Perpignan : ils refusent « le confinement des libertés » (l’Indépendant)

Mobilisation à l’appel de la Ligue des droit de l’homme


Cette manifestation pour les libertés et contre les violences policières s’inscrivait aussi dans le cadre de la journée nationale de manifestations pour que justice soit faite à Georges Floyd, Adama et toutes les victimes. C’est une réussite avec plus de 500 personnes à Perpignan dont les Gilets jaunes et beaucoup de jeunes.
Elle était organisé par L’ORDL  (Observatoire pour le Respect des Droits et Libertés à Perpignan) qui regroupe de nombreuses organisations dont la LDH qui en est l’initiatrice. LDH66

Publié dans l’Indépendant du 6 juin 2020

Syndicats, partis politiques de gauche, associations d’aide aux sans-papiers et Gilets jaunes ont manifesté ce samedi 6 juin 2020 à Perpignan pour dénoncer « un recul des libertés fondamentales ».

« Nous reprenons la rue et les places ». La gauche contestataire a retrouvé le chemin du centre-ville après trois mois d’arrêt suite à la crise du Covid-19. À l’appel de plusieurs organisations politiques et syndicales, un demi-millier de manifestants s’est rassemblé ce samedi après-midi sur la place de Catalogne puis devant le palais de justice. 

L’occasion de remettre sur le devant de la scène la « défense de nos droits fondamentaux, de nos libertés individuelles et collectives. Nous pensions, avec l’état d’urgence entré dans le droit commun il y a deux ans, avoir touché le fond. Eh bien non ! Avec l’état d’urgence sanitaire, voté en mars, nous nous rapprochons encore plus dans notre pays d’un Etat d’exception permanent et liberticide », a détaillé la porte-parole de l’Observatoire pour le respect des droits et libertés. 

Prenant exemple sur la situation de Perpignan durant la période de confinement, les militants ont également dénoncé « la répression qui s’est abattue dans les quartiers prioritaires où on a pu observer des interventions policières et militaires disproportionnées »

Des militants qui n’ont pas oublié également de saluer les mouvements de protestation nés ces derniers jours suite à la mort aux Etats-Unis de Georges Floyd et les rassemblements en hommage à la mémoire d’Adama Traoré qui a trouvé la mort en juillet 2016 à l’issue de son interpellation. 

Julien Marion

Vidéos. En banlieue, des habitants dénoncent des violences policières pendant le confinement

Publié sur sudouest.fr

Pour voir la vidéo cliquer sur le lien ci-dessus.

Par SudOuest.fr avec AFP  –  Publié le 10/04/2020

De nombreux habitants déplorent des contrôles de police trop musclés. Des plaintes ont été déposées.

« Des contrôles ciblés et violents »: depuis le début du confinement, des habitants des banlieues populaires dénoncent des violences policières, vidéos à l’appui, lors de contrôles des forces de l’ordre qui elles martèlent la difficulté à faire respecter les mesures dans certains quartiers.

Le 23 mars, une semaine après le début du confinement en France, Yassim, 30 ans, poste une vidéo. « Ils m’ont éclaté la tête à deux reprises contre le mur et ils m’ont mis un coup de crosse de flashball en pleine tête », relate l’habitant des Ulis (Essonne), le visage tuméfié.

Le lendemain, une autre vidéo, également prise aux Ulis, provoque l’indignation sur les réseaux sociaux. Cette fois-ci, on y voit Sofiane, 19 ans, frappé par des policiers et amené sous un porche d’où émanent ses cris stridents. Le jeune homme, qui s’est vu prescrire trois jours d’ITT, « est encore traumatisé » et n’a pas pu reprendre son travail dans la logistique chez Amazon, selon son avocat Me Samim Bolaky.

Plusieurs cas en France

Les deux hommes ont porté plainte et demandé la saisie de l’Inspection générale de la police nationale (IGPN, la police des polices). Le parquet d’Évry a ouvert deux enquêtes judiciaires pour faits de violences par personne dépositaire de l’autorité publique, confiées à la cellule de déontologie de la Direction départementale de la sécurité publique de l’Essonne. « Au-delà de ces deux affaires, il y a eu en France un certain nombre de cas dont le dénominateur commun est la police et la banlieue », estime leur avocat, Me Bolaky.

À Aubervilliers (Seine-Saint-Denis), Ramatoulaye est contrôlée le 19 mars par la police alors qu’elle revient de ses courses. « Je leur montre mon attestation manuscrite et les huit policiers se moquent de moi », déclare la jeune femme de 19 ans. Le ton monte et les insultes « dégradantes » fusent, raconte Ramatoulaye qui est accompagnée de son petit frère de 7 ans. Un voisin filme la scène de sa fenêtre. Un policier fait usage de son pistolet à impulsions électriques.

Elle reçoit une décharge à la poitrine, s’écroule et tente de se relever puis elle est plaquée violemment au sol. La jeune femme est embarquée et placée en cellule une heure. Elle s’est fait prescrire 5 jours d’ITT. « Le défenseur des droits et l’IGPN ont été saisis », indique son avocat Me Nabil Boudi. Une source policière indique de son côté que « la jeune femme était complètement hystérique. Les policiers étaient dans leur bon droit pour la maîtriser », poursuit cette source.

