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Laïcité
Immigration=invasion ?
Par Rémy Dufaut
« Le plus grand danger à l’heure actuelle n’est pas, si je puis dire, dans les événements eux-mêmes. […] Il est dans l’énervement qui gagne, dans l’inquiétude qui se propage, dans les impulsions subites qui naissent de la peur, de l’incertitude aiguë, de l’anxiété prolongée. »
— Jean Jaurès – Extraits de son dernier article dans L’Humanité du 31 juillet 1914
A la lecture des nouvelles de ces jours-ci, l’annonce du reconfinement m’affecte finalement moins que celles-ci :
Pour Christian Estrosi, « il faut modifier la Constitution » pour lutter contre le terrorisme.
Au lendemain de l’attentat de Nice, le maire de la ville estime que « la volonté d’agir » contre le terrorisme « ne suffit pas ». « Il faut des actes et des actes immédiats », a-t-il martelé au micro d’Europe 1.
Terrorisme : Eric Ciotti réclame un « Guantanamo à la française ».
Partisan d’une législation « d’exception » face à l’islamisme radical, le député des Alpes-Maritimes s’est dit favorable à un système de rétention administrative préventive pour les individus les « plus dangereux », évoquant l’exemple du camp de détention militaire américain.
Attaque de Nice: droite et RN veulent durcir la lutte contre l’immigration.
La droite et le Rassemblement national ont mis vendredi l’accent sur la lutte contre l’immigration au lendemain de l’attaque au couteau à Nice commise par ce jeune Tunisien qui venait d’arriver en France.
Valeurs Actuelles nous avait pourtant bien mis en garde dès janvier, signalant entre autres l’« anomalie » concernant les migrants géorgiens et Albanais, troisièmes et quatrièmes en terme de demandes d’asile alors que leurs pays d’origine sont considérés comme « sûrs ».
Ces déclarations, que l’on peut à juste titre considérer comme de réelles et graves dérives, font largement le miel des « identitaires» qui s’en délectent et surenchérissent, répétant que les frontières sont la « seule solution à l’immigration-invasion. »
Si nous poursuivons un peu la lecture des médias en tous genres et, poussant à notre tour le bouchon, afin de démonter le ridicule de ces proclamations inacceptables, nous finissons par nous poser un certain nombre de questions :
- serions-nous confrontés à l’arrivée massive d’espèces invasives à l’instar des invasions de coccinelles asiatiques et de l’explosion de punaises diaboliques?
- devrions-nous nous inquiéter du fait que ces espèces invasives coûtent des milliards d’euros ?
- n’est-il pas exact que la souris a profité de l’homme pour conquérir le monde ?
- n’est-il pas vrai que certaines aient même trouvé la clé du succès d’une invasion, s’efforçant de s’accoupler plus souvent, avec des mâles d’autres espèces ?
- n’en retrouve-t-on pas jusque dans nos assiettes ?
Je propose donc à MM. Estrosi et Ciotti ainsi qu’à leurs amis d’extrême-droite quelques pistes de réflexion du même tonneau pour tenter d’endiguer le « fléau »:
- n’oublions pas que les espèces invasives les plus dangereuses sont les plus casanières et qu’il est ainsi plus facile de les débusquer.
- il suffit de prendre des clichés par millions pour les traquer ou bien d’utiliser des pesticides, ce qui, en passant, ferait grand plaisir aux lobbies agro-chimiques qui leur sont si chers…
- prenons exemple sur cet Américain qui fabrique des masques en peau de python et d’iguane pour se protéger du coronavirus.
- il n’est pas exclus non plus de lutter contre les espèces invasives en les mangeant.
- par ailleurs, ne diabolisons pas trop les espèces invasives. On se pose d’ailleurs encore la question de savoir si elles sont trop mignonnes ou super invasives.
- et puis, elles pourraient finalement avoir un impact positif sur la biodiversité.
