De mieux en mieux !

Traversée de la Manche : le Royaume-Uni envisage d’utiliser des filets pour empêcher les migrants d’accoster

Un bateau de la Border Force, la police aux frontières britannique, dans la Manche. Crédit : Picture-alliance/empics/V.Jones


Le gouvernement anglais cherche un moyen de mettre en place « au cours des prochains mois » un filet le long de ses côtes afin d’immobiliser les embarcations de migrants. Il espère pouvoir ensuite les raccompagner vers la France.

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Les brèves de Jean

L’actu à travers la loupe de Jean Camus

Le pacte sur  la migration et l’asile, une nouvelle fuite en avant de l’UE.

La commission a cédé devant  les pays rétifs à l’accueil des migrants. Ce sont donc 27  régimes très différents. Et cela malgré un bilan très lourd, 35 000 morts depuis 30 ans , déjà 612 en Méditerranée pour l’année 2020. L’Europe est devenue la destination la plus dangereuse.

Ce pacte prônait une nouvelle approche « humaine et compassionnelle », un compromis entre « solidarité et responsabilité », disons plutôt lâcheté et cynisme. Plusieurs dispositions du pacte vont à l’encontre du droit d’asile. Plusieurs États n’hésitent pas à institutionnaliser des violations des droits de l’homme. L’UE s’engage sur la voie du renoncement aux droits d’asile, disposition qui contrevient à la Convention de Genève.

Le principe de solidarité « flexibilité » permettra aux pays de choisir entre l’asile et les expulsions, le Premier ministre hongrois sera sans doute volontaire pour la reconduite aux frontières… barbelées.

Et pourtant une reconduite coûte fort cher, 14 000 € en France par expulsion.

Sans un régime d’asile commun avec des critères harmonisés, ce pacte sur la migration sera voué à l’échec.


France : deux départements dénoncent le « chantage financier » de l’État sur la prise en charge des mineurs isolés

Des migrants mineurs à Paris, en mars 2019. Crédit : InfoMigrants

La Seine-Saint-Denis et le Val-de-Marne ont annoncé lundi 5 octobre avoir déposé un recours auprès du Conseil d’État contre un décret paru cet été, qui prévoit de baisser la contribution de l’État aux départements refusant de recenser les mineurs isolés dans un fichier biométrique.

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« Carnets de solidarité », une enquête au cœur de la France solidaire

Parution le 7 octobre, éd. Payot

« Il vaudrait mieux qu’on nous tue »: les migrants piégés dans le cul-de-sac bosnien

Un migrant dans un camp à Lipa, près de la ville de Bihac (nord de la Bosnie), le 29 septembre 2020
© AFP, ELVIS BARUKCIC

AFP, publié le samedi 03 octobre 2020 à 12h41

La forêt est leur seul abri mais en ce début d’automne, la froideur de la nuit est déjà dure à supporter: des centaines de migrants bloqués en Bosnie enchaînent les tentatives de passage vers la Croatie et leur rêve européen, dans la violence et une précarité extrême.

La Bosnie est un cul-de-sac pour des milliers de migrants de la « route des Balkans » qui traversent ce pays pauvre et enclavé dans l’espoir de rejoindre l’Europe occidentale.

Des dizaines d’entre eux essayent tous les jours d’entrer illégalement en Croatie mais sont régulièrement refoulés en Bosnie, où les autorités ferment des centres d’accueil sous la pression d’habitants excédés par leur présence.

Dans l’extrême nord-ouest de la Bosnie, dans la forêt proche de la petite ville de Velika Kladusa, Mahbubur Rahman, 23 ans, parti du Bangladesh en février 2019, se prépare pour sa quatrième tentative de passage.

Déterminé à parvenir en Italie avant l’hiver, il vit depuis un mois dans un camp de fortune en compagnie de 300 autres Bangladais, des jeunes hommes pour la plupart, à trois kilomètres de la frontière.

Des dizaines d’abris, fabriqués à l’aide de branches de bois et de bâches en plastique, ne les protègent plus du froid après le coucher du soleil. La nuit, les températures descendent à 5°C et seront négatives d’ici un mois.

