J’ai jeté ma baleine à la mer : la bande annonce de la pièce de théâtre

La troupe de théâtre engagé « Les poules qui lèvent la tête » est une branche du Centre d’action culturelle CAC Sud 22 Marc Le Bris. Elle a mis en scène une pièce intitulée « J’ai jeté ma baleine à la mer ». Ce titre étrange cache un drame, celui d’une femme, victime de violences conjugales pendant six ans, et qui, grâce à des mains tendues, réussit à s’échapper et à se reconstruire grâce notamment à l’écriture. Elle publie son livre, une autobiographie, son le nom de Laura Granny. « Baleine » : Laura a jeté sa « balle », et toute la « haine » qu’elle avait accumulée pendant son calvaire.

Le livre, publié aux éditions Récits par Jérôme Lucas, a attiré l’attention de deux femmes. La première, Danielle Bousquet, à l’époque députée et vice-présidente de l’Assemblée nationale, et présidente de la commission spéciale « lutte contre les violences faites aux femmes » à l’Assemblée. La seconde, Jacqueline Chevé, à l’époque sénatrice, décédée en mars 2010. Elles ont toutes les deux préfacé le livre de Laura Granny.

Et il a aussi attiré l’attention de la troupe « Les poules qui lèvent la tête ». Anne Cojean, vice-présidente de Cac Sud 22 Marc Le Bris chargée du « pôle théâtre – scène » et les acteurs de la troupe (trois hommes, cinq femmes, et un technicien lumière) écrivent un scénario à partir du livre, en collaboration avec Laura Granny. Et ils produisent la pièce, dans une mise en scène originale, qui utilisent diverses techniques (voix off, ombres chinoises…). Le résultat est saisissant, et la troupe continue de se produire, y compris hors du département.

Les poules qui lèvent la tête ont accepté de jouer leur pièce pour la section Loudéac centre Bretagne de la Ligue des Droits de l’Homme. La représentation sera accompagnée d’un débat auquel participeront des militantes de la lutte contre les violences faites aux femmes. Elle aura lieu vraisemblablement au dernier trimestre de l’année 2013.

La troupe peut être contactée auprès de Daniel Livebardon, animateur théâtre de Cac Sud 22 Marc Le Bris, à l’adresse suivante : theatre@cacsud22.com, ou par téléphone au 02-96-28-93-53.

Vous pouvez d’ores et déjà avoir un aperçu de ce spectacle grâce à la bande annonce mise en ligne ci-dessous.

httpv://youtu.be/8Xb5z_EZC2g

 

Situation de Clara Kaseka Mokango, demandeuse d’asile : un communiqué de la section rennaise de la LDH

Nous avons fait état de la situation dramatique de Clara Kaseka Mokango, demandeuse d’asile congolaise, qui est détenue au centre de rétention administrative de Rennes Saint-Jacques et sous le coup d’une obligation de quitter le territoire français. Sa situation n’évolue pas, ce qui a conduit la section de Rennes de la Ligue des droits de l’homme, après avoir écrit au préfet d’Ile-et-Vilaine, à publier un communiqué que nous relayons ci-dessous.

La Ligue des Droits de l’Homme, Section de Rennes, a été informée de la situation dramatique de Mme Clara KASEKA MOKANGO, demandeuse d’asile congolaise du Nord-Kivu, et qui est actuellement détenue au Centre de rétention Administrative de Rennes (CRA).

Clara est arrivée en France en Octobre 2010 pour échapper aux persécutions aux violences subies du fait de des origines rwandaises de sa famille.

Début 2011, elle rencontre à Rennes Pedro, un citoyen angolais bénéficiant du statut de réfugié, et l’épouse en juillet 2012. Entre temps, elle a été déboutée de l’asile en mars 2012.

Clara est enfermée au Centre de rétention Administrative de Rennes (CRA) depuis le 18 décembre 2012, après s’être rendue sans crainte à une convocation de la Police Aux Frontières pour un « examen de sa situation administrative ». Elle a été arrêtée sur place et conduite directement au CRA.

