Bas les masques! Un appel de soignant·e·s pour construire un mouvement populaire

Pour information un appel de soignant.e.s

Publié sur Mediapart

  • 30 AVR. 2020

«Retrouvons-nous dès maintenant pour construire un grand mouvement populaire», exhorte un large collectif de soignant·e·s et professionnelle·s de la santé d’horizons divers, invitant tous les «premier·e·s de corvée» à les rejoindre. Elles et ils appellent à faire de «chaque mardi une journée de mobilisation à nos fenêtres pour la défense d’un système de santé plus juste». 

Nous sommes des soignant·e·s et professionnelle·s de la santé d’horizons divers. Bouleversé·e·s et en colère, nous décidons de nous lever et de crier haut et fort « Bas les masques ! » Nous disons stop aux mensonges, à l’hypocrisie et au cynisme du gouvernement !

Nous lançons un appel à tous nos collègues professionnelle·s de santé et du médico-social qui partent travailler la boule au ventre.
Un appel aux « travailleurs et travailleuses essentielles », aux « premier·e·s de corvée », qui sont exposé·e·s pour faire tourner la machine.

Un appel à toutes les personnes qui n’en peuvent plus de cette gestion de crise calamiteuse, de ce qu’elles endurent depuis des années, d’un système économique, politique et social désastreux.

Retrouvons-nous dès maintenant pour construire un mouvement populaire. Partout, nous devons nous organiser sans attendre un « après-crise » illusoire. Sans cela, les perspectives sont sombres.

L’endettement des États aujourd’hui servira de justification aux politiques d’austérité de demain. Ces mêmes politiques qui ont déjà broyé nos services publics et nos systèmes de santé, d’éducation et de justice. Au prétexte de l’état d’urgence sanitaire, des mesures seront mises en oeuvre au service de la surveillance généralisée, du tout sécuritaire faisant infuser dans les esprits la peur, le repli et la stigmatisation.

Alors construisons ensemble dès aujourd’hui, des lendemains heureux. L’avenir sera ce que nous déciderons d’en faire ! Le « monde d’après » nous le voulons juste, centré sur l’intérêt du plus grand nombre et non sur la recherche du profit au bénéfice de quelques uns.

Face à la crise actuelle, nos objectifs prioritaires sont clairs :

  • Nous exigeons que des moyens urgents soient immédiatement réunis pour faire cesser la pénurie d’équipements de protection.
  • Nous exigeons des mesures d’urgence pour une vie digne pour les plus vulnérables.
  • Nous exigeons que les aides financières octroyées avec l’argent public aillent en priorité à nos services publics et que tous les professionnels essentiels à notre société soient enfin rémunérés à leur juste valeur.
  • Nous voulons mettre fin à ce système qui broie les vies au nom du profit, et construire ensemble une société plus juste, plus équitable, un monde où le soin et la solidarité seront enfin des fondamentaux.

Les actions que nous proposons, pour le moment, sont simples :

  • À tous les professionnelle·s de santé, du médico-social et du social qui se reconnaissent dans cet appel : rejoignez-nous, partagez vos témoignages.
  • À tou.te.s les travailleurs·euses « essentiel·le·s », aux « premier·e·s de corvée » qui font tourner la machine : rejoignez-nous également, partagez vos témoignages, construisons un mouvement large au-delà de nos secteurs.
  • À toutes et tous : faisons de chaque mardi une journée de mobilisation à nos fenêtres pour la défense d’un système de santé plus juste, et l’avènement d’un « monde d’après » égalitaire (concert de casseroles, banderoles, etc). Et continuons de déposer des plaintes en justice (plaintecovid.fr).

Sortons de l’isolement et retrouvons-nous (sur les réseaux sociaux dans un premier temps). Partageons nos témoignages, nos idées, nos actions. Organisons-nous pour construire un grand mouvement populaire !

Signataires :

L’appel est encore ouvert à signature :

> Pour les individus, signez l’appel ici.

> Pour les collectifs/organisations, signez l’appel ici.

Coronavirus : une pétition pour soutenir une plainte contre Buzyn et Philippe recueille plus de 360 000 signatures en dix jours

A l’initiative d’un psychologue marseillais, cette pétition en ligne soutient la démarche d’un collectif de soignants de 600 médecins qui a déposé plainte contre Edouard Philippe et Agnès Buzyn.

