L’audience de Camille Halut au tribunal correctionnel de Montpellier ce jeudi 12 décembre 2019

Le procureur a requis une peine d’amende de 2000 euros  l’encontre de Camille Halut. Le jugement  sera rendu le 16 janvier 2020 à 14h. Autant dire que si l’amende est décidée, ce jugement risque fort de devenir la règle et  il permettra de dissuader tous les observateurs d’agir comme Camille.
Pour Michel Tubiana, l’avocat de la LDH et de Camille Halut : “que les bénévoles de la LDH s’interrogent et observent les pratiques des policiers pendant les manifestations, c’est un service qu’ils rendent à la démocratie et nous continuerons à être des empêcheurs de tourner en rond”
Compte rendu de l’audience publié sur lagazettedemontpellier.fr/

Justice : Camille Halut, observatrice de la LDH, devant le tribunal correctionnel

Publié le jeudi 12 décembre 2019 21:40 – Daphné ARTHOMAS

Il aura fallu près de 5 heures… 5 heures ce jeudi 12, pour éclairer le tribunal correctionnel de Montpellier chargé de répondre à une question : l’observatrice de la ligue des Droits de l’Homme (LDH), la montpelliéraine Camille Halut, 26 ans, a t-elle commis une infraction lors de la manifestation des Gilets Jaunes le 21 septembre dernier ?

La jeune femme, étudiante en droit, était soupçonnée de s’être rebellée alors qu’un policier lui demandait de lui remettre le masque qu’elle portait autour du cou pour se protéger des éventuelles diffusions de gaz lacrymogènes.

À l’audience, le policier affirme : “elle refusait de me donner son masque et ne cessait de crier sa qualité d’observatrice de la LDH pour attirer l’attention. Alors que je tentais de la calmer, j’ai reçu un coup de pied à la cheville”. Il admet cependant : “elle a porté un seul coup pour se soustraire à l’interpellation, pas pour me blesser. D’ailleurs, je reconnais avoir davantage été outré et vexé que blessé”. Un CRS, témoin de la scène, confirme devant les juges avoir vu le coup de pied porté au policier mais il admet également “je pense que c’était intentionnel mais je n’en suis pas tout-à-fait certain”.

Invention

Camille Halut quant à elle, reconnaît le refus de donner son masque mais elle nie le coup porté. Elle avance : “je pense que ce policier a inventé ce coup de pied pour avoir une raison de m’interpeler. En tant qu’observatrice de la LDH, je filme les actions des forces de l’ordre lors des manifestations des gilets jaunes depuis plusieurs mois. Je sais que ça ne leur plaît pas”.

Un magistrat l’interroge : “le fait d’être observatrice de la LDH vous exempte t-il de respecter les lois et les règlements ?”. Camille Halut répond par la négative. “Alors pourquoi refusez-vous de remettre votre masque aux policiers ?”. Elle s’explique : “le policier sait que sans mon masque, je ne peux pas remplir ma mission d’observatrice et je dois quitter la manifestation. Il voulait que je m’en aille”.

Empreintes

La seconde infraction dont est soupçonnée Camille Halut, c’est d’avoir, lors de sa garde à vue qui aura duré pas moins de 23 heures, refusé de donner ses empreintes digitales. “Pourquoi ce refus ?” l’interroge le président du tribunal Fabrice Parisi. “Je n’ai pas refusé, j’ai dit que je ne savais pas” affirme sans sourciller Camille Halut.

“Comment ça vous ne saviez pas… vous avez donné vos empreintes oui ou non ?” insiste le juge. Elle admet : “non, je ne l’ai pas fait. Mais je n’ai pas refusé, j’ai juste dit que je ne savais pas”. Le juge qui, visiblement, ne comprend pas, fronce les sourcils et demande à être davantage éclairé : “vous ne saviez pas quoi ?” s’agace t-il. L’étudiante en droit précise : “je ne savais pas si la loi Française s’était mise en conformité avec la Convention européenne des droits de l’homme sur la prise des empreintes digitales”.

Film

Le procureur Jacques-Philippe Redon requiert qu’une peine d’amende de 2000 euros soit prononcée à l’encontre de Camille Halut. Il relève : “puisque habituellement vous filmez les pratiques policières, pourquoi, alors que vous dites avoir été victime d’un complot, mettez-vous votre main pour cacher votre caméra ? Sur le film que vous produisez, nous avons le son et nous entendons vos cris, mais la seule chose que nous pouvons voir, c’est votre main. Cette vidéo vous aurait pourtant permis de prouver que la police avait menti, c’est dommage”.