Le représentant de la Préfecture lui a annoncé qu’un vol vers la République Démocratique du Congo était programmé dans les prochains jours.

Après son maintien en rétention par la Cour d’Appel de Rennes le 15 janvier 2013, après un mois de détention, Clara n’a plus eu comme seul recours, pour exprimer sa détresse d’être séparée de son mari, et l’angoisse d’être renvoyée dans un pays où sa vie est en péril, que de refuser de s’alimenter. En raison de la dégradation de son état de santé, elle a dû être évacuée sur le Centre Hospitalier Régional pour y être perfusée, puis ramenée au Centre de Rétention Administrative de Rennes, qui ne dispose pas de moyens pour intervenir médicalement en cas d’urgence.

La section de Rennes de la Ligue des Droits de l’Homme s’indigne de cette situation inadmissible, indigne de la France, pays des droits de l’homme : une jeune femme va être séparée durablement de son époux, interdisant toute vie commune, ce qui constitue une violation des dispositions de l’article 8 de la Convention Européenne des Droits de l’Homme (CEDH), pour être renvoyée dans un pays en proie à une violence extrême, (voir communiqué de Médecins Sans Frontières du 13/12/2012, http://www.msf.fr/actualite/articles/rd-congo-deplaces-nord-kivu-nouveau-tourmentesituation justifiant qu’elle puisse bénéficier de l’asile en France (l’article L 313-14 du CESEDA ).

Saint-Brieuc : rassemblement samedi 2 en faveur du « mariage pour tous »

Un rassemblement est organisé samedi 2 février, à 15h, devant la préfecture des Côtes d’Armor, à Saint-Brieuc (22), en faveur du projet de loi sur le mariage des personnes de même sexe. Ce rassemblement est organisé par l’association LBGT Armor (Lesbiennes Gays Bis et Trans). Il est soutenu par des partis politiques : parti socialiste, parti de gauche, Europe écologie les Verts, l’UDB, des associations : Ligue des droits de l’Homme, SOS-Homophobie, David et Jonathan, et des syndicats.
Il ne fait aucun doute que la loi sera votée, mais il est important qu’on n’entende pas que les opposants au projet. Leurs efforts semblent bien vains, puisque les derniers sondages font état de plus de 60% d’opinion favorable au projet. Il faut cependant poursuivre la mobilisation, d’autres projets attendent derrière celui-ci et la vieille droite réactionnaire essaiera encore d’arrêter le cours de l’histoire.

Mariage pour tous : les amendements signés par le député Marc Le Fur (3ème circonscription 22)

Le député Marc Le Fur a signé d’innombrables amendements au projet de loi étendant le mariage aux couples de même sexe. Il s’agit, on l’a compris, pour l’opposition, de faire barrage au projet présenté par le gouvernement. Ainsi, chaque fois que le mot « parent » apparaît dans le projet de loi à la place de « père » et « mère », paf, un amendement est déposé, et l’exposé des motifs se termine invariablement par la formule : « sauf à reconnaître une indifférenciation sexuelle dans le droit français, ces mots représentent la réalité de la filiation biologique. Par ailleurs, en privant les enfants ayant un père et une mère de cette reconnaissance légale, cette disposition du projet de loi crée une nouvelle discrimination ». Vive le « copié-collé » qui fait avancer la démocratie à grands pas.

L’ensemble des amendements est consultable ici.

Une autre série d’amendements concerne l’adoption et la procréation médicalement assistée, dont le député et ses amis veulent rendre l’accès impossible aux couples homosexuels.

Célibataires interdits d’adoption

Un autre amendement veut supprimer la possibilité de l’adoption aux célibataires. Les signataires expliquent ainsi cette mesure (page 83 du recueil des amendements) : « C’est la loi n° 66-500 du 11 juillet 1966 portant réforme de l’adoption qui a autorisé l’adoption d’un enfant par une personne célibataire. Cette disposition se justifiait à l’époque par le fait que le nombre d’enfants à adopter était supérieur au nombre de familles adoptantes ». On comprend la démarche : l’interdiction aux célibataires est une façon de l’interdire aux homosexuels non mariés.

