Les députés votent le retour des néonicotinoïdes, poisons tueurs d’abeilles

Une majorité de députés à l’Assemblée nationale a accepté de voter le retour des néonicotinoïdes (pesticides) sous l’influence du lobby de l’agro-industrie française menacée par la concurrence internationale C’est une décision aux conséquences criminelles pour la biodiversité et la santé humaine, une décision qui répond favorablement aux injonctions du néolibéralisme ravageur. La LDH ne peut qu’alerter sur la gravité d’une telle décision politique. Les députés des PO suivants ont voté pour les
néonicotinoïdes : Catherine Pujol , Romain Grau, Sébastien Cazenove, Laurence Gayte.

L’Assemblée nationale a voté le retour des néonicotinoïdes

Publié sur reporterre.net le 6 octobre 2020

Sans surprise, les députés ont adopté le projet de loi permettant la réintroduction temporaire des néonicotinoïdes, pour venir en aide aux producteurs de betteraves sucrières, confrontés au virus de la jaunisse. L’Assemblée nationale a voté en faveur du texte dans la nuit du lundi 5 au mardi 6 octobre. Un vote solennel sur l’ensemble du projet de loi a également eu lieu mardi 6 octobre, là encore adopté — à 313 voix pour, 158 voix contre.

Les discussions ont été vives autour du projet de loi, obligeant le président de l’Assemblée nationale Richard Ferrand à rappeler à ses collègues d’écouter les orateurs et de cesser les conversations entre eux. « On se demande comment une telle aberration est une décision qu’il est possible d’assumer politiquement et moralement », s’est indignée Delphine Batho (Génération écologie), ne cachant pas « son émotion ».

Barbara Pompili, ministre de la Transition écologique, a « brillé par son absence »

« Vingt ans d’études scientifiques prouvent la dangerosité des néonicotinoïdes sur les abeilles, sur les sols, l’eau, la biodiversité et notre santé humaine, et ce pour des dizaines d’années », a déploré Mathilde Panot (La France insoumise). Elle a rappelé que Barbara Pompili, la ministre de la Transition écologique à l’origine de la loi interdisant les néonicotinoïdes en 2016, avait « brillé par son absence » lors des débats.

La question a même dépassé les clivages politiques. « Faut-il rappeler que les néonicotinoïdes sont 7.000 fois plus toxiques pour les abeilles que le DDT ? a déclaré Thierry Benoît (UDI et indépendants). Faut-il rappeler les 30 % de mortalité d’abeilles en France chaque année ? Faut-il rappeler que la production française de miel a été divisée par deux en 25 ans ? Faut-il rappeler que 80 % des insectes volants ont diminué en 25 ans ? Faut-il rappeler que 30 % de la population d’oiseaux a baissé en quinze ans ? Il y a là un vrai sujet. »

Cette réautorisation « pour la campagne 2021 et le cas échéant les deux campagnes suivantes tout au plus » se ferait par enrobage de semence — les graines de betteraves destinées aux semis sont enrobées de néonicotinoïdes pour les protéger des attaques — et non par pulvérisation. Douze autre pays européens bénéficient déjà d’une dérogation similaire, « en raison d’un danger qui ne peut être maîtrisé par d’autres moyens raisonnables ».

Au moins 212 défenseurs de l’environnement ont été tués en 2019

Publié sur francetvinfo.fr

La moitié des meurtres se sont produits dans seulement deux pays : la Colombie et les Philippines.

Au prix de leur vie, un peu partout dans le monde, ils se battent contre la déforestation, les mines ou des projets agro-industriels : au moins 212 défenseurs de l’environnement ont été tués en 2019, selon Global Witness. « A une période où nous avons particulièrement besoin de protéger la planète contre les industries destructrices et émettrices de CO2, les meurtres de défenseurs de l’environnement et des terres n’ont jamais été aussi nombreux » depuis le début du décompte en 2012, constate l’ONG britannique.

Leaders autochtones, rangers chargés de protéger la nature ou militants… Le bilan annuel publié mercredi 29 juillet surpasse le précédent record de 2017 où 207 morts avaient été enregistrées. Comme chaque année, « nos chiffres sont presque certainement sous-évalués », avertit Global Witness.

La Colombie et les Philippines en tête

En 2019,  à elle seule, l’Amérique latine représente deux tiers de ce décompte macabre. Mais la moitié des meurtres se sont produits dans seulement deux pays : la Colombie, avec 64 victimes, et les Philippines, avec 43 morts. Dans les deux pays, comme dans le reste du monde, les représentants des peuples autochtones (40% des tués en 2019) qui vivent au plus près de la nature « subissent un risque disproportionné de représailles » lorsqu’ils se battent pour défendre « leurs terres ancestrales ». 