« Parc d’attractions pour policiers »

Selon la police nationale, « il convient de rappeler que, face à des individus parfois délibérément récalcitrants au respect du confinement, la force a pu être légitimement employée pour maîtriser des personnes qui injuriaient, voire crachaient sur les policiers ou encore tentaient de s’en prendre à eux physiquement ». « Avec le confinement, nos quartiers sont devenus un parc d’attractions pour les policiers avec des contrôles ciblés et violents », accuse Assa Traoré, militante antiraciste et sœur d’Adama, jeune homme mort lors de son interpellation par les gendarmes dans le Val-d’Oise en 2016.

Pour elle, « il est important de prendre en considération les facteurs qui poussent certains jeunes à sortir: logement exigu, rupture familiale, violence ». De son côté, le préfet de Seine-Saint-Denis Georges-François Leclerc a assuré jeudi que « les règles du confinement sont globalement respectées » et qu’ »il ne fallait pas stigmatiser le département ». « Le code de procédure pénale est le même pour tous, on ne peut pas mettre une amende à une personne d’un centre-ville bourgeois qui ne présente pas d’attestation et faire une clé d’étranglement en banlieue », juge Me Mourad Battikh, dont le client, originaire de Seine-et-Marne, a subi lors de son interpellation un placage ventral, une technique d’immobilisation décriée.

Le parquet de Meaux a saisi l’IGPN pour déterminer « les circonstances de l’interpellation du mineur ». Depuis le début du confinement, l’IGPN a été saisie de cinq plaintes, selon une source policière. Fin mars, plusieurs associations, parmi lesquelles Human Rights Watch et la Ligue des droits de l’homme, avaient alerté le ministère de l’Intérieur sur des contrôles policiers « abusifs » et des « violences » pour faire respecter le confinement et avaient appelé à la vigilance des autorités.

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« Plus le confinement va durer, plus les tensions vont augmenter » : quand des contrôles d’attestations dégénèrent en violences policières

Coronavirus et manifestation au CRA du Mesnil-Amelot (Paris-Vincennes): le choix de la répression au détriment de la protection

Communiqué de presse – 14 avril 2020

Coronavirus et manifestation au CRA du Mesnil-Amelot : le choix de la répression au détriment de la protection

Les étrangers enfermés au centre de rétention administrative du Mesnil-Amelot ont exprimé leur colère dans la nuit de samedi à dimanche 12 avril 2020. Ils sont révoltés d’être privés de liberté dans des conditions indignes et d’êtres mis en danger. L’administration est dans l’impossibilité de respecter les règles sanitaires de base en période de crise sanitaire du coronavirus. La Cimade demande la fermeture immédiate de tous les CRA.

Depuis le début du confinement, les intervenant·e·s de La Cimade accompagnent les personnes retenues à distance. Selon les témoignages recueillis ce mardi, les étrangers enfermés au CRA du Mesnil-Amelot ont exprimé leur colère samedi 11 avril dans la soirée en refusant de réintégrer les bâtiments. Ils ont sorti les matelas dans la cour et ont souhaité passer la nuit dehors pour manifester leur désaccord avec la poursuite de la politique d’enfermement et d’expulsion menée par le gouvernement.

Deux personnes présentaient des symptômes du covid-19 et ils étaient légitimement inquiets pour leur propre santé. Par ailleurs, ils sont pleinement conscients de l’impossibilité de mettre en œuvre les expulsions et donc du caractère illégal de leur enfermement.

Les récits des événements révèlent une action policière pour mettre fin à la manifestation avec un usage de la force qui paraît disproportionné. Les autorités du CRA ont identifié 8 hommes comme étant les « meneurs » de la manifestation, puis elles les ont isolé et transféré vers d’autres centres de rétention : 3 au CRA de Rouen et 5 au CRA de Lille.

52 personnes étaient enfermées samedi dernier au CRA du Mesnil-Amelot n°2, ce mardi 14 avril elles sont 47. Le CRA n°3 a été fermé par l’administration le 25 mars, elle a préféré regrouper toutes les personnes dans certains bâtiments du CRA n°2 alors qu’il existait la possibilité de prévenir les risques sanitaires de contamination en isolant a minima les personnes.

Cette manifestation de colère légitime au CRA du Mesnil-Amelot intervient alors que déjà trois cas ont été testés positifs au covid-19 au CRA de Paris-Vincennes.

Après nos diverses interpellations du gouvernement et du ministre de l’intérieur, la requête rejetée au Conseil d’État le 27 mars, les événements de ce week-end appellent La Cimade a demander une nouvelle fois la fermeture immédiate de tous les centres de rétention administrative. Nos raisons sont exactement les mêmes que celles exprimées par les étrangers enfermées : prévenir les risques sanitaires et ne pas enfermer illégalement des personnes que les préfectures ne peuvent pas expulser.

Contact presse

Rafael Flichman : +33 6 42 15 77 14 / rafael.flichman@lacimade.org