Perpignan: près de 300 personnes contre le nouveau logo du maire RN

C’est le premier faux pas d’Aliot maire d’extrême-droite RN (ex-FN) de Perpignan. Désavoué par l’ensemble des forces politiques du département sur son logo apologétique de St Jean Baptiste, tournant le dos à la Catalogne. Désavoué également par une majorité de citoyens qui ne comprend pas cette référence religieuse affirmée par Aliot dans le cadre de notre République laïque. Autre problème au niveau de la méthode puisque ce projet de logo si contesté n’a pas été présenté, encore moins discuté et voté au Conseil municipal de Perpignan.

Publié par AFP le 10-04-2021

Près de 300 personnes contre le nouveau logo du maire RN

Près de 300 personnes ont défilé à Perpignan, à l’appel de mouvements catalanistes, pour s’opposer au nouveau logo de la ville choisi par la municipalité de Louis Aliot (RN), ont constaté des journalistes de l’AFP.

Sur le nouveau logo, le slogan « Perpignan la Catalane » a notamment été remplacé par « Perpignan la rayonnante » avec une représentation de Saint Jean-Baptiste sur un blason aux couleurs catalanes bordé d’un liseret bleu-blanc-rouge.

« Aliot est en train de rogner insidieusement ce qui reste de catalanité à Perpignan », a assuré Jaume Pol, président du parti catalaniste Unitat catalana.

« Il avait déjà fait un petit pas en mettant en permanence sur les remparts du Castillet (monument médiéval emblématique de la ville) le drapeau français comme une marque de prise de position. Les Catalans n’ont rien à attendre de la politique d’Aliot. Il fallait et il faut réagir », a-t-il martelé.

Lancée par le collectif « Oui au pays catalan », la manifestation a réuni l’ensemble des mouvements associatifs catalans mais aussi quelques responsables politiques, comme la vice-présidente de la Région Occitanie Agnès Langevine, ancienne adversaire de M. Aliot aux municipales.

« +Perpignan la Catalane+ n’était qu’un symbole, a ajouté Francesc Bitlloch, délégué de l’Association nationale catalane (ANC) dans les Pyrénées-Orientales.

« Mais en touchant le symbole c’est signe qu’ils ne vont pas s’arrêter là, ils vont également s’attaquer à tout le reste, à la langue. Ils vont continuer à arracher les racines, voir quels sont les limites, tester. Cela va leur servir ailleurs. Perpignan est un vrai laboratoire pour l’extrême droite », a-t-il lancé.

Le maire RN Louis Aliot, élu en 2020, avait défendu le nouveau logo, présenté juste avant Pâques et qui avait fait polémique localement, affirmant que la catalinité était « très liée à la religion » pour justifier la représentation d’un Saint.

Et avec l’ajout des couleurs tricolores, il voulait que le logo « fasse référence à la République française ». Il avait aussi estimé que « Perpignan la Catalane » était « réducteur ».

AFP© 2021 AFP Mise à jour 10.04.2021 à 21:00

Toulouse : des militants d’extrême droite s’en prennent au conseil régional

Comme le dit Clémentine Autain, « en légitimant l’extrême droite, en reprenant ses discours et ses cibles, le gouvernement lui déroule un tapis rouge. Et quand les digues sautent, la marée monte ».  Aliot du RN (ex FN) condamne pour la forme. La présence de l’extrême-droite à la tête de Béziers et de Perpignan ouvre un formidable appel d’air et un encouragement pour les fascistes d’Action française et de la Ligue du midi en Occitanie. Dangers que les organisations démocratiques, dont la LDH, doivent combattre dans l’unité avant qu’il ne soit trop tard.

Publié par AFP le 26/03/2021

Le mouvement d’extrême droite Action française a fait irruption au conseil régional d’Occitanie, à Toulouse, jeudi 25 mars. Une dizaine de militants se sont introduits dans le bâtiment alors que se tenait une assemblée plénière. Ils ont « tenté d’entrer par la force dans l’hémicycle pour interrompre le processus délibératif, peut-être par le sous-sol », a expliqué à l’Agence France-Presse la présidente PS du conseil régional Carole Delga, qui n’avait jamais vécu ça depuis son élection en 2016.

