Famille Mejidov : le récit de l’expulsion

Les informations sur la situation de la famille Mejidov sont arrivées hier un peu dans le désordre. Les militants de la Cimade, de RESF et de la Ligue des droits de l’Homme en on fait un récit qui récapitule l’affaire et donne des nouvelles de cette famille Tchétchène. Ils donnent également un lien vers le blog « untoitundroit35 », et vers une vidéo tournée pendant l’expulsion. Un bonne nouvelle cependant : la voisine des Mejidov au centre de rétention, Hamest C., a été libérée.

Voici ce récit.

Lundi 29 juillet

La famille Mejidov a été EXPULSEE ce matin !

Récit des militants de Rennes

«  2h30: nous étions une vingtaine de militants devant les grilles du CRA de Rennes pour protester contre l’expulsion de la famille Mejidov.

La famille avait réussi à s’enfermer dans sa chambre en bloquant la porte. Après 30 mn, les policiers ont fini par pénétrer dans la pièce. Nous avons alors entendu les cris des enfants et de leurs parents qui tentaient de résister à leur expulsion.

L’image et le son :www.youtube.com/watch?v=C42viHaCmQc

http://untoitundroit35.blogspot.fr/2013/07/rennes-expulsion-dune-famille.html

Un policier est sorti avec les enfants dans les bras, suivi quelques minutes plus tard des parents menottés.

Les enfants ont été habillés par les policiers, puis toute la famille a été embarquée à 4h15 dans deux véhicules pour l’aéroport de Roissy.

Leur téléphone est coupé… »

ROISSY 9h 56 : l’avion de Varsovie a décollé. On ne sait pas si Belita, la mère a pu montrer le certificat médical attestant d’une contre-indication pour tout vol en avion, on ne sait pas si Bekan, le père a réussi à refuser d’embarquer une nouvelle fois. Les pratiques courantes : calmant administré de force, bâillon-muselière sur le visage pour certains, compression, ligotage et scotchage divers ont-elles été mises en œuvre ?

17h20 : Confirmation reçue par la Cimade : expulsion réussie. La famille, arrachée à ses proches, est donc maintenant en Pologne.

C’est ainsi qu’on expulse sous la présidence de François Hollande une famille venue chercher l’asile en France, où plusieurs membres de leur famille résident légalement après avoir obtenu le statut de réfugié. Sans nouvelle de la famille Mejidov depuis leur départ du CRA, ils sont actuellement très inquiets sur les conditions de leur arrivée en Pologne. »

La présidence et le gouvernement doivent continuer à entendre les protestations de ceux que ces pratiques indignent, aujourd’hui comme hier

Les événements de cette nuit se sont déroulés sous les yeux de Hamest C, une Kurde de Géorgie, mariée,  et mère de Bella, sa fille de 22 ans, de Malkhaz un jeune lycéen de 18 ans scolarisé à Rennes.

Elle partageait le même bâtiment que la famille Mejidov et pouvait s’attendre au même sort, si la cour d’appel ne la libérait pas. Un vol était prévu dès ce mardi 30 juillet pour la Pologne. Hamest a eu plus de chance, elle est LIBRE.

 

La famille Mejidov expulsée vers la Pologne, une mère de famille menacée

Nuit du dimanche 28 au lundi 29 juillet, 2h30 : une vingtaine de militants sont groupés devant les grilles du centre de rétention administrative de Rennes, pour protester contre l’expulsion de la famille Mejidov. Les parents et leurs deux enfants de 3 et 4 ans y sont enfermés depuis le dimanche 21 juillet.

La famille tchétchène avait réussi à s’enfermer dans leur chambre en bloquant la porte. Au bout d’une demi-heure, les policiers ont fini par pénétrer dans la pièce. « Nous avons alors entendu les cris des enfants et de leurs parents qui tentaient de résister à leur expulsion ». Expulsion programmée à 9h45 vers la Pologne, pays par lequel la famille est rentrée dans l’espace européen. Et il est quasiment certain que la Pologne les renverra en Tchétchénie, où c’est leur vie qui est menacée.