Un autre encore (p. 65) concerne cette fameuse « clause de conscience » que réclament certains maires pour ne pas célébrer de mariages de personnes de même sexe. Rappelons ce que disait la Ligue des droits de l’Homme à ce sujet dans un communiqué paru en novembre 2012 : « Dans un État de droit, un maire est au service de la loi et dans notre république laïque, le mariage est un acte civil depuis 1792. L’oublier, ce serait oublier qu’un maire ne marie pas en son nom propre, mais en vertu du mandat qui lui a été confié dans le cadre républicain. Ce serait aussi ouvrir largement la porte à toutes les discriminations. Qui peut prétendre aujourd’hui que des maires ne refuseront pas, au nom de la liberté de conscience, un mariage entre divorcés, un mariage jugé trop « mixte », ou trop « bizarre » ? Ce serait, enfin, instituer une inégalité territoriale devant un acte civil. »

Le budget de la nation est appelé à la rescousse : les signataires soulignent les dégâts que va causer cette loi avec l’augmentation du nombre de pensions de reversions, d’avantages fiscaux liés au mariage etc…

Passons, rien de bien surprenant ni de très passionnant.

Mariage religieux

Mais il reste un amendement qui attire davantage l’attention, page 108. Et pas seulement parce qu’il n’est signé que par trois députés : MM. Charles de Courson (5ème circonscription de la Marne), Xavier Breton (1ère circonscription de l’Ain), et Marc Le Fur (3ème circonscription des Côtes d’Armor), alors que les autres le sont par une bonne quarantaine de parlementaires.

De quoi s’agit-il ? Tout simplement d’autoriser les ministres des cultes à procéder au mariage sans qu’il n’y ait eu au préalable de mariage civil, ce qui est aujourd’hui naturellement interdit. Voici le texte de cet amendement et l’exposé des motifs qui le justifient :

ARTICLE ADDITIONNEL APRÈS L’ARTICLE 1ER, INSÉRER L’ARTICLE SUIVANT :

L’article 433-21 du Code pénal est supprimé

EXPOSÉ SOMMAIRE

Cet amendement vise à supprimer la sanction, prévue à l’article 433-21de Code pénal, à laquelle s’expose tout Ministre d’un culte qui procède de façon habituelle aux cérémonies religieuses de mariage, sans que ne lui ait été justifié l’acte de mariage préalablement reçu par les officiers de l’état civil.

Or cette sanction est contraire à l’article 9 de la Convention européenne des Droits de l’Homme qui garantit la liberté de pensée, de conscience et de religion. En effet, elle oblige les citoyens qui ne souhaitent se marier que religieusement à partir à l’étranger pour respecter leur croyance.

Pendant ce temps-là, au Liban, des laïcs tentent de faire légaliser le mariage civil, qui n’existe pas (seul le mariage religieux y est reconnu)…

Ce dimanche, aller à la manifestation de soutien au projet de loi sur le « mariage pour tous »

Ce dimanche, c’est la riposte des défenseurs du projet de loi sur l’extension du mariage aux couples de même sexe. On parle aussi du « mariage pour tous », expression vivement critiquée par une psychanalyste et historienne, Elisabeth Roudinesco (lire son interview passionnante par les Inroks, ici), qui par ailleurs défend avec force ce projet : elle estime que parler de « mariage pour tous » permet à ses opposants de s’engouffrer dans des fantasmes malsains, tels celui de l’inceste. Les mots sont importants, elle a raison de le rappeler.

La manifestation des opposants avait réuni de très nombreuses personnes. Personne ne le conteste, et espérons que cette vaine querelle des chiffres ne se reproduira pas ce soir. La mise au point de la préfecture de police qui a donné à la presse la possibilité de vérifier ses méthodes de comptage contribuera sans doute à davantage de sérénité sur ce plan.

