Paul Rousseau à l’honneur aux cérémonies de Clichy

Paul Rousseau reçoit la médaille du mérite national du gouvernement algérien des mains de Halim Benatallah, secrétaire d'Etat (photo : blog de Gilles Catoire, maire de Clichy)

Paul Rousseau, cet ancien policier qui a été un des premiers à dénoncer le massacre des Algériens le 17 octobre 1961, était invité aux cérémonies commémoratives de cet événement à Clichy, lundi 17. Il y a reçu la médaille d’honneur de la Ville de Clichy, des mains de son lmaire, Gilles Catoire. Il a également  reçu la médaille de l’ordre du mérite national algérien, qui lui a été remise par Halim Benatallah, secrétaire d’État algérien chargé de la Communauté nationale à l’étranger. En remettant cette médaille à Paul Rousseau, Halim Benatallah a déclaré : « M. Paul Rousseau reçoit la médaille du mérite du gouvernement algérien en reconnaissance du rôle qu’il a assumé. Il figure parmi les héros anonymes de l’époque qui ont soutenu la communauté algérienne et le combat pour l’indépendance du pays. Son rôle a été éminemment important, nous lui reconnaissons un courage exceptionnel » (source : blog de Gilles Catoire, maire de Clichy).

Le quotidien national algérien « Liberté » relate la cérémonie.

Rappelons que Paul Rousseau a présidé la section de la Ligue des droits de l’Homme de Concarneau pendant de longues années. Vous pouvez voir ci-dessous son intervention au cours de la conférence de Michel Tubiana, à Quimperlé, le 14 octobre dernier.

httpv://www.youtube.com/watch?v=Rs3qlIwvQ8o

Débat entre P. Tartakawsky et A. Klasfeld

Pierre Tartakowsky est intervenu samedi 15 octobre dans l’émission de Paul Amar « Revu et corrigé », face à Arno Klarsfeld, au sujet des critères de naturalisation (obligation de réussir une épreuve de langue française pour les candidats à la naturalisation).

Vous pouvez voir cette émission sur le site de la 5,(aller à 57’20 ») à cette adresse :

Débat Tartakowsky Klarsfeld

Paul Rousseau, témoin courageux, militant syndical et ligueur

Son nom ne vous sans doute pas grand chose. Ouest-France lui a pourtant consacré un article, ce jeudi 13 octobre 2011, dans sa dernière page, qui est diffusée dans les 12 départements où il est diffusé.

Paul Rousseau, aujourd’hui âgé de 78 ans, est un ancien policier, qui a été le témoin direct du massacre des Algériens par la police, le 17 octobre 1961, à Paris. « Menacé par ses collègues de soutenir les bougnoules, Paul Rousseau se tait quelques jours. Mais des syndicalistes commencent à parler, des articles paraissent. Paul Rousseau, en tant que délégué du Syndicat général de la police du Xème arrondissement de Paris, adresse alors trois articles aux journaux. Il dénonce à la fois les attentats du FLN contre les policiers (une trentaine de morts en 1961) et les dérapages de la police. Pour ces articles, il est suspendu trois semaines et muté disciplinairement », indique l’article d’Ouest-France, signé Jean-Luc Cochennec.

Le 17 octobre 2011, Paul Rousseau participera à la commémoration de cet événement dramatique (qui avait été piloté par un certain préfet nommé… Papon) sur le pont de Clichy. Il y recevra la médaille d’or de la Ville de Clichy-la-Garenne.

Par ailleurs, Paul Rousseau a été président de la section de la Ligue des droits de l’Homme de Concarneau jusqu’en novembre 2010. Il avait rejoint la LDH après la manifestation de l’OAS (Organisation de l’armée secrète, qui regroupait des terroristes partisans de l’Algérie française) du 8 février 1962, qui donna lieu aux tristes événement du métro Charonne. Il a également fait partie de ceux qui ont dénoncé les actes de collaboration de Maurice Papon pendant la deuxième guerre mondiale, ainsi que son action en tant que préfet au début des années 1960.