Un policier est sorti avec les enfants dans les bras, suivi quelques minutes plus tard des parents menottés.

Les enfants ont été habillés par les policiers, puis toute la famille a été embarquée à 4h15 dans 2 véhicules pour l’aéroport de Roissy.

Leur téléphone est coupé…

 

Toute cette scène s’est déroulée sous les yeux de Hamest C, mère de famille kurde de Géorgie, qui partageait le même bâtiment que la famille Mejidov.

Effondrée par tant de violence morale et physique, elle ne dort plus et refuse de manger, de boire, de suivre son traitement depuis 2 jours.

Elle sait que le même sort l’attend demain mardi, si la cour d’appel ne la libère pas cet après-midi (audience à 15h30 au Parlement de Bretagne). Un vol est prévu dès demain pour la Pologne. Cette mère de famille laisserait derrière elle, son mari, Bella sa fille de 22 ans et Malkhaz un jeune lycéen de 18 ans scolarisé à Rennes.

 

Concertation sur le droit d’asile : danger ?

Valérie Létard, sénatrice centriste du Nord, et Jean-Louis Touraine, député socialiste du Rhône, les deux médiateurs de la concertation sur la réforme de l'asile.

Le ministère de l’intérieur a lancé, le 15 juillet dernier, la concertation sur la réforme du droit d’asile. Deux parlementaires, le député socialiste Jean-Louis Touraine, de Lyon, et la sénatrice centriste du Nord, Valérie Létard, ont été chargés par le ministre de mener cette concertation, et de  rendre leurs recommandations fin octobre.

Cette concertation se mènera sous la forme de quatre ateliers thématiques :

  • l’évolution des procédures d’asile,
  • l’accueil, l’orientation et l’accompagnement des demandeurs d’asile,
  • l’hébergement des demandeurs d’asile,
  • l’insertion des bénéficiaires d’une protection internationale (accueil, emploi, logement, formation

Ces ateliers réuniront « des experts et des professionnels de terrain » : le ministre a précisé dans son discours liminaire qu’on y trouverait outre les deux parlementaires, des préfets, des chefs de services, des représentants d’organisme tels que la cour nationale du droit d’asile (CNDA), ou le conseil aux réfugiés. Le ministre n’a pas parlé des associations, et le site du ministère de l’Intérieur n’y fait pas non plus allusion.

Une boîte mail pour permettre à chacun de contribuer à la réflexion sur la réforme : danger ?

Cette concertation, que le ministre déclare vouloir « transparente », prévoit une autre procédure : les citoyens ont la possibilité de faire leurs propositions grâce à un formulaire, lié à une adresse électronique, qui les transmettra au groupe de travail.

Une mesure qui, au premier abord, semble parfaitement démocratique. Au premier abord seulement. Parce quand on fréquente un peu les réseaux sociaux, les sites de pétitions, les sites d’associations de défense des droits des demandeurs d’asile qui ne modère pas les commentaires, ou les sites de journaux nationaux chaque fois qu’ils traitent d’un sujet se rapportant au droit d’asile, on est stupéfait de ce qu’on peut lire. Les espaces commentaires de ces sites sont le terrain de jeu des racistes, des fascistes, des xénophobes, des nationalistes étriqués… Et les discours sont une succession de vulgarités, de menaces, d’insultes… des discours d’appel à la haine, à la violence…

Alors, vraiment démocratique de laisser la parole se « libérer » sans modération, au sens propre comme au sens figuré ? Souvenons-nous d’un certain débat, de sinistre débat, sur l’identité nationale, et des dégâts qu’il a causés dans la société française !

On peut télécharger ici le communiqué du ministère de l’intérieur publié à l’occasion de l’ouverture de cette concertation.

Le site du ministère de l’intérieur y consacre plusieurs pages, avec notamment le discours d’ouverture du ministre, et les déclarations des deux parlementaires en charge de la réflexion.

 

Deux enfants de 2 et 3 ans en rétention au centre de Rennes Saint-Jacques (35)

Programme du vendredi 26 juillet, Rennes.