Mais somme toute, est-ce si important ? Et peut-on vraiment se réjouir qu’une telle foule se soit mobilisée pour empêcher une minorité d’obtenir les mêmes droits que la majorité ? Car c’est bien cela dont il s’agit : les opposants au mariage étendu aux couples de même sexe ne supportent pas que les droits dont ils bénéficient puissent également bénéficier aux homosexuels. Tout en se défendant, bien entendu, d’être homophobes ! alors, on détourne le débat vers l’intérêt « supérieur » de l’enfant. Argument bien fragile, lorsqu’on connaît les familles actuelles, dites « recomposées », où déjà de nombreux enfants vivent avec des parents et beaux-parents homosexuels, hommes ou femmes, et le vivent très bien. Mais c’est un fait, l’argument de l’enfant peut avoir de l’effet sur certains : on touche la corde sensible, même et travestissant la réalité. Et de fait, le débat, s’il a existé (et ce ne sont certainement pas les opposants au projet qui l’ont aidé à exister), sort du rationnel, pour sombrer dans le fantasme, quand ça n’est pas dans le mysticisme : on a entendu de vieilles dames très distinguées rappeler, sans rire, que le diable existe bien, et qu’il est en train de revenir (il s’était donc absenté ?) !

Heureusement, même dans les milieux où prospèrent ces arguments, essentiellement milieux religieux intégristes, et milieu de droite « forte », certains commencent à réagir et à dire « ça suffit ». Tel cet ancien vice-président du Figaro, Philippe Villin, qui n’hésite pas à déclarer : « L’essentiel des leaders de droite est « à côté de la plaque » et « entre dans l’avenir à reculons ». ». Ou encore Aurore Bergé, militante et responsable UMP. Il paraît que de nombreux homosexuels partent aujourd’hui de l’UMP, ne supportant l’atmosphère qui y règne.

Alors, pourquoi aller à la manif aujourd’hui ? Le projet sera adopté, c’est une certitude. Manifestation inutile ? Certainement pas. Il faut encore et encore rappeler tous les arguments qui justifient cette loi : bien que toujours en tête des sondages, l’approbation de ce texte par « l’opinion » a besoin d’être consolidée. Et il faut penser à l’avenir : dans quel climat se dérouleront les premiers mariages ? Quel sera le comportement de certains maires qui n’attendent qu’une chose, en découdre ?

Une dernière chose, mais pas la moindre, ce tweet, découvert ce matin, signé @Nicolasbdf :  » La « tolérance ». Je n’en peux plus de ce mot misérabiliste. Non, je ne veux pas qu’on me tolère. Je veux qu’on me respecte à égalité. »

 

Une demandeuse d’asile en grève de la faim au centre de rétention administrative de Rennes Saint-Jacques

Clara K. M. est une demandeuse d’asile congolaise du Nord Kivu, enfermée au centre de rétention administrative (CRA) de Rennes depuis le 18 décembre 2012.

Clara est arrivée en France en octobre 2010. Elle fuyait des persécutions dans le Nord Kivu liées aux origines rwandaises de sa famille.

Déboutée de l’asile depuis le 5 mars 2012, Clara a épousé le 21 juillet 2012 Pedro G., un réfugié angolais.

Clara a été convoquée à la Police de l’air et des frontières (PAF) de Rennes le 18 décembre, pour « examen de sa situation administrative ». Clara s’y est rendue sans crainte, ignorant qu’elle faisait déjà l’objet d’une mesure d’éloignement exécutoire. Elle a été conduite au CRA.

Lors de sa seconde prolongation devant le JLD (juge des libertés et de la détention), le représentant de la préfecture a annoncé qu’un laissez-passer était délivré et qu’un vol était programmé dans les prochains jours…

Depuis son maintien en rétention par la Cour d’Appel de Rennes le 15 janvier, Clara refuse de s’alimenter. Son état de santé se dégradant, elle a été transférée au CHU de Rennes le 20 janvier. Après avoir été perfusée, elle a été ramenée au CRA.

Clara va mal, elle vit chaque jour et chaque nuit dans l’angoisse de l’expulsion.

