Devoir de vigilance

Renouveler ou demander un titre de séjour… Mission impossible quand les démarches et les prises de rendez-vous se font exclusivement par Internet.

Le Restau Vouldy ferme ses portes

C’est avec une grande tristesse et un immense regret que nous vous annonçons la fermeture définitive de Restau Vouldy.
Depuis 2005 et son déménagement forcé de la caserne Beurnonville, l’équipe dirigeante de ce restaurant associatif s’est battue pour maintenir un service de repas à bon marché au service de tous.
Malgré des difficultés successives, l’équipe de salariés et de bénévoles a su faire vivre la solidarité au cœur de ce lieu de restauration. Malheureusement, compte tenu de toutes les contraintes sanitaires à appliquer dont le coût vient s’ajouter aux pertes générées par 2 mois et demi de fermeture obligatoire, le Conseil d’Administration a pris la décision d’une fermeture définitive. Merci aux bénévoles et aux salariés pour leur engagement. Toutes nos pensées solidaires .

Tribune collective signée par la LDH

Israël-Palestine : agir pour empêcher une nouvelle annexion

https://www.liberation.fr/debats/2020/06/21/israel-palestine-agir-pour-empecher-une-nouvelle-annexion_1791782

Régression du droit de manifester

Marche des Solidarités 20 juin 2020

Les brèves de Jean

L’actu sous la loupe de Jean Camus

Orientation sexuelle aux USA…………C’est loin, mais c’est bien …..pour elles ; eux… États -Unis ; après 10 ans de controverses, un arrêt interdit les discriminations à l’emploi fondées sur les orientations sexuelles. Victoire des LGBT à la Cour suprême, le dernier juge nommé par D. Trump a créé la surprise, il était rangé parmi les plus conservateurs.





 Terrorisme  une proposition de loi permettra de placer les personnes sortant de  prison sous bracelet électronique pendant 20 ans ; La majorité souhaite  développer la justice préventive (sic)





« On crée un dispositif juridique terrifiant qui n’existe pas pour les tueurs en série » A. Blanc, vice-président de l’association française de criminologie.



L’exposé des motifs parle de dangerosité potentielle, mais comment  l’évaluer. La commission de refonte du droit des peines reconnaît (2015)  « son incapacité à définir la notion de dangerosité »









Pourtant un dispositif existe, contrôle administratif, pointage, assignation…….



Pour l’ex-contrôleur général des lieux de privation de liberté, la philosophie du dispositif pose problème « est- ce à la justice d’assurer la surveillance d‘un homme libre ? » « un tri entre les dangereux et le pas dangereux, risque d’être inefficace et surtout entaché d’arbitraire »



A. Hazan l’actuelle contrôleuse des lieux des….. critique la prise en charge de la radicalisation à partir de critères « opaques »



Un dispositif qui s’inspire très fort de celui en 2008 de N. Sarkozy.  Une peine après la peine, contraire au principe de la justice pénale ;  une fois la peine exécutée, la dette à l’égard de la société est payée.



L’ancien monde n’est pas encore mort…




La LDH a décidé de saisir la Cnil au nom d’un collectif de chauffeurs et avec l’appui d’un cabinet d’avocats

https://www.ldh-france.org/uber-ne-respecte-pas-le-rgpd/

Actualités de la section

Alors que l’actualité récente reprend des violences impliquant la communauté tchétchène à Dijon, que Nice a été le théâtre de fusillades, que Rouen a échappé à un « raid »courant mai, nous souhaitons reprendre cet article que nous espérions voir publié dans la presse locale. .

« EST-CE AINSI QUE LES HOMMES VIVENT ? »

.

« LA RÉPUBLIQUE N’A D’AVENIR QU’ÉGALE, SOLIDAIRE ET FRATERNELLE »

.

