AFGHANISTAN : DÉFENSEURS DES DROITS HUMAINS, JOURNALISTES ET MEMBRES DE LA SOCIÉTÉ CIVILE DOIVENT ÊTRE PROTÉGÉS

Lettre ouverte de la FIDH et de l’OMCT aux ministres des Affaires étrangères pour demander une action urgente afin de protéger les défenseurs des droits humains, les journalistes et les membres de la société civile en danger

Paris-Genève, 16 août 2021

Excellences,

L’Observatoire pour la protection des défenseurs des droits humains (un partenariat FIDH-OMCT) fait appel à votre aide urgente pour soutenir les défenseurs des droits humains, les journalistes et les membres de la société civile afghans en danger qui cherchent à quitter leur pays dans un contexte de détérioration rapide et dramatique de la situation en Afghanistan.

L’annonce, en avril 2021, du retrait total et inconditionnel des forces armées internationales du pays d’ici septembre 2021 a entraîné une intensification des attaques contre les civils, qui s’est traduite par une augmentation alarmante du nombre de victimes. Selon la Mission d’assistance des Nations unies en Afghanistan (UNAMA), du 1er avril 2021 au 30 juin 2021, 1 086 personnes ont été tuées et 2 314 blessées. Cela représente une augmentation de 90 % et 91 % respectivement par rapport à la période de janvier à mars 2021. En outre, depuis le début de l’année, près de 400 000 personnes ont été FORCÉES DE QUITTER LEUR FOYER – dont quelque 244 000 depuis le mois de mai. L’agence des Nations unies pour les réfugiés (HCR) a MIS EN GARDE contre une « crise humanitaire imminente » en Afghanistan en raison de l’insécurité et des déplacements de population. Au cours des dernières semaines, la situation s’est encore aggravée, les Talibans ayant pris le contrôle de la majorité du territoire afghan. Entre le 1er juillet et le 13 août 2021, les organisations humanitaires ont enregistré L’ARRIVÉE de 13 500 personnes déplacées internes à Kaboul.

Dans ce contexte extrêmement préoccupant, les défenseurs des droits humains, les journalistes et les membres de la société civile sont particulièrement vulnérables. Les attaques systématiques et les meurtres de défenseurs des droits humains étaient monnaie courante dans tout l’Afghanistan avant même l’offensive des Talibans, ce qui a mené à une incapacité quasi-totale pour eux de mener à bien toute action en faveur des droits humains et à l’effondrement de l’espace civique en Afghanistan. Compte tenu du danger accru que représente l’offensive des Talibans et de l’impossibilité pour les membres de la société civile de se relocaliser en Afghanistan, de nombreux membres de la société civile cherchent désormais à se mettre en sécurité à l’étranger. Ils ont besoin d’une protection urgente.

Nous vous demandons instamment de prendre des mesures immédiates pour délivrer des visas d’urgence aux défenseurs des droits humains et aux membres de la société civile dont la vie est en danger, conformément aux Orientations de l’UE concernant les Défenseurs des droits de l’Homme et aux orientations similaires en vigueur dans d’autres pays. Nous vous demandons également d’arrêter immédiatement les rapatriements de membres de la société civile afghane qui risquent d’être expulsés, conformément au droit international des droits humains.

Nous espérons que vous serez sensibles à l’urgence et à la gravité de la situation et que vous répondrez positivement à notre appel.

Nous vous remercions de l’attention que vous porterez à cette importante question.

Sincèrement,

Alice Mogwe
Présidente
FIDH – Fédération internationale pour les droits humains

Gerald Staberock
Secrétaire Général
OMCT – Organisation mondiale contre la torture

Colombie : de nouvelles manifestations au 15e jour de la crise sociale

Au moins 41 morts parmi la population et les manifestants et des centaines de civils blessés victimes des forces de répression de ce gouvernement autoritaire et criminel. Cette terrible répression, la pire dans l’histoire de la Colombie, avec de nombreux viols et actes de torture, fait suite à un vaste mouvement social pacifique avec la jeunesse à sa tête. Les manifestants réclament une politique plus sociale et demandent le retrait de la réforme de la santé, qui vise à restreindre l’accès universel à des soins de qualité. Ils souhaitent également des aides pour les entreprises qui ont souffert de la crise sanitaire, ou encore l’accès à une éducation gratuite pour tous. Ils dénoncent aussi  les abus des forces de l’ordre, accusées de recourir à la violence envers les manifestants.

