Grève Fonction publique : forte mobilisation avec 250 000 manifestants selon les syndicats
Publié sur ouest-france.fr
Grève dans la fonction publique. Des manifestants battent le pavé partout en France
Une mobilisation unitaire qui pourrait n’être « qu’une étape » : les fonctionnaires, appelés à la grève, ont manifesté partout en France ce jeudi 9 mai contre le projet de loi censé « moderniser » leur statut, au menu de l’Assemblée nationale à compter du 13 mai. La CGT revendique 30 000 manifestants à Paris et des dizaines de milliers à travers la France.
Les fonctionnaires, appelés à la grève, ont manifesté partout en France jeudi contre le projet de loi censé « moderniser » leur statut, au menu de l’Assemblée nationale à compter du 13 mai, dans une unité syndicale clairement affichée à Paris, chose exceptionnelle.
Dans la capitale, la manifestation a rassemblé tous les leaders des grandes centrales : Philippe Martinez (CGT), Laurent Berger (CFDT), Yves Veyrier (FO) et Laurent Escure (Unsa). « Un fait rare » qui « devrait alerter le gouvernement », selon M. Martinez. D’après la CGT, les manifestants étaient 30 000 à Paris.
Les manifestants étaient 3 000 à Marseille (syndicats), de 3 300 (préfecture) à 5 300 (intersyndicale) à Lyon. Ils étaient presque autant à Nantes (3 000 à 4 000 selon les sources) où enseignants, employés des finances publiques, personnels de la fonction publique hospitalière soutenus par des Gilets jaunes ont manifesté. En tête de cortège des employés des urgences du CHU qui scandaient : « des patients partout et pas de soignants », « soignants épuisés, hôpital en danger ».
À Marseille, facteurs, enseignants et retraités ont manifesté dans la matinée, de même qu’à Lyon, où ils étaient 4 500 selon la police. Souvent rejoints par des étudiants, lycéens ou cheminots, les fonctionnaires étaient 4 300 à Nantes, 2 700 à Caen, 2 200 à Périgueux, 2 800 à Rennes, 1 600 à Perpignan et Saint-Etienne ou encore 500 à Auch, d’après les autorités.
Ne pas fermer les services publics
Entre un et plusieurs milliers de personnes se sont également rassemblées à Rennes, Montpellier, Bordeaux, Angers, Lille, Strasbourg, Perpignan, Albi…À Marseille, facteurs, enseignants et retraités ont manifesté dans la matinée, de même qu’à Lyon, où ils étaient 4 500 selon la police. Souvent rejoints par des étudiants, lycéens ou cheminots, les fonctionnaires étaient 4 300 à Nantes, 2 700 à Caen, 2 200 à Périgueux, 2 800 à Rennes, 1 600 à Perpignan et Saint-Etienne ou encore 500 à Auch, d’après les autorités.
« Macron continue de faire comme si de rien n’était […]. On ne peut pas dire d’un côté, on ferme des services publics et de l’autre, on rapproche les gens des services publics. Ça n’a ni queue, ni tête », s’est indigné Jacky Wagner (CGT) dans la capitale alsacienne.
À Dunkerque, les douaniers étaient très majoritaires. Ils sont en conflit depuis début mars avec Bercy pour obtenir des moyens et effectifs supplémentaires, un mouvement particulièrement suivi dans les Hauts-de-France autour du point sensible du tunnel sous la Manche. Le trafic des ferries à Calais a été annulé dans la matinée, en raison d’une grève de la capitainerie levée à midi.
Des tentes devant l’hôpital de Clermont-Ferrand
Chez les contrôleurs aériens, la grève a occasionné « des retards de 40 à 50 minutes » sur les vols intérieurs au départ des aéroports parisiens, mais c’est l’aéroport de Toulouse qui était le plus affecté par le mouvement, selon la Direction générale de l’aviation civile (DGAC). La DGAC avait demandé aux compagnies de réduire, en vue du mouvement social, de 30 % le nombre de leurs vols court-courrier au départ de Paris-Charles de Gaulle, Orly, Lyon, Marseille et Toulouse, en densifiant le remplissage de certains vols.