Alors, plus simplement et plus sérieusement, n’irions-nous pas mieux si nous apprenions à vivre avec les immigrés et surtout à les considérer comme des êtres humains, pour la plupart parfaitement intègres et très généreux, que nous nous devons d’accueillir et d’aider, car nous en avons malgré tout encore les moyens, au lieu de tous les voir systématiquement comme d’inéluctables islamistes décérébrés ? Ils en sont eux-mêmes les premières victimes…
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Nice : un nouvel attentat contre la laïcité
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Haine, arbitraire : nous ne céderons rien
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Samuel Paty, en souvenir d’avenir
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L’islamiste politique ne décide jamais d’une révolution, mais de comment la parasiter
Par Kamel Daoud

Tribune |Comment la Religion arrive-t-elle presque toujours à voler nos révolutions ? Comment opère-t-elle ce hold-up des espoirs et des soulèvements ? L’écrivain Kamel Daoud livre une analyse subjective, personnelle, « impliquée », de son aventure intellectuelle et artistique depuis quatre décennies.
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Discours d’Emmanuel Macron : « On attendait peut-être une parole un peu plus forte, qui prend du recul », déplore Arié Alimi

L’avocat de la Ligue des droits de l’Homme s’inquiète « des appels à viser des musulmans » émanant d’ « une grande partie des forces politiques françaises ». En faisant cela, on fait le jeu des islamistes qui tentent de « stigmatiser les musulmans pour créer encore plus de radicalisation et éventuellement d’engouement terroriste ».
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« Nos autorités ont laissé se développer ce qui allait devenir l’islamisme »
Les collègues, la hiérarchie, l’éducation nationale
Par la rédaction de CHARLIE HEBDO.fr
Ne pas jeter d’huile sur le feu. C’est un sujet sensible. Ne pas heurter les convictions des élèves et des familles. Surtout ne pas risquer d’être soupçonné de racisme. Attention à ne pas imposer une vision trop stricte de la laïcité. Si certains élèves refusent d’aller à certains cours, pourquoi ne pas leur proposer une solution de remplacement ? Pas de provocation. Moins on en parle, mieux on se porte… Souvent, la difficulté qu’ont les enseignants à aborder les thèmes de la laïcité, de la liberté d’expression, des attentats islamistes, à parler de Charlie à l’école, est aussi liée à l’attitude désespérante de leurs collègues, qui baissent les bras ou, pire, anticipent les « tabous » réels ou supposés des élèves. A l’attitude de leur hiérarchie, qui ne les soutient pas. Ou à celle, enfin, d’une institution qui préfère « ne pas faire de vagues ». Témoignage d’un retraité de l’Éducation nationale.
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Les brèves de Jean
L’actu sous la loupe de Jean Camus
Le mardi 20 octobre 2020, Le Monde publie le témoignage d’une enseignante: K…… originaire d’Algérie enseigne en CM2, elle a 2 filles. « Mes parents ont cru en l’école, ils m’ont obligée à apprendre, à respecter mes professeurs. Notre intégration, notre réussite tout passait par là… » « Je me bats pour mes filles. Je ne lâche rien sur la laïcité à l’école et les valeurs de la République. Mais je sais qu’un jour viendra où je serai menacée….. »
Si seulement elle se sentait plus soutenue par sa hiérarchie, si elle savait que la direction ne se couchera pas devant des parents vindicatifs. « Mais l’administration a peur. Le mot d’ordre est: pas de vagues, surtout pas de vagues… Elle capitule.. Alors on louvoie, on joue au caméléon. C ‘est très compliqué. »
La comédienne Zabou Breitman ajoute: « Cet attentat m’a fait tomber dans un trou. Plus rien n’existait, Trump, le Covid, la crise du théâtre ? Que nous arrive-t-il ? Comment avons-nous abandonné notre précieuse laïcité ? »
Jérôme Feneglio dans l’Editorial du Monde :« Avant de payer de sa vie son ardeur à transmettre la notion de tolérance, Samuel Paty a enduré seul, un calvaire qui concentre bien des maux. Il a fait l’objet d’une chasse à l’homme sur les réseaux sociaux. Il s’est retrouvé harcelé, traqué jusqu’à ce qu’ une brute fanatique convertisse cette haine en assassinat monstrueux. »
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Observatoire de la laïcité
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Conflans : l’horreur de l’obscurantisme
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Ce soir

L’aube du XXe siècle en harangues et en chansons : tout le climat de l’affaire Dreyfus
Par L’Aube Musagète
Avec François Cancelli, Fabien Packo, Emmanuelle Touly, mise en scène Marie-Hélène Aïn
C’est une histoire racontée en textes d’écrivains, en chansons et en costumes, qui dépayse le spectateur et lui rappelle en même temps que si le contexte historique change, les passions humaines, elles, perdurent.