Annie Clénet, présidente de la section rennaise de la Ligue des droits de l’Homme, a écrit au préfet, dans laquelle elle rappelle la situation particulière de Clara : « Une reconduite à la frontière qui interdirait aux deux époux toute vie commune constituerait une violation certaine et inadmissible des dispositions de l’article 8 de la Convention européenne des droits de l’Homme (CEDH) ». Et elle précise : « Par ailleurs, nous faisons appel à vos sentiments humanitaires devant les dangers encourus par Mme Clara K. M. en raison de son état de santé et de la situation interne de la république démocratique du Congo. La situation personnelle et familiale de madame K. M., le statut de réfugié de son mari constituent manifestement les motifs exceptionnels visés par les dispositions de l’article L 313-14 du Code d’entrée et de séjour des demandeurs d’asile (CESEDA) justifiant l’admission au droit au séjour ».

Pour demander la libération et la régularisation de Clara Kasekera Mokango, afin qu’elle puisse rester vivre en France auprès de son mari, vous pouvez adresser un fax ou un mail au préfet ou au secrétaire général de la préfecture (coordonnées sur le site de la Préfecture d’Ile-et-Vilaine).

Festival BoléThiossane Kéraudy, du 8 au 14 juillet 2013 à Plumiliau et Loquémeau(22)

Anne Cousin, historienne, qui a travaillé sur le dossier des soldats africains enrôlés dans l’armée française pendant la deuxième guerre mondiale, et qui avait accompagné la section lorsque nous avons travaillé sur le camp des tirailleurs sénégalais de Trévé, revient d’un voyage à Dakar et Thiaroye. C’est à Thiaroye que l’armée française avait tiré sur des soldats africains fraîchement rapatriés, et qui réclamait le paiement de leur solde, faisant de nombreux morts. « Ce voyage à Dakar-Thiaroye a permis de belles rencontres », nous écrit-elle. Parmi ces rencontres, celle de Jean-Marie Mallet à Dakar, « qui a créé un spectacle solo de danse sur des textes de Senghor. Il est aussi percussionniste, très intéressé par cette sombre histoire coloniale ». Coïncidence, Jean-Marie Mallet connait  Stella , une Sénégalaise qui tient un café à Kéraudy, en Ploumilliau (22). C’est ainsi qu’est née l’idée de créer un festival : il aura lieu du 8 au 14 juillet, à Ploumilliau et Loquémeau. Parmi les manifestations prévues dans ce festival, figure un café littéraire, programé  le jeudi 11 juillet au café Théodore à Loquemeau vers 17h. Au programme de ce café : « Les troupes coloniales » avec Anne Cousin, Armelle Mabon, Roland Colin, Babacar Sall, témoins de Trévé (Editions Récits), projection du film « Oubliés et trahis ». Anne Cousin invite donc la section à participer notamment à ce café littéraire, où lestémoignages rassemblés dans le livre « Nous n’avions jamais vu de Noirs » aura bien entendu toute sa place : « Votre parole serait bien intéressante, car ce qui s’est fait à Trévé est assez remarquable », estime Anne Cousin.

Lorsque le programme définitif de ce festival sera arrêté, nous le publierons. D’ores et déjà sont prévus des ateliers de percussion et de danse africaines et des concerts.

 

Communiqué unitaire : M. Valls, une circulaire ne suffit pas, c’est la loi qu’il faut modifier !

Au moment de sa parution, le 28 novembre 2012, les défenseurs des droits, parmi lesquels la Ligue des droits de l’Homme, avaient vivement critiqué ce qu’il est convenu d’appeler la circulaire Valls. Cette circulaire était notamment sensée, d’après le ministre, harmoniser les décisions des préfectures sur l’ensemble du territoire, et « humaniser » la politique à l’égard des demandeurs d’asile et des sans-papiers. A peine trois mois plus tard, les faits nous donnent raison : alors qu’aujourd’hui la presse annonce un record d’expulsions de migrants pour l’année 2022 (rappelons tout de même que seuls les cinq premiers mois sont imputables à l’administration précédente), on constate autant d’écarts d’une préfecture à l’autre, sans qu’il soit possible d’y remédier puisqu’il ne s’agit que d’une circulaire et qu’elle n’est pas opposable devant le tribunal administratif. Par ailleurs, les associations soulignaient le caractère abusif de certaines conditions, qu’il était matériellement impossible aux migrants de remplir (notamment la présentation de fiches de paye).

