La LDH appelle à manifester jeudi 19 janvier à Perpignan pour défendre le droit à la retraite contre toute régression

Communiqué de la LDH des Pyrénées orientales

Le gouvernement a décidé le report de l’âge de la retraite à 64 ans avec un allongement accéléré de la durée de cotisation.

Pourtant le rapport du Conseil d’orientation des retraites affirme que le système de retraites n’est pas en danger. Il n’y a aucune urgence financière.

Cette réforme va frapper l’ensemble des travailleurs et plus particulièrement celles et ceux qui ont commencé à travailler tôt, les plus précaires, dont l’espérance de vie est inférieure et celles et ceux dont la pénibilité des métiers n’est pas reconnue.

Elle va aggraver la précarité de ceux n’étant déjà plus en emploi avant leur retraite et renforcer les inégalités femmes-hommes.

Ce projet gouvernemental c’est le choix de l’injustice et de la régression sociale.

Renforcer notre système de retraites nécessite en revanche des mesures de progrès et de partage des richesses.

La LDH ne divise pas les droits : pour elle les droits sociaux, comme le droit à la retraite, font partie intégrante des droits humains les plus fondamentaux.

C’est pourquoi la LDH 66 appelle les citoyennes et citoyens à participer aux premières manifestations prévues dès jeudi 19 janvier à l’appel des syndicats de salariés.

Perpignan le 17 janvier 2023

 JEUDI 19 JANVIER : À 10H 30 PLACE DE CATALOGNE – MANIFESTATION UNITAIRE – ENSEMBLE POUR LA RETRAITE À 60 ANS – DANS LE CADRE DE LA GRÈVE INTERPROFESSIONNELLE – À L’APPEL DE CFDT66, CFE-CGC66, CFTC66, CGT66, FO66, FSU66, SOLIDAIRES66, UNSA66, MNL66 ET FA-PTT66  

Grèves et thatchérisme de retour en Grande-Bretagne

Depuis plusieurs mois se développe en Grande Bretagne un vaste mouvement social touchant tous les secteurs pour défendre les salaires contre une hausse vertigineuse du coût de la vie. En face un gouvernement aux accents thatchériens menace les grévistes. Pendant ce temps la City augmente les salaires des patrons des cent plus gosses entreprisses de près de 40%! C’est le retour du néolibéralisme brutal, destructeur des services publics et des droits des salariés. La LDH 66 affirme sa solidarité avec les mouvements sociaux en France comme ailleurs en défense de leurs droits, les droits sociaux faisant partie intégrante des droits humains.

Publié sur radiofrance.fr/franceinter le 23 août 2022

Jamais depuis plus de 30 ans la Grande-Bretagne n’avait connu de tels mouvements sociaux. Dans le même temps, la campagne conservatrice semble rejouer les années Tchatcher.

Les grèves se multiplient en Grande-Bretagne…

C’est du jamais vu depuis 30, voire 40 ans pour certains secteurs comme le train ou le métro. Londres était paralysée le week-end dernier et devrait encore l’être jeudi et samedi. Les postiers sont aussi partants pour un large mouvement social. Et c’est loin d’être fini !

Si British Airways a conclu un accord salarial de dernière minute qui permet d’éviter le pire à l’heure où les Britanniques reviennent de vacances, ce n’est pas le cas des enseignants et des personnels de santé, qui menacent eux-aussi d’arrêter le travail massivement.

D’abord, permettez-moi un rien de shadenfreude : j’ai tellement lu de commentaires ironiques de la presse britannique sur la moindre grève en France, qu’un mouvement social massif dans le cœur battant du thatcherisme est une sorte de plaisir coupable.

Margaret Tchatcher a quitté le pouvoir il y a plus de 30 ans !!!

En est-on bien certain ? Parce que la campagne qui vise à départager les deux leaders conservateurs Liz Truss et Rishi Sunak s’achève dans quelques jours et, de l’aveu même des commentateurs, s’est faite sur des thèmes et des solutions typiquement thatchériens.

Elle verra probablement dans moins de deux semaines maintenant, le 5 septembre, l’élection de l’actuelle ministre des Affaires étrangères, Liz Truss, entrer à Downing Street. Or Liz Truss se présente elle-même comme une réincarnation de Maggie.

On lui doit des déclarations particulièrement dures contre les ouvriers britanniques qui, selon elles, ne « travailleraient pas assez ». On lui doit aussi une volonté dogmatique d’aller au clash avec l’Union européenne sur le Brexit et l’Irlande du Nord.