Dans un communiqué, Carole Delga a annoncé qu’elle allait porter plainte. « Face à l’extrême droite, je le répète : je ne lâcherai rien et ne céderai à aucune pression, d’où qu’elle vienne », a-t-elle affirmé, rappelant qu’elle avait à plusieurs reprises été la cible de menaces, dont des menaces de mort, de la part de l’extrême droite. « On sent en France qu’il y a un climat très tendu. On est en train de créer une société d’ennemis. Je crois qu’il va y avoir une escalade au fil des mois avant la présidentielle » de mai 2022, a ajouté Carole Delga à l’Agence France-Presse.

Réactions politiques à la chaîne

Le coup de force a déclenché une avalanche de réactions. Emmanuel Macron a dénoncé une action qui reflète selon lui « le vrai visage de l’extrême droite » et sa « volonté de bâillonner la démocratie ».

Le maire de Perpignan Louis Aliot (RN) a estimé dans un tweet que « l’intrusion violente d’extrémistes » était inquiétante « pour l’atteinte démocratique qu’elle représente ! ». Le maire LR de Toulouse Jean-Luc Moudenc a également condamné « fermement » sur Twitter cette intrusion « inadmissible » et « les agissements de ces extrémistes ».

L’ancienne ministre socialiste Ségolène Royal a quant à elle adressé un « soutien chaleureux » à Carole Delga « face à cette violence inadmissible ». C’est « signé Macron, Darmanin, Schiappa, Olivier Faure et autres chasseurs d’islamogauchistes et d’ambigus », a dénoncé pour sa part l’Insoumis Jean-Luc Mélenchon, régulièrement aux prises avec l’exécutif sur les thèmes de la laïcité et de la République.

« Que cette intrusion violente puisse déciller les yeux des pyromanes Darmanin et consorts : vous nourrissez la violence et fracturez le pays », a twitté le patron d’EELV Julien Bayou, qui plusieurs heures plus tôt pestait contre la polémique sur la mosquée de Strasbourg opposant son parti au gouvernement.

La députée LFI et candidate à la présidence de la région Île-de-France Clémentine Autain a renchéri : « En légitimant l’extrême droite, en reprenant ses discours et ses cibles, le gouvernement lui déroule un tapis rouge. Et quand les digues sautent, la marée monte. »

L’Action française répond à Macron

Face à ce concert de réactions, l’Action française a également posté plusieurs messages sur son compte Twitter notamment en réponse au président. « Macron le despote, qui nous retire chaque jour des libertés, ose dire que nous souhaitons ?bâillonner la démocratie? après avoir déployé une banderole… Tous ces gens hors-sol, qui nous amènent vers notre perte, n’ont rien à faire à la tête de notre pays », pouvait-on y lire.

Selon le communiqué de la région Occitanie, le service de sécurité a réagi « très rapidement, avec calme et sang-froid », pour empêcher cette irruption de personnes se réclamant de l’Action française. Aucun élu ou salarié n’a été blessé pendant l’incident, qui a duré quelques minutes. Des policiers ont interpellé des militants d’Action française. Ils ont laissé dans les locaux de la Région une banderole avec le nom Actionfrançaise.net, photographiée par plusieurs conseillers régionaux, sur laquelle on pouvait lire « Islamo-gauchistes ? traîtres à la France ».

Ancienne secrétaire d’État au Commerce pendant le mandat de François Hollande, Carole Delga, 49 ans, préside la région Occitanie depuis 2016 et brigue un nouveau mandat lors du scrutin prévu en juin. Dans cette région ancrée à gauche, elle sera notamment opposée à la tête de liste du Rassemblement national (RN), Jean-Paul Garraud, un ancien député LR.