Tout public dès 12 ans
Spectacle à 20h30
Masques et réservations obligatoires
Théâtre de la Forêt d’Orient
14 rue Théophile Boutiot
Vendeuvre-sur-Barse (10140)
0971370180 / tforient@gmail.com
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Loi sur le séparatisme
par Rémy Dufaut

C’est le 9 décembre prochain, date anniversaire de promulgation de la loi de 1905 de séparation des églises et de l’Etat, que sera présenté le projet de loi sur les « séparatismes » dans le but de « préserver la laïcité et l’unité de la République » en contrant les groupes qui lui sont « hostiles ».
La date n’est de toute évidence pas anodine.
Ce qui l’est encore moins, c’est quand, dans son ambition de supprimer le système des imams détachés, le président annonce le 2 octobre : « Nous allons nous-mêmes former nos imams et psalmodieurs en France, et donc, nous devons détacher ce lien qui est celui qu’on nomme l’islam consulaire. »
Comment le gouvernement de la France compte-t-il s’y prendre pour former les « imams et psalmodieurs » ? Cela est-il du ressort du gouvernement de la République ? Qui financera cette formation ? Où sera-t-elle dispensée ? Cela ne va-t-il pas à l’encontre de l’article 2 de la loi qui stipule :
« La République ne reconnaît, ne salarie ni ne subventionne aucun culte.
[…]
Les établissements publics du culte sont supprimés, sous réserve des dispositions énoncées à l’article 3. »
Jusqu’à preuve du contraire (et hormis certaines spécificités régionales), je ne pense pas que la formation des prêtres, pasteurs, rabbins, bonzes et autres chargés de missions pastorales soit effectuée et, à plus forte raison, financée par l’Etat français…
Dès 2018, invoquant des « risques extérieurs, Emmanuel Macron envisageait déjà d’ « amender » la loi de 1905. Le 12 décembre 2018, nous avions été reçus par T. Mosimann, préfet de l’Aube, avec plusieurs associations de défense de la laïcité pour exprimer nos inquiétudes face aux projets d’E. Macron.
En février dernier, le président annonçait ses premières mesures contre le « séparatisme islamiste » depuis Mulhouse. Début septembre il remettait le couvert au Panthéon à l’occasion des 150 ans de la proclamation de la République, défendant la notion de « patriotisme républicain » et pointant, notamment, le « séparatisme ».
Selon les commentateurs, soit il tente de brouter l’herbe sous le pied de Marine Le Pen pour se positionner face à elle en 2022, soit il lui ouvre un boulevard phénoménal dans la même perspective.
Dans tous les cas, il n’a de cesse que de réformer cette loi si contraignante pour ses amis de tous bords, si désireux d’avoir les coudées franches dans leurs ferveurs calotines, fondamentalistes et réactionnaires…
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Le parquet de Paris ouvre une enquête après de nouveaux propos racistes d’Eric Zemmour
Cette nouvelle enquête contre le polémiste intervient une semaine après sa condamnation pour les mêmes motifs.
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Lettre ouverte concernant la destruction de l’oeuvre La chapelle des ronces

Erik Samakh. La chapelle des ronces. 2020.
Chapelle de la Trinité.
Domaine de Kerguéhennec.@Erik Samakh
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TÉMOIGNAGE – Une étudiante strasbourgeoise agressée parce qu’elle portait une jupe
Une étudiante strasbourgeoise a été insultée et frappée au visage vendredi 18 septembre parce qu’elle portait une jupe. Elisabeth dénonce un climat de plus en plus malsain et dangereux pour les jeunes femmes à Strasbourg.