MISE AU POINT APRÈS LE RASSEMBLEMENT DU 12 JUIN 2020 PLACE DE L’HÔTEL DE VILLE

Lire la suite et d’autres actualitésICI

Les brèves de Jean

L’actu sous la loupe de Jean Camus

_______________________________________________________________

Une soirée spéciale, Arte bouscule ses programmes. Mardi 16 juin à 20h50

« Un voyage au cœur des polices allemande et française »

En première partie, un tableau parfois inquiétant des relations entre policiers et citoyens souligne la défiance de plus en plus manifeste entre les parties. Points communs négatifs et surtout différences nombreuses. Tentatives d’apaisement, de dialogue et de techniques de maintien de l’ordre moins agressives plus avancées en Allemagne. Constat inquiétant. Manque de personnels, épuisement général, équipements vétustes, mais aussi droitisation du vote en faveur du rassemblement national. Pourquoi la police française est-elle autorisée à utiliser certaines armes dangereuses ? pourquoi la police allemande parvient-elle à éviter ou minimiser les chocs frontaux ? pourquoi le dialogue avant manifestation semble efficace en Allemagne ; inefficace en France ? Le problème de l’ « impunité » à la lumière de ce qui se fait en Angleterre avec un organisme indépendant composé de médecins légistes, de juristes, de sociologues et d’un quart d’anciens policiers. En France ce sont des policiers (IGPN) qui jugent des policiers.

.

Et pour les courageux…

En 2ème partie « je ne suis pas votre nègre » de Rao

               .

En 3ème un docu d’un joueur de football, porte drapeau de la communauté noire contre les violences policières aux USA.

.

Cet après-midi mardi 16 juin, à 16h30 manifestation sur le parking de l’hôpital, soutien aux personnels hospitaliers.

Le 16 juin, avec les soignants pour la santé de toutes et tous !

Une nouvelle suggestion de lecture

LE VENIN DANS LA PLUME

par Rémy Dufaut, 13/06/2020 .

ICI

Rassemblement du vendredi 12 juin

Une délégation de choc .

La LDH se joint à l’appel du Comité Adama contre les violences policières et obtenir justice pour Adama

Ne pas oublier le rassemblement ce vendredi à 18 h place de l’Hôtel de ville de Troyes

LES BRÈVES DE JEAN

L’actu sous la loupe de Jean Camus

Violences conjugales

Un décret paru au JO du 27 mai fait l’unanimité  contre lui. Passé inaperçu en plein déconfinement, il s’adresse aux professionnels de la justice concernés par des violences intrafamiliales. (hasard du calendrier ?) Ce décret complète une loi censée mettre à l’abri les enfants et femmes victimes de violences. La loi  votée prévoyait un délai de 6 jours au lieu de 40 pour mieux répondre à l’urgence de certaines situations. Or le décret introduit un autre dispositif, la victime informe à ses frais par voie d’huissier son ex-conjoint ou mari de la procédure ouverte à son encontre et dans un délai de 24 h. Le délai dépassé, la procédure est caduque Un recul « stupéfiant », ce nouveau délai met les femmes en danger et rend les procédures impossibles à tenir « Ce décret d’application a pour effet d’annuler les avancées de la loi qu’il concerne. » selon des parlementaires de l’opposition

Demandes d’asile

Le Conseil d’Etat suspend une ordonnance qui modifie les demandes d’asile en appel. Cette ordonnance prévoyait pendant la crise sanitaire un examen des demandes par un juge unique, et non par trois magistrats. Le Conseil a rappelé l’importance de la garantie d’un examen de leur recours par une formation collégiale.

Lutter contre la politique israélienne, ce n’est pas de l’antisémitisme !

Pour le droit de manifester

STOP AU RACISME ET A TOUTES LES FORMES DE DISCRIMINATIONS

Appel à rassemblement dans la dignité vendredi 12 juin 2020 à 18 h sur la place de l’hôtel de ville de Troyes


par un collectif d’associations (dont le MRAP et la LDH)

Le meurtre de George Floyd mobilise aux États-Unis d’abord, et maintenant dans le monde entier sur la question des violences policières, en particulier celles liées au racisme. Le MRAP et la LDH partagent l’émotion et la révolte exprimées par de larges couches de la population et appellent à toutes les actions unitaires que les circonstances permettent.

Ils mesurent les différences historiques et structurelles entre les formes du racisme aux États-Unis et en France. Mais ils ont souvent attiré l’attention sur la présence d’idées et de pratiques discriminatoires dans la police française, que ce soit les contrôles au faciès ou une violence disproportionnée envers certains publics physiquement typés.