« Il fait très froid maintenant, il pleut. Nous n’avons pas de nourriture, d’eau, des gens tombent malades », raconte Mahbubur Rahman à l’AFP.

– « Torture » –

Le jour, les plus audacieux se lavent dans un ruisseau à proximité. D’autres rapportent de l’eau pour préparer un maigre repas de riz ou de pâtes.

Mahbubur Rahman décrit les refoulements par la police croate comme une « torture »: « Ils nous prennent tout, les vestes, les sacs, la nourriture, les chaussures, l’argent. C’est le plus grave problème ».

Les migrants, originaires souvent d’Afghanistan, du Pakistan, du Bangladesh et du Maroc, accusent aussi régulièrement les policiers croates de les passer à tabac. A Zagreb, les autorités réfutent tout en bloc.

Aux violences qu’ils disent subir aux mains des forces de l’ordre croates, s’ajoutent des bagarres fréquentes entre migrants de différentes nationalités.

Deux Pakistanais ont été tués mercredi et une vingtaine blessés lors d’une rixe avec un groupe qu’ils ont présentés comme des Afghans, près de Bihac, la grande ville de la région, selon la police.

Les migrants sans abri sont estimés dans le pays à environ 2.500 par l’Organisation internationale pour les migrations (OIM), mais celle-ci juge que leur nombre va s’envoler avec la fermeture par les autorités de certains centres d’accueil.

« On va très rapidement dans la direction d’une crise humanitaire », met en garde Peter Van der Auweraert, responsable de l’OIM en Bosnie. « On risque de se retrouver, fin novembre, dans une situation où il y aura 4.000 à 4.500 personnes sans abri (…) dans cette région où il y a beaucoup de neige et où il fait très froid », dit-il à l’AFP.

– « Crise humanitaire » –

Les autorités ont fermé mercredi un site géré par l’OIM qui a accueilli jusqu’à 2.000 personnes à Bihac.

Depuis un mois déjà, aucun nouveau arrivant ne pouvait y rentrer et ceux qui en sortaient pour un « game », nom donné par les migrants à leurs tentatives de passage frontalier, étaient empêchés d’y revenir.

Les autorités locales veulent également fermer rapidement le centre de Velika Kladusa (700 personnes), interdit aussi d’accès à tout nouveau migrant.

Les habitants de ces deux localités ont manifesté à plusieurs reprises pour réclamer la fermeture des camps et le sujet est sensible politiquement à l’approche des élections municipales de novembre.

« Au-delà de l’inhumanité de tout cela, il est difficile de voir comment (cette) action répond aux préoccupations légitimes des citoyens », a dénoncé Peter Van der Auweraert sur Twitter. « Elle ne fera qu’augmenter le nombre de personnes qui dorment déjà dehors ».

« Ces actions irresponsables mettent des vies en danger », a renchéri la délégation de l’Union européenne en Bosnie.

Mustafa Ruznic, le Premier ministre du canton de Bihac, se défend en parlant « d’un foyer de problèmes sécuritaires et sanitaires ».

Kafil Kashr, journaliste de 48 ans qui a fui le Cachemire indien, compte, lui, quatorze tentatives de passage en un an et demi. Il se repose avant un nouveau « game ».

« Nous sommes venus jusqu’ici pour chercher le salut. Mais on nous donne des coups de pieds, on nous frappe. Il vaudrait mieux qu’on nous tue la prochaine fois. On en a marre ! ».

Le parquet de Paris ouvre une enquête après de nouveaux propos racistes d’Eric Zemmour

Cette nouvelle enquête contre le polémiste intervient une semaine après sa condamnation pour les mêmes motifs.

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Nouveau démantèlement d’un important campement de migrants à Calais

La police française évacue un campement de migrants à Calais (Pas-de-Calais), le 29 septembre 2020. (BERNARD BARRON / AFP)


AFP, publié le mardi 29 septembre 2020 à 10h37

Les forces de l’ordre procédaient mardi matin à Calais au démantèlement d’un important campement de migrants, où vivent entre 700 et 800 personnes, ont constaté des journalistes de l’AFP.