Publié sur laprovence.com

Coronavirus : une pétition pour soutenir une plainte contre Buzyn et Philippe recueille plus de 360 000 signatures en dix jours

La colère populaire enfle. Alors que plusieurs plaintes ont été déposées contre le gouvernement, dénonçant la stratégie menée depuis le début de la crise du coronavirus, la démarche du collectif de soignants C19 fait le tour du web. Sous l’impulsion d’un psychologue marseillais, Lucien Cavelier, une pétition en ligne a été lancée afin de soutenir l’action déposée le 19 mars dernier par trois médecins contre l’ancienne ministre de la Santé Agnès Buzyn et le Premier ministre Edouard Philippe, accusés de « mensonge d’Etat ».

La pétition franchit la barre des 200 000 signatures en quatre jours à peine et recueille aujourd’hui plus de 360 000 soutiens sur le site Change.org. Un succès fulgurant auquel Lucien Cavelier ne s’attendait évidemment pas mais qu’il juge finalement logique : « Beaucoup de gens sont en colère, cette crise ne fait que remonter les failles béantes et les carences de notre système de santé. Je reçois de nombreux messages, cette pétition permet de cristaliser ce mécontentement, explique-t-il. Cela fait longtemps que je suis scandalisé par le manque de moyens dans nos hôpitaux. J’étais donc à l’affût de la façon dont le gouvernement allait gérer la crise. Je suis scandalisé ! Entre Buzyn qui savait mais qui part en campagne à Paris, Philippe informé mais qui ne fait rien et le conseil de défense des ministres exceptionnel du 29 février consacré à gérer la crise mais dont il ressort un 49-3 sur les retraites, c’est trop ! »

« L’idée est d’exercer une pression populaire sur le gouvernement »

Deux jours après le dépôt de plainte, le psychologue et membre du collectif C19 qui rassemble 600 soignants, crée cette approche citoyenne pour fédérer un maximum de personnes et dénoncer le manque de matériel sur le terrain, appelant aussi à « responsabiliser le gouvernement qui n’a pas pris les mesures à temps. Les soignants sont en première ligne, sacrifiés sur l’autel du profit. »

Après le cap des 300 000 signatures dépassé en moins de dix jours, le nouvel objectif est d’atteindre les 500 000 soutiens. Derrière ce mouvement, le psychologue de 28 ans n’a qu’un mot à dire : transparence. « L’idée est d’exercer une pression populaire sur le gouvernement pour demander des comptes, appuie-t-il. Quand la crise sera derrière nous, les politiques devront s’expliquer. Pourquoi Buzyn n’a rien dit ? Pourquoi le 1er tour des municipales a été maintenu ? Pourquoi le stock de masques n’a pas été vérifié ? Pourquoi le gouvernement a fermé les yeux entre janvier et mars ? La population demande des réponses. »

Aussi, pour prolonger l’initiative et montrer la réalité du quotidien, Lucien Cavelier publie chaque jour sur le site de la pétition des photos envoyées par les soignants. Un moyen de rendre hommage au personnel engagé sur « la ligne de front » entre masques en tissus et blouses en sac poubelle…

–> Pétition « Pour soutenir les 600 médecins qui attaquent Edouard Philippe et Agnès Buzyn en justice »

« PLUS JAMAIS ÇA ! PRÉPARONS LE JOUR D’APRÈS » (appel)

Ces organisations lancent un appel « à toutes les forces progressistes et humanistes […] pour reconstruire ensemble un futur, écologique, féministe et social, en rupture avec les politiques menées jusque-là et le désordre néolibéral ».

« PLUS JAMAIS ÇA ! PRÉPARONS LE JOUR D’APRÈS »

Un appel de 18 responsables d’organisations syndicales, associatives et environnementales. 

En mettant le pilotage de nos sociétés dans les mains des forces économiques, le néolibéralisme a réduit à peau de chagrin la capacité de nos États à répondre à des crises comme celle du Covid. La crise du coronavirus qui touche toute la planète révèle les profondes carences des politiques néolibérales. Elle est une étincelle sur un baril de poudre qui était prêt à exploser. Emmanuel Macron, dans ses dernières allocutions, appelle à des « décisions de rupture » et à placer « des services (…) en dehors des lois du marché ». Nos organisations, conscientes de l’urgence sociale et écologique et donnant l’alerte depuis des années, n’attendent pas des discours mais de profonds changements de politiques, pour répondre aux besoins immédiats et se donner l’opportunité historique d’une remise à plat du système, en France et dans le monde.

