« Un après-midi dans les gaz lacrymogènes » : le rapport détaillé de l’observatoire des pratiques policières à Toulouse

Publié sur france3regions.francetvinfo.fr le 30 juillet 2021

L’Observatoire des Pratiques Policières (OPP) à Toulouse analyse depuis plus de quatre ans la gestion des manifestations de rue par les forces de l’ordre. Il publie aujourd’hui un rapport détaillé du comportement des policiers lors de la mobilisation contre le pass sanitaire samedi 24 juillet.

L’Observatoire toulousain des Pratiques Policières (OPP) est né en 2017. A l’époque des militants de la Ligue des Droits de l’Homme et de la fondation Copernic constatent une dégradation du maintien de l’ordre dans les manifestations, notamment la mobilisation contre la loi travail et contre le barrage de Sivens dans le Tarn. « On a eu l’impression que les policiers avaient franchi un pas », explique Pascal Gassiot de la fondation Copernic.

« Avec des copains militants, on s’est dit : il faut que l’on témoigne sur une longue durée mais on n’imaginait pas que l’on partait pour un travail de plus de quatre ans. »

Le travail de ces observateurs s’est en effet intensifié en novembre 2018 avec les manifestations des Gilets Jaunes. En avril 2019, les membres de l’OPP dénoncent dans un premier rapport « un dispositif de maintien de l’ordre disproportionné et dangereux pour les libertés publiques. »

Des Gilets Jaunes aux manifestants contre le pass sanitaire

Avec le Covid et le confinement, les Gilets Jaunes ont cessé de manifester. Mais depuis l’annonce de la mise en place d’un pass sanitaire et d’une vaccination obligatoire, les manifestations de rue rassemblant de simples citoyens ont repris. A Toulouse, des milliers de personnes se sont ainsi retrouvées dans la rue plusieurs samedis de suite pour dire non à ce qui ressemble, selon elles, à des entraves à la liberté.
Les membres de l’observatoire toulousain des pratiques policières sont là, à leurs côtés. Ils ont décidé désormais de publier leurs rapports détaillés régulièrement quand ils le jugeront nécessaire. A chaque manifestation un groupe de quatre observateurs est présent.

Toulouse - Des observateurs de l'Observatoire toulousain des Pratiques policière-OPP à la manifestation du 24 juillet 2021.
Toulouse – Des observateurs de l’Observatoire toulousain des Pratiques policière-OPP à la manifestation du 24 juillet 2021. • © Observatoire toulousain des Pratiques policière-OPP

Le rapport du 24 juillet a été baptisé « un après-midi dans les gaz lacrymogène ». Il raconte, minute par minute, le déroulé de la manifestation contre le pass sanitaire qui a eu lieu ce jour-là dans les rues de Toulouse. Une manifestation interdite dans le centre-ville et qui a rassemblé plus de 3 000 personnes. Deux groupes de quatre observateurs sont présents.

« Un homme est couché à terre »

Voici quelques extraits de ce rapport qui comporte également des photos.

-« A 14h05,  un demi-escadron  d’EGM, (Escadron de gendarmes mobiles) 7 fourgons avec les gendarmes non casqués, est positionné sur les allées Roosevelt. Les manifestants sont, pour partie, regroupés devant les anciens locaux d’Air France. La manif s’élance en direction de Jeanne d’Arc. »

-« Vers 15h34, des CDI, avec une commissaire de police (bien connue de nos services…) sont positionnés en haut des marches d’accès à la dalle du quartier Saint-Georges. Certains  manifestants les invectivent et l’attitude de l’un des policiers, juste à côté de la commissaire qui ne réagit pas, n’est absolument pas professionnelle ; on peut qualifier son comportement de «narquois» : il fait des petits signes de la main en joignant par exemple des doigts en forme de cœur… Ce qui a pour effet, bien évidemment, de faire augmenter le niveau d’énervement des manifestants en question. »

-« 18h11.Un homme est couché à terre et les secouristes volontaires sont à la manœuvre sous la «surveillance» des policiers et gendarmes. Une cinquantaine de personnes sont maintenues à distance par des cordons de gendarmes et de policiers. Nous rejoignons les autres observateur·es et constatons que les deux personnes dont l’interpellation, pour le moins malvenue, a fait dégénérer la situation sont assises sur le trottoir et menottées. La situation s’éternise en attendant l’arrivée du SAMU ».