L’opération, qui se déroulait dans le calme, a débuté vers 07H00 dans ce secteur dit de « la lande de Virval » situé autour de l’hôpital de Calais, bouclé par les policiers. Une vingtaine de migrants ont été conduits dans un bus vers 7H30, un deuxième était prêt à partir vers 08H00.

Peu après 9H00, quelque 200 migrants avaient été évacués, selon la sous-préfecture et la PAF avait au même moment procédé à 21 interpellations. 

Des tentes et des véhicules de la Protection civile ont été installés à l’entrée de cette zone.

« J’ai décidé de mener cette opération avant les grands froids de l’hiver et des températures de -3 à -4 degrés », a déclaré sur place le préfet du Pas-de-Calais, Louis Le Franc, précisant que 150 migrants seront « mis à l’abri » dans le Pas-de Calais, 150 dans les autres départements des Hauts-de-France et les 500 autres acheminés dans des centres d’accueil de différentes régions. 

« Nous voulons éviter toute concentration et point de fixation nouveaux sur Calais et cette zone du Virval sera rendue inaccessible. Nous étudions avec la maire de Calais ce qu’il sera possible de faire », a ajouté M. Le Franc. « Notre objectif est aussi de lutter activement contre les passeurs et les systèmes qu’ils mettent en place », a-t-il poursuivi.

Dans le sous-bois où étaient installés les migrants, de nombreuses tentes, duvets, couvertures, chaussures et vêtements ont été abandonnés. Canettes, déchets, caddies renversés et bâches jonchent le sol, ainsi que des couvertures de survie.

Les services de l’Etat estiment à un millier le nombre de migrants vivant à Calais, dans l’espoir de rejoindre l’Angleterre. Les associations dénoncent, elles, régulièrement ces opérations de démantèlement, après lesquelles nombre de migrants reviennent. 

Jeudi, la Défenseure des droits Claire Hédon avait dénoncé les conditions de vie « dégradantes et inhumaines » des migrants à Calais.

Quelque 250 militants d’associations et migrants, majoritairement originaires de la Corne de l’Afrique, avaient également manifesté samedi à Calais sous la pluie pour dénoncer les conditions de vie de ces derniers et l’interdiction de leur distribuer des repas dans le centre-ville imposée par arrêté préfectoral depuis le 10 septembre aux associations non-mandatées par l’Etat.

Les services de l’État justifient cette interdiction par des troubles à l’ordre public et le fait que ces distributions ne permettraient pas le bon respect des mesures de distanciation sociale. Ils soulignent que l’association La Vie active, mandatée par l’Etat, pourvoit aux besoins en eau et nourriture des migrants. 

Réforme de l’asile de l’UE : l’ONU réclame une mise en oeuvre « urgente »

REUTERS/Alkis Konstantinidis | Des réfugiés et des migrants du camp détruit de Moria ont dû s’installer dans un nouveau camp temporaire, sur l’île de Lesbos, Grèce, le 16 septembre 2020. Image d’illustration.

Le Haut-Commissariat de l’ONU pour les réfugiés a réclamé lundi la mise en œuvre « urgente » de la réforme de l’asile de l’Union européenne. L’agence a néanmoins regretté que l’accent soit mis « sur les retours ».

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Un exemple pour nous?

« La diversité est notre futur ». Voici le message que l’on peut trouver à l’entrée de la petite ville de Neuruppin, en ex-RDA, dans l’est de l’Allemagne.

Cette commune fait figure d’exception dans une région où le parti anti-immigration d’extrême droite, Alternative fur Deutschland (AfD), est très populaire : Neuruppin s’est en effet porté volontaire pour accueillir des migrants du camp de Moria, en Grèce, qui a été dévasté par les flammes début septembre.

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La fin du chacun pour soi ? Chiche !

Université d’Oxford/John Cairns
Des échantillons sont testés par des chercheurs à l’Université d’Oxford dans le cadre des efforts pour développer un vaccin contre le coronavirus.