Partout les slogans interpellaient notamment sur la santé : « Plus de moyens humains Buzyn pour la santé publique » (Paris), « aide-soignante, métier formidable, salaire fort minable » (Rennes) ; l’école « Pour un service public égalitaire, non à Blanquer »(Bordeaux), ou les retraités « contre l’austérité ».
À Valence, les manifestants ont déposé symboliquement 30 tentes et cartons devant l’hôpital pour dénoncer la fermeture de lits. À Grenoble (entre 1 000 et 2 000 personnes), comme à Clermont-Ferrand (1 600, selon la préfecture), des pancartes invitaient à « chasser Macron »ou à le « licencier » et « sans indemnités ».
Une journée qui n’est « qu’une étape »
Les neuf syndicats de la fonction publique (CGT, CFDT, FO, FSU, Solidaires, Unsa, FA-FP, CFE-CGC, CFTC) représentant les 5,5 millions d’agents publics dénoncent une réforme à « la portée très grave », y compris pour la qualité du service rendu aux citoyens.
Pour le gouvernement, au contraire, elle facilite notamment le recours aux contractuels pour rendre l’administration « plus attractive et plus réactive » face aux « nouvelles attentes »des Français.
Les syndicats ont prévenu que cette journée ne serait « qu’une étape » d’une mobilisation « dans la durée » pour « dire non » au projet de loi présenté en Conseil des ministres le 27 mars et demander au gouvernement qu’il « ouvre enfin des négociations sur de nouvelles bases ».
17,59 % de grévistes dans le primaire
Le secrétaire d’État Olivier Dussopt leur a opposé une fin de non-recevoir, confirmant qu’il n’y aurait ni retrait, ni renégociation de cette réforme « attendue par les agents » selon lui.
Le secrétariat d’État a fait état de 3,3 % de grévistes dans la fonction publique territoriale (contre 6,5 % le 22 mai 2018), 4 % dans l’hospitalière (contre 7,5 %) et 11,4 % dans la fonction publique d’État (contre 10,3 %) avec une forte participation des enseignants, mobilisés également contre leur propre réforme à l’Éducation.
Leur ministère a recensé de son côté 17,59 % de grévistes dans le primaire et 11,68 % dans le secondaire. Au ministère de la Culture, l’intersyndicale a recensé « jusqu’à 90 % de grévistes sur certains sites ».
Selon Francette Popineau, secrétaire générale du Snuipp-FSU (premier syndicat du primaire), les enseignants déplorent l’absence de réponse sur les salaires mais ils s’inquiètent plus particulièrement de la « loi pour une école de la confiance », bientôt en discussion au Sénat, qui « ne répond aucunement aux urgences de l’école ».
Passage en force
L’ensemble des syndicats critiquent « un passage en force » du gouvernement, qu’ils accusent de vouloir une fonction publique alignée sur les règles du privé, au détriment du statut de fonctionnaire et de l’indépendance des agents.
Le projet de loi sera au menu de l’Assemblée nationale à compter de lundi en première lecture. Le gouvernement souhaite le faire adopter avant l’été pour entrer en vigueur au 1er janvier 2020.
Il s’inscrit dans un objectif de suppression de 120 000 postes d’ici à 2022. Un objectif qualifié d’« atteignable » le 26 avril par le ministre des Comptes publics Gérald Darmanin, alors qu’Emmanuel Macron s’était dit la veille prêt à « l’abandonner » et a demandé au gouvernement « son analyse d’ici l’été ».
Perpignan : entre 2 et 3000 manifestants dans les rues de la ville d’après la CGT (1600 d’après la préfecture)
À Marseille, facteurs, enseignants et retraités ont manifesté dans la matinée, de même qu’à Lyon, où ils étaient 4 500 selon la police. Souvent rejoints par des étudiants, lycéens ou cheminots, les fonctionnaires étaient 4 300 à Nantes, 2 700 à Caen, 2 200 à Périgueux, 2 800 à Rennes, 1 600 à Perpignan et Saint-Etienne ou encore 500 à Auch, d’après les autorités.
