Après le nouveau rapport du GIEC, amplifions nos mobilisations pour la justice climatique

Publié lundi 4 avril 2022 sur le site d’Attac

Si les papiers précédents du GIEC avaient traité de l’aggravation des dérèglements climatiques, le dernier volet du sixième rapport publié aujourd’hui, axé sur les stratégies d’atténuation des émissions de gaz à effet de serre, confirme l’accumulation du retard pris par les États pour éviter une catastrophe climatique et humaine. Les projections d’émissions pour 2030 sont supérieures aux engagements des États, engagements qui sont par ailleurs insuffisants pour limiter le réchauffement au-dessous de 1,5°C à la fin du siècle. Résultat, on se dirige tout droit vers une augmentation située entre 3,3 et 5,4°C.

Le premier constat du GIEC est celui d’une poursuite de la hausse des émissions. Même si le rythme de celle-ci s’est ralenti entre 2010 et 2018 par rapport à la décennie précédente, les émissions globales ont augmenté de 11 % par rapport à 2010, et leur volume n’a jamais été aussi important. Si le CO2 reste le principal vecteur du changement climatique, les émissions de gaz fluorés ont bien augmenté (430 % entre 1980 et 2018) et jouent désormais un rôle majeur dans les dérèglements climatiques. L’augmentation des gaz à effets de serre est notamment due à la croissance de certaines productions et consommations ayant un fort degré d’émissions : +28,5 % pour l’aviation,+ 17 % pour l’achat de SUV, +12 % pour la consommation de viande… entre 2010 et 2020.

Le GIEC insiste également sur le fait que les investissements sont à un cinquième de ce qu’il faudrait pour éviter une augmentation de la température globale de 1,5°C ou 2°C à la fin du siècle. Il demande donc aux gouvernements d’accélérer la mise en place de politiques publiques, législatives, d’augmenter fortement les investissements et de réguler les lois du marché, en vue d’atteindre un pic d’émissions de CO2 avant 2025 et d’envisager une décroissance globale des émissions après cette date. Dans le cas contraire, le coût global, économique et humain, sera plus élevé, et les investissements nécessaires devront être d’autant plus importants.

Le GIEC met aussi en cause la pensée économique néolibérale, constatant que les investissements du secteur privé sont très loin des besoins identifiés pour arriver aux objectifs climatiques. C’est la première fois que le groupement de chercheurs plaident pour une rupture avec la logique de croissance inhérente au capitalisme et fait écho à ses scénarios et hypothèses qui n’oublient pas les exigences d’égalité sociale dans les politiques à mettre en œuvre. En effet, il dénonce les inégalités qui s’accroissent dans la responsabilité de la situation présente, pointant le fait qu’à l’échelle mondiale, les 10 % les plus riches sont à l’origine de 36 à 45 % des émissions, quand 10 % des plus pauvres sont responsables de 3 à 5 %.

On peut donc y lire une revendication de justice climatique, dont les stratégies doivent passer par une redistribution des richesses et une juste répartition des efforts de réduction des émissions, afin de permettre aux populations les plus impactées, et non responsables des dérèglements climatiques, de pouvoir s’adapter et faire face aux changements à venir. En particulier, la question des financements, que ce soit à l’échelle internationale pour soutenir les pays du Sud global, ou en France pour financer les mesures nécessaires à une bifurcation juste, nécessitent une réforme fiscale qui fasse la chasse à l’évasion fiscale et s’en prenne aux profits des grandes entreprises.

Enfin, les auteurs du rapport du GIEC précisent que c’est bien d’un changement structurel, profond, des modes de financements et d’institutions dont nous avons besoin, et que les appels aux modifications des comportements individuels sont largement insuffisants.

Tout en étant appuyé sur de solides travaux scientifiques, ce nouveau rapport du GIEC est, de fait, un acte d’accusation contre l’inaction climatique, dont le quinquennat d’Emmanuel Macron qui s’achève constitue une lamentable démonstration. Alors que la campagne pour l’élection présidentielle a très peu évoqué les dérèglements climatiques, c’est bien un choix crucial auquel nous faisons face : continuer comme avant en attendant les catastrophes à venir, ou changer le système pour ne pas changer le climat. Dès maintenant, amplifions les mobilisations pour la justice climatique !