AFP, publié le samedi 26 septembre 2020 à 18h03

L’Organisation mondiale de la santé redoute désormais que la pandémie de Covid-19 ne fasse deux millions de morts si le monde ne se mobilise pas fortement, et les appels se multiplient pour partager équitablement de futurs vaccins.

La pandémie a déjà fait près d’un million de morts, sur plus de 32 millions de cas de contamination dont sept millions aux Etats-Unis. Elle a plongé l’économie dans une récession sans précédent et contraint à annuler ou retarder des évènements culturels et sportifs majeurs.

Interrogé à Genève sur la possibilité que le bilan final du Covid-19 atteigne deux millions de morts, un responsable de l’OMS a jugé l’hypothèse plausible. « Si nous ne faisons pas tout ce qui est possible, le nombre dont vous parlez n’est pas seulement envisageable mais malheureusement très probable », a estimé Michael Ryan, directeur des Situations d’urgence de l’OMS.

Pour tenter d’éviter cela, une course effrénée au vaccin a été lancée: il s’agit à la fois de mettre au point cette arme anti-coronavirus et pour chaque pays de s’assurer que sa population pourra disposer de doses suffisantes.

A l’Assemblée générale annuelle des Nations Unies, l’Amérique latine et l’Australie ont réclamé un accès libre aux futurs vaccins, alors que les Etats-Unis, l’Europe et le Japon ont déjà réservé plus de la moitié des doses qui seraient disponibles dans un premier temps.


« Quiconque trouve un vaccin doit le partager… c’est une responsabilité mondiale et une responsabilité morale », a affirmé vendredi le Premier australien Scott Morrison. Le monde « jugera très, très  sévèrement » ceux qui chercheront à tirer de cette crise « un avantage à court terme ou un profit », a-t-il averti.

L’Inde, le plus grand fabriquant de vaccins au monde, utilisera ses ressources dans la lutte contre la pandémie « pour toute l’humanité », a promis samedi son Premier ministre Narendra Modi, devant l’ONU.

« La production de vaccins de l’Inde et ses capacités de livraison seront utilisées pour aider toute l’humanité à combattre cette crise », a déclaré Narendra Modi, ajoutant que son pays aiderait aussi les pays « à améliorer leur chaîne du froid et leurs capacités de stockage ».

– Accélération en Europe –

Pour l’heure, la pandémie continue de progresser.

Au total dans le monde, on a recensé 993.438 morts depuis fin décembre, selon un bilan établi par l’AFP samedi à 11h00 GMT.

La pandémie s’est légèrement accélérée cette semaine, avec 295.000 nouveaux cas par jour, soit 3% de plus que la semaine précédente.

C’est en Europe que l’accélération a été la plus forte (+22% par rapport à la semaine précédente).

Aux Etats-Unis, le pays le plus lourdement touché, l’épidémie stagne, mais à un niveau élevé: le nombre des contaminations a dépassé vendredi les 7 millions et plus de 203.500 personnes sont mortes du Covid-19 depuis février.

En Espagne, la région de Madrid s’apprête à étendre à de nouvelles zones les restrictions déjà en vigueur. A partir de lundi, 167.000 habitants supplémentaires – soit un peu plus d’un million de personnes – ne pourront sortir de leur quartier que pour des raisons précises: aller travailler, se rendre chez le médecin ou emmener leurs enfants à l’école.

Au Royaume-Uni, près de la moitié du Pays de Galles va faire l’objet d’un confinement local. Le ministre gallois de la Santé, Vaughan Getting, a annoncé qu’à partir de 18h00 dimanche il serait interdit d’entrer dans les villes de Cardiff et de Swansea ou d’en sortir sans une raison valable, professionnelle ou scolaire par exemple. Les mêmes dispositions entreront en vigueur samedi à Llanelli.

– Colère à Marseille –

A Marseille, la deuxième ville de France, responsables politiques, entrepreneurs et commerçants sont descendus dans la rue vendredi pour protester contre la fermeture totale des bars et des restaurants décidée par le gouvernement.