Nous, artistes français, dénonçons l’Eurovision 2019 en Israël
- 10 MAI 2019 – PAR LES INVITÉS DE MEDIAPART – BLOG : LE BLOG DE LES INVITÉS DE MEDIAPART
Plus de 100 artistes français, dont les dessinateurs Willem et Tardi, Imhotep du groupe IAM, le cinéaste Alain Guiraudie, l’artiste lyrique Marie Soubestre ou encore l’artiste plasticien Ernest Pignon Ernest, annoncent qu’ils «n’iront pas à Tel Aviv blanchir le système de discriminations légales et d’exclusion qui y sévit contre les Palestiniens, et (appellent) France Télévisions et la délégation française à ne pas servir de caution au régime» israélien.
Du 14 au 18 mai prochain, France Télévision a l’intention de diffuser le Concours Eurovision 2019 qui se tiendra en Israël, à Tel Aviv, dans le quartier de Ramat Aviv, sur les ruines du village de Sheikh Muwannis qui, comme le rappelle l’ONG israélienne « Zochrot » (« elles se souviennent » en hébreu), est l’un des centaines de villages palestiniens vidés de leurs habitants et détruits en 1948, lors de la création de l’Etat d’Israël.
Pour France Télévisions, l’Eurovision est « un divertissement d’une ampleur internationale unique et ouvert à une très grande diversité artistique » qui revendique de célébrer la diversité et l’inclusion. Selon la chaine publique « la musique, qui n’a pas de frontière, en est son essence, avec pour ambition universelle le dialogue entre les peuples, l’ouverture et le vivre-ensemble ».
Mais ce message sonne creux lorsque qu’il cherche à nous divertir des violations des droits humains à l’égard des Palestinien·ne·s. Discrimination et exclusion sont profondément ancrées en Israël, où notamment la loi « Israël, État-nation du peuple juif » a été adoptée le 19 juillet 2018, proclamant que seuls les Juifs ont le « droit à l’autodétermination nationale », entérinant ainsi officiellement l’apartheid.
Le sens de l’histoire, de l’inclusivité et de la solidarité est plutôt du côté des nombreuses manifestations en Palestine et dans toute l’Europe, appelant artistes et diffuseurs à ne pas se rendre à Tel-Aviv. Par cette tribune, nous tenons également à participer à ce mouvement, pour manifester notre soutien aux artistes palestinien.ne.s, dans la guerre que leur mène Israël.
En mars et avril 2018, des tireurs israéliens ont ciblé et tué des journalistes qui filmaient les manifestations pacifiques à Gaza. En août, un F16 israélien a détruit le centre Said al-Mishal à Gaza, lieu de musique, de théâtre et de danse. Des artistes palestinien·ne·s, actrices, acteurs et musicien·ne·s se voient régulièrement empêchés de voyager par les autorités israéliennes d’occupation, ou comme dans le cas de la poétesse engagée Dareen Tatour, emprisonné·e·s pour « incitation au terrorisme ».
Aujourd’hui ce sont aussi les organisations israéliennes progressistes qui sont entravées par les autorités israéliennes. Le Ministère de la Culture les accuse de subversion, et réduit leurs financements. En 2017 par exemple, le festival de théâtre de Saint Jean d’Acre a dû retirer une pièce consacrée aux prisonnier·e·s politiques palestinien·ne·s pour éviter les coupures budgétaires gouvernementales. Galeries et festivals de cinéma sont aujourd’hui menacés de la même manière.
L’Eurovision, selon l’Union européenne de radio-télévision (UER), prétend être un événement « non politique ». Il est malheureusement impossible de réconcilier ce que dit l’UER avec la réalité. Israël est un État qui considère officiellement la culture comme un instrument de propagande politique: son Premier ministre, Benjamin Netanyahou, a félicité l’israélienne Netta Barzilai, lauréate de l’Eurovision 2018, pour avoir « accompli un travail exceptionnel en matière de relations extérieures ».
