Nicolas Sarkozy, champion du (passe) droit



Il y a des justiciables comme tout le monde, et puis il y a Nicolas Sarkozy. Depuis plus d’une décennie, l’ancien président de la République incarne presque à lui seul une justice à deux vitesses : celle qui oppose le citoyen ordinaire à ceux qui ont jadis tutoyé les sommets de l’État. Tribune.



Nicolas Sarkozy en prison : un traitement de faveur pour l’ancien président ?

Une semaine après son incarcération à la prison de la Santé, l’ancien président, Nicolas Sarkozy, bénéficie-t-il d’un traitement de faveur ?



Le ministre de la Justice Gérald Darmanin a rendu visite à Nicolas Sarkozy à la prison de la Santé mercredi.

Gérald Darmanin s’est entretenu 45 minutes avec l’ancien chef de l’Etat, en présence du directeur de la prison.



Ce qui s’apparente à une « prise illégale d’intérêts » et entraîne un risque « d’atteinte à l’indépendance des magistrats ».

Un collectif d’une trentaine d’avocats a porté plainte jeudi contre le ministre de la Justice, dénonçant le soutien implicite qu’il porte à l’ex-chef de l’Etat incarcéré depuis le 21 octobre.



Pourtant, ça tombe bien, Darmanin veut remplir les prisons…

De Zyed et Bouna à Nahel, si peu de choses ont changé. Vingt ans après les révoltes de banlieue de 2005, les habitants des quartiers populaires sont toujours perçus par le personnel politique comme une population à discipliner. En témoigne le futur projet de loi de réforme pénale du ministre de la Justice, Gérald Darmanin, déjà l’auteur de l’abjecte loi immigration qui, sans la censure du Conseil constitutionnel, aurait instauré la préférence nationale chère à l’extrême droite.



Et pour aller plus loin…

 “Je n’ai pas peur de la prison”

Par David Caviglioli dans Le Nouvel Obs du 23/10/2025

« “Ils ont voulu me faire disparaître et ça me fait renaître” : comment Nicolas Sarkozy se prépare à “l’épreuve” de la prison »

Le Figaro, 20/10

« “Je n’ai pas peur de la prison” : les derniers jours de liberté de Nicolas Sarkozy »

La Tribune, 18/10

Son sac est prêt. A l’intérieur : les trois livres et les dix photos de famille autorisées par l’administration pénitentiaire. Mardi matin, à 9h30, Karim Belghoumi fera ses premiers pas au centre pénitentiaire de Fleury-Mérogis, entouré des siens. « Ma vie est un roman », déclare-t-il en nous recevant à son domicile, où il profite de ses derniers jours de liberté et se prépare au nouveau chapitre d’une existence décidément hors du commun. Autour de lui : son épouse

Sonia, qui le soutient plus que jamais, et ses enfants, fiers de leur père malgré sa condamnation pour association de malfaiteurs.

« Je n’ai pas peur de la prison, assure l’ancien videur du Twister Club. J’y entrerai la tête haute. » Le 25 septembre dernier, Karim Belghoumia été condamné à cinq ans d’emprisonnement, peine assortie d’une mesure d’exécution provisoire extrêmement sévère qui a profondément choqué l’opinion. « Je reçois énormément de messages de Français qui sont dans l’incompréhension, et même dans la colère », nous dit-il, avant de nous montrer quelques-uns de ces nombreux témoignages de soutien. « Ce n’est pas de la justice, c’est de la persécution ! » lui a ainsi écrit Zlatan Jankovic, alias « le Tatoué », son ami de vingt ans, garagiste à Aubervilliers, lui aussi victime d’un long acharnement judiciaire dans l’affaire dite des « Mercedes volées ».

« Ils ont voulu me faire disparaître et ça me fait renaître », assure Karim Belghoumi, qui affirme n’avoir qu’une seule revendication : « Être un justiciable comme les autres » – ce qu’il est d’ailleurs littéralement. En attendant sa mise sous écrou, il lit et relit « le Comte de Monte-Cristo », continue à aller à la rencontre des Français (« ils me disent leur désarroi ») et « garde, intacte au cœur, la passion de la France ». Il prend aussi le temps de recevoir ses amis et anciens collaborateurs – Titi le Borgne, Rico le Niçois, Jo le Kabyle. Ils sont unanimes : il reste l’homme combatif qu’il a toujours été. « Il est impressionnant de résilience, affirme Marco le Chacal. Il a la passion de la vie. »

En attendant sa mise sous écrou, Karim Belghoumi lit et relit “le Comte de Monte Cristo” et “garde, intacte au cœur, la passion de la France”.