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L’internationale réactionnaire
Monde diplomatique
Septembre 2020, page 13, en kiosques Dossier : expansion de l’évangélisme
De São Paolo à Séoul, d’Abuja à Houston, une doctrine et des rituels communs rassemblent des foules de protestants évangéliques dans des centaines d’Églises. Depuis la fin de la seconde guerre mondiale, ce courant a prospéré sur un terrain fertile, auquel il a longtemps offert un bras armé : l’anticommunisme. Nourri par le soutien d’États puissants ainsi que par un prosélytisme efficace, son succès va désormais de pair avec le recul d’idéologies porteuses d’espoirs plus terrestres. Avec plus de 660 millions de membres et des antennes dans la quasi-totalité des pays, les évangéliques constituent l’une des forces politiques les plus puissantes et les plus structurées de la planète.
par Akram Belkaïd & Lamia Oualalou
De Rio de Janeiro à Séoul en passant par Mexico et Lagos, le monde protestant connaît depuis quatre décennies une dynamique ultraconservatrice qui influe sur les questions sociales, sociétales mais aussi économiques et diplomatiques. Avec ses 660 millions de fidèles, l’évangélisme chrétien — un courant du protestantisme — progresse ainsi de manière fulgurante (1). Au début du XXe siècle, 94 % de la population de l’Amérique du Sud était catholique ; seul 1 % des habitants du continent se revendiquait du protestantisme. Aujourd’hui, les protestants sont 20 %, la proportion des fidèles au Vatican étant tombée à 69 %. Au Brésil, en 1970, 92 % des habitants se déclaraient catholiques ; ils n’étaient plus que 64 % en 2010, les « défections » ayant bénéficié aux multiples Églises évangéliques, notamment pentecôtistes, qui prolifèrent dans ce pays (2). Et le candidat à la présidence en 2018, M. Jair Bolsonaro, a bénéficié du vote de 70 % des évangéliques. Leurs onze millions de voix ont fait la différence avec M. Fernando Haddad, le candidat du Parti des travailleurs. En 2016, plus ouvertement encore que ses prédécesseurs républicains, Ronald Reagan et M. George W. Bush, M. Donald Trump a courtisé cet électorat qu’il considère aujourd’hui comme essentiel à sa réélection en novembre. Désormais, évangélique rime avec politique.
Le point de départ de cette évolution se situe aux États-Unis. Le pentecôtisme y est né dans les années 1910, accordant une importance au récit de la Pentecôte et à l’influence du Saint-Esprit sur les apôtres de Jésus-Christ. Des missionnaires ont alors commencé à sillonner la planète pour répandre les principes fondamentaux du pentecôtisme : la renaissance ou le début d’une vie nouvelle par une conversion personnelle passant par un « second baptême », et la centralité de la Bible dans la vie quotidienne et son inerrance, c’est-à-dire l’affirmation doctrinale qu’elle ne contient aucune erreur. À cela s’ajoute l’importance du témoignage personnel dans l’expression de la foi. Relancé par la « deuxième vague » des années 1960, ce mouvement en connaît une autre, vingt ans plus tard, quand apparaît, toujours aux États-Unis, le néopentecôtisme. Avec cette « troisième vague », les fidèles doivent intégrer la nécessaire lutte quotidienne contre le mal et le démon. Il leur faut aussi accorder une importance particulière aux signes et prodiges relevant du divin. Miracles, guérisons, « prophétisation » et « parler en langue » (langage spirituel surnaturel avec lequel le fidèle « communique » directement avec Dieu) sont les piliers de cette religion ouvertement prosélyte (3).