Ci-dessous, deux article écrits par Paul Rousseau pour le journal de son syndicat, le S.G.P. (syndicat général de la police), au moment de ces événement dramatiques au cours desquels la police a souvent été mise à rude épreuve, par tous les protagonistes (OAS, FLN, gouvernement). (Merci à Michelle Daloz, de Quimperlé, pour son aide).

DEFENDRE LA REPUBLIQUE

L’heure de la vérité a sonné… Les policiers parisiens ont refusé et refusent toujours d’être considérés comme faisant le jeu des factions. La décision prise par le Comité de défense, appuyée ensuite par notre commission administrative et nos conseils syndicaux, montre parfaitement le soutien dont bénéficie notre Secrétaire général.

Il n’était pas opportun d’interdire la manifestation du 19 décembre à Paris, alors que la province obtenait une dérogation et voyait se dérouler ces mêmes manifestations sans incident.

Il n’était pas davantage opportun de nous faire heurter contre un peuple soutenant le fond de la politique actuelle du Gouvernement, négociation pour la paix en Algérie et lutte contre l’O.A.S., car la position prise par le Gouvernement risquait de nous faire considérer comme l’avant-garde des factieux, ce qui aurait conduit la Préfecture à une condamnation définitive.

Or, face à ces événements, la seule réponse donnée par les autorités a été les sanctions infligées à notre Secrétaire général.

Camarades, vous devez comprendre qu’un appui total à votre organisation est nécessaire. Vous ne pouvez pas, vous ne devez pas admettre que de telles mesures soient prises contre vos responsables syndicaux.

Nous devons nous unir pour bien démontrer que nous sommes résolus à défendre le syndicalisme et les institutions républicaines.

Pensez à demain, camarades, si le syndicalisme venait à disparaître, ce serait la fin de vos libertés et il vous faudrait à nouveau marcher comme au temps de l’occupation. Non ! Nous ne pouvons pas accepter la perte de notre syndicalisme !

La population a compris ses policiers, cette population que nous côtoyons chaque jour attend beaucoup de nous, elle nous fait confiance, nous ne devons pas décevoir cette confiance. Fort de notre unité, notre S.G.P. sortira grandi par cette prise de position. Nous devons nous montrer vigilants et prêts à appuyer notre Bureau fédéral dans ses entreprises.

Camarades, le syndicalisme est puissant, il vient de le démontrer, notre avenir est préservé, nous sortirons vainqueurs des épreuves qui nous sont imposées.

Face aux factieux, nous ne devons pas rester muets, notre devoir est de défendre les institutions républicaines, et de combattre pour la République.

ROUSSEAU, Délégué du 10ème

Il faut en finir

par ROUSSEAU, délégué 10ème arr.

Nous en avons assez ! Oui, c’est la phrase courante dans nos services qui est justifiée par le fait que nos camarades tombent presque journellement, les nerfs sont à fleur de peau. Il faut que les autorités supérieures tiennent compte du fait que certains éléments du personnel son actuellement susceptibles d’accomplir des actes regrettables, pour venger les collègues tombés à la suite de lâches attentats.

Le problème est grave, car il est difficile de se conduire en hommes raisonnables lorsque nous subissons et payons les coups d’une politique à laquelle nous n’avons aucune part à prendre.

Mais croyez-vous qu’emprunter le chemin de la violence aidera à résoudre une question dont le Gouvernement cherche encore la solution acceptable.

Le combat nous est imposé par l’adversaire, le Gouvernement doit nous donner les moyens de nous défendre et nous protéger, il doit également penser que la fin de cette guerre serait encore plus sage et que la joie reviendrait dans nos familles.

Nos femmes, nos enfants en ont assez de vivre dans l’angoisse. Les policiers sont des maris et des pères de famille avec des responsabilités morales comme les autres citoyens?.