Nous, artistes et travailleur·se·s culturels français qui signons cet appel, n’irons pas à Tel Aviv blanchir le système de discriminations légales et d’exclusion qui y sévit contre les Palestiniens, et nous appelons France Télévisions et la délégation française à ne pas servir de caution au régime qui envoie ses snipers tirer tous les vendredi contre les enfants désarmés de la marche du retour à Gaza. Un divertissement qui se respecte ne se joue pas en terre d’Apartheid. Nous ne l’aurions pas accepté pour l’Afrique du Sud , nous ne l’accepterons pas pour Israël.
Signataires :
Samir ABDALLAH, cinéaste ; Pierre ALFIERI, auteur ; Nadia AMMOUR, chanteuse ; Henri d’ARTOIS, musicien ; Jean ASSELMEYER, réalisateur ; Alain AUBIN, artiste lyrique ; Nicolas AUDOIN, musicien ; Allaoua BAKHA, musicien ; Mohamed BAOUZZI, conteur ; Marine BACHELOT Nguyen, autrice et metteuse en scène ; Edmond BAUDOIN, dessinateur ; Safia BENHAIM, réalisatrice ; BEN ART’CORE, photographe ; François BEAUNE, écrivain ; Michaël BIDEAULT, musicien ; Julien BLAINE, poète ; Xavier BOEDA, musicien ; Marion BORDESSOULLES, comédienne ; Bruno BOUSSAGOL, metteur en scène ; Sarah BOY,danseuse ; Françoise CABANAC, artiste lyrique- Laurent CAUWET, auteur- Youssef CHARIFI, producteur- Jean-Christophe CHAUZY, dessinateur- Franck CHENAL, musicien- Matthieu COLLOGHAN, peintre- Enzo CORMANN, écrivain- Jean-Luc COUDRAY, dessinateur- Philippe COUDRAY, dessinateur ; Atmane DAHMANI, chanteur- Gerty DAMBURY, metteure en scène- Bruno DARAQUY, chanteur- Yvan DAUTIN, chanteur- Fanny DEKKARI, conteuse- Gérard DELAHAYE, auteur et compositeur- Marie DEVROUX, comédienne et metteure en scène- Joss DRAY, auteure et photographe ; ELCHICOTRISTE, dessinateur- Annie ERNAUX, écrivaine ; Abbas FAHDEL, réalisateur- Nicolas FERNANDES, musicien- Pedro FIDALGO, réalisateur- Nicolas FRIZE, compositeur ; Pierre-Louis GARCIA, musicien ; Rémo GARY, chanteur ; Marina GILABERT, danseuse ; Liliane GIRAUDON, écrivaine ; Julien GONZALES, musicien ; Dominique GRANGE, chanteuse ; Annette GUILLAUMIN, auteure ; Alain GUIRAUDIE, cinéaste ; Christian GUY, photographe ; Didier HABOYAN, musicien ; Eric HAZAN, écrivain ; Michael HOARE, réalisateur ; IMHOTEP, du groupe IAM, musiciens ; L’1NCONSOLABLE, rappeur ; Lyang KIM, cinéaste ; Nicolas KLOTZ, cinéaste ; Victoria KLOTZ, artiste plasticienne ; Armelle LABORIE, auteure ; Julio LAKS, musicien ; Anne-Marie LALLEMENT, cinéaste et écrivaine ; Iwan LAMBERT, comédien ; Léopold LAMBERT, auteur et éditeur ; Esther LAURENT-BAROUX, réalisatrice ; Sarah LECARPENTIER, comédienne et metteure en scène ; Marc LENOT, critique d’art ; Raphaël MAILLET, musicien ; Jonathan MALNOURY, musicien ; Nathanaël MALNOURY, musicien ; Sébastien MARCHAL, graphiste ; Joëlle MARELLI, auteure et traductrice ; Michel MARRE, musicien et cinéaste ; Jacqueline MARTIN, comédienne et directrice de théâtre ; Nicolas MATOS ITXASO, auteur et réalisateur ; Gérard MAYEN, auteur- Elli MEDEIROS, chanteuse ; Ismaël METIS, rappeur ; Hassane MEZINE, photographe et réalisateur ; MRIC, dessinateur ; José MUÑOZ, dessinateur ; Annie OHAYON, productrice ; Bruno PAOLI, musicien ; La PARISIENNE LIBEREE, chanteuse ; Lucile PAYSANT, comédienne ; Elisabeth PERCEVAL, actrice et cinéaste ; Léonie PERNET, musicienne ; Mireille PERRIER, comédienne, metteur en scène ; Ernest PIGNON-ERNEST, artiste plasticien ; Denys PININGRE, cinéaste documentariste ; Jean-Marc POLI, musicien ; Anastasia