La métropole de Marseille-Aix est désormais classée « zone d’alerte maximale ». Onze autres agglomérations, dont Paris, ont été placées par le gouvernement en « zone d’alerte renforcée », avec entre autres mesures la fermeture des bars à 22 heures.

La mairie de Moscou, confrontée à un nouvel essor des contaminations, a demandé vendredi aux habitants âgés de la capitale russe de se confiner et a appelé les entreprises de privilégier le télétravail.

En Birmanie, pays relativement épargné jusque présent et où le système de santé est l’un des plus précaires au monde, 6.000 personnes étaient placées en quarantaine à Rangoun et samedi, les medias officiels ont rapporté que sept nouveaux centres avaient été construits pour isoler 1.000 autres personnes.

En Israël, le gouvernement a annoncé vendredi de nouvelles restrictions sur les vols internationaux.

A l’inverse, le Pérou rouvrira le 5 octobre ses frontières aériennes à un certain nombre de pays, après sept mois de fermeture.

Et en Chine, la foule se pressait samedi au grand salon automobile de Pékin – le seul événement international du secteur cette année – au moment où les constructeurs automobiles cherchent de nouveau à attirer les clients malgré la pandémie.

Bien tranquilles entre Manche et Méditerranée, qu’attendons-nous ?

Près de 90 migrants secourus dans la Manche en une journée.
Crédit : Société nationale de sauvetage en mer (SNSM) de Dunkerque


Algérie : 10 corps de migrants retrouvés noyés, 500 autres interceptés en mer.
Crédit : Google Street View

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Pour que le Briançonnais reste un territoire solidaire avec les exilés

Allemagne: manifestations de soutien aux réfugiés du camp de Moria

REUTERS/Christian Mang | Plusieurs milliers de personnes ont manifesté ce dimanche 20 septembre à Berlin. «Nous avons de la place», peut-on lire sur les pancartes.


En Allemagne, 5 000 personnes ont manifesté dimanche 20 septembre à Berlin, Cologne, Munich ou Leipzig pour demander au gouvernement d’accueillir davantage de réfugiés du camp de Moria, sur l’île grecque de Lesbos. Le gouvernement allemand s’est dit prêt à accueillir 1 500 personnes, en priorité des femmes et des enfants. Ce n’est pas assez pour les associations de défense des droits humains.

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Covid-19 : les personnes âgées ne veulent pas être « infantilisées »

© AFP, Anne-Christine POUJOULAT

AFP, publié le samedi 19 septembre 2020 à 18h52

Dans la « ligne de mire » des autorités dans la lutte contre l’épidémie de Covid-19, les plus de 60 ans ne veulent pas être « infantilisés » et encore moins « placardisés », beaucoup exprimant leurs craintes d’un clivage intergénérationnel.

« Il y a une façon protectrice d’appeler les personnes qui sont à plus grand risque à se protéger avec plus de vigilance, et une façon clivante: c’est hélas la seconde qui a été choisie. C’est une faute psychologique et humaine dramatique », déplore le psychiatre Serge Tisseron.

Depuis quelques semaines, la tonalité des discours est la même, à la mesure de la progression de l’épidémie. Le 27 août, le Premier ministre Jean Castex suggérait d’éviter « que papi et mamie aillent chercher les enfants à l’école ».

Le 10 septembre, le Pr Jean-François Delfraissy, qui préside le Conseil scientifique, indiquait que « deux populations sont sur notre ligne de mire », les personnes de plus de 60 ans qui sont « la cible de ce virus » avec les populations fragiles, et les 20-40 ans.

Jeudi, le ministre de la Santé Olivier Véran a dit « mesurer les sacrifices consentis » par les personnes âgées après « de longs mois de confinement », leur demandant néanmoins de « redoubler tous (leurs) efforts. Y compris celui, le plus difficile, de réduire encore le nombre de personnes que vous voyez chaque jour ».

Joël, fringant sexagénaire francilien, pongiste émérite, respecte les précautions sanitaires et les fait respecter dans le club de tennis de table qu’il préside. Mais il est un point sur lequel il ne transigera pas: « continuer de garder mes petits-enfants ».

