ALGÉRIE : APPEL « POUR LA LIBÉRATION DES DÉTENUS DU HIRAK » #HIRAK #ALGERIE

Publié sur le blog pierremansat.com le 17 septembre 2020

Algérie : appel « pour la libération des détenus du Hirak »

Tribune collective

signée par Malik Salemkour, président de la LDH

Un collectif d’intellectuels et militants algériens, rejoint par des écrivains, magistrats, artistes du monde entier, dénonce une « politique répressive » envers un mouvement pacifique et responsable.

Un collectif d’intellectuels et militants algériens, rejoint par des écrivains, magistrats, artistes du monde entier, dénonce une « politique répressive » envers un mouvement pacifique et responsable.

Le soulèvement pacifique du peuple algérien, en action depuis février 2019 pour la conquête de ses libertés démocratiques, a su faire preuve de sagesse et d’un sens élevé des responsabilités en recommandant aux manifestants de renoncer aux marches, jusque-là suivies massivement, pour éviter la propagation de l’épidémie due au coronavirus. Né pour construire un meilleur avenir pour le pays, il a ainsi agi en cohérence avec ses objectifs de libertés et de droits humains, soucieux des intérêts supérieurs du pays.

Les acteurs et les actrices de ce soulèvement savent que, pour atteindre leurs objectifs, il faut continuer à se mobiliser pacifiquement pour écarter un système politique qui, derrière une façade civile et des élections manipulées, organise l’emprise du commandement militaire sur la vie politique, économique et sociale.

Luttes de pouvoir parmi les dirigeants

Au lieu de suivre la voie de la sagesse et le sens élevé des responsabilités montrés par les acteurs du soulèvement et de répondre à leurs aspirations légitimes, les dirigeants algériens, toujours préoccupés par leurs luttes internes de pouvoir, échafaudent des feuilles de route remplies de promesses visant la sauvegarde de leurs propres intérêts.

Pour répondre aux aspirations populaires exprimées depuis février 2019, la voie est dans l’ouverture des scènes politique et médiatique, débarrassées de la surveillance des services de sécurité. Elle est dans l’engagement, par le dialogue et la négociation avec les acteurs du Hirak, d’une véritable transition démocratique pouvant assurer un Etat de droit garant des libertés individuelles et collectives.

Cette réorientation politique des dirigeants algériens doit passer par la libération immédiate de tous les détenus politiques ou d’opinion aujourd’hui incarcérés par des juges soumis, avec des incriminations qui n’ont rien à voir avec leur combat pour les droits humains et les libertés démocratiques.

Deux journalistes condamnés

La condamnation à deux ans de prison ferme de Khaled Drareni ce 15 septembre 2020, de même que celle d’Abdelkrim Zeghileche, lundi 24 août, sont l’ultime démonstration de cette justice aux ordres. Les peines reçues par ces deux journalistes, punis pour avoir exercé avec honnêteté, responsabilité et engagement leur travail d’information, sont les plus lourdes prononcées contre des journalistes depuis l’indépendance de l’Algérie.

Le combat du peuple algérien pour la conquête de ses droits légitimes mérite la solidarité agissante de toutes les femmes et de tous les hommes épris de justice et de liberté. Nous manifestons notre solidarité à ce combat et dénonçons la politique répressive menée par le pouvoir algérien envers le Hirak pacifique et responsable, qui est un espoir de libération et d’émancipation citoyennes ; exigeons la libération immédiate et sans condition de tous les journalistes et de tous les détenus politiques et d’opinion ; alertons les différentes organisations internationales pour exiger de l’Etat algérien le respect de tous les traités et conventions de défense des droits humains ratifiés par l’Algérie ; appelons solennellement le chef de l’Etat algérien à faire respecter, effectivement, les droits et libertés des citoyennes et des citoyens établis par les conventions internationales et dûment ratifiées par l’Algérie.

Premiers signataires : Houcine Abassi, ancien secrétaire général de l’Union générale tunisienne du travail (UGTT), Prix Nobel de la Paix 2015 (Tunisie) ; Gilbert Achcar, professeur d’université, essayiste (Liban); Pierre Audin, fondation Josette et Maurice Audin (Algérie, France) ; Etienne Balibar, philosophe (France); Madjid Benchikh, professeur émérite, ancien doyen de la Faculté de droit d’Alger (Algérie) ; Abdessattar Ben Moussa, ancien bâtonnier et président honoraire de la Ligue tunisienne des droits de l’homme (LTDH), Prix Nobel de la paix 2015 (Tunisie) ; Rony Brauman, ancien président de Médecins sans frontières (France) ; Khadija Cherif, sociologue, militante féministe (Tunisie) ; Noam Chomsky, écrivain, professeur émérite (Etats-Unis) ; Emmanuel Decaux, professeur émérite, ancien président du Comité des Nations unies contre les disparitions forcées (France) ; Bahey Eldin Hassan, directeur du Cairo Institute for Human Right studies (Egypte) ; Ramin Jahanbegloo, philosophe, vice-directeur du Centre Mahatma-Gandhi pour la paix, Jindal Global University India (Iran) ; Kamel Jendoubi, militant des droits humains, expert auprès du Haut-Commissariat des Nations unies aux droits de l’homme pour le Yémen (Tunisie) ; Elias Khoury, romancier (Liban) ; Abdellatif Laâbi, poète (Maroc) ; Ahmed Mahiou, ancien doyen de la Faculté de droit d’Alger et ancien juge ad hoc à la Cour internationale de justice (Algérie) ; Achille Mbembe, professeur d’histoire et de sciences politiques à l’Université du Witwatersrand, Johannesburg, Afrique du Sud (Cameroun) ; Farouk Mardam-Bey, historien, éditeur (Syrie); Gustave Massiah, membre du conseil du Forum social mondial (France) ; Nabila Smaïl, avocate (Algérie) ; Gianni Tognoni, secrétaire général du Tribunal permanent des peuples (Italie).