POLITI, comédienne et metteure en scène ; Aurélien PROST, artiste circassien ; Serge QUADRUPPANI, écrivain ; Nathalie QUINTANE, écrivaine et poète ; Luc QUINTON, plasticien ; RAPSA, rappeur ; Anna RICHE, monteuse ; RLM, rappeur ; Renata ROAGNA, chanteuse ; Abdelwaheb SEFSAF, comédien et musicien ; Jean-Michel SICARD, metteur en scène ; Eyal SIVAN, cinéaste ; Francesca SOLLEVILLE, chanteuse ; Marie SOUBESTRE, artiste lyrique ; SPOIR, rappeur ; Piotrek TAGART, musicien rock ; TARDI, dessinateur ; Jean-Pierre THORN, cinéaste ; Robert VALBON, auteur et metteur en scène ; Maril VAN DEN BROEK, comédienne ; WILLEM, dessinateur ; Djamila ZEGHBAB, comédienne.
Appel de 100 médecins contre le fichage des «gilets jaunes»
- 8 MAI 2019 – PAR LES INVITÉS DE MEDIAPART – BLOG : LE BLOG DE LES INVITÉS DE MEDIAPART
- PUBLIÉ ÉGALEMENT SUR LEXPRESS.FR, , LE FIGARO.FR, ACTU.ORANGE.FR, NEWS.YAHOO.COM
Nous, médecins, rappelons notre attachement viscéral au secret professionnel. C’est pourquoi nous refusons le fichage des « gilets jaunes » blessés arrivant aux urgences. De même que nous nous opposons à tout autre fichage des patients sans leur consentement, visant à une transmission des données en dehors de l’hôpital à des fins autres que médicales.
Le secret professionnel, pilier ancestral de notre profession, a été institué dans l’intérêt des patients. Il couvre tout ce qui est porté à la connaissance du médecin dans l’exercice de sa profession. Il s’agit non seulement de ce qui lui a été confié, mais aussi de ce qu’il a vu, entendu ou compris. Il a l’interdiction de divulguer les informations dont il est dépositaire. L’article 4 (article R.4127-4 du code de la santé publique) de la loi relative aux droits des malades renforce ce secret puisque « toute personne prise en charge par un professionnel, un établissement, un réseau de santé ou tout autre organisme participant à la prévention et aux soins a droit au respect de sa vie privée et du secret des informations la concernant ». Le non-respect du secret professionnel est puni d’un an d’emprisonnement et de 15 000 euros d’amende.
Patients, imaginez que vous alliez à l’hôpital et que votre présence, votre identité voire des informations médicales ne soient plus confidentielles et immédiatement communiquées à des tiers dans un fichier parallèle à votre dossier médical, fichier dans lequel vous seriez inscrit par exemple en raison de votre appartenance politique, sexuelle, religieuse ou ethnique ? C’est exactement ce qui se passe depuis cinq mois avec le dévoiement de l’utilisation d’un dispositif réservé aux situations sanitaires exceptionnelles nommé SI-VIC et mis en place suite aux attentats de novembre 2015.
Selon la CNIL, cette base de données vise à établir « une liste unique des victimes d’attentats pour l’information de leurs proches par la cellule interministérielle d’aide aux victimes » et peut être étendue à des « situations sanitaires exceptionnelles ». Or, depuis cinq mois, ce dispositif est détourné par l’administration hospitalière et les agences régionales de santé (ARS), notamment l’Assistance Publique-Hôpitaux de Paris (AP-HP) et l’ARS Ile-de-France. Les autorités sanitaires enjoignent médecins et équipes soignantes à rentrer dans cette base de données les patients « gilets jaunes », à saisir leurs identités et données médicales mais aussi tout élément d’identification physique pour remonter des informations aux différentes autorités.
