Vérité et Justice pour Safyatou, Salif et Ilan – Avril 2023

Dans la nuit du 13 avril 2023, trois mineurs de 13, 14 et 17 ans qui circulaient sur un scooter ont été poursuivis par la police. Selon plusieurs témoignages : « un véhicule de police les a percutés volontairement, les faisant ainsi chuter », la conductrice, une jeune fille de 17 ans, a été hospitalisée avec pronostic vital engagé. Son petit frère de 13 ans est blessé au foie et l’autre jeune, âgé de 14 ans est sorti d’hospitalisation.
Dès les premiers instants, la police a essayé de camoufler cet énième acte de violence policière en simple accident de la route. Les témoins ont été intimidé·e·s, menacé·e·s. Les enfants qui voulaient juste rentrer chez eux criminalisé·e·s. Comme l’a dénoncé Me Alimi, l’avocat des familles, il y a « une volonté de dissimulation manifeste, une volonté de faire détruire des preuves, une volonté aussi d’organiser une procédure qui viserait à criminaliser les enfants eux-mêmes ».

Dans notre arrondissement, de la mort de Lamine Dieng aux traques quotidiennes nous connaissons le rapport inquiétant, raciste, insupportable et renouvelé de la police avec les habitant·e·s, notamment les jeunes. Une plainte a été déposée par les trois familles pour « tentative d’assassinat par personnes dépositaires de l’autorité publique avec arme par destination ».

En effet, le « parechocage », devenu une pratique courante dans les quartiers populaires, “consiste à tenter d’immobiliser les véhicules, le plus souvent des deux roues, au moyen de la voiture de police, soit en les serrant contre le bord de la route, soit en les percutant.”(Collectif Angles Morts, Vengeance d’Etat, Syllepse, 2011). Cette technique ne sert pas seulement à intercepter les jeunes, elle est également utilisée pour transformer des tentatives d’assassinats en accidents.

Le Comité Vérité et Justice pour Safyatou, Salif et Ilan appelle à une marche blanche le dimanche après-midi 7 mai 2023 au départ de la place de la Réunion et regroupe presque un millier de personnes dans les rues de l’arrondissement jusqu’à proximlité du commissariat de police du 20eme.

Le Comité Vérité et Justice réunit à plusieurs reprises les familles des victimes et les associations locales pour organiser le soutien aux familles et la mobilisation. Une cagnotte est ouverte pour aider matériellement les familles et récolte plus de 3000 euros. Le 13 septembre, une soirée d’échange et de mobilisation est organisée à la Flèche d’Or, rue de Bagnolet, avec prises de paroles et témoignages.

Marche blanche organisée par le Comité Vérité et Justice le 7 mai 2023

Nous n’oublions pas
Lamine Dieng est mort le 17 juin 2007 dans un car de police après avoir été immobilisé et pressé au sol sans doute par plaquage ventral de son arrestation dans le quartier de Ménilmontant dans le 20e. Le 22 juin 2007, la famille de Lamine Dieng porte plainte contre X pour « administration de coups mortels » et « non-assistance à personne en péril » et se constitue partie civile.
Après un premier non-lieu ordonné en 2014 et un appel de la famille, le pourvoi est rejeté par la Cour de cassation dix ans après les faits. La famille dépose un recours à la Cour européenne des droits de l’homme en 2017, à la suite duquel la France accepte trois ans plus tard de verser à l’amiable 145 000 euros moyennant un retrait du recours.
Dans un communiqué, la famille de Lamine Dieng s’est réjouie de ce règlement, qui constitue pour elle « une victoire » : « Nous avons vécu treize années de combat contre le déni de justice, face à une institution qui nous a systématiquement refusé un procès pour les responsables de la mort de notre fils, frère, oncle. »
Après cette avancée, la famille Dieng ne compte pas pour autant s’arrêter dans la lutte contre les violences policières.