9h30 : 9 référés logement pour des demandeurs d’asile

10h : Rendez-vous avec le juge des libertés et de la détention pour la famille Mejidov .

14h : recours contre placement en rétention pour Mohamed Y. , demandeur d’asile syrien.

14h30 : recours contre placement en rétention pour Hamest C, mère de famille géorgienne, dont un fils est scolarisé au lycée V.H Bash.

Le cas de la famille Mejidov est particulièrement éloquent. Voici le récit de leur parcours, par le Réseau éducation sans frontière.

La famille Mejidov, un couple tchétchène et ses deux  enfants, Ramyi, 2,5 ans et Riyad 3,5 ans, est arrivée à Nantes en février 2013 pour demander l’asile en France.

Comme de nombreux demandeurs d’asile, cette famille a connu pendant plusieurs semaines l’errance entre la rue et le 115. Un hébergement stable obtenu en avril 2013 dans un hôtel, a permis la scolarisation du fils aîné à l’école maternelle La Fontaine de Saint Sébastien Sur Loire.

Sous le coup d’une réadmission vers la Pologne (les demandeurs d’asile doivent normalement faire leur demande dans le premier pays européens par lequel ils entrent dans l’UE), la famille Mejidov a été convoquée le 2 juillet à la préfecture de Nantes. Un vol leur a été annoncé pour le 11 juillet et une assignation à résidence leur a été notifiée. Craignant un retour forcé en Pologne, la famille ne s’est pas présentée le 11 juillet. La préfecture a alors mis fin à leur hébergement.  

Après avoir fait le recours contre la réadmission, la famille Mejidov a regagné l’hôtel avec l’accord de la préfecture, qui a renouvelé le contrat pour l’hébergement jusqu’au 24 juillet. 

Dimanche 21 juillet à 7h, une vingtaine de policiers ont fait intrusion dans la chambre d’hôtel, alors que la famille dormait encore…Réveil brutal pour le couple et leurs deux jeunes garçons embarqués vers le commissariat de Nantes, puis vers le CRA de Rennes, où ils sont arrivés vers 14h. 

Lundi matin à 4h, nouveau réveil brutal pour cette famille par les policiers du CRA pour les conduire à l’aéroport. Le père a crié pendant 1/4 h son refus de partir. Les policiers ont finalement renoncé, après les menaces habituelles « la prochaine fois, on utilisera la force ».

Le tribunal administratif de Rennes a confirmé le 24 juillet le placement en rétention de la famille Mejidov. Selon la circulaire du 6 juillet 2012, le juge a estimé que l’enfermement de ces 2 jeunes enfants était légal, puisque leurs parents n’avaient pas respecté l’assignation à résidence et avaient fait 2 refus d’embarquement.

Rien ne peut justifier l’enfermement des enfants. Après avoir subi 2 intrusions policières traumatisantes, les 2 jeunes garçons souffrent de cette privation de liberté et présentent des troubles du sommeil et de l’appétit.

RESF 35 demande la libération immédiate de cette famille et que leur demande d’asile soit examinée en France, où plusieurs membres de leur famille vivent depuis plusieurs années après avoir obtenu le statut de réfugié (la sœur de Madame Mejidov a la nationalité française).

Après un bref et approximatif décompte, Riyad et Ramyi ont le triste privilège d’être les 10ème  et 11ème enfants enfermés en rétention depuis la circulaire du 6 juillet 2012. Notre décompte est sans doute très sous-estimé. Mais le cabinet du ministre, lui, tient des comptes rigoureux : qu’il publie le nombre, le nom et l’âge des enfants qu’il a emprisonnés depuis qu’il s’est engagé à ne plus enfermer d’enfants.