Nous sommes des hommes conscients de notre tâche pour le maintien de l’ordre et la sécurité, mais nous n’acceptons pas d’être des cibles vivantes.

Camarades du S.G.P., NE VOUS LAISSEZ PAS ALLER à des actes qui ne sont pas en accord avec votre manière de penser, groupez-vous autour de vos cadres syndicaux, agissez comme des homme représentant la justice, et non comme des justiciers? C’est en nous donnant la main dans une même action légale que nous devons faire comprendre à nos responsables gouvernementaux que nous en avons assez.

Chef de l’Etat, Gouvernement, entendez la voix de ceux qui sont chargés de vous protéger.

DES PERES, DES MERES, DES ENFANTS, D’UN SEUL COEUR VOUS ADJURENT D’ARRETER CETTE GUERRE MEURTIERE ET DE NEGOCIER POUR LA PAIX.

Elections en Tunisie : Kamel Jendoubi président de l’ISIE

Kamel Jendoubi, président du Réseau Euro-Méditerranéen des Droits de l’Homme a été nommé président de l’Instance supérieure indépendante pour les élections (ISIE) en Tunisie.

Les Ligueurs français connaissent bien Kamel Jendoubi : il est venu témoigner au congrès de Reims, le 12 juin dernier, en compagnie de nombreux autres défenseurs des droits des cinq continents.

Le fait que le gouvernement provisoire tunisien lui ait confié la présidence de cet organisme prouve la volonté de faire en sorte que ces élections se déroulent dans la légalité.

Voici quelques éléments de sa biographie (source : site de la Ligue des droits de l’Homme), et plus bas, la vidéo de son intervention au congrès de Reims.

Empêché par les autorités tunisiennes de fouler le sol de sa terre natale depuis 1994 du fait de ses activités de défense des droits humains, M. Jendoubi a été arbitrairement privé de son passeport tunisien depuis 2000. En 2005, il n’avait pas été autorisé à assister aux funérailles de son père.

Kamel Jendoubi a également été ces dernières années la cible de menaces et d’attaques de toutes sortes de la part des autorités tunisiennes, et notamment de violentes campagnes de diffamation dans les organes de presse contrôlés par le parti présidentiel.

M. Jendoubi a porté inlassablement les aspirations de la société tunisienne à la justice sociale et à des réformes démocratique auprès des instances internationales et de l’opinion publique. Depuis la répression du mouvement de contestation pacifique du bassin minier de Gafsa-Redeyef en 2008, qui préfigurait le mouvement initié en décembre 2010 à Sidi Bouzid, il ne cessait de rappeler que « Le dossier du bassin minier n’est pas clôt ».

Kamel Jendoubi est président du REMDH depuis 2003. Membre fondateur de la Fédération des Tunisiens pour une Citoyenneté des deux Rives (FTCR) et du CRLDHT -dont il est l’actuel président- Kamel Jendoubi est également membre du conseil exécutif de l’Organisation Mondiale Contre la Torture (OMCT), président de l’Institut du Caire pour les Etudes des droits de l’Homme (CIHRS) et membre du bureau de la Fondation Euro-méditerranéenne de soutien aux défenseurs des droits de l’Homme (FEMDH).

L’intervention de Kamel Jendoubi au congrès de Reims (il est intervenu après Pierre Barge, président de l’Association Européenne des droits de l’Homme (AEDH) et avant Souhaïr Belhassen, présidente de la Fédération internationale des ligues des droits de l’Homme (FIDH) :

httpv://www.youtube.com/watch?v=TC0z2Ifsloc

RAS, à risque, à haut risque…

Une nouvelle fois, les enseignants vont râler. Et les parents d’élèves avec eux. Ils ont d’ailleurs commencé. Et il y a de quoi…

Après avoir voulu, il y a quelques années, détecter les futurs délinquants à partir de la petite section de maternelle, voilà que le ministère enjoint les enseignants d’évaluer les élèves de grande section de maternelle, dont les élèves de 5 ans, sur leur comportement et leur maîtrise de la langue. Et ils disposeront de trois cases pour les ranger : RAS, à risque, à haut risque…

La réaction ne s’est pas faite attendre : quelques heures après l’annonce de cette ineptie par le ministre au corps des inspecteurs, les enseignants se sont scandalisé, et les parents d’élèves de la Fédération des conseils de parents d’élèves (FCPE) on demander aux enseignants d’organiser le boycott de cette mesure inqualifiable.

