Soutien aux blessés à Ste Soline : Rassemblement jeudi 30 mars 2023 devant la Préfecture de Perpignan

Appel de la LDH aux rassemblements de soutien aux personnes blessées à Sainte-Soline et à la désescalade de la violence

La LDH appelle aux rassemblements devant les préfectures et les sous-préfectures ce jeudi 30 mars à 19H afin de témoigner de notre solidarité aux personnes blessées et à leurs familles à Sainte-Soline, à l’arrêt de toutes formes de violences et notamment les violences policières qui se sont multipliées lors des dernières mobilisations sociales.

Nous sommes fortement choqués par les violences et les nombreuses personnes blessées lors de la mobilisation contre les projets de méga-bassines à Sainte-Soline et lors des dernières manifestations contre le projet de loi retraites.

Il est intolérable qu’une politique de répression par la violence et par l’instrumentalisation de l’outil judiciaire se mettent en place dans un moment où l’état de droit et le démocratie sont déjà en péril.

Nous dénonçons un dispositif de forces de l’ordre complètement inadapté à la situation à Sainte-Soline, qui ne pouvait qu’accentuer les risques d’affrontements violents, et la mise en danger de toutes les personnes présentes sur le site.

L’annonce de la dissolution des Soulèvements de la Terre » s’inscrit également dans une logique d’attaque, contre le monde associatif et les corps intermédiaires, pourtant primordiaux pour permettre le dialogue démocratique avec les institutions de la République.

La Ligue des Droits de l’homme s’associe aux voix de tous ceux qui s’inquiètent et dénoncent cette escalade de violence et sera présente à leurs cotés dans le cadre des différents rassemblements.

Mort de Masha Amini en Iran : « Les femmes sont au-devant de la scène contestataire »

Une révolte populaire des femmes en Iran contre la tyrannie des Mollahs, malgré la terrible répression, se développe dans le pays. La LDH est solidaire des femmes en Iran pour la défense de leurs droits humains, les libertés et la démocratie.

Publié sur Franceinfo  le 20/09/2022

Mort de Masha Amini en Iran : « Les femmes sont au-devant de la scène contestataire », estime une sociologue spécialiste du paysL

La sociologue rappelle qu’une « répression féroce » continue dans le pays après la mort d’une jeune femme détenue par la police des mœurs.

« Ce régime est de plus en plus contesté. Aujourd’hui, les femmes sont au-devant de la scène contestataires », estime mardi 20 septembre sur franceinfo Azadeh Kian, sociologue spécialiste de l’Iran après de nouvelles manifestations un peu partout en Iran dimanche et lundi pour protester contre la mort d’une jeune femme détenue par la police des mœurs, le 13 septembre dernier, et morte trois jours plus tard à l’hôpital après être tombée dans le coma. Ces autorités sont chargées, entre autres, de faire respecter le code vestimentaire strict de la République islamique d’Iran pour les femmes. 

>> Iran : vent de colère après la mort de Mahsa Amini, symbole de l’oppression du régime

La directrice du département de sciences sociales et du Centre d’enseignement, de documentation et de recherche pour les études féministes (CEDREF) à l’Université de Paris parle d’une « talibanisation » du pouvoir iranien et explique que la « répression féroce continue », que les policiers « ont carte blanche pour frapper les femmes, les arrêter, les malmener ».

franceinfo : La mort de Masha Amini a-t-elle provoqué une onde de choc en Iran ?

Azadeh Kian : Effectivement, et cela dans un contexte de tension énorme entre la société et le régime. Des tensions d’ordre économique d’abord car il ne faut pas oublier que 50% de la population iranienne vit sous le seuil de pauvreté. Des tensions politiques également, puisque le champ politique est de plus en plus verrouillé par la « talibanisation » du pouvoir iranien, qui impose ses préceptes à la société. Enfin, au niveau culturel aussi, ce régime est de plus en plus contesté.

Ce que l’on constate aujourd’hui, c’est que les femmes sont au-devant de la scène contestataire. Le Code pénal islamique considère les femmes comme des citoyennes de seconde zone dont la vie n’a pas la même valeur que celle des hommes. C’est dans ce contexte général que l’assassinat de Masha Amini par la police des mœurs intervient.

Elle a été assassinée, selon vous ?