Pour mémoire : communiqué du Parti socialiste du 23 septembre 2009

Le Parti socialiste, lors de la réunion de son Secrétariat national du 23 septembre, a décidé de signer l’appel lancé par le Réseau Education Sans Frontières « Pour le respect par l’Etat des droits de l’enfant et de sa famille. » Qu’il s’agisse de démembrement des familles lorsqu’un des deux parents est expulsé, ou de la mise en rétention des enfants avec leurs parents menacés d’expulsion en centre de rétention administrative, les droits des enfants sont mis à mal par la politique actuelle du gouvernement. Pour le Parti socialiste, l’intérêt supérieur de l’enfant doit rester au premier plan. Le maintien de l’unité familiale doit devenir la règle, mais ne doit plus servir de prétexte à l’enfermement d’enfants.

Communiqué qu’on peut retrouver sur le site du parti socialiste à cette adresse :

http://www.parti-socialiste.fr/communiques/le-parti-socialiste-signe-lappel-resf-pour-le-respect-par-letat-des-droits-de-lenfant-et

A noter que la situation est tout aussi grave à Saint-Brieuc, dans les Côtes d’Armor…

La Ligue des droits de l’Homme publie les documents « Bettencourt » sur son site

L’application de la décision de justice condamnant les sites Médiapart et Le Point à retirer de leurs pages les enregistreements (t tout ce qui s’y rattache) effectués par le marjordome de Mme Bettencourt a suscité une vague d’indignation dans les médias. De nombreux organes de presse, à commencer par Libération et Rue 89 ont rapidement manifesté leur solidarité en hébergeant sur leurs sites les documents visés par ce qu’on est bien obligé d’appeler une censure.

Aujourd’hui, la Ligue des droits de l’Homme s’associe à ce mouvement de solidarité, et publie à son tour ces documents sur son site. Elle appelle également à signer l’appel « Nous avons le droit de savoir », publié sur Mediapart, et qui a déjà réuni 40.000 signatures :

http://blogs.mediapart.fr/blog/la-redaction-de-mediapart/110713/plus-de-51000-personnes-ont-signe-lappel-nous-avons-le-droit-de-savoir

Pour télécharger, cliquer sur le lien http://we.tl/DH0Vh8PGau

Il va télécharger un fichier compressé, nommé pdm.zip. Double-cliquez sur le nom du fichier, ouvrez le répertoire son : vous y trouvez tous les enregistrements sonores.

Voici le communiqué publié par la Ligue, consultable également ici :

http://www.ldh-france.org/Censure-des-enregistrements,4920.html

Veut-on revenir aux temps obscurs de la censure ? D’allure baroque, la question doit pourtant être posée après l’arrêt de la cour d’appel de Versailles, rendu le 4 juillet, qui ordonne à Mediapart et Le Point de supprimer de leurs sites, dans les huit jours, toute citation des enregistrements effectués par le majordome de madame Bettencourt. L’arrêt va jusqu’à interdire qu’ils soient mentionnés.

On se souvient que ce sont ces révélations qui ont été à la source d’une enquête journalistique éclairante sur les rapports entre le monde de l’argent et de la politique. L’arrêt de la cour d’appel, censurant de fait l’information, est un coup porté aux titres de presse Mediapart et Le Point, et à la liberté de la presse d’une façon générale. Au moment où la ministre de la Justice dépose un projet de loi qui affirme que « les journalistes doivent pouvoir exercer leur mission sans entraves », cette décision est rien moins qu’inquiétante ; au lendemain du refus de la France d’accorder l’asile à Edward Snowden, elle rappelle à quel point la liberté d’informer et d’être informé, en toute liberté, reste fragile.

La Ligue des droits de l’Homme exprime sa solidarité avec Mediapart et Le Point.

Par ailleurs, elle appelle à signer l’appel « Nous avons le droit de savoir » qui a réuni sur le site Mediapart plus de 40.000 signatures en une semaine.

Enfin, afin d’exprimer notre refus d’une conception étriquée de la liberté de la presse, nous hébergeons la totalité des contenus censurés (dont les deux enregistrements concernant Patrice De Maistre), accessible via le site internet de la LDH : http://www.ldh-france.org/Censure-des-enregistrements,4920.html.