La lutte des sans-papiers de Lille est exemplaire de cette déréglementation. Il n’est donc pas surprenant que le collectif d’associations qui les a suivis et aidés s’exprime aujourd’hui dans un communiqué commun qui vient d’être publié, et qui donne un éclairage très précis de la situation actuelle. Ce communiqué réaffirme la nécessité de faire preuve d’un peu de courage politique pour sortir d’une situation qui, par endroits, est dramatique.

Voici ce communiqué.

La lutte des sans-papiers de Lille et la poursuite des expulsions viennent confirmer avec force que la circulaire Valls, publiée le 28 novembre 2012, ne répond pas à la revendication portée par nos organisations « pour une égalité des droits entre Français et étrangers ». Cette revendication avait été réaffirmée durant les campagnes présidentielle et législative par les organisations suivantes : Autremonde, CGT Paris, La Cimade, Droits Devant !!, Fasti, FSU Paris, Gisti, LDH Paris, Mrap, RESF, Union Syndicale Solidaires.

En partant du vécu de milliers de migrants, les organisations signataires proposaient des mesures précises pour sortir d’une logique qui, circulaire après circulaire, loi après loi, avait globalement réduit à peau de chagrin les droits des migrant-e-s.

Elles proposaient d’avoir le courage politique de marquer une véritable rupture avec la politique antérieure et de réformer en profondeur le Ceseda et le Code du travail.

La circulaire Valls ne suffit pas, dans la mesure où elle n’est pas opposable devant un tribunal et reste marquée par une logique de quota de régularisation.

Par sa nature même, elle ne remet pas en cause le pouvoir discrétionnaire des préfets et ne permet en aucun cas d’asseoir une égalité de traitement, les étrangers ne pouvant pas s’appuyer sur ce texte devant les tribunaux.

D’autre part, elle ne remet pas en cause les principes d’exclusion des dispositifs légaux précédents : critères arbitraires, exclusion encore une fois du département de Mayotte, conditions encore restrictives, notamment pour les travailleurs.

La circulaire continue de faire de l’employeur le seul interlocuteur de l’administration en lui laissant le pouvoir exorbitant de donner des suites, ou non, à la démarche de régularisation, elle exclut de fait les travailleurs au noir et impose des périodes de clandestinité préalables à tout titre de séjour.

C’est pourquoi nous, les organisations soussignées, tenons à rappeler notre volonté de défendre l’égalité des droits entre Français et immigrés et de rompre avec cette politique de stigmatisation des migrants.

Nous exhortons le gouvernement à aller vers des choix qui intègrent la mobilité des personnes, qui reconnaissent une place à chacun–e, en mettant au centre la solidarité et l’égalité plutôt que le rejet et la peur.

Nous rappelons notre exigence que soient modifiés le Ceseda et le Code du travail pour des régularisations de plein droit.

Nous revendiquons la création d’un titre de séjour unique, stable, avec droit au travail, renouvelable de plein droit, donnant à tous les étrangers les mêmes droits.

La jeune section de Redon ouvre un blog

Mireille Spitéri, présidente de la section LDH du pays Redonnais.

Créée fin septembre 2012, la section du pays de Redon de la Ligue des droits de l’Homme est la plus jeune des sections bretonnes, avec celle de Ploërmel, créée presque simultanément. Et elle vient de se doter d’un blog, à cette adresse : http://ldh-paysderedon.blogspot.fr/.

Mireille Spiteri, originaire de la section rennaise de la LDH, est à l’origine de cette création. Depuis quatre mois, elle n’a pas chômé. Très engagée dans la défense des gens du voyage, elle a milité pour la suppression du « livret de circulation » (le premier article du blog est d’ailleurs consacré aux gens du voyage).Une première victoire a été obtenue en septembre (lire ici), mais la voie est ouverte. Autre champ de lutte pour la jeune section : elle s’est fortement mobilisée contre la disproportion des mesures répressives mises en œuvre contre les opposants à la construction du  nouvel aéroport de Nantes sur le site de Notre-Dame-des-Landes » (lire ici).