Démocratie

Pour Michel Tubiani, l’avocat de la LDH et de Camille Halut : “que les bénévoles de la LDH s’interrogent et observent les pratiques des policiers pendant les manifestations, c’est un service qu’ils rendent à la démocratie et nous continuerons à être des empêcheurs de tourner en rond”.

Décision rendue le 16 janvier 2020 à 14h.

Jeudi 12 décembre à 14 h : procès des faucheurs volontaires au Tribunal de Perpignan (communiqué de la LDH-66)

Voici le communiqué de a LDH-66 qui est partie prenante du collectif de soutien au faucheurs volontaires en procès le 12 décembre au Tribunal de Perpignan à 14h.

NOUS VENONS D’APPRENDRE QUE L’AUDIENCE AU TRIBUNAL EST RENVOYÉE À LA DEMANDE DU PARQUET

La Ligue des droits de l’Homme communique :

Le jeudi 12 Décembre se tiendra au Tribunal de Grande Instance de Perpignan le procès de Faucheurs Volontaires d’OGM, pour destruction de semences de tournesols génétiquement modifiée, et rendus tolérantes aux herbicides, en 2016 sur la commune d’Elne.

Sachant que le Collectif anti ogm 66 a alerté depuis plusieurs années les industriels semenciers, la chambre d’Agriculture et les institutions de la dangerosité de ces semences, qu’il classe comme organismes mutés.

En juillet 2018, la Cour de Justice Européenne a rendu un verdict sans appel : les variétés mutées sont des OGM comme les variétés transgéniques. Cette décision est d’application immédiate dans tous les pays européens, mais en France, tout est encore suspendu à la décision du Conseil d’Etat attendue depuis lors…

La Ligue des droits de l’Homme 66 s’associe à d’autres organisations et syndicats agricoles pour dénoncer cette situation, car nous refusons une agriculture et des sols soumis à une intense dégradation du fait de ces semences tolérantes aux herbicides, pour au final le profit financier des industriels de l’agrochimie.

Elle sera présente devant le Tribunal pour soutenir les comparant.e.s à ce procès, et appelle toutes les personnes soucieuses de la préservation de notre environnement et de la sauvegarde du vivant à venir les rejoindre à partir de 14h.

ldh66@laposte.net – http://site.ldh-france.org/ldh66

Répression au Chili : un rapport accablant d’Amnesty international

Depuis plus de 50 jours le mouvement social continue au Chili contre les hausses de prix et les inégalités, malgré une terrible répression qui a déjà fait plus des dizaines de morts et plus de 2000 blessés. L’armée occupe les villes comme lors de la sinistre dictature de Pinochet dont la constitution anti-démocratique est toujours en vigueur. Tirs tendu des forces armées sur le visage et les yeux, tortures, violences sexuelles contre les manifestants, le rapport d’Amnesty est accablant.

Violences policières: le Chili rejette des accusations d’Amnesty

  • afp, le 22/11/2019

Le gouvernement chilien a rejeté jeudi des accusations contre les forces de l’ordre de la part d’Amnesty International, qui dénonce des violations généralisées des droits de l’Homme lors des protestations antigouvernementales de ces dernières semaines.

Le président chilien Sebastian Piñera a toutefois admis le même jour qu’il était possible que «dans certains cas» les procédures régissant l’activité des forces de l’ordre n’aient pas été respectées. Il a promis que d’éventuelles infractions feraient l’objet de poursuites en justice.

Le mouvement de protestation sociale, qui a débuté le 18 octobre, se poursuit. Des manifestations accompagnées de pillages et d’incendies ont eu lieu jeudi à Santiago et dans d’autres villes.

Dans son rapport publié jeudi, Amnesty International déclare que les forces de l’ordre chiliennes ont adopté une politique de brutalité délibérée contre les manifestants.

«L’intention des forces de l’ordre chiliennes est claire: blesser ceux qui manifestent pour décourager le mouvement de protestation, y compris en arrivant à des extrêmes, en utilisant la torture et la violence sexuelle contre les manifestants», estime l’ONG dans ses conclusions préliminaires à l’issue d’une visite au Chili.