Par exemple aux Philippines, Datu Kaylo Bontolan, leader du peuple Manobo, a été tué lors d’un bombardement aérien en avril 2019 alors qu’il luttait avec sa communauté contre un projet minier. Les mines sont d’ailleurs le secteur le plus meurtrier pour les défenseurs de l’environnement (50 morts). L’agro-industrie arrive ensuite, avec 34 militants tués en s’opposant à des exploitations d’huile de palme, de sucre ou de fruits tropicaux, en grande partie en Asie.

Global Witness note d’ailleurs que 33 militants ont été tués en Amazonie (en grande majorité au Brésil), luttant contre la déforestation entraînée notamment par des grands projets miniers et agricoles. Défendre la forêt peut aussi coûter sa vie en Europe, continent pourtant le moins touché par les meurtres de défenseurs de l’environnement. Ainsi en Roumanie, où l’une des plus importantes forêts primaires d’Europe est victime d’exploitation sauvage, le garde-forestier Liviu Pop a été abattu en octobre après avoir surpris des bucherons illégaux. Un mois plus tôt, un autre était tué d’un coup de hache à la tête.


La déforestation, comme ici au Brésil en août 2019, fait partie des combats pour lesquels le plus de défenseurs de l’environnement se sont fait tuer en 2019. (JOAO LAET / AFP)

Le gouvernement a créé une cellule militaire pour surveiller les opposants à l’agro-industrie (Appel)

La LDH ne peut que soutenir cet appel signé par des associations écologistes et environnementales, des paysans soucieux d’une agriculture biologique, des médecins s’opposant à la criminalisation des actions symboliques contre le système de l’agriculture industrielle suite à la création de la cellule de renseignement Demeter mise en place par le gouvernement.

Publié sur Reporterre

15 janvier 2020 / Une alliance d’écologistes, de paysans, d’associations environnementales, de médecins, etc.

Le gouvernement veut « faire taire tous ceux qui mènent des actions symboliques contre le système de l’agriculture industrielle », dénoncent de multiples défenseurs de l’agriculture paysanne et biologique, réunis dans cette tribune. Ils s’inquiètent fortement de la création de la cellule de renseignement Demeter, lancée fin octobre, soi-disant destinée à lutter contre l’« agribashing ».

Il y aura un avant et un après Demeter. Le 13 décembre, le ministre de l’Intérieur de la République française Christophe Castaner s’est rendu dans le Finistère en compagnie de la présidente de la FNSEA Christiane Lambert. Dans le cadre d’une convention signée entre son ministère et ce syndicat agricole. Cette première anomalie démocratique — depuis quand la police républicaine est-elle aux ordres d’une structure privée ? — n’est pas la dernière, de loin.

En effet, ce voyage avait pour but principal de lancer une cellule de la gendarmerie nationale appelée Demeter, la déesse grecque des moissons. Et marque reconnue, depuis des lustres, de l’agriculture sans pesticides. Quel en est le but affiché ? La lutte contre « l’agribashing ». Ce terme est une invention des communicants de la FNSEA, qui prétend sans en apporter la moindre preuve qu’on assisterait en France à une entreprise concertée de dénigrement du monde agricole. Elle permet à ce syndicat de maintenir ce qu’elle fait depuis des dizaines d’années : une pression lobbyiste pour obtenir en retour des avantages économiques.

Le ministre, confronté avec son gouvernement à une situation politique difficile, a donc décidé de jouer ce rôle dangereux, affirmant par exemple : « Depuis quelques années, un phénomène grandit, inacceptable. De plus en plus, nos agriculteurs sont visés par des intimidations, des dégradations, des insultes. »

Empêtré dans cette imprudente déclaration, le ministre démontre dans le même texte qu’il est incapable de prouver par le moindre fait la réalité de ce phénomène. Les chiffres qu’il cite pour 2019 parlent d’eux-mêmes : sur la base de 440.000 exploitations agricoles, les plaintes portent sur 314 tracteurs volés, 24 vols avec violence, 657 voitures dérobées.

Encore faut-il préciser que les vols avec violences ont diminué en un an de 31,4 %. La plupart des centres urbains se damneraient pour de telles statistiques. Il est visiblement plus simple de mobiliser la police que de régler la situation dramatique de la paysannerie française.

Il y a encore plus grave. Volontairement, n’en doutons pas, M. Castaner mélange dans un stupéfiant gloubi-boulga la délinquance vile — cambriolages, vols de matériel, incendies, dégradations —, les occupations de terres agricoles par des gens du voyage, les actions antifourrure ou antichasse. C’est mettre sur le même plan criminel le vol, le droit des populations nomades, celui de la critique sociale et politique.