« Le maintien de l’ordre c’est complexe »

« On est neutre d’un point de vue du comportement », explique Pascal Gassiotmembre fondateur de l’observatoire toulousain des pratiques policières. « On garde de la distance. On ne nie pas qu’il y a des jets de cailloux ou de canettes mais ce policier cité dans le rapport qui nargue des manifestants, ce n’est pas professionnel, cela ne joue pas l’apaisement. Dans le rapport, on montre aussi, photo à l’appui, un manifestant qui donne un coup de tête dans le bouclier d’un policier qui réagit immédiatement en lui donnant un coup de bouclier ».

Toulouse - manifestation du 24 juillet 2021.
Toulouse – manifestation du 24 juillet 2021. • © Observatoire toulousain des Pratiques policière-OPP.

Un gendarme mobile ou un CRS n’aurait pas réagi selon Pascal Gassiot. Là, il s’agissait d’un policier de la CDI (compagnie départementale d’intervention), des hommes qui ne sont pas formés au maintien de l’ordre explique l’observateur. « On ne cherche pas à justifier les violences contre la police mais le maintien de l’ordre c’est quelque chose de complexe. On dénonce la présence, dans les manifestations, des policiers de la CDI et de la BAC (Brigade anti criminalité). Ils réagissent de manière fébrile et non proportionnée. »

« Avec le temps, dit Pascal Gassiot, on  espère qu’il y aura une prise de conscience de la police et de la population. On pense qu’en continuant à faire ce travail, avec le temps, les choses vont évoluer, mais c’est long ».

En France, une douzaine d’observatoires similaires ont vu le jour ces dernières années. Une réunion nationale est prévue à Toulouse fin septembre, début octobre.

Pour consulter et télécharger le rapport d’observation (Fondation Copernic/LDH/Syndicat des Avocats de France) , cliquer ICI

Lors de l’assemblée générale des membres de l’Observatoire toulousain des Pratiques Policières – OPP qui s’est tenue le 7 juillet 2021, il a été décidé de restituer publiquement de manière régulière les travaux d’observation et d’analyse des pratiques policières lors des manifestations de rue à Toulouse.

Jusqu’à ce jour et plus de quatre années après l’observation des premières manifestations, l’OPP a rendu public deux rapports, plutôt consistants, en avril 2019 et en avril 2021 ainsi qu’une dizaine de communiqués de presse.

Le fait de rendre public certains rapports internes de l’OPP va dans le sens d’une restitution plus régulière du travail d’observation.

Perpignan : une trentaine d’organisations locales appellent à manifester en marge du congrès du RN cet été

Publié sur l’Indépendant le 17 mai 2021

Les représentants des principales organisations impliquées réunis ce lundi dans les locaux du syndicat Solidaires

Une trentaine de syndicats, associations et partis politiques des Pyrénées-Orientales lancent un appel à manifester « pour dire non à l’extrême droite » le 3 juillet prochain, jour d’ouverture annoncé du congrès du Rassemblement national qui doit se tenir à Perpignan. 

À moins de deux mois de l’échéance, l’effervescence est de rigueur parmi les opposants locaux à l’extrême droite. Et pour cause : dans la foulée de l’élection d’un membre du Rassemblement national, Louis Aliot, au poste de maire, le parti a décidé d’organiser les 3 et 4 juillet prochains à Perpignan le congrès lors duquel il devrait officialiser la candidature de Marine Le Pen à l’élection présidentielle de 2022. Une candidature qu’elle a annoncée le 9 avril dernier. 