Pour nous, médecins, l’existence même d’un fichier parallèle renseigné après sélection de nos patients pour n’y entrer que les « gilets jaunes » est parfaitement antidéontologique. Aucune information n’est donnée aux patients sur ce fichage, aucun consentement n’est recueilli. La tenue en temps réel, comme demandée par les autorités, permet une identification et une localisation précise des patients.
Nous, médecins, faisons donc face à une injonction irréalisable au regard de notre éthique et de notre déontologie : la violation du secret professionnel au détriment des malades et ce, en dehors de toute dérogation légale. Nous sommes face à l’institutionnalisation d’une dérive inacceptable : le fichage de patients à des fins possibles d’exploitations politiques ou judiciaires. Cette dérive constitue une faute pénalement répréhensible. Les tentatives de communication, de justification et, finalement, de diversion de l’AP-HP et de l’ARS Ile-de-France sont autant d’aveux de culpabilité.
Pour fuir leurs responsabilités, les autorités sanitaires se défaussent sur nous, soignants. Nous sommes médecins, nous devons aux patients la garantie d’un exercice respectueux des malades, des lois de notre pays, du Code de la Santé Publique, du Code Pénal et la Déontologie de notre profession. Face à des demandes illégales, nous répondons donc par un devoir de « désobéissance éthique ». Nous refusons d’obéir à l’Administration. Nous demandons l’ouverture d’une enquête parlementaire pour faire toute la lumière sur l’utilisation dévoyée du logiciel SI-VIC. Nous, médecins, appelons à un arrêt immédiat de l’utilisation du fichier SIVIC pour les mouvements sociaux. Comme l’histoire l’a montré maintes fois, face à l’indigne les médecins n’ont pas vocation à obéir, et ont su résister, parfois au péril de leur vie pour respecter le serment d’Hippocrate dans l’intérêt des patients et des citoyens.
Signataires :
- Arvers Philippe, addictologue et tabacologue à Varces, administrateur de la Société francophone de tabacologie, chercheur associé à l’université de Grenoble,
- Attali Fabrice, médecin généraliste, Paris
- Bapt Gérard, député honoraire, ancien président de la mission d’information de l’Assemblée nationale sur le Mediator, ancien membre du CA de l’ANSM.
- Bellhasen Loriane, psychiatre, médecin chef de service du Centre F. Gremy, Paris
- Bellhasen Mathieu, psychiatre, chef de pôle, cofondateur de Utopsy, Asnières
- Belmatoug Nadia, interniste à Beaujon, Clichy
- Ben Ali Sabrina, médecin généraliste, Paris
- Ben Kemoun Paule Annick, ophtalmologiste, Baugé
- Ben SALAH Amina, interne en médecine physique et de réadaptation, Paris
- Bérès Jacques, chirurgien, cofondateur de Médecins sans frontières et de Médecins du monde, Paris
- Boukantar Mohamed, médecin généraliste, Paris
- Calafiore Matthieu, maître de conférence, médecine générale, Lille
- Canis Michel, chirurgien gynécologue, chef de service démissionnaire, CHU Clermont-Ferrand
- Chaumeil Franck, médecin généraliste, vice-président de l’UFML, Bordeaux
- Chemla Patrick, psychiatre médecin chef de secteur, Reims
- Chevallier Laurent, interniste nutritionniste, Montpellier
- Choukri Ben Omrane, médecin généraliste, Paris
- Cremniter Didier, psychiatre des Cellules d’Urgence Médico-Psychologique, Paris
- Cuq Philippe, chirurgien, président de l’Union des chirurgiens de France
- Debré Bernard, urologue, ancien ministre, ancien député, conseiller de Paris
- Delaunay Régis, cardiologue, chef de service, référent médical du Système d’Information Patient, St-Brieuc
- Delépine Gérard, chirurgien cancérologue, Paris
- Delépine Nicole, pédiatre cancérologue, Paris