Elle a été assassinée selon moi, mais aussi selon les médecins de l’hôpital Kasra de Téhéran où elle a été hospitalisée en urgence. Ils ont constaté qu’elle avait subi plus de 11 coups sur la tête. Donc, cette femme a été assassinée par la police des mœurs. D’autres femmes sont assassinées, du fait aussi de la violence étatique et de ces lois. C’est un ensemble qui a fait que les femmes maintenant sont dans la rue un peu partout dans le pays, et en particulier dans des villes avec d’importantes minorités kurdes, puisque Masha était Kurde.

Que risquent ces femmes qui manifestent et qui se filment, publient des vidéos ?

Par le passé, on l’a vu, elles ont été reconnues par les agents de renseignement et arrêtées à leur tour, frappées et emprisonnées. J’espère que cela ne sera pas le cas de ces femmes qui manifestent puisque cette fois, leur nombre est vraiment important.

« On a vu déjà qu’en marge des manifestations, plusieurs d’entre elles ont déjà été arrêtées, dont une photographe, une metteuse en scène. Donc, la répression féroce continue.« 

Azadeh Kian, sociologue spécialiste de l’Iran  à franceinfo

Il ne faut pas oublier que le régime sait que la majorité écrasante de la population ne tolère plus ce régime.

Pensez-vous que ces manifestations ont des chances de se poursuivre ?

Malheureusement, il n’y aucune organisation. Les gens sont dans la rue de façon spontanée, sporadique. On a déjà vu cela précédemment, au moins depuis janvier 2018. Il n’y a pas d’organisation, il n’y a pas de partis politiques, il n’y a pas de syndicat autonome. Le champ politique est verrouillé, ce qui fait que les gens ne se joignent pas.

Il y a aujourd’hui des manifestants dans plusieurs villes du pays, au sein des universités par exemple, notamment à Téhéran, mais effectivement, ils sont facilement réprimés par les forces de coercition qui ont reçu encore une fois l’ordre de tirer sur les manifestants et de les réduire au silence à tout prix. Ils n’hésitent pas à tuer et d’ailleurs, l’ensemble de la classe politique iranienne a condamné les manifestants en disant qu’ils sont là, en réalité, pour mettre le pays à feu et à sang. Or, ces manifestations étaient et sont pacifiques. En tout cas, ces tensions sont de plus en plus grandes dans un contexte de mécontentement généralisé.

« Un après-midi dans les gaz lacrymogènes » : le rapport détaillé de l’observatoire des pratiques policières à Toulouse

Publié sur france3regions.francetvinfo.fr le 30 juillet 2021

L’Observatoire des Pratiques Policières (OPP) à Toulouse analyse depuis plus de quatre ans la gestion des manifestations de rue par les forces de l’ordre. Il publie aujourd’hui un rapport détaillé du comportement des policiers lors de la mobilisation contre le pass sanitaire samedi 24 juillet.

L’Observatoire toulousain des Pratiques Policières (OPP) est né en 2017. A l’époque des militants de la Ligue des Droits de l’Homme et de la fondation Copernic constatent une dégradation du maintien de l’ordre dans les manifestations, notamment la mobilisation contre la loi travail et contre le barrage de Sivens dans le Tarn. « On a eu l’impression que les policiers avaient franchi un pas », explique Pascal Gassiot de la fondation Copernic.

« Avec des copains militants, on s’est dit : il faut que l’on témoigne sur une longue durée mais on n’imaginait pas que l’on partait pour un travail de plus de quatre ans. »

Le travail de ces observateurs s’est en effet intensifié en novembre 2018 avec les manifestations des Gilets Jaunes. En avril 2019, les membres de l’OPP dénoncent dans un premier rapport « un dispositif de maintien de l’ordre disproportionné et dangereux pour les libertés publiques. »

Des Gilets Jaunes aux manifestants contre le pass sanitaire

Avec le Covid et le confinement, les Gilets Jaunes ont cessé de manifester. Mais depuis l’annonce de la mise en place d’un pass sanitaire et d’une vaccination obligatoire, les manifestations de rue rassemblant de simples citoyens ont repris. A Toulouse, des milliers de personnes se sont ainsi retrouvées dans la rue plusieurs samedis de suite pour dire non à ce qui ressemble, selon elles, à des entraves à la liberté.
Les membres de l’observatoire toulousain des pratiques policières sont là, à leurs côtés. Ils ont décidé désormais de publier leurs rapports détaillés régulièrement quand ils le jugeront nécessaire. A chaque manifestation un groupe de quatre observateurs est présent.

