Partir en vacances : un rêve inaccessible pour 40 % des Français



Les inégalités face aux vacances stagnent en France depuis une quarantaine d’années. Quatre Français sur dix ne peuvent toujours pas se permettre de partir en voyage. Dans un contexte où la pauvreté en France atteint un « niveau inégalé depuis près de 30 ans » selon l’Insee, la tendance ne devrait pas s’inverser.



Des millions de petits Français privés de vacances : cette exclusion sociale invisible


Faute d’argent, les écarts se creusent toujours plus entre les enfants qui partent en vacances et ceux qui demeurent tout l’été dans leur quartier. Les pouvoirs publics rechignent à se pencher sur une politique globale du temps libre. Comment rendre les mois d’été plus justes ?



« Les riches sont deux fois plus nombreux à partir en vacances que les plus pauvres, et cela depuis le début des années 1980 ». Entretien avec Sandra Hoibian


Partir en vacances, souvent et loin, c’est d’abord une question de revenus. Mais aussi une question de milieu social. Entretien avec Sandra Hoibian, directrice générale du Crédoc.



Les enfants inégaux face aux vacances



Près de cinq millions d’enfants ne partent pas en vacances. Souvent en raison du manque d’argent de leurs parents. Dans les familles à hauts revenus, 73 % des enfants font leurs valises au moins une fois par an. Dans les foyers à bas revenus, 56 % des enfants ne partent jamais.

Au moment des vacances, les enfants subissent des inégalités importantes selon le revenu de leurs parents. On sait que 38 % de l’ensemble des 5-19 ans ne sont pas partis en 2023, soit environ 4,8 millions d’enfants, d’après le Crédoc [1]. De nombreuses raisons ont pu jouer. Mais, parmi ceux qui ne sont pas partis, 41 % des parents ont indiqué qu’ils n’en avaient pas les moyens financiers, ce qui concernerait deux millions d’enfants.

Les écarts sont considérables selon les niveaux de vie : 56 % des enfants vivant parmi le quart des ménages aux plus bas revenus ne sont pas partis en vacances, deux fois plus que ceux qui appartiennent aux hauts revenus selon le Crédoc, c’est-à-dire au quart le plus favorisé.



Les personnes originaires d’Afrique, discriminées par des hôtels et des campings


Même pour partir en vacances, les personnes originaires d’Afrique subissent des discriminations. Certains campings et hôtels rejettent leurs réservations alors qu’ils acceptent les demandes de clients au nom « français ».

Lorsque Julien Bernard se renseigne sur la disponibilité et le prix d’un hébergement pour ses vacances, il obtient 60 % de réponses positives. Mais lorsque Babacar Ndiaye fait la même demande, il n’en obtient que 50 %. Cet écart de dix points lié au nom de famille du demandeur représente pour une personne originaire d’Afrique de l’Ouest plus de 20 % de chances en moins d’obtenir une réponse positive par rapport à un autre client portant un nom et un prénom d’origine française.



La charge mentale ne prend pas de vacances

L’ombre de la charge mentale plane sur les vacances, et surtout pour les femmes. Une inégale répartition des tâches encore plus frappante dès lors qu’il s’agit de s’occuper des enfants.
©seagul/pixabay


Qui prépare les valises ? Courses, corvée du linge, préparation des repas … Qui s’en occupe pendant les vacances ? Et les enfants ? Alors que des millions de Français-e-s s’apprêtent à partir pour se rendre sur leur lieu de villégiature, une enquête IFOP révèle que cette charge mentale repose encore en grande majorité sur les solides épaules des femmes. 

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