 SAMEDI 9 AVRIL : À 14H, PLACE DE LA RÉPUBLIQUE À PERPIGNAN – MARCHE POUR LE FUTUR – ORGANISÉE PAR  ALTERNATIBA66, CITOYENS POUR LE CLIMAT ET EXTINCTION REBELLION SOUTENUS PAR DE NOMBREUX MOUVEMENTS DU TERRITOIRE TELS LA CGT, LE SYNDICAT SOLIDAIRES 66, La LDH 66 OU YOUTH FOR CLIMATE

5 inégalités parmi les plus choquantes

Chaque crise se caractérise par une accumulation de richesse indécente à un pôle et un appauvrissement massif à l’autre. Il n’y a aucune fatalité à cela : taxer la richesse est indispensable et urgent afin d’établir la justice sociale et l’égalité salariale entre femmes et hommes pour lesquelles la LDH a toujours combattu.

Publié par oxfamfrance le 18 janvier 2022

1. Depuis le début de la pandémie du Covid, il y a un nouveau milliardaire toutes les 26 heures dans le monde, alors que 160 millions de personnes sont tombées dans la pauvreté

Aussi improbable que ça puisse paraître, la crise sanitaire a permis à certains de s’enrichir. La fortune des milliardaires dans le monde a plus augmenté en 19 mois de pandémie qu’au cours de la dernière décennie, c’est un record absolu ! Mais c’est aussi un record peu joyeux quand on sait que dans le même temps, des millions de personnes sont tombées dans la pauvreté. En France, 7 millions de personnes ont besoin d’aide alimentaire pour vivre, soit 10% de la population française et 4 millions de personnes supplémentaires sont en situation de vulnérabilité à cause de la crise.

Ou quand inégalités riment avec indécence….

2. Si quelqu’un avait pu économiser l’équivalent de 8 000 euros par jour depuis la prise de la Bastille, il n’arriverait aujourd’hui qu’à 1 % de la fortune de Bernard Arnault

Comment se rendre compte de ce que représente la fortune de l’un des hommes les plus riches du monde ? En faisant des comparaisons absurdes ! Pour avoir 1% de la fortune de Bernard Arnault, 3ème fortune mondiale, il aurait fallu économiser 8000 euros par jour depuis 1789 !

Bernard Arnault, aussi connu comme PDG de LVMH, est n°2 sur le podium des milliardaires qui ont le plus gagné d’argent depuis mars 2020 et la survenue du Covid-19. Il a gagné 106 milliards de dollars, après Elon Musk qui a gagné 268 milliards de dollars.

3. A 62 ans, un quart des 5% les plus pauvres en France sont déjà morts

Les inégalités tuent. La faim, la privation de soins de santé de qualité dans les pays pauvres mais aussi les violences basées sur le genre affectant les femmes, sont la cause d’un nombre considérable de décès. Une estimation prudente parle d’au moins 21 300 personnes par jour, soit une personne toutes les quatre secondes. En France, la précarisation tue aussi à l’autre bout de l’échelle : selon les dernières données de l’INSEE, à l’âge de la retraite (62 ans) un quart des 5% les plus pauvres sont déjà morts. Il faut attendre l’âge de 80 ans pour que cette proportion soit atteinte pour les 5% les plus riches.

4. Les hommes détiennent 50 % de richesses en plus que les femmes

En France, au Nigéria, au Brésil, au Japon… partout dans le monde, les femmes sont en première ligne des inégalités à cause d’un système économique qui les cantonne dans des pans de l’économie les plus dévalorisés. Les femmes sont majoritaires dans les métiers précaires, mal payés, pénibles, avec des horaires hachés… Ce sont tous ces métiers du soin, du médico-social, de l’aide à la personne, du ménage, des caisses des supermarchés… Elles sont aussi majoritaires dans l’économie informelle, où elles sont mal ou pas du tout protégées par des droits du travail. Ces métiers occupés à 95% par des femmes, on comprend pourquoi les hommes s’en détournent !

L’autre cause des inégalités mondiales entre hommes et femmes : les femmes sont assignées pour réaliser la majorité du travail domestique. Tout ce temps dédié à l’éducation des enfants, aux soins aux parents et grands-parents, à la collecte de bois et d’eau, au ménage de la maison, c’est du temps en moins pour travailler ou s’investir dans la vie professionnelle et sociale.