Le MRAP et la LDH demandent au gouvernement de mettre en œuvre ses déclarations sur l’intolérance au racisme dans les forces de police, de sanctionner tout fonctionnaire qui commet une faute dans ce domaine et de dissoudre une organisation de policiers qui diffuse des positions totalement étrangères aux valeurs de la république.

Soyons nombreux vendredi 12 juin 2020 à 18 h sur la place de l’hôtel de ville de Troyes, dans la plus grande dignité pour nous tenir symboliquement aux côtés de la famille de George Floyd et de Zakaria TOURE,  ainsi que de toutes les victimes du racisme  et envoyer au monde un message de fraternité, de solidarité et de refus du racisme.

(pensez aux masques pour les consignes sanitaires…)


Sylvie Garet pour le MRAP (Mouvement contre le Racisme et pour l’Amitié entre les Peuples)
Maryvonne Blum pour la LDH (Ligue des Droits de l’Homme)

ET SI L’EFFONDREMENT AVAIT DÉJÀ EU LIEU ? REPENSER LE « PROGRÈS » AVEC ROLAND GORI

Il devait nous rendre visite le 26 mars dernier avec l’UPOP AUBE. La Covid a eu raison de cette conférence qui a été annulée. Il devrait revenir dans le courant de l’année.

——————————————————————————————————————–

Nicolas Mathey
Avec « Et si l’effondrement avait déjà eu lieu. L’étrange défaite de nos croyances », le psychanalyste Roland Gori nous invite à repenser les notions de progrès et les impasses du productivisme libéral en renouvelant notre rapport au temps et à l’histoire.


Et si les catastrophes sanitaires et écologiques actuelles étaient les symptômes de la faillite déjà aboutie des croyances, à l’oeuvre dans les systèmes politico-économiques dominants ?
Roland Gori met en garde, dans son dernier ouvrage, contre l’alliance du scientisme et du néolibéralisme et leur idéologie du progrès sans fin. Contre le darwinisme social et l’emprise d’un productivisme inégalitaire et sans limites, il en appelle à la vigilance face au « potentiel fasciste originaire » et aux tendances politiques autoritaires qui menacent de s’imposer par gros temps de catastrophe. En s’appuyant sur les philosophes de l’École de Francfort dont Walter Benjamin, il nous invite à rompre avec les falsifications de la mémoire pour mieux prendre soin du passé, afin de rendre au présent l’occasion de produire de l’avenir inédit.