On lui doit même des propositions plus vengeresses les unes que les autres contre les mouvements de grève et les syndicats, promettant de durcir encore les conditions d’exercice de ce qui reste dans le monde un droit social fondamental.

Les conservateurs seraient en partie responsables de ces grèves ?

Disons que les conservateurs n’ont pas donné d’eux-mêmes une image de bienveillance vis-à-vis d’un corps social brutalisé par une inflation stratosphérique qui devrait, selon la banque Citigroup, atteindre 18% d’ici la fin de l’année.

Prenez Boris Johnson, par exemple. Le Premier ministre sortant n’a rien de trouvé de mieux – alors que les mouvements de grève s’accumulent – de partir en vacances à grand frais et en famille en Grèce, laissant l’administration gérer les affaires courantes.

Dans le même temps, les Britanniques apprenaient que leur facture énergétique annuelle pourrait grimper de 80% pour atteindre 4 200 €, voire 6 300 € dans la seconde moitié de l’année prochaine. Les 500 € d’aide gouvernementales semblent dérisoires.

Par ailleurs, la City n’a pas trouvé mieux dans ce contexte que d’augmenter les salaires des patrons ! Les 100 plus grosses entreprises britanniques ont augmenté la rémunération de leurs PDG de… 39%, soit un salaire ce 4 millions d’euros annuels, en moyenne.

La Grande-Bretagne n’est pas seule à subir cette inflation en Europe

Certes, mais elle est seule à subir deux chocs économiques simultané : l’inflation qui est bien sûr mondiale et qui est due à la hausse des coûts de l’énergie, mais aussi au Brexit qui crée partout en Grande-Bretagne des difficultés à l’exportation et à l’importation.

Un Brexit que Liz Truss promet de gérer à la hussarde, faisant de la Grande-Bretagne une sorte de nation-pirate du commerce mondial. Mais on sera loin des Caraïbes et c’est le pire des scénarios pour « little England », les Britanniques d’en-bas dirait-on en France.

2 MAI 2022 – TRIBUNE DE MALIK SALEMKOUR “UNE FRANCE À RESSOUDER” PUBLIÉE SUR MEDIAPART

02.05.2022

Tribune de Malik Salemkour, président de la LDH

LIRE LA TRIBUNE SUR MEDIAPART

Les résultats de l’élection présidentielle de 2022 laissent un goût amer de lourdes insatisfactions et inquiétudes sur l’état de notre société, de notre démocratie et de nos institutions. Des leçons sont à tirer de l’issue d’une confuse campagne tronquée et d’un scrutin final marqué par des votes de rejet.

Une extrême droite dangereusement banalisée

Pour la troisième fois sur les cinq élections présidentielles tenues depuis 2002, l’extrême droite a été placée au second tour. Certes Marine Le Pen n’a pas été élue. Mais, avec 13,3 millions de voix soit 2,6 millions de plus qu’en 2017, et 41,5 % des suffrages exprimés contre 33,9 % cinq ans auparavant, ces scores inédits en forte hausse sont une nouvelle alerte démocratique très sérieuse. L’évènement d’une extrême droite aux portes du pouvoir en France, qui inquiète tous les commentateurs internationaux, n’a pas suscité de réactions unitaires massives dans les rues malgré des tentatives, ni de mobilisation claire dans les urnes. Cette situation apparaît banale, voire normale, même pour une part de ses naturels opposants. Elle prospère sur l’image adoucie faussement sociale de la candidate d’extrême droite jouant à contre-pied de la liberté, de l’égalité, de l’autoritarisme, dans une posture d’illusionniste et en maquillage d’un projet fasciste et xénophobe radicalement contraire aux valeurs de notre République. Depuis des années, ses idées se diffusent et s’imposent dans le débat public, sans être contrecarrées. Au contraire, ses boucs émissaires et thèmes de prédilection sont légitimés par des forces politiques à la remorque et par le vote démagogique de multiples lois opportunistes. Des électrices et des électeurs n’hésitent plus à utiliser ces bulletins sulfureux porteurs de risques qu’ils minimisent ou mettent sciemment de côté pour exprimer leurs colères, leur sentiment d’injustice et d’abandon social ou territorial, comme leur impatience à voir traiter leurs conditions de vie difficiles. Le vote de rejet d’Emmanuel Macron par un électorat des campagnes, de l’outre-mer, d’ouvriers et employés, de personnes précaires ou démunies signe la sanction d’un dirigeant jugé méprisant et de politiques ultralibérales ne répondant toujours pas à leurs préoccupations.