Au même moment, les milieux néopentecôtistes diffusent la théologie de la prospérité qui fait de la foi le moyen d’arriver à l’aisance financière. La richesse est ainsi présentée comme un signe de santé spirituelle qui ne saurait être condamné (à l’inverse, la pauvreté est souvent qualifiée de punition divine). Les croyants sont appelés à verser des dons réguliers pour soutenir leur Église. Donner de l’argent devient aussi un geste prophylactique susceptible d’éloigner le mal, de résoudre les problèmes personnels et de permettre les guérisons. Ici et là, de retentissants scandales financiers et de mœurs entachent cet essor (4). Des fidèles abusés se tournent vers la justice, et des télévangélistes comme le très célèbre Jimmy Swaggart, tonitruant pourfendeur du mal devant les caméras, doivent faire acte de contrition pour avoir cédé à l’appel de la chair, ce qui inspirera le tube Jesus, He Knows Me (« Jésus, Il me connaît ») au groupe de rock Genesis. Mais la machine est en marche. Peu à peu, des transnationales évangéliques apparaissent. Les échanges d’un pays à l’autre se multiplient. Aux missionnaires américains succèdent des cadres locaux qui enrôlent de nouveaux adeptes. Des écoles, des universités, des centres culturels et des hôpitaux sortent de terre : tout doit concourir à diffuser la doctrine.
Églises évangéliques, en France et dans le monde
Cécile Marin
La galaxie évangélique est loin d’être homogène. Remontant au XVIIe siècle, le baptisme, qui compte aujourd’hui cent millions de croyants, dénombre en son sein une multitude d’Églises plutôt progressistes ou modérées, l’une de ses grandes figures étant l’ancien président américain James Carter, Prix Nobel de la paix en 2002. De leur côté, les néopentecôtistes n’adhèrent pas tous à la théologie de la prospérité. Et tous ne votent pas pour un candidat de droite, certains d’entre eux ayant constitué un soutien de taille pour les présidents vénézuéliens Hugo Chávez et Nicolás Maduro. Mais l’essentiel du courant qu’ils forment demeure ultraconservateur, pour ne pas dire réactionnaire. Souvent favorable à la peine de mort, farouchement opposé à l’avortement, le néopentecôtisme refuse, au nom de la « défense de la famille », les législations favorables aux minorités LGBT+. En Ouganda, les Églises évangéliques militent en permanence pour le durcissement des lois qui pénalisent déjà l’homosexualité, et elles réclament de nouveaux textes pour autoriser la mise en place de « thérapies de conversion » censées « guérir » les homosexuels en changeant leur orientation sexuelle. Au Malawi comme en Afrique du Sud ou au Zimbabwe, les discours homophobes et antimigrants sont amplifiés par des télévangélistes, dont les plus célèbres, comme le « prophète » Shepherd Bushiri, détiennent des fortunes colossales.
Cécile Marin
Incarnant l’espoir d’une alternance à gauche, le président mexicain Andrés Manuel López Obrador n’hésite pas, lui non plus, à faire sien le langage politico-biblique, se proclamant « disciple de Jésus-Christ » et faisant alliance avec une petite formation conservatrice, Partido Encuentro Social (Parti rencontre sociale), dirigée par des chrétiens évangéliques et désireux d’aider le président mexicain « sur les questions de la vie et de la famille ». Partout, les évangéliques marquent ainsi des points. Les relations entre les religions en sont directement affectées. Alors que l’Église catholique et les protestants traditionnels dialoguent régulièrement avec les divers représentants de l’islam, les évangéliques, qui soutiennent l’État d’Israël, ne cachent pas leur hostilité aux musulmans, souvent considérés comme autant d’ennemis potentiels ou de populations à convertir.
Akram Belkaïd & Lamia Oualalou
Journaliste, auteure de Jésus t’aime ! La déferlante évangélique, Cerf, Paris, 2018.
(1) Sauf mention contraire, les statistiques citées dans cet article sont tirées des études publiées par le Pew Research Center, un organisme indépendant américain qui consacre une grande partie de ses activités à l’étude des religions aux États-Unis et dans le monde.
(2) Lire Lamia Oualalou, « Les évangélistes à la conquête du Brésil », Le Monde diplomatique, octobre 2014.
(3) Cf. Jean-Yves Carluer, L’Évangélisation. Des protestants évangéliques en quête de conversions, Exelcis, Charols, 2006.
(4) Lire Ingrid Carlander, « La foire aux miracles des télévangélistes américains », Le Monde diplomatique, juin 1988.
(5) Cf. Évangéliques de France, la course aux adeptes, documentaire de Cyril Vauzelle, LF Production, Montreuil, 2016.
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