Mais les détracteurs du mouvement d’extrême droite ne comptent pas lui laisser le champ libre. Une trentaine de syndicats, associations et partis politiques classés à gauche viennent de fonder un collectif afin d’appeler à manifester le jour de l’ouverture du congrès. « Il s’agira d’une journée d’action de portée nationale, souligne le secrétaire départemental de la CGT, Julien Berthélémy. Notre appel s’adresse aux organisations de toute la France, ainsi qu’à celles de Catalogne Sud. »

Faire de Perpignan un haut lieu de résistance

Pour Marc Anglaret, du syndicat Sud/Solidaires, l’heure est également à la mobilisation. « Face à l’aggravation des inégalités sociales, l’extrême droite désigne des boucs émissaires, plutôt que de proposer une meilleure répartition des richesses, analyse-t-il. Avec cette manifestation, nous voulons faire entendre cet autre discours d’alternative au capitalisme et alerter sur le risque de prise de pouvoir de l’extrême droite au niveau national, qui est bien réel. »

Julien Berthélémy reprend la balle au bond : « De tout temps, le capitalisme s’est bien arrangé des idées d’extrême droite qui opposent les travailleurs entre eux, notamment selon leur origine ou leur sexe. Nous ne pouvons pas accepter de telles valeurs. »

D’autres actions en réflexion

Même s’il se positionne sur un angle plus sociétal, le coprésident départemental de la Ligue des droits de l’homme, Jacques Pérez, reste sur la même ligne. « Le RN cherche à diviser la population en faisant la guerre aux quartiers populaires, alors que nous défendons l’égalité des droits pour tout le monde », renchérit-il. 

À noter : au-delà de la manifestation prévue le 3 juillet, le collectif est en train de concocter un programme d’actions (concerts, forum…) qui pourrait s’étendre sur l’ensemble du week-end. Objectif avoué : « Faire de Perpignan un haut lieu de la résistance contre la montée de l’extrême droite. » 

Organisations signataires à ce jour : AFPS 66, Agaureps-Prométhée, L’Alternative ! Endavant, Apex 66, Association des Pieds-Noirs progressistes, Asti 66, CGT 66, CNT 66, collectif Bienvenue aux migrants en Conflent, collectif Droits des femmes 66, EELV pays catalan, Ensemble 66, Femmes solidaires 66, FSU 66, GDS 66, Génération.s, groupes d’action LFI 66, JC 66, LDH 66, Legal team 66, Mrap 66, NPA 66, PCF 66, PG 66, Planning familial 66, PS 66, RCP 66, Solidaires 66, Visa 66.

Arnaud Andreu

Appel à rassemblement en solidarité au peuple Palestinien

MERCREDI 19 MAI à 18 h devant la Préfecture de Perpignan

Le 7 mai dernier, l’armée israélienne a provoqué et attaqué des milliers de fidèles palestiniens sur l’esplanade des Mosquées à la fin du mois de Ramadan.

La situation à Jérusalem, à Gaza et dans les territoires palestiniens occupés s’aggrave de jour en jour. Après avoir bouclé une grande partie de Jérusalem et empêché les Palestiniens d’accéder aux lieux de culte en période de ramadan, l’État d’Israël multiplie les violences meurtrières faisant chaque jour davantage de victimes, parmi les populations civiles.

A cela s’ajoutent les agressions des bandes racistes israéliennes contre les Palestiniens dont les crimes sont toujours impunis.

Le Mouvement contre le Racisme et pour l’Amitié entre les Peuples, le Mouvement pour la paix, l’Association France Palestine solidarité,
la Ligue des Droits de l’Homme, tous leurs partenaires, associatifs, politiques et syndicaux
appellent  l’ensemble de la population à un

rassemblement MERCREDI 19 MAI à 18 h devant la Préfecture de Perpignan
pour
– exiger la fin de la politique effrénée et violente d’apartheid de l’État israélien
– la protection du peuple palestinien,
– et exiger de l’Union européenne la suspension des accords d’association avec Israël.

Dans l’immédiat, La France doit donner un signal fort en reconnaissant l’État de Palestine dans les frontières de 1967 avec Jérusalem-Est comme capitale.