 

 

Bourdouleix : dernier avatar d’un climat délétère

Copie d'écran de la page Facebook du forum police-info

Me Patrick Baudouin, avocat de la Fédération internationale des ligues des droits de l’Homme souhaite que le député maire de Cholet, qui a tenu des propos que le préfet du Maine-et-Loire a qualifiés « d’apologie de crime contre l’humanité », fasse l’objet d’une sanction exemplaire (vidéo à voir ici). Il estime que l’élu sera vraisemblablement condamné à une amende, mais il préférerait, compte-tenu de « l’énormité » des propos, qu’une peine de prison, au moins avec sursis, soit prononcée.

Outre l’énormité des propos, l’avocat évoque la banalisation de ces propos. Et il rappelle ceux qu’a tenus le maire de Nice, M. Estrosi, il y a quelques jours. Cette banalisation prend cet été des proportions inquiétantes. Elle ne se limite pas au monde politique. Deux exemples.

La page Facebook du forum police-info.com, utilisée à la fois par des fonctionnaires de la police nationale et des polices municipales, vient de retirer une page, sur Facebook, où certains de ses membres tenaient des propos ouvertement racistes, accompagnés de menaces de violence. Il a quand même fallu que cette page soit découverte par des internautes pour qu’elle soit effacée. Une enquête a été ouverte pour vérifier si ces propos étaient tenus par des policiers, et si c’est le cas, des sanctions seront évident sanctionnés. Les recherches faites par le site « Copwatch », qui surveille les activités policières et dénonce les abus et les bavures, semblent accréditer cette thèse : le site aurait identifié certains policiers. Ce site publie également des copies d’écran des propos qui ont disparu de la page facebook (article du Monde à lire ici).

Deuxième exemple : la presse. Elle de façon quasi unanime condamné les propos du député maire de Cholet. Mais le journal Le Point a tout de même cru bon de publier, sur son site, un sondage incroyable, dont voici la copie d’écran.

Le site du journal a finalement retiré ce sondage de son site, et s’est livré à quelques explications.

Décidément, l’été aura été chaud, y compris pour la démocratie… et le titre de l’édition 2013, parue en mai dernier, du rapport de la Ligue des droits de l’Homme sur l’état des droits en France exprime parfaitement la situation : « la République en souffrance ».

Ligue des droits de l’Homme : sur quel terrain poussent les Bourdouleix ? Additif et correctif.

Le camp d'internement des tsiganes de Montreuil-Bellay. Montreuil-Bellay n'est pas très loin de Cholet...

Additif et correctif, 23 juillet à 13h45

Il semble que la journaliste de France Inter ait été un peu vite en besogne ce matin, et nous aussi : la Ligue des droits de l’Homme n’a pas encore déposé plainte contre le député maire de Cholet. La section d’Anger de la LDH l’explique dans un communiqué :

De nouveaux incidents entre le député-maire de Cholet et un groupe de Français itinérants sont relatés dans la presse locale de ce jour. Si les propos rapportés dans cette même presse sont confirmés alors la Ligue des droits de l’Homme saisira à nouveau la Justice. En effet, il n’est pas suffisant de s’indigner quand il est nécessaire de demander justice, quand un élu de la République, là et ailleurs, profère de telles insanités. Laisser faire, c’est banaliser et légitimer la provocation à la haine, à la violence et à la discrimination raciale. La LDH 49 ne doute pas que les parlementaires et les autorités morales dans ce département, mais aussi au-delà, sauront réagir face à de telles dérives qui endommagent la Démocratie, le « vivre ensemble » et plus profondément les fondements et les valeurs de la République.

Jean-Pierre Dubois, dans son intervention aux informations de 7h, avait dit précisément : « Je pense que ce monsieur va faire l’objet de poursuites, nous allons y veiller, ça n’est pas la première fois que nous poursuivons des élus qui tiennent des propos qui incitent à la haine, à la haine raciale ». La LDH étudie en ce moment la procédure la mieux adaptée pour poursuivre l’élu. Ce ne sera pas la première fois que la LDH poursuivra M. Bourdouleix.