5. Le PDG du groupe Sanofi gagne plus de 409 fois le salaire moyen d’une infirmière

Ce chiffre est une illustration de l’explosion des inégalités. Comment a-t-on pu arriver à de tels extrêmes ? En 2020, le PDG de Sanofi, Paul Hudson (Directeur général de Sanofi) a gagné 11 341 342 euros. Oui, 11 millions et un peu plus de 300 000 euros. A l’autre bout de l’échelle : une infirmière en France gagne en moyenne 1 800 euros net par mois (soit 27 692 euros bruts annuels).

La crise a fait exploser les profits des rémunérations et des dividendes dans l’industrie des Big Pharma à cause des monopoles sur les vaccins détenus par les laboratoires. Les vaccins anticovid avait fait émerger 9 nouveaux milliardaires.  Et dans le même temps, les métiers de la santé sont toujours aussi peu reconnus….

Les inégalités atteignent donc toujours des sommets partout dans le monde et la France n’échappe pas à la tendance. C’est insupportable mais ce n’est pas une fatalité ! Combattre les inégalités et la pauvreté c’est possible !

Taxer les ultras riches, mettre plus d’argent dans les services publics, lutter contre les paradis fiscaux, fixer un écart de salaires maximum, interdire les versements records de dividendes… Voilà des solutions qu’Oxfam défend un monde plus juste. Vous souhaitez en savoir plus ? Retrouvez les solutions que nous défendons pour plus de justice sociale.

Crise des migrants : cinq questions sur le mur que veut ériger la Pologne à sa frontière avec la Biélorussie

Publié sur francetvinfo.fr le 16-11-2021

En 2050 l’Europe aura 50 millions de travailleurs en moins qu’en 2015. Cela entrainera un ralentissement très important de sa croissance économique selon une étude du Center for Global Development. C’est le prolongement de la crise de vieillissement de l’Europe. Au moment où la crise climatique accentue l’ampleur des migrations du sud (Afrique) vers l’Europe c’est le moment d’ouvrir les frontières. Malheureusement les gouvernements autoritaires comme la Pologne, la Grèce , la Hongrie,… érigent des murs et des barbelés partout. C’est l’Europe-forteresse. La LDH est favorable à la libre circulation et d’installation des migrants. « De l’air, de l’air, ouvrez les frontières! »

Varsovie prévoit de construire une barrière de 180 km de long, alors que la Biélorussie est accusée de pousser des milliers de migrants venus du Moyen-Orient en direction de cette frontière de l’Europe.

« L’entreprise que nous devons mener à bien est un investissement absolument stratégique et prioritaire pour la sécurité de la nation et de ses citoyens. » Le ministre de l’Intérieur polonais, Mariusz Kaminski, a ainsi justifié, lundi 15 novembre, la volonté de son pays de construire un mur le long de la frontière avec la Biélorussie que des milliers de migrants tentent de traverser. De quoi va-t-il s’agir exactement ? La Pologne a-t-elle le droit de le construire ? Comment l’Union européenne et la France réagissent-elles ? Franceinfo répond aux questions qui se posent après cette annonce.

A quoi va ressembler ce mur ?

La construction n’a pas encore débuté : le ministère de l’Intérieur polonais a annoncé que les travaux pourraient se lancer d’ici à la fin de l’année, après la signature des contrats prévue au plus tard le 15 décembre. Les ouvriers devront se relayer 24 heures sur 24 en trois équipes, a précisé le ministère de l’Intérieur. L’ouvrage coûtera environ 353 millions d’euros et devrait s’étendre sur 180 kilomètres, soit près de la moitié de la longueur totale de la frontière séparant la Pologne et la Biélorussie, longue d’un peu plus de 400 km. La fin des travaux est prévue pour le premier semestre 2022.

Pour l’instant, difficile de savoir où se dressera exactement cette barrière. « Il semblerait qu’ils veuillent commencer la construction à quatre endroits différents en même temps. Mais il y a parfois des marécages et une autre partie de la frontière est dessinée par une rivière », détaille Dorota Dakowska, professeure de science politique à Sciences Po Aix, interrogée par franceinfo. De plus, ce mur pourrait passer par la forêt primaire de Bialowieza et constituer « un danger pour la reproduction de certaines espèces, comme le lynx ».

Pourquoi la Pologne veut-elle ériger un mur ?

Varsovie assure vouloir se « protéger » de l’arrivée de migrants à sa frontière. « Cette annonce tombe alors qu’on est dans un contexte très tendu et que les opinions publiques européennes sont opposées aux mouvements migratoires, mais la construction de ce mur ne répond pas à l’urgence humanitaire actuelle », analyse Dorota Dakowska.