——————————————————————————————————————–


« Un spectre hante le monde… ce n’est plus le communisme mais les discours sur l’effondrement », dites-vous en introduction de votre ouvrage. Quels sont vos rapports à la collapsologie, popularisée par Pablo Servigne et Raphaël Stevens ?
J’ai achevé la rédaction de cet ouvrage fin 2019 et j’ai pu depuis ajouter quelques pages sur la pandémie en cours et l’impréparation dans laquelle nous nous sommes trouvés pour gérer cette crise. Cette crise que nous venons de traverser, avec ses morts, ses souffrances et ses confinements, tend à donner raison à tous les discours de l’effondrement qui, déjà depuis les années 1970 avec le rapport de Rome, mettaient en avant les risques encourus par la planète.
La collapsologie n’est que la part émergée de ces discours d’effondrement, qui renvoient au dérèglement climatique, aux menaces sur la biosphère et la biodiversité, aux risques épidémiques et nucléaires.
En tant que psychanalyste, je pense que ces craintes sont la préconnaissance d’un effondrement qui a déjà eu lieu. Elles sont les symptômes d’un effondrement structurel plus fondamental, celui de nos croyances et de nos catégories de pensée, lié au fait que nous sommes demeurés dans l’héritage d’un XIXe siècle productiviste fondé sur la compétition, la sélection et la concurrence, qui a fait croire que le développement social était aligné sur les lois de la nature et les progrès techniques. Nos conduites ne brillent que des lueurs d’un astre
mort, celui d’un darwinisme social incarné par Herbert Spencer et sa philosophie évolutionniste.
La crainte d’une fin de l’humanité n’est pas une idée neuve en Occident. Elle est l’objet de l’eschatologie et a surgi régulièrement dans notre histoire…
Les annonces de catastrophe planétaire sont en fait très ambivalentes. Elles prennent le relais des grands discours eschatologiques annonçant l’apocalypse, à tel point qu’on risque de ne pas les prendre au sérieux. Les concepts scientifiques dérivent de catégories religieuses, l’idéologie du progrès renvoie à un paradis perdu, localisé au bout d’un lendemain qui chante. Elle repose sur une illusion concernant le concept d’un temps conçu comme linéaire, vide et homogène, orienté vers le futur. C’est l’erreur majeure de l’actualisme technique, pure succession d’instants qui déracine nos expériences passées et dénie l’imprévisible de l’avenir.
L’histoire de l’humanité a montré que nous n’évoluons pas forcément vers l’émancipation et le progrès. Nous restons bercés par cette illusion de progrès infini car nous avons tendance à confondre l’évolution du vivant et le développement des techniques, à confondre organisme et organisation. Nous nous trouvons aujourd’hui dans une « étrange défaite » de nos croyances, comme le sous-titre de mon ouvrage l’indique en reprenant l’expression de Marc Bloch, pour qui dès le printemps 1940 nous avions déjà perdu la guerre à cause de nos erreurs et illusions dans sa réparation.
De même, si nous avons eu tant de problèmes avec le virus, c’est que nous nous étions démunis des possibilités d’accueillir et de traiter cette invasion virale. Nous avions construit une « ligne Maginot » avec les « briques » d’une économie néolibérale inadaptée aux problèmes environnementaux. La grotesque affaire des masques montre les effets désastreux de l’adhésion à une vision économique de profit à court terme.
Ces discours sur l’effondrement doivent, selon vous, être analysés de l’intérieur, du point de vue de la structure mentale qu’ils reflètent. D’où votre appel à revenir sur leur « racine spirituelle » ?
Je renvoie à l’héritage de l’École de Francfort d’Adorno, Horkheimer et Benjamin, qui met en évidence le côté sombre des Lumières, dont le discours émancipateur s’est trouvé empêché à la fin du XIXe siècle, quand les exigences du capitalisme ont fait de l’humain l’instrument des instruments. Cette aliénation et cette prolétarisation ont pulvérisé le discours de liberté des Lumières. C’est une contradiction majeure des démocraties libérales qui, à certains moments de notre histoire, prend une dimension tragique, en particulier lors des moments de régression
sociale. J’ai montré dans « l’Individu ingouvernable » comment les nationalismes, les antisémitismes, les impérialismes et les totalitarismes néolibéraux se révélaient contemporains de l’effondrement de ces idéaux des Lumières.
En quoi les thèses sur le concept d’histoire de Walter Benjamin nous indiqueraient-elles une nouvelle d’attitude par rapport au passé, par rapport aussi à une catastrophe présente continuellement dans la modernité ?
Pour Walter Benjamin, l’historien ne doit pas seulement rassembler des traces et des documents, mais aussi rendre compte dans le présent des formes de comportement et de pensée du passé. Ce qui fait se rejoindre Benjamin et Freud, c’est la différence entre souvenir et remémoration. Il y a une « mémoire involontaire » et inconsciente qui hante notre actualité.
