La Ligue de l’enseignement et le droit au « blasphème »


Ce vendredi 7 avril 2023, la Ligue de l’enseignement réaffirme ses positions en faveur de la libre critique des religions lors du rassemblement devant la basilique du Sacré-Cœur et ré érection de la statue originale en hommage au Chevalier de La Barre.

La Ligue de l’enseignement s’associe ce soir à la Fédération Nationale de la Libre Pensée, à la Ligue des Droits de l’Homme et aux Amis de la Commune. Ensemble, autour la nouvelle statue du Chevalier de La Barre, nous affirmons de façon solennelle la nécessité de défendre et d’illustrer la liberté d’expression dans tous les domaines y compris dans la critique des religions.

La liberté d’expression est la condition impérative du fonctionnement démocratique, du progrès scientifique, de la création artistique. Elle garantit la clarté des décisions des citoyens élus. Elle est nécessaire aux échanges intellectuels entre chercheurs. Elle est essentielle dans le monde des arts et des lettres. La liberté d’expression est le fruit d’un combat multiséculaire, toujours recommencé.

Selon un rapport intitulé « Blasphème : l’information sacrifiée sur l’autel de la religion » remis par Reporters sans frontières en 2013, 94 pays sur 198 sont dotés d’une législation réprimant le « blasphème », l’ « apostasie » ou la « diffamation des religions ». La répression directe est parfois relayée par des tentatives plus sournoises. La critique rationnelle ou satirique des religions serait un manque de respect, voire un « discours de haine ». Ces imputations se développent dans une confusion générale marquée notamment par l’usage de notions mal définies telles que « judéophobie », « islamophobie », voire « christianophobie ».Dans une République laïque comme la nôtre, la liberté de conscience est assurée à toutes les citoyennes et citoyens. Qu’ils soient croyants, agnostiques ou athées. Chacune et chacun a le droit de l’exprimer comme il l’entend. Dans le texte du jugement du tribunal d’Abbeville rendu le 28 février 1766, on peut lire que le chevalier de La Barre était « atteint et convaincu d’avoir passé à vingt-cinq pas d’une procession sans ôter son chapeau qu’il avait sur sa tête, sans se mettre à genoux, d’avoir chanté une chanson impie, d’avoir rendu le respect à des livres infâmes au nombre desquels se trouvait le dictionnaire philosophique du sieur Voltaire. » 

Nous l’affirmons avec force et vigueur : nous refusons de nous mettre à genoux et nous continuerons à lire et à faire lire le Dictionnaire philosophique de Voltaire.