Toulouse - Des observateurs de l'Observatoire toulousain des Pratiques policière-OPP à la manifestation du 24 juillet 2021.
Toulouse – Des observateurs de l’Observatoire toulousain des Pratiques policière-OPP à la manifestation du 24 juillet 2021. • © Observatoire toulousain des Pratiques policière-OPP

Le rapport du 24 juillet a été baptisé « un après-midi dans les gaz lacrymogène ». Il raconte, minute par minute, le déroulé de la manifestation contre le pass sanitaire qui a eu lieu ce jour-là dans les rues de Toulouse. Une manifestation interdite dans le centre-ville et qui a rassemblé plus de 3 000 personnes. Deux groupes de quatre observateurs sont présents.

« Un homme est couché à terre »

Voici quelques extraits de ce rapport qui comporte également des photos.

-« A 14h05,  un demi-escadron  d’EGM, (Escadron de gendarmes mobiles) 7 fourgons avec les gendarmes non casqués, est positionné sur les allées Roosevelt. Les manifestants sont, pour partie, regroupés devant les anciens locaux d’Air France. La manif s’élance en direction de Jeanne d’Arc. »

-« Vers 15h34, des CDI, avec une commissaire de police (bien connue de nos services…) sont positionnés en haut des marches d’accès à la dalle du quartier Saint-Georges. Certains  manifestants les invectivent et l’attitude de l’un des policiers, juste à côté de la commissaire qui ne réagit pas, n’est absolument pas professionnelle ; on peut qualifier son comportement de «narquois» : il fait des petits signes de la main en joignant par exemple des doigts en forme de cœur… Ce qui a pour effet, bien évidemment, de faire augmenter le niveau d’énervement des manifestants en question. »

-« 18h11.Un homme est couché à terre et les secouristes volontaires sont à la manœuvre sous la «surveillance» des policiers et gendarmes. Une cinquantaine de personnes sont maintenues à distance par des cordons de gendarmes et de policiers. Nous rejoignons les autres observateur·es et constatons que les deux personnes dont l’interpellation, pour le moins malvenue, a fait dégénérer la situation sont assises sur le trottoir et menottées. La situation s’éternise en attendant l’arrivée du SAMU ».

« Le maintien de l’ordre c’est complexe »

« On est neutre d’un point de vue du comportement », explique Pascal Gassiotmembre fondateur de l’observatoire toulousain des pratiques policières. « On garde de la distance. On ne nie pas qu’il y a des jets de cailloux ou de canettes mais ce policier cité dans le rapport qui nargue des manifestants, ce n’est pas professionnel, cela ne joue pas l’apaisement. Dans le rapport, on montre aussi, photo à l’appui, un manifestant qui donne un coup de tête dans le bouclier d’un policier qui réagit immédiatement en lui donnant un coup de bouclier ».

Toulouse - manifestation du 24 juillet 2021.
Toulouse – manifestation du 24 juillet 2021. • © Observatoire toulousain des Pratiques policière-OPP.

Un gendarme mobile ou un CRS n’aurait pas réagi selon Pascal Gassiot. Là, il s’agissait d’un policier de la CDI (compagnie départementale d’intervention), des hommes qui ne sont pas formés au maintien de l’ordre explique l’observateur. « On ne cherche pas à justifier les violences contre la police mais le maintien de l’ordre c’est quelque chose de complexe. On dénonce la présence, dans les manifestations, des policiers de la CDI et de la BAC (Brigade anti criminalité). Ils réagissent de manière fébrile et non proportionnée. »

« Avec le temps, dit Pascal Gassiot, on  espère qu’il y aura une prise de conscience de la police et de la population. On pense qu’en continuant à faire ce travail, avec le temps, les choses vont évoluer, mais c’est long ».

En France, une douzaine d’observatoires similaires ont vu le jour ces dernières années. Une réunion nationale est prévue à Toulouse fin septembre, début octobre.

Pour consulter et télécharger le rapport d’observation (Fondation Copernic/LDH/Syndicat des Avocats de France) , cliquer ICI

Lors de l’assemblée générale des membres de l’Observatoire toulousain des Pratiques Policières – OPP qui s’est tenue le 7 juillet 2021, il a été décidé de restituer publiquement de manière régulière les travaux d’observation et d’analyse des pratiques policières lors des manifestations de rue à Toulouse.

Jusqu’à ce jour et plus de quatre années après l’observation des premières manifestations, l’OPP a rendu public deux rapports, plutôt consistants, en avril 2019 et en avril 2021 ainsi qu’une dizaine de communiqués de presse.

Le fait de rendre public certains rapports internes de l’OPP va dans le sens d’une restitution plus régulière du travail d’observation.