L’individu et la société se rappellent mais sans se souvenir, ils se conduisent comme dans le passé mais sans savoir que c’est du passé. Quand l’historien Johann Chapoutot met en évidence le lien entre les formes actuelles du management et certains modèles techniciens d’organisation nazie, il montre que l’ombre de ce passé vient hanter notre présent. Avec
Benjamin, il nous faut sauver le passé en le réparant à partir du présent, pour rendre ainsi justice aux vaincus, par une remémoration thérapeutique de ce qui a été historiquement « raté ». Qu’entendez-vous par « le potentiel fasciste originaire » ?
Adorno, interlocuteur de Walter Benjamin, le formule clairement : « Le passé ne serait totalement élucidé que si les causes qui l’ont déterminé étaient éliminées. C’est parce que les causes subsistent que rien jusqu’à présent n’est venu rompre sa présence maléfique. » Le fascisme, dans sa version nazie avec Eichmann, émerge sur les ruines d’une pensée libre, il
substitue à la capacité de penser, qui est aussi celle de juger moralement, une organisation bureaucratique autoritaire et totalitaire qui prend en charge la totalité de l’existence. Les agences du parti totalitaire, comme aujourd’hui les agences du néolibéralisme en matière de santé et d’éducation, prescrivent ce qu’il faut penser et ce qu’il faut faire. C’est Umberto Eco qui parle très justement d’un « fascisme primitif », d’un « fascisme originaire » (« Ur-Fascism ») pour parler de cet « irrationalisme » qui installe un langage administratif et technique impératif pour organiser la vie d’individus isolés et désolés.
Quelles formes prennent dans la politique française actuelle ces illusions machiniques du présent, cet actualisme de l’idéologie du progrès et de la croissance ?
Nous sommes prisonniers d’une conception de l’humain qui devrait être toujours plus efficient de par ses compétences techniques. Le programme de Blanquer, c’est l’horreur même pour l’humaniste que je suis. Son obsession pour la transmission de compétences techniques inscrites et incorporées dans des processus de réseaux synaptiques n’a rien à voir
avec une école à la Freinet, qui visait à capter le désir des élèves pour vivre ensemble le monde en éveillant leur curiosité. C’est politiquement très dangereux de réduire l’humain à une machine neuronale. Ce n’est pas de la science mais un scientisme fondateur légitimant les inégalités sociales et la servitude volontaire. Le fascisme est aussi là, dans le fait de réduire le
sujet humain à une machine neuronale. C’est ce que je développe dans « Exilés de l’intime, vers un homme neuro-économique ».
Si on veut combattre les apprentissages serviles de Blanquer, il faut reprendre les chemins de Montessori et Freinet. Blanquer est de fait la figure monstrueuse et le monsieur Loyal du cirque tayloriste, qui rabaisse l’humain au rang d’autoentrepreneur de lui-même lancé dans une compétition de marché. Le discours macronien du progressisme est une illusion, c’est un progressisme qui n’est qu’une mode, une course après des instants fugitifs, sans vision d’avenir ni reconnaissance du passé dans le présent. Mon livre analyse cette falsification de notre attitude par rapport au défi de la modernité : une oscillation entre la pensée réactionnaire
du « c’était mieux avant » et une fuite dans le « modernisme » des instants à venir, coupés du passé comme du futur, et dont le seul souci est que « tout bouge pour que rien ne change », comme le dit Tancredi dans le film « le Guépard ».
Que devient la possibilité d’une utopie ? Avec Walter Benjamin, vous affirmez qu’elle n’est plus « futur possible et souhaitable, située au bout de l’horizon historique des lendemains qui chantent », mais l’occasion de « prévoir le présent ».
L’utopie est liée à la question de la mémoire et du temps. Elle ne doit pas être la projection du paradis perdu vers un futur inatteignable, mais à chaque instant l’occasion de se saisir d’une opportunité pour produire de l’inédit dans le présent. Le véritable progrès échappe à l’idéologie du progrès, comme le dit Adorno. Ce pourrait être un mot d’ordre. On n’a pas besoin de programme politique, mais d’un projet qui permette d’arracher chacun à la servitude et à l’aliénation, à la confiscation de son potentiel de création par les automatismes technico-financiers. Nous sommes prisonniers de conceptions mécaniques du présent, incapables de resituer le chemin parcouru et de voir les chemins de traverse laissés de côté. Il y a sans doute à reprendre certains de ces chemins à partir de la mémoire.
La place de l’histoire, de la philosophie et d’une manière générale des sciences humaines et sociales, dans les dispositifs de transmission, est essentielle. N’oublions pas les mots de Primo Levi : « L’histoire entière du “Reich millénaire” peut être relue comme une guerre contre la mémoire, une falsification de la mémoire à la Orwell, une négation de la réalité allant jusqu’à la fuite définitive hors de la réalité. »
Entretien réalisé par Nicolas Mathey

Reproduit avec l’aimable autorisation de l’UPOP AUBE et de Jean Lefèvre, très attaché à « faire circuler la bonne huile pour améliorer la machine sociale ».

Contre l’islamophobie et tous les racismes, face aux violences policières et aux tentatives d’intimidation : nous ne nous laisserons pas calomnier