Armelle Le Bigot-Macaux, présidente de l’Ecole des grands-parents européens, dénonce pour sa part « l’amalgame, l’infantilisation, la placardisation et le mépris de ce que l’on représente dans la société ».

– « Stratégie du bouc émissaire » –

« Ce qui me fait bondir c’est l’amalgame +60 ans et plus+ alors que cela recoupe deux générations », ajoute-t-elle, ulcérée également par un certain double discours. « Personne ne s’est occupé de nous cet été où on a rempli notre rôle en gardant nos petits-enfants, en leur remontant le moral. Ça arrangeait tout le monde et personne n’a rien dit parce qu’on était bien utile », fait-elle remarquer.

« On a fait de cette génération des plus âgés une catégorie qu’il fallait protéger à tout prix, qui devait être isolée du reste de la population. On a clivé », analyse la psychologue clinicienne Béatrice Copper-Royer, auteur du livre « Grands-parents, le maillon fort » (Albin Michel, 2018).

Egalement dans le viseur, la jeunesse. Pour le sociologue du CNRS Olivier Galland, davantage encore que les autres classes d’âge, « les jeunes sont plus affectés par les conséquences économiques et sociales de la crise et dans leur mode de vie ». Même si après le déconfinement, « on a eu un certain relâchement », « ce n’est pas pour autant qu’il faut les stigmatiser et en faire les grands coupables. Ce serait absurde ».

Le délégué général du Forum français de la jeunesse, Anthony Ikni, regrette le « paternalisme » de certains discours, notamment médiatiques, « toujours très stéréotypés » à l’égard des jeunes. « Il faut un peu raison garder dans ce débat et avoir en tête qu’on n’a pas énormément d’informations sur les chaînes de transmission » du virus.

« Pointer une catégorie de la population est extrêmement dangereux, surtout à l’heure des réseaux sociaux (qui) ont popularisé une culture de la dénonciation publique et de l’exacerbation des tensions entre groupes », met en garde le Dr Tisseron qui dénonce une « stratégie du bouc émissaire ».

Le pire pour Béatrice Copper-Royer serait d’ériger « deux mondes avec une frontière qu’on voudrait de plus en plus étanche. Alors que cela fait un bien fou de se mélanger entre générations, cela maintient la bonne santé psychique aussi bien des jeunes que des plus âgés ».

Immigration : le règlement de Dublin, l’impossible réforme ?

© REUTERS – Elias Marcou | Les réfugiés du camp de Moria déplacés vers un camp provisoire, sur l’île grecque de Lesbos, le 17 septembre.

En voulant abroger le règlement de Dublin, qui impose la responsabilité des demandeurs d’asile au premier pays d’entrée dans l’Union européenne, Bruxelles reconnaît des dysfonctionnements dans l’accueil des migrants. Mais les Vingt-Sept, plus que jamais divisés sur cette question, sont-ils prêts à une refonte du texte ? Éléments de réponses.

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Nous avons de la place

L’incendie du camp de Moria : mobilisons nous pour une évacuation immédiate

Tribune collective signée par Malik Salemkour “Algérie : appel « pour la libération des détenus du Hirak »”, publiée sur Le Monde

Reportage : à Lesbos, l’urgence humanitaire a éclipsé l’épidémie de coronavirus

Une femme porte un masque lors d’une distribution de nourriture organisée sur la route entre Moria et Mytilène, à Lesbos. Crédit : Mehdi Chebil pour InfoMigrants.



Sur l’île grecque de Lesbos, l’épidémie de coronavirus inquiète les autorités. Les 35 personnes migrantes qui avaient été détectées positives au virus ont fui avec les autres migrants lors de l’incendie qui a détruit le camp de Moria, dans la nuit du 8 au 9 septembre. Mais pour les exilés qui vivent à la rue depuis une semaine, la Covid-19 n’est plus qu’une angoisse lointaine, largement dominée par celle de ne pas trouver à manger chaque jour.

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Appel pour l’évacuation immédiate de Moria