Une abstention expressive

L’abstention de 12,8 millions de personnes au premier tour (26,3 %) témoignait moins d’un désintérêt de la chose publique, qui au contraire reste fort, que d’une défiance sur l’offre politique proposée, tant à droite du fait d’une ligne politique hésitante, qu’à gauche dans une désunion préjudiciable. Le scrutin arrivait à l’issue d’une campagne tronquée par la crise sanitaire et d’un Président sortant dans l’esquive, se déclarant tardivement, bloquant tout débat sur son projet, puis placé en chef de guerre par l’invasion en Ukraine. Ce refus de vote s’est accru au deuxième tour (13,6 millions soit 28 %,) à un niveau jamais vu à ce type d’élection depuis 1969, où la gauche avait aussi été écartée. Cette abstention, avec de surcroît 3 millions de bulletins blancs ou nuls, exprime le rejet des deux candidatures finales, renvoyées dos-à-dos et considérées comme de même nature, confirmant la banalisation préoccupante de l’extrême droite.

Un Président réélu aux lourdes responsabilités

Emmanuel Macron est réélu sans gloire à 58,5 % des suffrages exprimés, en forte baisse par rapport à 2017 (66,1 %), à nouveau sans adhésion majoritaire à son projet, avec près de la moitié des suffrages obtenus motivés par un rejet républicain de l’extrême droite. Sa responsabilité est lourde dans ces résultats, en échec flagrant de sa promesse de l’époque de la faire reculer et de gouverner autrement, à l’écoute et dans le respect des Françaises et des Français. Hélas, les alertes et attentes sociales ou environnementales sont restées sans réponses structurelles à la mesure des enjeux, ouvrant de nombreux conflits sociaux sévèrement réprimés face à des réformes injustes imposées ou des services publics exsangues. L’absence de suites au « grand débat national » organisé après la crise des « gilets jaunes » ou la dénaturation du travail de qualité de la Convention citoyenne pour le climat ont discrédité la parole présidentielle et, avec elle, celle de l’Etat. Il se doit aussi de corriger rapidement les séquelles d’un premier quinquennat marqué par la violence et l’autoritarisme avec une succession de lois liberticides, d’états d’urgence sécuritaire puis sanitaire qui ont profondément déstabilisé l’Etat de droit, affaibli la place du Parlement, des élus locaux, de la justice et des contre-pouvoirs, du dialogue social et civil, qui auront tous été régulièrement méprisés.

Face aux divisions, une démocratie à refonder

L’exercice du pouvoir ne peut se poursuivre sans risque, dans le présidentialisme exacerbé vécu jusqu’ici. Au-delà de la pratique, un débat est à ouvrir pour réviser nos institutions dans le sens d’une revalorisation de la délibération publique, d’une plus grande participation citoyenne et du rapprochement des instances de décision au plus près des sujets à traiter. Au terme de cette élection, la France est divisée et déboussolée mais son appel à l’idéal républicain est entier. A la veille de législatives incertaines qui devront aboutir à une majorité parlementaire pour gouverner et répondre à ce large désarroi populaire, le combat contre les idées d’extrême droite, particulièrement du Rassemblement national et du parti Reconquête ! d’Eric Zemmour, est à reprendre de manière fédératrice face aux dangers fondamentaux qu’ils portent en dévoilant leur visage de haine et leur programme asocial et d’inégalités. Ce chantier auquel la LDH participera activement est à mener sur le terrain du débat politique, des faits et rappels historiques, de l’éducation populaire, en redonnant leur sens aux valeurs de la République qu’ils détournent comme devant la justice pour faire condamner chaque propos ou acte illégal, incitant à la haine, au racisme, à la discrimination ou à la violence. C’est une condition nécessaire mais insuffisante si ne sont pas mis en débat en même temps les enjeux sociaux et environnementaux pour construire des réponses durables aux préoccupations quotidiennes de toutes et tous, avec la réaffirmation de la force de l’égalité des droits et des libertés individuelles et collectives. Elles aideront à guider les choix à faire pour les prochaines législatives de juin prochain. Dans tous les cas, le dialogue social avec les syndicats devra retrouver sa vigueur pour des négociations sérieuses qui tiennent compte des revendications du monde du travail. Le dialogue civil avec les associations sera à revaloriser à tous les niveaux, en écoute de leurs propositions déjà prêtes issues de leur expertise et expérience au service de l’intérêt général. Après le coup de semonce de la présidentielle, les responsables politiques doivent changer et porter une démocratie refondée qui s’appuie sur toutes ses citoyennes et citoyens, à réunir dans la construction d’un avenir apaisé de justice et d’égalité.

Malik Salemkour, président de la LDH