Rassemblements de solidarité à travers le monde avec le peuple iranien contre la répression

Par AFP le samedi 1er octobre 2022

Des manifestations partout dans le monde en solidarité avec les femmes iraniennes et le peuple qui les a rejoint et contre la répression sanguinaire du régime totalitaire des mollahs en Iran. La LDH est aux côtés du peuple et des femmes iraniennes.

A Paris

La répression des manifestations en Iran a fait au moins 83 morts

Des rassemblements se tiennent samedi dans des dizaines de villes à travers le monde en solidarité avec le mouvement de contestation en Iran déclenché par la mort de Mahsa Amini arrêtée par la police des moeurs.  

Les manifestations en Iran, dont la répression a fait au moins 83 morts, ont débuté après le décès le 16 septembre de cette Kurde iranienne, trois jours après son arrestation pour infraction au code vestimentaire strict de l’Iran qui oblige notamment les femmes à porter le voile islamique.

A Londres

Le pouvoir, qui dément toute implication des forces de l’ordre dans la mort de la jeune femme de 22 ans, a fait arrêter des centaines de manifestants, qualifiés d' »émeutiers ».

Des manifestations de solidarité, auxquelles participe la diaspora iranienne, se tiennent samedi dans plus de 150 villes du monde, selon les organisateurs.

A Rome, un millier de personnes a défilé au rythme des tambours. « Nous demandons justice pour Mahsa Amini et toutes les victimes de la violence brutale et aveugle des autorités », a déclaré une participante, Simona Viola, responsable du petit parti centriste +Europa, citée par l’agence AGI.

A Tokyo, des manifestants ont brandi des pancartes sur lesquelles on pouvait lire « We’ll not stop » (« On ne s’arrêtera pas ») et des photos de femmes brûlant leur voile ou se coupant les cheveux en Iran.

Pour la 15è nuit consécutive de manifestations, des Iraniens sont sortis vendredi soir comme dans la ville de Saqez, dans la province iranienne du Kurdistan, dont est originaire Mahsa Amini, selon des images diffusées par l’ONG Iran Human Rights (IHR), basée à Oslo.

« Femmes, vie, liberté », ont lancé des hommes et des femmes en pleine rue en reprenant un slogan phare du mouvement de contestation.

Depuis le début des manifestations, des ONG dénoncent la répression des forces de l’ordre ainsi qu’une vague d’arrestations. 

A Berlin

Selon l’agence de presse iranienne Fars, environ 60 personnes ont été tuées depuis le 16 septembre, tandis qu’Iran Human Rights a fait état d’au moins 83 morts.

Un bilan officiel a fait état de l’arrestation de plus de 1.200 manifestants. Des militants, des avocats et des journalistes ont également été interpellés, d’après des ONG.

L’ancien Premier ministre iranien Mir Hossein Mousavi, aujourd’hui dans l’opposition, a exhorté les forces de l’ordre à cesser les violences, dans un message posté sur le compte Instagram du site Kaleme qui lui est proche.

Sur les réseaux sociaux, la chaîne 1500tasvir a partagé une vidéo montrant d’importantes manifestations dans des universités à Téhéran, Mashhad (nord) et Kermanshah (nord-ouest). De nombreux policiers anti-émeute avaient pris position samedi plus tôt à différents carrefours de la capitale, selon des témoins.

Amnesty International a dénoncé une violence « impitoyable » à laquelle se livrent les forces de l’ordre contre le mouvement de contestation, notant le recours à des balles réelles et billes de plomb, des passages à tabac et des violences sexuelles à l’encontre des femmes.

Les autorités accusent, elles, les manifestants de semer le « chaos » et des forces à l’étranger, parmi lesquelles les Etats-Unis, leur ennemi juré, d’être derrière les rassemblements ou de les attiser.

La LDH en campagne

Le dernier quinquennat a exacerbé certains travers de notre système, porté des atteintes graves à nos libertés fondamentales tandis que dans le même temps, des pans entiers de la population, notamment les plus jeunes, ont été fragilisés.

Si, pendant la pandémie, les politiques publiques ont permis de soutenir les secteurs les plus en difficulté, les personnels sanitaires et les premiers de « corvée » se sont retrouvés en première ligne, sans pour autant en recueillir une vraie reconnaissance.

Un tel contexte confirme que les campagnes électorales nationales sont un moment opportun pour interroger l’état de notre société et de notre République, pour débattre de l’avenir.

Un système institutionnel de moins en moins démocratique

Durant ce quinquennat, la concentration des pouvoirs entre les mains d’un seul s’est accélérée. La pandémie a été prétexte à un renforcement de fonctionnements autoritaires et infantilisants pour l’ensemble de la population.

Avec de nouvelles instances, comme le « Conseil de défense » aux délibérations secrètes, les institutions démocratiques ont été contournées et le Parlement a été totalement marginalisé dans son rôle de législateur.