Le recul de la démocratie en France est une menace pour la liberté dans le monde

Tribune internationale signée par Gráinne de Burca, Sébastien Chauvin, Noam Chomsky, Angela Davis, Alfonso Pérez Esquivel, Franco Fracassi, Sonia Guajajara, Barbara Havelková, Kamel Jendoubi, Iphigénie Kamtsidou, Tawakkol Karman, Eléonore Lépinard, Frédéric Mégret, Mathias Möschel, Fernanda G. Nicola, Ruth Rubio Marin, Aminata Dramane Traoré, Chico Whitaker, Jody Williams, Jean Wyllys, Jean Ziegler

Publié le 29/03/2021 sur huffingtonpost.fr

Nous exhortons le président Macron et son gouvernement à abandonner les lois « sécurité globale » et « séparatisme », des dérives autoritaires qui portent atteinte aux droits fondamentaux que la France prétend incarner.

Depuis plusieurs années, la démocratie paraît reculer un peu partout dans le monde, être en danger, sans tenir ses promesses d’égalité et de garantie des libertés. Les gouvernements autoritaires, conservateurs, ou d’extrême-droite sont aux commandes dans de nombreux pays et avec eux de nombreuses  restrictions des droits fondamentaux et une répression des acteurs et actrices de la société civile. La récente défaite de Trump aux États-Unis ne signifie pas encore une inversion de cette tendance.

Au Brésil, Jair Bolsonaro tente de placer les associations et les mouvements sous surveillance constante; en Inde, Narendra Modi réprime le mouvement paysan en le qualifiant de terroriste et réprime les minorités religieuses chrétienne et musulmane avec des lois discriminatoires et des discours haineux; en Thaïlande, des centaines de jeunes sont emprisonné.es pour avoir participé à des manifestations demandant plus de démocratie; en Russie, Vladimir Poutine met des milliers de citoyen.nes en prison lors de manifestations en soutien à Alexeï Navalny; la junte putschiste en Birmanie fait tirer sur les foules…

La France –berceau des droits humains tels que promulgués en 1789– serait-elle en train de rejoindre le camp des pays où la démocratie est fragilisée par le pouvoir lui-même? Nous y observons malheureusement de violentes atteintes aux droits fondamentaux et un recul démocratique. La République française et sa devise “liberté, égalité, fraternité” subissent des coups répétés de la part de celles et ceux qui devraient les sauvegarder et les promouvoir: le Président de la République, son gouvernement et une majorité de parlementaires français.

Depuis 2015, une série de lois sécuritaires ont été promulguées en France. Elles prétendent répondre à la vague d’émotion causée par les terribles attentats de 2015 jusqu’à la décapitation d’un professeur en région parisienne ou l’attaque d’une église à Nice en 2020. Ces lois s’accumulent sans évaluation de leur efficacité alors que leurs effets pervers sur l’État de droit ou sur les personnes de confession musulmane sont largement démontrés. Les gouvernements français successifs s’enferment dans une dépendance inquiétante aux ”états d’urgence”, désormais promulgués pour faire face à la pandémie de covid-19.

Actuellement débattues au Parlement français, la loi “sécurité globale” et la loi “confortant le respect des principes de la République”, aussi appelée “loi contre le séparatisme”, constituent des atteintes sans précédent aux piliers de la République Française menaçant plusieurs droits fondamentaux. Le Conseil d’État -plus haute cour de justice administrative- avait pourtant prévenu: “Les mesures du projet [de loi contre le séparatisme] concernent pratiquement tous les droits et libertés publiques constitutionnellement et conventionnellement garantis, et les plus éminents d’entre eux: liberté d’association, liberté de conscience et de culte, liberté de réunion, d’expression, d’opinion, de communication, liberté de la presse, libre administration des collectivités territoriales, liberté de l’enseignement, liberté du mariage, liberté d’entreprendre, liberté contractuelle. L’esprit même de cette loi, dont l’objectif annoncé était de lutter contre l’islamisme radical, s’est vite mué en l’expression d’une idéologie de la suspicion généralisée et du contrôle. Cette loi contient un arsenal juridique redoutable qui pourra être utilisé contre toutes personnes physiques ou morales qui dérangent les intérêts de l’État de par leurs activités, leurs propos ou leur religion. Les personnes musulmanes, ou perçues comme telles, ainsi que les associations et les militants qui défendent leurs droits et libertés sont visées en premier lieu. L’histoire prouve que les pouvoirs autoritaires savent utiliser ce type de loi pour réprimer encore plus largement. 