Quelle mouche a donc piqué les crânes d’œuf du ministère ? N’ont-ils pas lu le récent rapport qui fait état de la pression parfois insupportable qu’exerce la notation sur les enfants ? N’ont-ils pas été capable de sentir qu’une telle mesure allait provoquer un tel tollé qu’ils allaient être obligés d’y renoncer aussi rapidement qu’ils l’avait conçue ? Et c’est bien ce qui s’est passé : dans l’après-midi de ce triste mercredi 12 octobre, le ministère a piteusement expliqué, comme chaque fois qu’un tel problème se pose (c’est à dire très souvent), que le projet avait été mal interprété, qu’il n’était pas question de ficher les élèves… Sauf que les écrits sont là, et que le journal Le Monde s’est procuré un livret intitulé « Aide à l’évaluation des acquis en fin d’école maternelle », « et que ce livret détaille précisément, en vingt-deux fiches, un protocole très normé » (lire l’article ici). Curieusement, ce matin jeudi 13 octobre, on ne trouve aucune trace de ce projet (qui doit pourtant entrer en application dans les jours ou semaines qui viennent) sur le site de l’Éducation nationale : encore un « ballon d’essai » qui se dégonfle ?

Lire aussi l’article paru ce matin dans Libération.

Le syndicat d’enseignants SE-UNSA vient de mettre en ligne une pétition pour exiger le retrait de ce projet.

La droite populaire s’attaque au droit de vote des étrangers

Thierry Mariani, cofondateur de la droite populaire

La droite populaire vient de se trouver un nouveau cheval de bataille : le droit de vote aux étrangers, inscrit dans le programme du parti socialiste.

C’est Thierry Mariani, ministre des transports et chef de file de ce mouvement d’extrême droite qui rassemble des députés UMP, qui a lancé le débat :

« On voit sur le site même des primaires citoyennes que tout jeune de plus 16 ans peut voter s’il est membre du PS ou du MJS. C’est la même chose pour les  citoyens étrangers adhérents des partis organisateurs ; ça veut donc dire qu’un mineur sans papier peut participer à ces primaires !« , a-t-il déclaré (source : site Internet de Libération, mercredi 12 octobre).

Par ailleurs, l’AFP et le site du collectif droite populaire annoncent que d’ici quelques jours, une « pétition contre le droit de vote des étrangers » aux élections locales « sera lancée d’ici quelques jours », d’après Philippe Meunier, membre de la droite populaire. La décision d’organiser cette pétition a été prise mardi, pendant un déjeuner qui rassemblait les membres du collectif, organisé par Thierry Mariani.

Libérez Leonard Peltier !

Ceci a été la première décision prise par Pierre Tartakowsky après son élection à la présidence de la Ligue des droits de l’Homme, au congrès de Reims, le 13 juin 2011 : écrire au Président Obama pour lui demander de libérer Leonard Peltier, le plus ancien prisonnier politique du monde, emprisonné aux Etats-Unis. Accusé du meurtre de policiers, en 1975, il a été condamné à la prison à vie en 1977, n’échappant à la peine de mort que grâce au moratoire qui était en vigueur à ce moment-là aux Etats-Unis.

Pendant le congrès de Reims, l’avocat de Leonard Peltier, Robert Bryan, et l’acteur George Agguilar, qui, comme Peltier, est un « Native American », sont venus témoigner (voir la vidéo ici) en faveur du prisonnier dont l’innocence ne fait aujourd’hui plus aucun doute.