Quant aux contre-pouvoirs, éléments décisifs contre l’autoritarisme et le pouvoir personnel, ils ont vu leurs avis balayés d’un revers de main. Aujourd’hui, nos institutions sont plus que jamais déstabilisées et il est temps de redonner souffle au fonctionnement démocratique du pays.

Un Etat de droit mis à mal par des états d’exception

L’état d’urgence sanitaire a été indéfiniment prolongé, après un état d’urgence sécuritaire lui-même plusieurs fois reconduit. Les dispositions d’exception sont de fait et de droit devenues la norme. Le gouvernement et les préfets ont tout pouvoir, dénaturant toujours un peu plus l’Etat de droit.

En matière de libertés, ce quinquennat a été marqué par une répression catastrophique du mouvement des « gilets jaunes ».

La loi relative à la sécurité globale a permis une extension des compétences de la Police nationale aux polices municipales, ouvert la voie à une surveillance généralisée de l’espace public, limité la diffusion d’images captées lors des manifestations, portant ainsi atteinte à la liberté de la presse.

Des comportements policiers très éloignés des principes républicains continuent d’être tolérés, voire soutenus au plus haut niveau de la hiérarchie.

Une société rongée par les inégalités

Au cours de ce quinquennat, les inégalités se sont encore creusées, la précarité s’est aggravée et la paupérisation s’est accrue.

Toujours plus nombreux sont ceux et celles qui survivent grâce aux associations caritatives, qui dorment dehors ou n’ont pas de logement décent. Au moment où la cherté de la vie quotidienne explose, les retraites, les minima sociaux et le smic sont à peine revalorisés. Une nouvelle réforme de l’assurance chômage se met en place avec l’objectif de diminuer les droits de plus d’un million de demandeurs d’emploi, les renvoyant au désespoir, à l’angoisse et à la colère.

Dans le même temps, les discours de haine, de racisme et d’exclusion se banalisent et les actes racistes et antisémites se font plus violents ; les discriminations perdurent, l’accueil des exilés dépend non plus du droit mais d’une vision politique différente selon le pays d’où l’on vient. Autant d’éléments qui témoignent de la diffusion des idéologies d’extrême droite.

Les campagnes présidentielles et législatives : des temps de débat collectif pour construire notre société de demain

La Ligue des droits de l’Homme (LDH) appelle les citoyennes et les citoyens, toutes les forces vives de notre pays à se saisir du temps de la campagne électorale pour dire leur mot, contribuer à élaborer des réponses aux questions qui nous sont collectivement posées. Elle les appelle à inventer, ensemble, les bases d’un changement favorable à la justice sociale, facteur d’espoir et de confiance dans le présent comme dans l’avenir. Il s’agit bien d’une étape dont l’enjeu est la construction, ensemble, d’une société solidaire, égale et fraternelle, assurant à toutes et à tous l’ensemble des droits qui sont au cœur de l’idéal républicain.

Malik Salemkour, président de la LDH

Nantes Révoltée : la liberté d’opinion menacée!(communiqué de la LDH)

 Nantes Révoltée : la liberté d’opinion menacée!
Communiqué LDH

Mardi 25 janvier 2022, le ministre de l’Intérieur a annoncé devant la représentation nationale qu’il engageait un processus de dissolution administrative du média indépendant « Nantes Révoltée ». Cette nouvelle démarche du gouvernement constitue une étape inquiétante dans l’extension d’un outil politique de sanction collective attentatoire aux libertés fondamentales.

La Ligue des droits de l’Homme (LDH) a alerté à maintes reprises sur ces dérives. Elle rappelle que la liberté de la presse et plus largement la liberté d’expression, d’opinion et de libre critique sont des piliers fondamentaux sans lesquels le débat démocratique serait profondément entravé. Elle rappelle également que le gouvernement tire justement sa légitimité de ce processus démocratique. Si la liberté d’informer connaît des limites légales, l’intervention première du juge judiciaire, seul garant constitutionnel des libertés individuelles et d’indépendance, doit rester la voie privilégiée.

La multiplication de l’usage abusif de la dissolution administrative s’inscrit actuellement dans une volonté délibérée du pouvoir exécutif d’intimider et dans certains cas de réduire au silence les voix de contestation politique, bridant la liberté d’association et la liberté d’informer. La LDH agira, aux côtés de tous les défenseurs de l’Etat de droit et de l’idéal démocratique, pour contrarier ce projet visant à déstabiliser les équilibres institutionnels au profit du seul pouvoir exécutif.

La LDH demande le retrait sans délai du processus de dissolution administrative du média « Nantes Révoltée ».

Paris, le 28 janvier 2022 

Nantes Révoltée : la liberté d’opinion menacée