- Delion Pierre, psychiatre professeur de pédopsychiatre-psychiatrie, Lille
- Denormandie Philippe, chirurgien, Garches
- Des Elisabeth, Pneumologue, Cugnaux/Grand Toulouse
- Deschenau Alice, Psychiatre, cheffe du service Addictions, GH Paul Guiraud, rédactrice en chef de What’s up Doc, Villejuif
- Desruelle Philippe, gynécologue-obstétricien, Strasbourg
- Druais Pierre-Louis, Président du Collège de la Médecine Générale (CMG), Le Port-Marly
- Ducassé Jean-Louis, anesthésiste-réanimateur, urgentiste, ancien chef de service du Samu 31, CHU de Toulouse
- Dupagne Dominique, médecin généraliste, Paris
- Durand Matthieu, chirurgien urologue, praticien hospitalier universitaire, fondateur de What’s up Doc, Nice
- Emmanuelli Xavier, ancien anesthésiste réanimateur ancien président et co fondateur de médecin sans frontières (prix Nobel de la Paix), président du Samu Social International, Paris
- Erbstein Jean-Jacques, médecin généraliste, écrivain, Créhange
- Escat François, chef de service des urgences, vice-préident du syndicat national des urgentistes de l’hospitalisation privée, Toulouse
- Fraslin Jean-Jacques, médecin généraliste, Bouguenais
- Frasnier Olivier, urgentiste, groupe hospitalier de Bretagne sud
- Ghosn Jade, infectiologue, Président de la Société Française de Lutte contre le SIDA, Paris
- Golse Bernard, professeur émérite de pédopsychiatrie, ancien chef de service à Necker, Paris
- Grand Alain, épidémiologiste, chef de service, CHU Purpan, Toulouse
- Grimaldi André, diabétologue, professeur émérite, ancien chef du service de diabétologie de la Pitié-Salpêtrière, Paris
- Guez Fabien, cardiologue à Ambroise Paré, Boulogne
- Guy Coichard Christian, médecin de la douleur, membre de la Commission médicale d’établissement AP-HP, Paris
- Haertig Alain, urologue, professeur, expert judiciaire, membre du Conseil de l’ordre des médecins, Paris
- Halimi Philippe, radiologue, ancien chef du service de radiologie de l’HEGP, président-fondateur de l’association Jean-Louis Mégnien, Paris
- Halioua Bruno, dermatologue, président de l’Association des Médecins Israélites de France, Paris
- Hamon Jean-Paul, médecin généraliste, président de la Fédérations des Médecins de France, Clamart
- Hauteville Dominique, médecin des hôpitaux, professeur agrégé du val de Grâce, oncologie médicale à Paule-Brousse, Villejuif
- Hercberg Serge, épidémiologiste, directeur INSERM, Bobigny
- Hervé Christian, médecin légiste, Président de la Société Française et Francophone d’Ethique Médicale et de l’Académie Internationale Ethique, Médecine et Politiques Publiques, Paris
- Houpert Alain, radiologue et sénateur de la Côte d’Or, Dijon
- Humbert Philippe, professeur de dermatologie, Besançon
- « Jaddo », médecin généraliste, bloggueuse écrivain
- Jardry Jean-Pierre, médecin généraliste, administrateur de la Fédération Hospitalière de France, Cannes
- Jomier Bernard, médecin généraliste, sénateur et conseiller de Paris
- Kahn-Bensaud Irène, pédiatre, ancienne président de l’Ordre des médecins de Paris
- Kierzek Gérald, urgentiste, Paris
- Lantieri Laurent, chirurgien plasticien, chef de service, HEGP, Paris
- Le Goff Jean-Yves, chirurgien viscéral et digestif, Le Blanc Mesnil
- Legeais Didier, urologue, ancien président du syndicat des médecins de l’Isère et ancien vice-président de l’union des chirurgiens de France, Grenoble
- Legrand Bertrand, médecin généraliste, fondateur observatoire du tiers payant, Tourcoing
- Lehmann Christian, médecin généraliste, écrivain, Poissy
- Libert Arnaud, médecin généraliste, Paris
- Loeb Emmanuel, psychiatre, pharmacologue, président de « Jeunes médecins », Kremlin-Bicêtre.