Ci-dessous, voici la lettre ouverte adressée par la Ligue des droits de l’Homme à Barak Obama.

Lettre ouverte de la LDH à Barack Obama, président des Etats-Unis d’Amérique

Monsieur le Président,

Lors de son 86e congrès, la Ligue des droits de l’Homme française, qui est la plus ancienne organisation de défense des droits de l’Homme au monde, a décidé de vous écrire au sujet du cas du plus ancien prisonnier politique du monde, M. Leonard Peltier.

Comme vous le savez certainement, M. Peltier est l’un des membres fondateurs de l’American Indian Movement (AIM), qui lutte pour les droits des Native Americans en s’inspirant du mouvement des droits civiques des années 1960.

M. Peltier a été une première fois accusé d’agression contre des agents du FBI en novembre 1972 et emprisonné pendant cinq mois… puis acquitté car il a été prouvé que l’affaire avait été montée de toutes pièces par le FBI, qui considérait l’AIM comme une organisation « subersive », pour le compromettre.

M. Peltier a été condamné à la prison à vie en 1977 à Fargo (North Dakota) pour le meurtre de deux agents fédéraux en juin 1975 à Pine Ridge, meurtre qu’il a toujours nié. Les conditions de ce procès n’ont pas été équitables : le juge a déclaré irrecevables tous les témoignages de la défense et a admis de faux témoignages d’agents fédéraux, qui prétendaient avoir identifié M. Peltier alors qu’il a été formellement démontré qu’ils ne le pouvaient pas depuis le lieu où ils se trouvaient. Ce jugement a été une première fois confirmé en appel mais, en 1981, sur la base de nouveaux éléments, un nouveau procès en appel a permis d’établir par un rapport balistique que le fusil ayant servi à accuser M. Peltier ne pouvait être l’arme du crime. Le 22 septembre 1986, la cour d’appel en a conclu que le rapport balistique produit au premier procès était « suspect » et que la nouvelle preuve « aurait pu changer le verdict du premier procès »… mais elle a confirmé la sentence !

En 1995, alors que M. Peltier était défendu par l’ancien attorney général Ramsay Clark, le procureur Lynn Crook a admis dans une nouvelle audience qu’« aucune preuve n’existe contre Leonard Peltier », a déclaré que le gouvernement ne l’avait « jamais réellement accusé de meurtre direct » (ce pour quoi il a été condamné en 1977) et qu’en cas de nouveau procès « la justice ne pourrait pas le recondamner ». Mais le Conseil de liberté conditionnelle a refusé de le libérer pour la seule raison qu’il continuait à se dire innocent… ce qui allait à l’encontre de la décision de justice initiale.

En 1996, le président William Jefferson Clinton affirma : « Je n’oublierai pas Leonard ». Mais il ne répondit pas à la demande de grâce en 2000, le dernier jour de son mandat présidentiel… Il y a aujourd’hui plus de 35 ans que M. Peltier est en prison. Il a été formellement établi qu’il ne peut être l’auteur du meurtre pour lequel il a été condamné. Il est évident pour tout observateur de bonne foi qu’il a été accusé uniquement en raison de son engagement pour les droits des Native Americans et de son activité militante.

Les USA détiennent ainsi le plus ancien prisonnier politique du monde, victime d’une insupportable erreur judiciaire et du refus systématique de la réparer, soit par mépris de la justice, soit par lâcheté politique.

La Ligue des droits de l’Homme française, qui a été fondée en 1898 à cause de l’affaire Dreyfus dans laquelle déjà un innocent avait été condamné pour des raisons insupportables et discriminatoires, vous demande aujourd’hui, Monsieur le Président, de mettre fin à cette situation qui est en opposition totale avec les valeurs et les principes que vous proclamez depuis le début de votre carrière politique. Elle vous demande de faire immédiatement libérer M. Peltier, dont la vie a été brisée par l’injustice et la discrimination et qui subit, depuis plus d’un tiers de siècle, une forme de mort lente dans les prisons de votre pays.