Outre le piège évident qu’elle représente pour la démocratie française, cette loi contre le séparatisme, ainsi que la loi sécurité globale, constituent des menaces pour la liberté dans le monde. Quel message d’exemplarité le Président Emmanuel Macron, son gouvernement et les parlementaires français veulent-ils envoyer au moment où les populations souffrent d’un recul global des droits humains, des libertés et de la démocratie dans des dizaines de pays?

Cette sombre conjoncture mondiale a cependant le mérite de mettre en évidence le rôle clé de contre-pouvoir des sociétés civiles et mouvements sociaux qui luttent contre les dérives autoritaires et sécuritaires. En France, de multiples voix s’accordent et s’élèvent contre la dérive autoritaire dans laquelle le gouvernement français s’inscrit actuellement. Des associations et collectifs citoyens, des syndicats, des magistrat.es et avocat.es, des universitaires et journalistes organisent la contestation, soutenus par des centaines de milliers de citoyen.nes, qui protestent dans les rues ou en ligne.

Dans un monde globalisé, la nécessité de dépasser les frontières et faire jouer la solidarité internationale n’est plus à démontrer. Si la société civile française lutte, la communauté internationale doit agir et la soutenir, en dénonçant ces atteintes aux droits humains et aux libertés. Nous, observateurs attentifs de la société française, attachés à la force de sa devise, nous nous devons d’alerter lorsque les fondements de votre État de droit vacillent. Nous exhortons le président Macron et son gouvernement d’abandonner les lois sécurité globale et contre le séparatisme afin que la défense de la liberté, de l’égalité et de la fraternité aient encore un sens de par l’Europe et le monde.

Les signataires de la tribune:

  1. Gráinne de Burca, professeure de droit, Université de New York (Irlande)
  2. Sébastien Chauvin, professeur associé, Université de Lausanne (Suisse)
  3. Noam Chomsky, professeur émérite de linguistique au Massachusetts Institute of Technology (Etats-Unis)
  4. Angela Davis, écrivaine et professeure émérite de philosophie, Université de Santa Cruz (Etats-Unis)
  5. Alfonso Pérez Esquivel, prix Nobel de la Paix (Argentine)
  6. Franco Fracassi, Journaliste, (Italie)
  7. Sonia Guajajara, femme politique autochtone et présidente de l’APIB (Brésil)
  8. Barbara Havelková, professeure associée de droit, Faculté de droit, Université d’Oxford, chargée de cours en droit, St Hilda’s College, Université d’Oxford (Rép. Tchèque)
  9. Kamel Jendoubi, activiste des droits humains (Tunisie)
  10. Iphigénie Kamtsidou, Professeure de Droit Constitutionnel, Université Aristote de Thessalonique (Grèce)
  11. Tawakkol Karman, journaliste, prix Nobel de la Paix (Yemen)
  12. Eléonore Lépinard, professeure associée, Université de Lausanne (Suisse)
  13. Frédéric Mégret, Co-directeur, Centre sur les droits de la personne et le pluralisme juridique, Université de McGill (Canada)
  14. Mathias Möschel, Professeur associé en droit constitutionnel comparé, droits de l’homme et droit de la non-discrimination. Université d’Europe centrale, Budapest(Autriche, Allemagne)
  15. Fernanda G. Nicola, professeure de droit, directrice du Programme pour les organisations internationales, le droit et le développement au collège de droit de l’Université de Washington (Italie)
  16. Ruth Rubio Marin, directeure de la Chaire UNESCO en droits de l’homme et interculturalité, Université internationale d’Andalousie (Espagne).
  17. Aminata Dramane Traoré, ancienne ministre (Mali)
  18. Chico Whitaker, altermondialiste et activiste (Brésil)
  19. Jody Williams, prix Nobel de la Paix (Etats-Unis)
  20. Jean Wyllys, ancien député fédéral (Brésil)
  21. Jean Ziegler, universitaire, expert Nations Unies (Suisse)