Depuis la crise migratoire de 2015 liée à la guerre en Syrie, l’opinion polonaise, auparavant largement favorable à l’accueil des migrants, a fait machine arrière. « Le gouvernement du PiS, le parti au pouvoir, a réussi à faire peur aux Polonais, explique l’enseignante. Il a construit un discours anxiogène et persuadé ses électeurs que les personnes migrantes constituaient une menace ». Aujourd’hui, la Pologne est très divisée sur la question. « Entre 36 et 39% des personnes soutiennent le gouvernement et sa gestion de la frontière, autant de personnes y sont opposées », avance Dorota Dakowska.

La Pologne a-t-elle le droit de construire une telle barrière ?

« Chacun protège sa frontière comme il l’entend », rappelle à franceinfo Tania Racho, docteure en droit européen et membre du collectif Les Surligneurs. Le projet polonais apparaît « d’autant plus légal qu’il est question de renforcer les contrôles aux frontières extérieures de l’espace Schengen », ajoute-t-elle. Signé en 1985, cet accord permet aux citoyens des pays signataires de voyager librement à l’intérieur et en dehors de cette zone comme s’il s’agissait d’un seul pays. La Pologne en fait partie, mais pas la Biélorussie.

« La frontière entre les deux pays est une frontière extérieure de l’UE. Depuis les accords de Schengen, on relativise les frontières entre les pays de la zone Schengen, mais on renforce les frontières avec l’extérieur, ce qui aboutit à une conception d’Europe forteresse.« 

Dorota Dakowska, professeure à SciencePo Aix à franceinfo

Reste à savoir si la Pologne respecte la Convention de Genève relative au statut des réfugiés datant de 1951, qui énonce les droits des personnes déracinées, ainsi que les obligations juridiques des Etats pour assurer leur protection. « Le droit international oblige les Etats à accueillir les demandeurs d’asile le temps d’étudier leur demande, avance Tania Racho. En théorie, les garde-frontières devraient vérifier auprès de chaque migrant s’il est demandeur d’asile. » En cas d’actions visant à les repousser, « les garde-frontières seraient en faute par rapport au principe de non-refoulement », précise la spécialiste.

Existe-t-il d’autres murs de ce type en Europe ?

« La Pologne n’est pas le premier pays à vouloir ériger une telle barrière », observe Dorota Dakowska. L’Espagne l’a fait autour des deux enclaves de Ceuta et Melilla, sur le territoire marocain ; la Grèce sur une section, longue de 40 km, de sa frontière avec la Turquie ; la Hongrie à la frontière avec la Serbie et la Croatie. Viktor Orban a ainsi fait ériger une clôture de 175 km, équipée de miradors, de barbelés, de caméras thermiques et de détecteurs de mouvements pour un budget de 880 millions d’euros. « L’Europe doit rester aux Européens », avait-il justifié. Mais ces barrières ne sont pas forcément efficaces puisque « lorsqu’on regarde l’histoire, on voit que les murs n’ont pas toujours rempli leurs fonctions. La frontière est toujours un lieu de passage », rappelle Dorota Dakowska.

Quelles sont les réactions ?

La décision de la Pologne suscite de nombreux commentaires, mais tous les pays membres de l’Union européenne ne sont pas sur la même longueur d’ondes. « Il existe des dissensions au sein de l’UE, note Dorota Dakowska. La présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, a dit qu’elle était opposée à ce que l’UE finance des barrières, mais le président du Conseil européen, Charles Michel, lui, soutient cette initiative. »

En France aussi, la question du mur divise. Le porte-parole du gouvernement, Gabriel Attal, a réaffirmé mardi que la France et l’Europe voulaient faire « respecter nos frontières ». La France « est en solidarité avec les pays confrontés à cette situation », a-t-il ajouté, avant d’estimer qu’il n’avait « pas de leçons à donner » à Varsovie. Clément Beaune, secrétaire d’Etat chargé des Affaires européennes, a toutefois assuré sur France 2 qu’il n’était pas « pour une Europe qui se hérisse de barbelés ou se couvre de murs ».

En Biélorussie, le pouvoir a choisi l’ironie. « Ils nous menacent de nouvelles sanctions, de bâtir un mur de cinq mètres de haut. S’ils n’ont rien d’autre à faire, qu’ils le fassent », a lancé le président Alexandre Loukachenko.