Vous comprendrez que, par respect pour la lutte des peuples de Native Americans et des militants qui défendent leurs droits, nous rendions publique cette lettre.

Je vous prie de croire, Monsieur le Président, en l’assurance de ma haute considération.

Pierre Tartakowsky Président de la LDH

Paris, le 26 septembre 2011

Peine de mort : le discours de Pierre Tartakowsky

Pierre Tartakowsky a prononcé, le 10 octobre dernier, un discours sur le parvis de l’Hôtel de ville de Paris, à l’occasion du trentième anniversaire de l’abolition de la peine de mort :

« La LDH est tout naturellement présente à ce rassemblement de témoignage et de lutte contre la peine de mort. Elle s’est crée contre l’injustice et la peine capitale représente le summum de l’injustice d’autant plus insupportable qu’elle est par définition, sans remède. Nous sommes donc partie prenante des mobilisations qui se développent pour l’abolition de la peine de mort depuis sa création. Cela a été le cas pour les Rosenberg, pour Mumia Abu Jamal et plus récemment pour Troy Davis ; c’est un combat que nous continuons de mener concernant l’Iran, la Chine et partout ailleurs.

Cet engagement est par ailleurs inséparable de ceux que nous menons contre toute tentative de faire prévaloir dans notre pays la barbarie sur la justice.

Certes, la peine de mort est interdite en France et elle n’est pas, comme on dit, « tendance ». Mais elle compte toujours ses partisans ; et leurs propositions dessinent dans le débat public l’ombre portée d’une guillotine d’un type nouveau. C’est ainsi qu’une série de propos, de propositions sur la justice et la peine sont délibérément structurés, sinon par la peine de mort, du moins par sa logique prophylactique, qui est celle de l’élimination définitive.

On a vu ces derniers temps, formulées au plus haut degré de l’Etat,  des théories sur la maladie mentale, sur la criminalité, sur telle ou telle population,  qui les renvoient – et nous avec elles – aux temps funestes des théories génétiques, de l’eugénisme et d’un hygiénisme radical.

Des actes ont suivi, bousculant les droits et les libertés, ouvrant par exemple à des peines d’incarcération quasi à vie, à des enfermements sans fin, au motif non pas de ce qui avait été commis mais de ce qui pourrait peut-être se commettre…

C’est pour faire reculer ce scénario à la Minority report, cette culture mortifère et les peines qui l’accompagnent que la LDH lie étroitement ses mobilisations contre la peine capitale dans le monde de celles qu’imposent les progrès de la justice en France. Nous sommes heureux de pouvoir le faire aujourd’hui tous ensemble. Sachons poursuivre nos combats dans l’unité la plus large.

Pierre Tartakowsky, président de la Ligue des droits de l’Homme.

« Bon appétit, messieurs » : l’édito de Pierre Tartakowsky

Pierre Tartakowsky, président de la Ligue des droits de l’Homme, signe l’éditorial du dernier numéro de « LDH Info », bulletin mensuel de la LDH. Un titre provocateur, qui introduit un réquisitoire sans appel contre l’atmosphère malsaine qui règne depuis des semaines dans le pays. Voici cet éditorial :

On répugne à le dire, mais une insupportable odeur flotte dans l’air. On a beau froncer le nez, pincer les narines, respirer par la bouche, s’essayer à penser à autre chose, rien n’y fait. Quelque chose pénètre et s’insinue, provoque une nausée, inonde les yeux de larmes. Cela sent tout à la fois la « France à fric », la fin de règne, la basse police et l’abaissement judiciaire, l’argent sale et le blanchiment de comptes. Une étrange mécanique des fluides fait, des hautes sphères de l’Etat, remonter un flot d’affaires et de haut‑le‑coeur.

