Press’Troyes, expression politique: le RN se trompe encore de cible



Notre fidèle vigie troyenne, Agnès, n’a pas manqué de lire la prose mensuelle du conseiller municipal RN, Philippe Arbona dans l’organe municipal Press’Troyes. Elle montre une fois encore à quel point le personnage n’hésite pas à développer les contradictions, les approximations et les instrumentalisations qui sont le nerf de la guerre de son parti. Voici ce qu’elle nous écrit.

Philippe ARBONA (pour le RN) use d’un ton bien raisonnable en cette rentrée… et nous parle des élections municipales à venir. Dans ce cadre, il s’appuie sur un baromètre Odoxa*, lequel place la sécurité en tête des préoccupations des électeurs. Belle occasion de mettre en vitrine cette marotte !  Voici quelques détails, qui sont intéressants :  

« … 51% des personnes questionnées au sein de ce panel citent ainsi ce domaine comme l’un de ceux comptant le plus pour leur choix de vote au moment du scrutin. Une tendance accentuée chez les sympathisants de droite… et les plus de 65 ans: Cette question de la sécurité et de la lutte contre la délinquance touche plus ou moins les sondés selon leurs idées politiques. 69% des sympathisants d’extrême-droite et 68% des sympathisants de droite modérée mettent en avant ce sujet, contre seulement 30% de ceux proches de la gauche. De la même manière, les plus de 65 ans citent plus que la moyenne (64%) la sécurité comme l’une des priorités pour ces élections municipales…. »

Bref… les droites et les retraités sont à fond… quelle surprise! Mais attention, lisons bien tout « pour ces élections municipales« . Et pour les autres scrutins à venir?

Eh bien non ! Car (précision importante), le baromètre porte sur le domaine de compétences des maires. Or les Français ont d’autres soucis nettement prioritaires, seulement voilà: pour les résoudre, l’édile peut peu, voire ne peut rien, ils n’entrent pas dans le champ de ses attributions! Vu les sondages HARRIS-INTERACTIVE**, IFOP *** ça donne ceci : Pouvoir d’achat n° 1, avenir du système social n°2, lutte contre le terrorisme n°3. 

Ce qui relativise nettement l’annonce. Mais c’était bien joué! Quant à « notre maire », pas de souci, il fera, même sans qu’on le lui demande! 

Je passe sur les climatiseurs, on sait tous que l’électricité, y en aurait pas pour tout le monde… et que ça contribuerait à « chauffer la rue ». Un non sens, sauf cas particuliers très ciblés (et minoritaires).



* https://www.publicsenat.fr/actualites/territoires/sondage-la-securite-enjeu-numero-1-pour-les-francais-lors-des-elections-municipales-2026

[L’IPSOS n’annonçant pas les mêmes chiffres: https://www.ipsos.com/fr-fr/ce-qui-preoccupe-les-francais , nous pouvons supposer que, s’y croyant déja, M. ARBONA s’est plutôt livré à une lecture attentive de l’article publié en 2001 dans la gazette Maire info, organe de l’AMF (Association des Maires de France et des présidents d’intercommunalité), où l’on constate que les chiffres d’aujourd’hui sont sensiblement identiques à ceux d’il y a 24 ans, et qu’on peut consulter ICI.(NDLR)]

** https://harris-interactive.fr/opinion_polls/les-preoccupations-des-francais/

*** https://www.ifop.com/publication/balise-dopinion-301-letat-desprit-des-francais-a-la-rentree-2025/

AH et RD

Affaire Bétharram : François Bayrou publie des documents présentés comme les « preuves factuelles de l’inanité » des accusations le visant



Promesse tenue. Le Premier ministre François Bayrou a publié, vendredi 22 mai, sur son site internet, les documents prouvant selon lui la véracité de ses déclarations sur ce qu’il savait des violences commises à Notre-Dame de Betharram. « Nous avons pu, par chance retrouver les preuves factuelles, indiscutables, de l’inanité de ces accusations », explique-t-il.



« Il était obligatoirement au courant, au point qu’il est venu me voir » : quand François Bayrou rendait visite au juge d’instruction en marge d’une enquête pour viol à Bétharram, en 1998


Deux ans après une plainte pour « coups et blessures volontaires » par un surveillant, c’est un scandale plus grave encore qui secoue Notre-Dame de Bétharram : en 1998, un ancien directeur est accusé de viol… et rapidement remis en liberté sous contrôle judiciaire. François Bayrou serait-il intervenu dans cette affaire, comme l’évoque un ancien gendarme ? Un extrait de « Complément d’enquête » sur le scandale Bétharram.

« Nous sommes entrés dans un processus de fascisation »



Dans Une étrange victoire, écrit avec le sociologue Étienne Ollion, Michaël Fœssel décrit la progression des idées réactionnaires et nationalistes dans les esprits et le débat public, tout en soulignant la singularité de l’extrême-droite actuelle, qui se pare des habits du progressisme.

Michaël Fœssel enseigne la philosophie politique à l’École polytechnique. D’abord spécialiste de Kant, il a donné une dimension plus engagée à son œuvre. Dans Récidive. 1938 (PUF, 2019), tout en refusant le poncif de la « répétition des années 1930 », il avait mis en lumière comment la République française avait « prétendu se défendre en empruntant les armes de ses adversaires les plus acharnés ». Il analyse dans Une étrange victoire (Seuil) comment l’extrême-droite actuelle adopte des postures a priori « progressistes » pour mieux en détourner l’analyse ou les objectifs. Quand le fascisme est capable de changer de visage par souci de coller à l’époque et, surtout, de ne pas perdre des voix.



La propagande nazie au quotidien: appauvrir la langue pour contrôler la pensée


« Hitler a décrété récemment : je ne suis pas un dictateur, j’ai seulement simplifié la démocratie » écrit Victor Klemperer dans son journal. Ce brillant universitaire juif allemand, qui échappa miraculeusement à la Shoah et fut l’observateur méticuleux du quotidien sous le régime nazi, en a décortiqué la langue, ses manipulations, son cynisme et ses mensonges. Il en a aussi observé les effets sur les habitants du Troisième Reich.