– «Punir» les contestataires –

Le gouvernement du président Piñera a soutenu cette «politique pour punir» les contestataires, a déclaré Erika Guevara, directrice pour les Amériques d’Amnesty International.

L’ONG assure qu’«il ne s’agit pas de faits isolés» et que les violations qu’elle a répertoriées «répondent à un modèle».

Amnesty critique également la décision du gouvernement de faire appel à l’armée au cours des neuf premiers jours de la crise, ce qui a eu selon elle des conséquences «catastrophiques».

Le gouvernement chilien a immédiatement rejeté les conclusions de l’ONG.

«Le gouvernement rejette catégoriquement le dernier rapport d’Amnesty International qui prétend avoir identifié une politique délibérée visant à blesser les manifestants», a déclaré lors d’une conférence de presse la sous-secrétaire chilienne aux Droits de l’Homme, Lorena Recabarren.

La police chilienne a affirmé pour sa part qu’elle n’avait pas eu «l’intention de blesser» des manifestants.

Et les forces armées se sont elles aussi inscrites en faux. «Il n’a existé et il n’existe aucune politique des forces armées pour mener des attaques généralisées ou systématiques contre la population civile», déclare un communiqué conjoint de l’armée de terre, de la marine et de l’armée de l’air.

– 22 morts, 2.000 blessés –

Au cours de ce mouvement social, le plus important au Chili en trois décennies, 22 personnes ont été tuées, dont cinq après l’intervention des forces de sécurité, et plus de 2.000 blessés, dont plus de 200 grièvement touchés aux yeux.

L’Institut national des droits humains (INDH), organisme public, a déposé 384 plaintes pour des violations commises par les forces de l’ordre contre les manifestants.

Quelque 1.100 plaintes pour torture et mauvais traitements ont été déposées au parquet, et 70 dossiers d’agressions sexuelles commises par des représentants des forces de l’ordre sont en cours d’instruction.

Les carabineros (police chilienne) ont fait état pour leur part de 1.600 agents blessés durant les protestations.

Au cours d’une rencontre jeudi avec des journalistes de médias étrangers, le président Piñera a déclaré, comme il l’avait fait pour la première fois dimanche dernier, que si des violences policières étaient avérées, elles seraient sanctionnées.

– Promesse de sanctions –

Il a reconnu qu’il avait pu arriver que les procédures d’intervention ne soient pas observées.

«Si ces procédures n’ont pas été respectées, et je crois qu’il est possible que dans certains cas elles ne l’aient pas été, cela fera l’objet d’une enquête du parquet et cela sera sanctionné par les tribunaux», a assuré M. Piñera.

La police chilienne a annoncé mardi qu’elle suspendait l’utilisation de munitions controversées qui ont provoqué de graves lésions oculaires chez plus de 200 manifestants.

La police affirme que ces munitions sont en caoutchouc mais, selon une étude de l’Université du Chili, elles sont constituées à 20% de caoutchouc et à 80% de silice, de sulfate de baryum et de plomb, ce qui les rend très dangereuses.

Les protestations sociales se sont poursuivies jeudi à Santiago et dans d’autres villes.

– Tortures et incendies –

Plusieurs dizaines de personnes ont manifesté devant le centre commercial Arauco à Quilicura, dans le nord de Santiago, pour protester contre des tortures que des policiers auraient infligées à de jeunes manifestants. Le rassemblement a débouché sur le pillage et l’incendie de plusieurs boutiques.

Des manifestations ont aussi eu lieu sur la plaza Italia, dans le centre de la capitale. Des dizaines de manifestants encagoulés ont affronté la police, qui a utilisé gaz lacrymogène et camions lanceurs d’eau.

Des incidents et pillages ont aussi eu lieu à Antofagasta (nord), Valparaiso (centre) et Concepcion (sud).

Des manifestants affrontent la police anti-émeute lors d’une manifestation contre le gouvernement, à Santiago, le 19 novembre 2019. Le président Sebastian Pinera a condamné dimanche pour la première fois ce qu’il a qualifié d’abus commis par la police dans le cadre de quatre semaines de troubles violents qui ont secoué le Chili et qui a fait 22 morts et plus de 2 000 blessés. Les Chiliens protestent contre les inégalités sociales et économiques, et contre une élite politique bien enracinée, issue notamment d’un petit nombre des familles les plus riches du pays.