Défigurée, la République ? Sans aucun doute. Chaque jour, l’opinion publique voit sous ses yeux médusés se dessiner un monde de corrompus et de corrupteurs, de copains et de coquins, d’intermédiaires et d’aigrefins, dont les mérites tiennent aux capacités, réelles ou supposées, qu’ils ont à combiner vente d’armes, rétrocommissions et amitiés gouvernementales. A la surface de ce marais, des millions d’euros se déplacent de valise en valise, d’enveloppe en enveloppe, de la main à la main. Un monde étrange, vraiment, dans lequel un or sans règle se comptabilise en équivalence Légion d’honneur…

Défigurée, la République ? En danger, certainement. Car, tandis qu’un <tas de nains difformes» s’occupent exclusivement des conditions de leur reconduite au pouvoir, aux prébendes, manifestant un appétit féroce et montrant les dents, les agents financiers menacent de mettre à bas des économies entières, brutalisant férocement des peuples. Des « agents notateurs » s’y amusent au chamboule‑tout, en tirant à qui mieux mieux sur les économies réelles; à chaque Etattouché, une cure d’austérité, à chaque euro rentré, une prime aux marchés… La Grèce titube, l’Espagne chancelle, le jeu de massacre est lancé, le Portugal est en ligne de mire, bientôt l’euro. Rien ne va plus, faites vos jeux…

En France, le gouvernement travaille. Il travaille à inscrire une règle d’or ‑ dont l’or serait la seule règle dans la Constitution, sanctuarisant de fait une austérité de principe pour une période indéterminée, mais dont tout indique qu’elle serait fort longue. Qu’importe que la plupart des économistes mettent en garde contre une déflation possible, que l’OCDE critique les plans d’austérité, jugés justement trop austères ; la pensée sarkozienne ‑ ou ce qu’il en reste ‑ s’acharne, tels les médecins de Molière, plus prompts à tuer le malade qu’à le guérir.

Il travaille aussi à frappersur les plus démunis, à diviser, à faire peur. Il a la manière, plus sécuritaire que jamais. En quelques jours, le ministre de l’Intérieur et le président de la République nous ont ainsi administré un véritable cours de contrôle social : stigmatisation des fraudeurs que sont les heureux titulaires du RSA; promesse de trente mille places de prison supplémentaires ; embarquement de force de femmes, enfants, vieillards roms dans un tramway nommé « éloignement »; dénonciation par le ministre de l’Intérieur de la population comorienne de Marseille, qualifiée de délinquante, en gros et sans détails, placement sans cérémonie d’enfants ‑ des enfants! ‑ en centre de rétention… Avec cette équipe, et dans la campagne électorale d’ores et déjà ouverte, la chasse aux boucs émissaires a de l’avenir!

Comment pourrait‑on ne pas s’indigner ? Comment pourrait‑on en rester à la seule indignation ?

La période électorale ‑ qui va des sénatoriales aux législatives ‑peut être l’occasion de placer cette double question au coeur du débat public et peut‑être, de contribuer à y répondre. C’est ce que nous entendons faire avec le Pacte pour les droits et la citoyenneté signé par nous‑mêmes et quarante‑neuf autres organisations syndicales et associatives. Il s’agit bien, en mettant en avant un ensemble de propositions qui couvrent un large champ de notre vivre ensemble, de « faire politique » et d’interpeller ceux qui briguent le suffrage sur ce contenu‑là. L’outil permet, pour peu qu’on s’en empare, d’échapper à la passivité, qui, trop souvent, marque le rapport entre candidat et votants. Il permet de poser le débat public au niveau où il doit être, c’est‑à‑dire sur les mesures et propositions qui engagent l’avenir. Au débat, donc, hardiment.

L’État hors la loi, pas en notre nom ! UN TOIT POUR TOUS.

Un communiqué de la Cimade, réunie à Saint-Brieuc le 17 septembre :

Décembre 2006. Nicolas Sarkozy lance pendant la  campagne présidentielle : « Je veux que d’ici à deux ans, plus personne ne soit obligé de dormir sur le trottoir. Parce que le droit à l’hébergement, c’est une obligation humaine », déclaration relayée en 2007 par Benoit Apparu secrétaire d’Etat au logement: «  Il y a une mise à l’abri humanitaire, quelle que soit la situation individuelle des personnes ».