Dès à présent, toutes les mesures nécessaires pour protéger la santé des populations celle des personnels de la santé et des soignant·e·s parmi lesquels une grande majorité de femmes, doivent être mises en œuvre, et ceci doit largement prévaloir sur les considérations économiques. Il s’agit de pallier en urgence à la baisse continue, depuis de trop nombreuses années, des moyens alloués à tous les établissements de santé, dont les hôpitaux publics et les Ehpad. De disposer du matériel, des lits et des personnels qui manquent : réouverture de lits, revalorisation des salaires et embauche massive, mise à disposition de tenues de protection efficaces et de tests, achat du matériel nécessaire, réquisition des établissements médicaux privés et des entreprises qui peuvent produire les biens essentiels à la santé, annulation des dettes des hôpitaux pour restaurer leurs marges de manœuvre budgétaires… Pour freiner la pandémie, le monde du travail doit être mobilisé uniquement pour la production de biens et de services répondant aux besoins essentiels de la population, les autres doivent être sans délai stoppées. La protection de la santé et de la sécurité des personnels doivent être assurées et le droit de retrait des salarié·e·s respecté.

Des mesures au nom de la justice sociale nécessaires

La réponse financière de l’État doit être d’abord orientée vers tou·te·s les salarié·e·s qui en ont besoin, quel que soit le secteur d’activité, et discutée avec les syndicats et représentant·e·s du personnel, au lieu de gonfler les salaires des dirigeant·e·s ou de servir des intérêts particuliers. Pour éviter une très grave crise sociale qui toucherait de plein fouet chômeurs·euses et travailleurs·euses, il faut interdire tous les licenciements dans la période. Les politiques néolibérales ont affaibli considérablement les droits sociaux et le gouvernement ne doit pas profiter de cette crise pour aller encore plus loin, ainsi que le fait craindre le texte de loi d’urgence sanitaire.

Selon que l’on est plus ou moins pauvre, déjà malade ou non, plus ou moins âgé, les conditions de confinement, les risques de contagion, la possibilité d’être bien soigné ne sont pas les mêmes. Des mesures supplémentaires au nom de la justice sociale sont donc nécessaires : réquisition des logements vacants pour les sans-abris et les très mal logés, y compris les demandeurs·euses d’asile en attente de réponse, rétablissement intégral des aides au logement, moratoire sur les factures impayées d’énergie, d’eau, de téléphone et d’internet pour les plus démunis. Des moyens d’urgence doivent être débloqués pour protéger les femmes et enfants victimes de violences familiales.

Les moyens dégagés par le gouvernement pour aider les entreprises doivent être dirigés en priorité vers les entreprises réellement en difficulté et notamment les indépendants, autoentrepreneurs, TPE et PME, dont les trésoreries sont les plus faibles. Et pour éviter que les salarié·e·s soient la variable d’ajustement, le versement des dividendes et le rachat d’actions dans les entreprises, qui ont atteint des niveaux record récemment, doivent être immédiatement suspendus et encadrés à moyen terme.

Des mesures fortes peuvent permettre, avant qu’il ne soit trop tard, de désarmer les marchés financiers : contrôle des capitaux et interdiction des opérations les plus spéculatives, taxe sur les transactions financières… De même sont nécessaires un contrôle social des banques, un encadrement beaucoup plus strict de leurs pratiques ou encore une séparation de leurs activités de dépôt et d’affaires.

Des aides de la BCE conditionnées à la reconversion sociale et écologique

La Banque centrale européenne (BCE) a annoncé une nouvelle injection de 750 milliards d’euros sur les marchés financiers. Ce qui risque d’être à nouveau inefficace. La BCE et les banques publiques doivent prêter directement et dès à présent aux États et collectivités locales pour financer leurs déficits, en appliquant les taux d’intérêt actuels proches de zéro, ce qui limitera la spéculation sur les dettes publiques. Celles-ci vont fortement augmenter à la suite de la « crise du coronavirus ». Elles ne doivent pas être à l’origine de spéculations sur les marchés financiers et de futures politiques d’austérité budgétaire, comme ce fut le cas après 2008.

Une réelle remise à plat des règles fiscales internationales afin de lutter efficacement contre l’évasion fiscale est nécessaire et les plus aisés devront être mis davantage à contribution, via une fiscalité du patrimoine et des revenus, ambitieuse et progressive.