A noter par ailleurs, que l’association « Notre Route » (Amaro Drom, défense des droits des Roms), a écrit à Bourdouleix, pour exiger de lui (sans trop d’espoirs, on imagine !) des excuses publiques, et sa présidente, Véronique Labbé, a déposé une plainte contre lui à la gendarmerie de Gardane. On peut lire la plainte et le courrier adressé au député sur le site de l’association.

Ci-dessous, le communiqué publié par le siège parisien de la Ligue dans la matinée du 23 juillet.

Paris, 23 juillet. Communiqué.

Juillet 2010 : le président de la République UMP Nicolas Sarkozy explique la délinquance par l’immigration incontrôlée et annonce l’expulsion massive des Roms.

Septembre 2010 : le ministre de l’Intérieur UMP Brice Hortefeux dénonce ces nomades qui roulent dans de grosses voitures de luxe…

Juin 2013 : l’ancien ministre UMP Christian Estrosi promet aux Gens du voyage de les « mater ».

Juillet 2013 : le député-maire de Cholet UDI Gilles Bourdouleix regrette qu’Hitler n’ait pas tué assez de Gens du voyage. Jean-Marie Le Pen lui-même n’avait pas osé… Et sa fille n’a même pas à en rajouter, pour préparer les moissons de 2014 et de 2017.

 

Ainsi le racisme ordinaire contamine-t-il sans cesse davantage jusqu’aux élus « décomplexés » de la République.

Jusqu’à quand ? Et que sera la prochaine avancée de l’instrumentalisation méthodique de la haine ? Un appel aux citoyens pour qu’ils passent eux-mêmes le célèbre « Kärcher » dans les banlieues ?

La crise sociale s’aggrave. Les discriminations, les contrôles au faciès, la stigmatisation demeurent. La vie dans les quartiers pauvres est pire qu’en 2005. Si l’on ne se décide pas à répondre enfin à cette urgence, les prétendues « dérives », en fait parfaitement assumées, nous rapprocheront toujours plus de l’inhumain.

La LDH condamne fermement ces propos et regrette que les précédentes plaintes qu’elle a déposées à l’encontre de M. Bourdouleix pour des propos de la même teneur n’ont pas connu de suite.

Par ailleurs, elle appelle les pouvoirs publics à ne pas se contenter de poursuivre les élus qui font l’apologie de crime contre l’humanité, mais à s’attaquer aussi, en actes et sans plus tarder, à l’injustice qui nourrit la bêtise et la haine.

 

Deux familles avec enfants en centres de rétention à Rennes et Aurillac

Communiqué de la CIMADE

Jeudi 18 juillet la police a débarqué à 06h40 pour l’interpellation de la famille Mambetov dans un foyer de jeunes travailleurs d’Aurillac. Pas moins d’une vingtaine de policiers ont participé à cette opération visant un jeune couple de nationalité russe et leur enfant de 16 mois.

Une escorte de police les a conduits vers l’aéroport de Lyon. Ayant revendiqué leur droit de demander l’asile politique, Madame et Monsieur Mambetov ont réussi in extremis à interrompre leur expulsion. Mais au lieu de les libérer dans l’attente de l’examen de leur demande, le préfet prend une option coercitive et les enferme abusivement au centre de rétention de Lyon. Vendredi, le tribunal administratif de Lyon jugeait cette décision illégale et ordonnait la mise en liberté de la famille.

Dimanche 21 juillet la même démonstration de force se répète à Nantes. A nouveau, une vingtaine de policiers interpelle vers 4h du matin une famille de demandeurs d’asile tchétchènes dans l’hôtel où ils résident avec leurs deux enfants âgés de 2 et 3 ans. Le lundi 22 juillet à l’aube, après un jour d’enfermement au centre de rétention de Rennes, les parents s’opposent à leur expulsion vers la Pologne, pays par lequel ils ont juste transité et où le droit d’asile n’est pas respecté.

À ce jour, cette famille est toujours enfermée dans l’attente d’une prochaine expulsion. Cette privation de liberté a des conséquences sur l’état de santé de l’ensemble de la famille, les enfants en souffrent particulièrement.