Pour se joindre à cet appel : acda.dz@gmail.com

Liste des signataires de l’appel pour la solidarité avec le peuple algérien et les détenus du Hirak

Des journalistes empêchés de travailler pendant la manifestation des Gilets jaunes le 14 septembre 2020

Publié sur reporterre.net le 14 septembre 2020

Des journalistes empêchés de travailler pendant la manifestation des Gilets jaunes

Samedi 12 septembre 2020, des milliers de Gilets jaunes ont manifesté dans les rues de plusieurs grandes villes françaises pour marquer la reprise du mouvement social. Au cours de la journée, des affrontements ont éclaté avec les forces de l’ordre et plus de 300 personnes ont été interpellées.

De nombreuses atteintes à la liberté de la presse ont alors été observées. Plusieurs journalistes ont été empêchés de travailler. Les équipes de Taranis News ont été immobilisées pendant deux heures.

Un reporter de QG, le média lancé par Aude Lancelin, a été interpellé alors qu’il filmait le gazage d’un marché et placé en garde à vue pendant vingt-quatre heures.

Le journaliste a continué de filmer alors qu’il se trouvait au commissariat :

Voici les images des gardés à vue parmi eux Le reporter Adrien Adcazz de @LibreQg Média filmés Grâce à un portable qui a réussi à passer les fouilles. »il y avait un blessé grave à la tête qui demande un médecin qui n’est jamais venu. » des conditions très difficiles. Hier #Paris pic.twitter.com/hN66l1AJ5m

— Le Général ? (@LE_GENERAL_OF) September 14, 2020

Un autre photojournaliste, Julien Moreau, a aussi été arrêté alors qu’il se rendait à la manifestation sur les Champs-Élysées. Il a ensuite été placé en garde à vue durant plus de quinze heures au commissariat du XVIIIe arrondissement à Paris. Il a finalement écopé d’un rappel à la loi et a vu son matériel (casque, jambières, masque à gaz) détruit.

Communiqué de presse du 13 septembre 2020 concernant m’a mise en GAV ce samedi 12 septembre. pic.twitter.com/8QZEGHfvOc

— Julien Moreau | REPORTER ?? (@JulienMoreauJM) September 13, 2020

De son côté, Kaveh, un photographe, a passé la nuit en cellule, d’après le collectif La Meute dont il fait partie. Le journaliste de Là-bas si j’y suisTaha Bouhafs a également été frappé par un policier lors d’un contrôle.

Des journalistes indépendants et le collectif Reporters en colère se sont insurgés du manque de réaction du milieu journalistique face à ces violences.

Tags révisionnistes à Oradour-sur-Glane

Publié sur francetvinfo.fr Juliette CampionPierre Godon

France Télévisions le 22/08/2020

Tags révisionnistes à Oradour-sur-Glane : le gouvernement vise des filières « parfois organisées au niveau international »

Après la découverte de tags révisionnistes au Centre de la mémoire d’Oradour-sur-Glane, la classe politique française a fait part d’une consternation unanime, appelant à faire la justice sur cet acte.

Le mot « martyr » rayé d’un trait de peinture blanche, la mention « menteur » ajoutée et accompagnée d’une référence à un militant condamné pour négationnisme. Des tags révisionnistes ont été découverts vendredi 21 août sur les murs du Centre de la mémoire d’Oradour-sur-Glane (Haute-Vienne). Au lendemain des faits, samedi 22 août, la classe politique dénonce cet acte, qui vise un village martyr de la Seconde Guerre mondiale, et appelle à traduire ses auteurs en justice. 

 « Des filières parfois organisées au niveau international. » En visite sur place, le ministre délégué aux Transports, Jean-Baptiste Djebarri, a dénoncé un acte « lâche, violent et grave », qu’il est « nécessaire de ne pas laisser passer ». Ancien député de la circonscription, il a évoqué, sur BFMTV, des « filières d’extrême droite, négationnistes, parfois organisées au niveau international », qui nécessiteront « énormément de moyens pour les traquer et éventuellement pour les punir ».

 Colère de l’exécutif. Dans un communiqué, l’Elysée indique qu’Emmanuel Macron « condamne avec la plus grande fermeté cet acte inqualifiable ». Le chef de l’Etat « assure que tout sera fait pour que les auteurs de cet acte soient traduits en justice ». Le Premier ministre, Jean Castex, fait part de sa « colère » et de sa « consternation ». Le ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin, souhaite que justice soit rapidement faite après cette « salissure abjecte ».

 Condamnations de toute la classe politique. Les politiques de tout bord ont réagi. « Honte aux responsables », a écrit Adrien Quatennens, coordinateur de La France insoumise. Le député Les Républicains Eric Ciotti se dit « écœuré et révolté » et appelle à « renforcer la transmission de cette mémoire ». Au Rassemblement national, le député Sébastien Chenu se montre tout aussi ferme : « Honte à ceux qui souillent la mémoire de ce village martyr. »

 Plus de 600 habitants massacrés. Le Centre de la mémoire d’Oradour-sur-Glane, ouvert en 1996, explique aux visiteurs des ruines du village martyr le contexte du massacre survenu le 10 juin 1944. Ce jour-là, la division SS Das Reich tuait 642 villageois. Les soldats nazis avaient rassemblé les hommes dans les granges du village et les avaient fusillés. Ils avaient regroupé femmes et enfants dans l’église avant d’y mettre le feu.