- Lowenstein William, addictologue, président de SOS Addictions et ancien membre du bureau du Conseil national du sida, Paris
- Lugrin Carl, médecin généraliste, Paris
- Maheu Emmanuel, rhumatologue à l’hôpital Saint-Antoine, Paris
- Maisonneuve Hervé, spécialiste de l’intégrité scientifique, ancien professeur associé en santé publique à Paris Sud, Paris
- Marty Jérôme, médecin généraliste, président de l’Union Française pour une Médecine Libre, Fronton
- Masmejean Emmanuel, chirurgien orthopédique, SOS Mains, HEGP, Paris
- Meller Stephan, médecin généraliste, Caen
- Mullner Joachim, psychiatre, Paris
- Nenninger Thomas, Biologiste, membre de la Commission Nationale de la Biologie médicale, Paris
- Pelloux Patrick, urgentiste, président de l’Association des Médecins Urgentistes de France, SAMU de Paris, Paris.
- Pen Loïc, urgentiste, chef de service démissionnaire, Creil
- Pigement Claude, gastro-entérologue, ancien vice président du conseil d’administration de l’ANSM, Aubervilliers
- Pourcher Guillaume, chirurgien de hôpitaux, Académie Nationale de Chirurgie, Paris
- Privat Alain, neurobiologiste, ancien directeur INSERM, Montpellier
- Prudhomme Christophe, urgentiste, porte-parole de l’Association des Médecins Urgentistes de France, Bobigny.
- Renard Gilles, PU-PH, ancien chef de service d’ophtalmologie et directeur scientifique de la Société Française d’Ophtalmologie, Paris
- Reynaud Michel, Professeur de psychiatrie addictologie, ancien président de la Fédération Française d’Addictologie et membre de la Conférence Nationale de Santé, Paris
- Roche Albert, médecin, président du Crif Bordeaux-Aquitaine (Conseil représentatif des institutions juives de France), Bordeaux
- Schapiro David, chirurgien ophtalmologiste,Paris
- Son-Forget Joachim, médecin radiologue, député de la circonscription des Français établis en Suisse et au Liechtenstein
- Slama Marc, chirurgien plasticien, ancien chef de service de chirurgie maxillo-faciale, Paris
- Slitine Lamia, rhumatologue, Paris
- Smolski Nicole, anesthésiste-réanimateur, syndicaliste, présidente honoraire d’Action Praticiens Hôpital, Lyon
- Souciet Anne, médecin de PMI, Paris
- Spire Bruno, directeur de recherches à l’INSERM, Président d’honneur de AIDES, Marseille
- Taieb Jonathan, Secrétaire Général, Association des Médecins israélites de France, Paris
- Tanquerel, Jean-Jacques, médecin département d’information médicale (DIM), St-Malo
- Tartière Suzanne, anesthésiste-réanimateur, ancienne directrice médicale du samu Social, Samu de Paris, Paris,
- Thinès Laurent, neurochirurgien, professeur, Besançon
- Toledano Alain, cancérologue radiothérapeute, président de l’Institut Rafael et du conseil médical de l’Institut d’Oncologie des Hauts de Seine, Neuilly sur Seine.
- Tourmente Charlotte, médecin et journaliste, Paris
- Trivalle Christophe , Gériatre, membre de la Commission médicale d’établissement AP-HP, Villejuif
- Vallancien Guy, urologue, membre de l’Académie nationale de médecine et de l’Office Parlementaire d’Évaluation des Choix Scientifiques et Technologiques (OPECST), Paris
- Varnet Olivier, neurologue, syndicaliste, secrétaire général SMNH-FO, Gonesse
- Venier Fabrice, urgentiste, Rouen
- Weill Martine, médecin, journaliste, Paris.
- Yeguiayan Jean-Michel, médecin du travail et urgentiste, Saint-Etienne
- Zann Michèle, pédopsychiatre chef de pôle et présidente de CME de l’Eps Roger Prévot, Moisselles.
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