineurs étrangers isolés » : Pierre Henry, directeur général de France Terre d’asile est indigné.
La raison de son indignation ? un arrêté, pris par le président du conseil général de la Mayenne, Jean Arthuis, qui décide de ne plus accueillir de mineurs étrangers isolés dans son département.
Ce département est en effet sinistré : il a été, rendez-vous compte, en deux mois, envahi par une horde de pas moins de 9 jeunes étrangers, qui sont venus s’ajouter aux cinq déjà présents ! on pourrait en rire s’il ne s’agissait pas de situations dramatiques concernant des jeunes mineurs livrés à eux-mêmes sans aucune protection.
On rit d’autant moins que, sans aller pour le moment jusqu’à des mesures aussi radicales que celle du président mayennais, de plus en plus de département veulent se débarrasser de ce « problème ».
Il y a bien un problème, personne ne le conteste. Et personne ne nie que ces jeunes mineurs font l’objet d’un trafic, qu’ils sont exploités par des passeurs et des filières souvent mafieuse.
Mais personne ne peut nier non plus que ces jeunes sont en détresse, en danger. Cet arrêté, souligne Pierre Henry, est contraire à l’article L. 112-3 du code de l’action sociale et des familles, et «contrevient à la mission du Département, qui doit prendre en charge les mineurs privés temporairement ou définitivement de la protection de leur famille, et ce sans condition de nationalité». Lire également l’article dans Libération.
À noter que France Terre d’Asile participe à une campagne européenne en faveur du droit d’asile.
L’été est dur pour les Roms et les gens du voyage
L’été n’est pas une bonne saison pour les gens du voyage et les roms. Il y avait eu le « discours » de Grenoble. Cette année, il y a eu la saillie de Bourdouleix qui regrette qu’Hitler n’en ait pas tué suffisamment. Il y a eu le « guide pratique d’expulsion » d’Estrosi. Et maintenant on a, dans le désordre, la coupure d’eau effectuée par un maire socialiste, et le projet de loi d’Accoyer, qui veut durcir les sanctions.
La coupure d’eau, c’est à Régis Roy-Chevalier, maire PS de Wissoux, dans l’Essonne, qu’on la doit. Elle concerne un camp de Rroms, qui doivent maintenant marcher un kilomètre pour s’approvisionner. « On n’a jamais privé un être humain d’eau. C’est une valeur universelle. La droite, la gauche, personne n’y touche. Le maire veut élargir son assiette électorale en allant vers l’extrême droite et en coupant l’eau, faire en sorte que ces gens s’en aillent », s’insurge Eve Desjardin, d’Europe Ecologie les Verts. Le maire quant à lui n’estime pas prendre une mesure scandaleuse, et renvoie la responsabilité à l’Europe qui ne gère pas le problème.
Bernard Accoyer, recordman de France de distribution de réserve parlementaire, veut faciliter les mesures d’expulsion des gens du voyage, en raccourcissant les délais et en assouplissant les conditions. Au moins veut-il faire cela par la loi. Parce que son petit copain Estrosi ne s’embarrasse pas de la loi : il demande que les maires puissent faire la loi avec leur police municipale, et qu’ils aient le droit de saisir « les belles voitures et les belles caravanes » (ceci revient en boucle chez Estrosi), sans intervention de la justice ! On ne va quand-même pas se laisser enquiquiner par l’Etat de droit !
Noël Mamère, sur son blog, conclut un bel article intitulé « Les Roms ou la nouvelle question juive » par ceci : « Si les élus et les médiateurs de toutes sortes ont un rôle, c’est justement celui de permettre la coexistence de modes de vie, d’habitat et de consommation différents. La communauté nationale ne se différencie pas en fonction de l’origine, du sexe, du milieu social, du type d’habitat, de ses choix de vie… L’égalité suppose la reconnaissance des différences ».
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