Publié sur francetvinfo.fr le 13 mai 2021 avec AFP

Cette mobilisation est marquée par des violences meurtrières dans ce pays dont l’économie s’est détériorée avec la pandémie de Covid-19.

La colère ne faiblit pas. Des milliers de personnes manifestaient à nouveau en Colombie, mercredi 12 mai, au 15e jour d’une forte mobilisation sociale contre le gouvernement. Ce mouvement est marqué par des violences meurtrières dans ce pays dont l’économie s’est détériorée avec la pandémie de Covid-19.

Le président de droite Ivan Duque a rencontré, mercredi, des représentants des jeunes, qui sont en première ligne de la protestation, après avoir promis pour les plus modestes la gratuité des frais d’inscription à l’entrée dans les universités publiques.

« Je vais mettre toute mon énergie, toute ma capacité et toute l’équipe gouvernementale pour que ce processus [de négociation] se passe bien », a déclaré le président lors de cette rencontre avec des étudiants à Bogota.

Au moins 42 morts

Les affrontements, qui ont marqué certaines de ces journées depuis le 28 avril, ont fait au moins 42 morts, dont un membre des forces de l’ordre, selon le Défenseur du peuple, entité publique de protection des droits humains.

De son côté, le ministère de la Défense, dont relève la police en Colombie, maintient un chiffre de 849 agents blessés, dont douze par armes à feu, et 716 civils mais sans préciser le nombre de ceux blessés par balles.

Il s’agit des manifestations les plus sanglantes qu’ait jamais connues ce pays de 50 millions d’habitants, appauvri par la pandémie, qui a fait près de 79 000 morts. La Colombie est également confrontée à une recrudescence de la violence des groupes armés financés par le narco-trafic.

Colombie. Les disparitions forcées et violences sexuelles dont des manifestant·e s ont été victimes

Publié par Amnesty International sur amnesty.org

7 mai 2021, 13:08 UTC

En dépit de l’indignation croissante suscitée au niveau national et international, l’intervention militarisée et la répression policière déployées face à des manifestations très majoritairement pacifiques se poursuivent dans différentes villes de Colombie. La police a recouru à la force de manière disproportionnée et sans discernement, et le nombre de signalements de violences sexuelles et de disparitions forcées est alarmant, a déclaré Amnesty International vendredi 7 mai. Les disparitions forcées et les violences sexuelles imputées aux autorités sont des crimes de droit international pour lesquels n’importe quel État est habilité à mener une enquête et lancer des poursuites.

« Les autorités colombiennes doivent garantir le droit de réunion pacifique et s’abstenir de pointer du doigt et de réprimer les manifestations ayant lieu à travers le pays depuis le 28 avril. La garantie du droit à la vie et du droit à l’intégrité physique des personnes qui manifestent de manière pacifique doit être au cœur de l’action des autorités, conformément aux normes internationales relatives aux droits humains », a déclaré Erika Guevara Rosas, directrice pour les Amériques à Amnesty International.

Amnesty International a précédemment dénoncé certains agissements, comme par exemple lorsque les forces de sécurité ont employé des armes létales et à létalité réduite sans discernement. Malgré le tollé international provoqué par ces événements, l’organisation continue à recenser des cas graves de recours excessif à la force contre des manifestant·e·s. Après la vérification et l’analyse de séquences audiovisuelles, l’organisation a, par exemple, pu établir que des membres de l’unité antiémeutes de la police (ESMAD) ont tiré des grenades de gaz lacrymogène très près des manifestant·e·s à Cali. Dans un autre cas confirmé par Amnesty International, la police de Bogotá a utilisé une arme à feu contre une personne tandis que celle-ci fuyait. L’organisation a également reçu des signalements selon lesquels, le soir du 4 mai, dans le quartier Siloé de Cali, des manifestant·e·s ont été directement visés par des tirs d’arme à feu, et ont été victimes de menaces et d’actes de torture.

La garantie du droit à la vie et du droit à l’intégrité physique des personnes qui manifestent de manière pacifique doit être au cœur de l’action des autorités, conformément aux normes internationales relatives aux droits humains. 

Erika Guevara Rosas, directrice pour les Amériques à Amnesty International

…/… (la suite sur le site)