« Je n’ai aucune amertume, confie ce multirécidiviste qui relit inlassablement les lettres envoyées depuis le bagne par le capitaine Dreyfus. Le combat que je mène, c’est un combat pour mon innocence et mon honneur bien sûr. Mais, au-delà de ma personne, c’est aussi et peut-être surtout un combat pour l’Etat de droit. » En prison, ce « bourreau de travail » ne compte rien changer à sa routine : sport, lecture névrotique de livres consacrés à des victimes d’erreurs judiciaires, et préparation des dix-huit procès en correctionnelle qui l’attendent encore pour trafics en tous genres.

Ces derniers jours, ses proches l’ont préparé à ce que sera sa vie à Fleury-Mérogis, la plupart ayant par chance déjà effectué de longues peines de prison. « Je ne demande aucun privilège », confie Karim Belghoumi. Il n’en aura d’ailleurs aucun. Selon l’administration pénitentiaire, la question de sa sécurité en détention n’est absolument pas une priorité. Gérald Darmanin, le ministre de la Justice, ne compte pas lui rendre la moindre visite.


Comme l’exige son rôle, Gérald Darmanin ira chaque soir lire une histoire à Nicolas Sarkozy. (Le Gorafi)

Le garde des sceaux a tenu à préciser que cela faisait pleinement partie des obligations liées au poste de ministre de la justice.

Les conservatismes réactionnaires s’assoient au nom du peuple sur les principes de l’Etat de droit



L’« internationale réactionnaire » contre les juges


Les critiques exprimées par de nombreux dirigeants populistes sur l’état de la démocratie française après la condamnation de Marine Le Pen, lundi 31 mars, révèlent combien le respect de l’Etat de droit et de la séparation des pouvoirs est au cœur de la fracture qui parcourt actuellement l’Occident.



Procès Le Pen, État de droit : le crash test


Les juges, dans la limite de leurs responsabilités et de leurs marges d’appréciation, disent le droit sans considération de principes subjectifs, moraux ou politiques.



Inéligibilité de Marine Le Pen : la démocratie a-t-elle été « exécutée » comme l’affirme Jordan Bardella ?


Marine Le Pen a été condamnée à une peine d’inéligibilité de cinq ans avec effet immédiat. Une décision critiquée par Jordan Bardella qui accuse la justice d’avoir « exécuté » la démocratie. En réalité, le prononcé de cette peine n’est que l’application conforme de la loi votée par les parlementaires.



Condamnation de Marine Le Pen : les juges rendent-ils des « décisions politiques » ?


La peine d’inéligibilité infligée à la députée du Rassemblement national ravive le spectre du « coup d’État des juges » et de la « condamnation politique ». Mais en France, les juges sont indépendants, nommés sous le contrôle de leurs pairs.

Menaces sur les juges et les procureurs : le premier syndicat de magistrats interpelle Emmanuel Macron



L’USM, l’Union syndicale des Magistrats, vient d’adresser un courrier au président de la République. L’organisation s’alarme de « la prolifération de paroles susceptibles de valider l’idée que l’autorité judiciaire serait un ennemi politique ou une menace ». Une allusion claire au procès des assistants parlementaires européens du RN et aux dernières polémiques judiciaires.

Ça sent le sapin



La nomination de Gérald Darmanin comme garde des Sceaux, conjuguée à la reconduction de Bruno Retailleau comme ministre de l’Intérieur, est le signe d’un alignement à venir des feuilles de route de ces deux ministères régaliens, sur le fond comme sur la forme. Elle fait craindre un nouveau recul du respect de l’État de droit comme de l’indépendance de la Justice.

Procès des assistants parlementaires du FN: Marine Le Pen pointe du doigt l’indépendance de la justice



Dans le procès des assistants parlementaires du Front national (ancienne appellation du Rassemblement national), la parole est à présent à la défense. Les avocats vont plaider pendant plusieurs jours. L’enjeu est crucial pour les accusés et surtout pour Marine Le Pen contre laquelle les procureurs ont requis une peine d’inéligibilité avec exécution immédiate. Une réquisition qui a provoqué une riposte massive dans les rangs du RN, car ce qui est en jeu, c’est la participation de Marine Le Pen à la prochaine présidentielle.



Marine Le Pen qualifie les réquisitions dans le procès des assistants parlementaires du FN d’« atteinte très violente à la démocratie »


« C’est ma mort politique qui est réclamée », s’est insurgée la députée sur TF1, vendredi. Le parquet a estimé, mercredi, que Marine Le Pen était au « centre » d’un « système organisé » visant à faire du Parlement européen la « vache à lait » du parti d’extrême droite.



Lettre à Madame Le Pen


Procès des assistants parlementaires du FN : cinq ans de prison, dont deux fermes et cinq ans d’inéligibilité requis contre Marine Le Pen. L’accusation a demandé que cette peine s’applique dès la condamnation, y compris si la triple candidate à la présidentielle fait appel. Je republie ici mon commentaire (augmenté) posté sur Le Monde. Mohamed Issa