Il y a encore plus grave. M.Castaner entend s’attaquer dans le cadre de Demeter, ainsi qu’il l’écrit, aux « actions de nature idéologique, qu’il s’agisse de simples actions symboliques de dénigrement du milieu agricole ou d’actions dures ayant des répercussions matérielles ou physiques ». Cette fois, on aura compris : il s’agit de faire taire tous ceux qui mènent des actions symboliques contre le système de l’agriculture industrielle, dont la FNSEA est le principal soutien.

La démocratie, ce n’est pas pactiser avec les lobbies dans le dos de la société

Qui mène « des actions symboliques » contre ce système ? Le mouvement des Coquelicots, qui réclame la fin des pesticides, soutenu par un million de citoyens. Les maires qui prennent des arrêtés contre ces poisons chimiques. Des dizaines de milliers de paysans qui ont déjà choisi l’agriculture biologique. Beaucoup d’autres, qui défendent le modèle de l’agriculture paysanne contre les projets délirants d’usines à vaches, à cochons ou à poulets. Et au total des centaines de milliers de citoyens engagés contre l’importation massive de soja transgénique et donc l’élevage industriel, contre la mort des oiseaux et des insectes, pour des rivières débarrassées de la pollution et des rivages sans algues vertes, enfin pour une alimentation de haute qualité.

Il ne fait aucun doute, à nos yeux, qu’une ligne a été franchie. La démocratie, ce n’est pas pactiser avec les lobbies dans le dos de la société. Et quand le ministre parle « d’améliorer [la] coopération avec le monde agricole et de recueillir des renseignements », chacun comprend ce que cela veut dire. Cela signifie l’intimidation accrue de tous les adversaires décidés de la FNSEA, qui passe nécessairement par la surveillance électronique et informatique, d’éventuelles écoutes téléphoniques, voire des filatures, des infiltrations, ou pire encore, la délation.

Nous prévenons solennellement le gouvernement que nous refusons cette criminalisation et que nous demandons le démantèlement de la cellule Demeter. Notre contestation de l’agriculture industrielle, non-violente, se fait et se fera au grand jour, dans la conviction d’exprimer la volonté majoritaire de la société française. Nous voulons beaucoup de paysans, beaucoup plus de paysans, heureux et fiers de leur métier, enfin payés au prix convenable pour leur participation au bien commun. C’est en effet un autre monde que celui de la FNSEA.

  • Liste des signataires :

- Valérie Murat, porte-parole de l’association Alerte Aux Toxiques !
- Pierre-Michel Périnaud, président d’Alerte des médecins sur les pesticides
- Sylvie Nony, secrétaire d’Alerte Pesticides Haute Gironde
- Khaled Gaiji, président des Amis de la Terre
- Jean-francois Lyphout, président de l’Aspro-Pnpp
- Pierrick De Ronne, président de Biocoop
- Gwenola Kervingant, présidente de Bretagne Vivante
- Sylvain Angerand, coordinateur des campagnes de Canopée
- Michel Besnard, du Collectif de soutien aux victimes des pesticides de l’Ouest
- Marie-Lys Bibeyran, du Collectif Info Médoc Pesticides
- Nicolas Girod, porte-parole de la Confédération paysanne
- Violette Auberger, représentante des Ami.es de la Confédération paysanne
- Joël Spiroux de Vendômois, président du Criigen
- Alain Bonnec, président d’Eau et rivières de Bretagne
- Jean-Luc Toullec, président de la Fédération Bretagne Nature Environnement
- Guillaume Riou, président de la FNAB
- Eric Feraille, président de FNE Aura
- François Veillerette, directeur de Générations futures
- Jean-François Julliard, directeur de Greenpeace France
- Arnaud Apoteker, délégué général de Justice Pesticides
- Daniel Cueff, maire de Langouët (35)
- Patrick Lespagnol, président du Mouvement de l’Agriculture Bio-Dynamique
- Eliane Anglaret, présidente de la fédération Nature & Progrès
- Fabrice Nicolino, président de Nous voulons des coquelicots
- Jean-Yves Bohic, président de Ragster
- Carole Le Bechec, présidente du Réseau Cohérence
- Jean-François Baudin, président du Réseau Amap Auvergne-Rhône-Alpes
- Florent Mercier, co-président du Réseau Semences Paysannes
- Jacky Bonnemains, directeur de Robin des bois
- Thierry Thévenin, porte-parole du syndicat Simples
- Gilles Lanio, président de l’Union nationale de l’apiculture française (UNAF)
- Benjamin Sourice, co-président de Combat Monsanto
- François Halligon, président de la coordination LPO Pays de la Loire
- Perrine Dulac, co-fondatrice du réseau Paysans de nature