Par ces interventions massives dans l’économie, l’occasion nous est donnée de réorienter très profondément les systèmes productifs, agricoles, industriels et de services, pour les rendre plus justes socialement, en mesure de satisfaire les besoins essentiels des populations et axés sur le rétablissement des grands équilibres écologiques. Les aides de la Banque centrale et celles aux entreprises doivent être conditionnées à leur reconversion sociale et écologique : maintien de l’emploi, réduction des écarts de salaire, mise en place d’un plan contraignant de respect des accords de Paris… Car l’enjeu n’est pas la relance d’une économie profondément insoutenable. Il s’agit de soutenir les investissements et la création massive d’emplois dans la transition écologique et énergétique, de désinvestir des activités les plus polluantes et climaticides, d’opérer un vaste partage des richesses et de mener des politiques bien plus ambitieuses de formation et de reconversion professionnelles pour éviter que les travailleurs·euses et les populations précaires n’en fassent les frais. De même, des soutiens financiers massifs devront être réorientés vers les services publics, dont la crise du coronavirus révèle de façon cruelle leur état désastreux : santé publique, éducation et recherche publique, services aux personnes dépendantes…

La « crise du coronavirus » révèle notre vulnérabilité face à des chaînes de production mondialisée et un commerce international en flux tendu, qui nous empêchent de disposer en cas de choc de biens de première nécessité : masques, médicaments indispensables, etc. Des crises comme celle-ci se reproduiront. La relocalisation des activités, dans l’industrie, dans l’agriculture et les services, doit permettre d’instaurer une meilleure autonomie face aux marchés internationaux, de reprendre le contrôle sur les modes de production et d’enclencher une transition écologique et sociale des activités.

La relocalisation n’est pas synonyme de repli sur soi et d’un nationalisme égoïste. Nous avons besoin d’une régulation internationale refondée sur la coopération et la réponse à la crise écologique, dans le cadre d’instances multilatérales et démocratiques, en rupture avec la mondialisation néolibérale et les tentatives hégémoniques des États les plus puissants. De ce point de vue, la « crise du coronavirus » dévoile à quel point la solidarité internationale et la coopération sont en panne : les pays européens ont été incapables de conduire une stratégie commune face à la pandémie. Au sein de l’Union européenne doit être mis en place à cet effet un budget européen bien plus conséquent que celui annoncé, pour aider les régions les plus touchées sur son territoire comme ailleurs dans le monde, dans les pays dont les systèmes de santé sont les plus vulnérables, notamment en Afrique.

Tout en respectant le plus strictement possible les mesures de confinement, les mobilisations citoyennes doivent dès à présent déployer des solidarités locales avec les plus touché·e·s, empêcher la tentation de ce gouvernement d’imposer des mesures de régression sociale et pousser les pouvoirs publics à une réponse démocratique, sociale et écologique à la crise.

Plus jamais ça ! Lorsque la fin de la pandémie le permettra, nous nous donnons rendez-vous pour réinvestir les lieux publics et construire notre « jour d’après ». Nous en appelons à toutes les forces progressistes et humanistes, et plus largement à toute la société, pour reconstruire ensemble un futur, écologique, féministe et social, en rupture avec les politiques menées jusque-là et le désordre néolibéral.

La liste des signataires :

Khaled Gaiji, président des Amis de la Terre France
Aurélie Trouvé, porte-parole d’Attac France
Philippe Martinez, secrétaire général de la CGT
Nicolas Girod, porte-parole de la Confédération paysanne
Benoit Teste, secrétaire général de la FSU
Jean-François Julliard, directeur général de Greenpeace France
Cécile Duflot, directrice générale d’Oxfam France
Eric Beynel, porte-parole de l’Union syndicale Solidaires
Clémence Dubois, responsable France de 350.org
Pauline Boyer, porte-parole d’Action Non-Violente COP21
Léa Vavasseur, porte-parole d’Alternatiba
Sylvie Bukhari-de Pontual, présidente du CCFD-Terre Solidaire
Jean-Baptiste Eyraud, porte-parole de Droit au Logement
Lisa Badet, vice-présidente de la FIDL, Le syndicat lycéen
Jeanette Habel, co-présidente de la Fondation Copernic
Katia Dubreuil, présidente du Syndicat de la magistrature
Mélanie Luce, présidente de l’UNEF
Héloïse Moreau, présidente de l’UNL