Ces deux situations mettent en lumière l’insuffisance de la circulaire du 6 juillet 2012 censée limiter et encadrer l’enfermement des enfants en rétention. Après un an d’application et en cette période estivale peu propice à des mobilisations citoyennes, le gouvernement poursuit une politique répressive contraire à l’intérêt de très jeunes enfants. Ces enfants n’ont pas leur place dans un lieu d’enfermement particulièrement anxiogène et traumatisant.

La Cimade demande la libération immédiate de cette famille afin que sa demande d’asile puisse faire l’objet d’un examen effectif en France.

Le gouvernement doit changer la loi pour mettre fin à l’enfermement des enfants, y compris à Mayotte où le procédé est quotidien.

 

La Ligue des droits de l’Homme porte plainte contre Gilles Bourdouleix

Le camp d'internement des tsiganes de Montreuil-Bellay

Les propos tenus par le député maire de Cholet, Gilles Bourdouleix, sur les gens du voyage continuent de faire réagir le monde politique et les associations. Interrogé par France Inter (journal de 7h, mardi 23 juillet), Jean-Pierre Dubois, président d’honneur de la Ligue des droits de l’Homme a annoncé que la LDH allait poursuivre l’élu. Il a déclaré : « Je pense que ce monsieur va faire l’objet de poursuites, nous allons y veiller, ça n’est pas la première fois que nous poursuivons des élus qui tiennent des propos qui incitent à la haine, à la haine raciale, voilà, c’est malheureusement quelque chose qui s’est un peu banalisé depuis quelques années, on peut dire que c’est un député ‘décomplexé’ comme dirait M. Sarkozy. J’ai en mémoire le ministre de l’intérieur Hortefeux il y a trois ans expliquant que les gens du voyage avec des grosses voitures, qu’ils étaient très riches, qu’ils prenaient le pain des Français, ça, c’était le début. Et puis la suite, c’est un député de la République qui trouve qu’Hitler n’as pas tué assez de tziganes, et là, je ne vois pas comment ce monsieur pourrait échapper à la condamnation qu’il mérite ! »

Bourdouleix est un habitué des dérapages, et il semble faire une fixation sur les gens du voyage. En 2010 déjà, la Ligue des droits de l’Homme avait porté plainte contre lui pour « provocation à la haine raciale et à la violence », et il en a remis une couche en 2012.

Le député maire de Cholet évoque Hitler devant des gens du voyage

Le camp d'internement des tsiganes de Montreuil-Bellay

Le député maire UDI de Cholet (49) a utilisé des termes incroyables à l’encontre de gens du voyage qui s’étaient installés sur un terrain proche du stade de football. Il n’a pas hésité à leur déclarer, excédé par les saluts nazis des personnes qu’il était venu rencontrer et qui, devant son attitude, le traitaient de « raciste » : « Comme quoi, Hitler n’en a peut-être pas tué assez »…  Et cet ancien président du CNIP (centre national des indépendants paysans) assume, son accueil sur le terrain justifiant selon lui ses mots.

Ce lundi, Gilles Bourdouleix menace de démissionner si le préfet n’expulse pas les caravanes. Le pasteur de la mission évangélique s’est pour sa part déclaré prêt à aller ailleurs : encore faut-il qu’on lui propose un lieu adapté.

On assiste à une véritable escalade verbale dans le milieu politique, à l’encontre des gens du voyage. Chaque semaine apporte son lot d’insultes et de menaces. Il faut espérer que cet élu soit poursuivi pour ces propos !

Additif, 15h. Gilles Bourdouleix déclare n’avoir pas prononcé la phrase « Hitler n’en a pas tué assez », et affirme avoir déclaré : « Si c’était Hitler, il les tuerait tous ici ». Comme le dit le site du journal Politis, « effectivement, ça change tout ! » Et Gilles Bourdouleix annonce qu’il a porté plainte contre le journal Le Courrier de l’Ouest qui a le premier parlé de l’affaire. Et qu’il portera plainte contre tout média « diffusant cette fausse citation ». Un enregistrement diffusé cet après-midi par le Courrier de l’Ouest semble pourtant confirmer cette phrase.

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