Été 2011 : le gouvernement supprime 30% des moyens pour les services d’accueil d’urgence et les Centres d’Accueil pour les Demandeurs d’Asile (C.A.D.A.), en contradiction avec de nombreuses conventions internationales, et notamment la Convention de Genève (1953) relative aux conditions d’accueil des demandeurs d’asile. Ces services sont donc  dans l’impossibilité de remplir leur mission ; des expulsions continuent à jeter des centaines de familles pauvres à la rue ; la loi Dalo, pourtant votée par l’actuelle majorité, ne peut pas être appliquée ; des familles de demandeurs d’asile, qui ont aussi droit à un hébergement, comme  le Conseil d’État  l’a confirmé le 5 août 2011, se retrouvent à la rue partout en France, dans de très grandes difficultés pour  scolariser leurs enfants.

Le Préfet de Région, devant l’engorgement des services sociaux de la ville de Rennes ainsi créé, a décidé de déplacer des personnes demandeuses d’asile de Rennes, là où ils doivent faire leurs démarches administratives, vers les autres départements bretons. Les services d’accueil d’urgence doivent domicilier ces personnes, c’est à dire  leur donner une adresse administrative, sans  aucun moyen supplémentaire pour leur hébergement, obligeant ainsi les personnels à remettre ces personnes à la rue après les avoir enregistrées.  Les services d’accueil d’urgence, asphyxiés, sont amenés parfois à faire des choix selon des critères forcément discriminants, contraires à leur mission : l’accueil des personnes les plus vulnérables de façon inconditionnelle, comme l’ordonne la loi.

Résultat : en Bretagne, en Pays de Loire comme partout en France, des français et des étrangers dorment dans les rues de nos villes.

Ça ne tient pas très chaud, une domiciliation administrative pour dormir la nuit dehors quand il pleut et qu’il fait froid.

Ça n’aide pas non plus beaucoup à rédiger sa demande d’asile.

Ça ne sert pas à grand-chose finalement une domiciliation administrative si ce n’est, pour le Préfet, à se débarrasser d’eux vers d’autres départements.

En lieu et place de la solidarité envers les plus démunis, inscrite dans la loi et la Déclaration des Droits de l’Homme, le gouvernement utilise la stigmatisation, la précarité et l’exclusion. Sa politique d’exclusion et de discrimination envers les étrangers ne résoudra en aucune manière les problèmes des 8 millions de personnes vivant en dessous du seuil de pauvreté  en France.

Cela ne peut se faire en notre nom !

Nous demandons aux pouvoirs publics :

  • L‘accueil inconditionnel de toute personne sans abri.
  • L’application des lois et un plan d’urgence pour réaliser cet objectif, en utilisant au besoin la loi de réquisition  sur les immeubles et logements vacants, appartenant aux collectivités locales, à des administrations, à l’État, à des banques, à des compagnies d’assurance, à de gros propriétaires, à des professionnels de l’immobilier.
  • Les moyens nécessaires pour  l’hébergement et l’accompagnement de toutes les personnes en difficulté  sans aucune discrimination. Toute domiciliation doit s’accompagner d’un hébergement.

LA SOLIDARITÉ ACTIVE EST LA SEULE RIPOSTE POUR FAIRE RESPECTER L’ÉTAT DE DROIT DANS NOTRE PAYS.

Le collectif régional de la Cimade auquel se joint la section Loudéac centre Bretagne de la Ligue des droits de l’Homme, appelle tous les citoyens à soutenir les actions prévues localement dans la semaine du 8 au 15 octobre pour :

  • mettre concrètement à l’abri les personnes actuellement à la rue ;
  • alerter les pouvoirs publics, les élus et la population sur la situation intolérable imposée aux plus démunis d’entre nous .

|1| |100| |101| |102| |103| |104| |125|