La naissance d’une nouvelle section, et la constatation de sa vivacité sont de bonnes nouvelles pour les défenseurs des droits : encourageons les, ne serait-ce qu’en visitant leur blog, tenu par Doriane Spitéri !

 

Mariage pour tous : contrer les mensonges et les arguments fallacieux !

Dimanche aura lieu la manifestation en faveur du projet de loi de mariage pour tous à Paris.

Les opposants à ce projet ne désarment pas, et leurs arguments sont, la plupart du temps, dans le meilleur des cas, de la mauvaise foi, dans le pire, des mensonges éhontés qui transpirent l’homophobie, quoiqu’en disent ceux qui les diffusent.

La section de la Ligue des droits de l’Homme Bondy – Noisy – Rosny vient de publier un tract qui dénoncent ces arguments fallacieux avec beaucoup d’efficacité. En voici le texte.

« Depuis des mois, la plus grande partie de la droite, de l’extrême droite et un certain nombre de représentants des cultes, alliés aux intégrismes religieux les plus anti républicains, multiplient mensonges, menaces et discours apocalyptiques à propos du mariage pour tous, avec la prétention d’ériger leurs croyances en loi.

Or, si les cultes ont parfaitement le droit d’avoir des vues particulières sur le mariage, la famille, la sexualité, ils ne peuvent ainsi corseter la liberté de conscience et multiplier les discours de discriminations.

Assez de discours homophobes

Les amalgames haineux entre homosexualité, polygamie, pédophilie, les mises en garde contre la fin de l’humanité participent d’un indéniable fond homophobe.

Arc-boutés sur une supposée loi naturelle, leurs auteurs se sont successivement opposés au divorce, à la contraception, puis à l’interruption de grossesse, enfin au Pacs, en agitant les mêmes arguments, les mêmes menaces. Il faut opposer un large front du refus à cette agitation de la haine et de la peur, sauf à renoncer à toute réforme, à tout engagement contre les discriminations, à tout projet de justice et de liberté.

La société française a évolué

Sa réalité actuelle est celle de la diversité de la composition des familles qui, depuis des décennies, ne repose plus sur un modèle unique. La reconnaissance juridique des couples de même sexe ne vient que confirmer un état de fait, et un principe d’égalité.

Le mariage pour tous permet à celles et ceux qui le désirent, d’offrir la possibilité d’un statut juridique à des dizaines de milliers de couples et autant d’enfants vivant déjà au sein de telles familles.

Des inquiétudes infondées

L’évolution législative proposée ne change pas les règles applicables en France pour l’adoption.

Les règles concernant l’adoption resteront régies par la convention de La Haye, ratifiée par la France en 1998, qui prévoit que toute adoption est prononcée par un juge qui vérifie toutes les garanties nécessaires à la protection des droits de l’enfant.

De plus, rappelons qu’elle est autorisée aux personnes célibataires, et que l’adoption ne peut être entravée en raison de l’orientation sexuelle du ou des demandeurs, qui reste indépendante du projet parental.

D’autres en Europe avant nous

Rappelons enfin que vingt-deux pays disposent déjà d’une législation posant le mariage et l’adoption sans discrimination, comme l’Afrique du Sud, l’Argentine, le Canada, neuf Etats américains, mais aussi en Europe : les Pays-Bas, la Belgique, la Norvège, la Suède ou le Portugal et l’Espagne.

Dans chacun d’entre eux, la lutte contre l’homophobie, contre les discriminations, pour l’égalité entre les sexes, a progressé. Ni la « famille » ni la « protection des enfants » n’y sont mises en péril.

La France ne sera donc pas pionnière sur le sujet, mais elle confirmera ainsi son attachement à une République laïque, fondée sur les principes de liberté et d’égalité. »

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