« La financiarisation de l’économie est un moteur des inégalités »

« Monopoly des inégalités » une expérience immersive pour sensibiliser aux inégalités.



La place prise par la finance et les actionnaires dans la vie économique contribue à l’augmentation des inégalités. Pour réduire les écarts, il faut transformer l’exercice du pouvoir dans les entreprises. Nous reproduisons un entretien avec l’économiste Michel Aglietta, décédé le 24 avril dernier.

Le pape François, pas si cool que ça…

Par Rémy Dufaut




Difficile de passer outre l’événement : Surprises un lundi matin de Pâques, les chaînes d’info se sont mises en mode « breaking-news » pour couvrir, toute la journée, la mort du pape François, 88 ans. Le résultat : un mélange d’informations plus ou moins intéressantes, de petites sorties de route journalistiques et surtout, « beaucoup d’émotion ». 

On retiendra de lui qu’il était proche des pauvres et des opprimés. La fortune immobilière du Vatican est estimée à 3 milliards d’euros auxquels s’ajouteraient 600 milions d’euros en liquidités gérées par la banque du Vatican. D’après le dernier rapport de l’Institut pour les œuvres de la religion (ORI), le Vatican détenait 31,7 millions d’euros d’or en 2022, conservés dans les coffres de la Réserve fédérale américaine. Toutefois, son déficit annuel est estimé entre 50 et 70 millions, en lien avec le financement des retraites. Le pape François ne percevait aucun salaire ni rente et son patrimoine serait estimé à 100 euros.

Il a ouvert la voie à une transformation de la doctrine de l’Église catholique sur plusieurs points centraux, comme l’admission à la communion des divorcés remariés, l’acceptation de prêtres mariés, voire l’admission des femmes dans les ordres mais aucune décision ferme n’a été prise, ce qui a valu au pape François à la fois les attaques des conservateurs et l’accusation d’un manque de clarté.(Source)

Le synode sur l’Amazonie convoqué par le pape François en 2019 avait proposé l’ouverture de la prêtrise aux hommes mariés et l’ordination de femmes diacres. Toutefois, face aux résistances (exprimées notamment dans un ouvrage rédigé par le cardinal guinéen Robert Sarah avec tout un imbroglio autour de la signature conjointe de l’ouvrage par Benoît XVI), le pape François a renoncé à reprendre ces propositions dans son encyclique sur l’Amazonie, Querida Amazonia

Il a, comme tous ses prédécesseurs, apporté son soutien aux migrants et la première visite de son pontificat a été en 2013 sur l’île de Lampedusa, pour attirer l’attention sur la nécessité de secourir et d’accueillir les migrants qui tentent la traversée de la Méditerranée. Cette visite a donné au pape l’occasion de dénoncer la « mondialisation de l’indifférence » (Visite à Lampedusa, homélie du pape François, 8 juillet 2013).

C’est donc d’une manière très logique qu’il a apporté un soutien appuyé au pacte de Marrakech sur les migrations promu par l’ONU en 2018.

Il a fait preuve d’un engagement écologique inédit au coeur de l’église à travers un certain nombre de textes fondateurs (encyclique Laudato Si’, Querida Amazonia («Chère Amazonie»), Laudate Deum, appel à l’action face à la «crise climatique», «adressé à toutes les personnes de bonne volonté»).

Toutefois, il n’apparaît pas aussi « cool » qu’on veut bien le dire puisque auteur de déclarations dignes d’un antiféministe sévère et autoritaire. Pour lui, « Dieu aurait créé la femme pour aider l’homme ». En ce qui concerne la sexualité, le pape François proscrit la contraception, sauf naturelle, et il interdit l’avortement, sans exception, pour la raison que Dieu intervient par action directe au moment de la conception d’un humain. »Ce pape n’a jamais été une bonne nouvelle pour les femmes et pour la critique des hiérarchies. Vivement un prochain pape qui ait le courage de descendre du trône patriarcal ! » concluait Denise Couture, professeure associée à l’Institut d’études religieuses de l’Université de Montréal dans un article en juillet 2022.

A propos de l’avortement, il qualifiait les médecins qui le pratiquent de « tueurs à gages ».

Outre l’avortement, au nom de la dignité humaine, il dénoncait avec force les opérations de changement de sexe, ainsi que la supposée « théorie du genre », qu’il qualifiait de « colonisation idéologique très dangereuse »« Toute intervention de changement de sexe risque, en règle générale, de menacer la dignité unique qu’une personne a reçue dès le moment de la conception ».

S’il approuvait l‘ouverture de la bénédiction aux couples homosexuels, hors liturgie bien entendu, il insistait fortement sur la différence entre la bénédiction et le mariage. L’Eglise pouvait changer sa pratique mais pas sa doctrine.

Enfin, en ce qui concerne les violences sexuelles dans l’Eglise, il semble qu’il n’ait jamais pris la mesure de la gravité du sujet. Le pontife a marqué ses distances à l’égard du rapport de la Ciase, publié début octobre 2021 et qui avait provoqué un énorme choc en France. «Lorsque vous réalisez une étude sur une période aussi longue, vous risquez de confondre la façon de voir le problème il y a soixante-dix ans avec la façon de voir maintenant», déclarait le pape à ce sujet. Malgré la demande des autorités catholiques françaises, le pape n’a jamais reçu les membres de la Ciase qui a publié un rapport de 2500 pages, résultat de plus de deux ans de travaux établissant des faits d’agressions sexuelles ou de viols dans l’Eglise catholique en France depuis les années 1950, évaluant le nombre de victimes à plus de 300 000.

On apprenait aujourd’hui sur les ondes que le cardinal-archevêque de Lyon Philippe Barbarin, condamné très symboliquement à six mois de prison avec sursis pour ne pas avoir dénoncé les actes pédophiles du père Preynat, finalement « démissionné » par le pape, sera l’un des 5 cardinaux français siégeant au conclave chargé de désigner le nouveau chef de l’Eglise. A la Justice de l’Homme, le pape François préférait celle de Dieu…

Faut-il taxer les vieux ?



Pour redresser les comptes publics, plusieurs voix s’élèvent pour taxer les retraités. Une mauvaise idée, explique Guillaume Duval, qui montre la dégradation de leurs niveaux de vie au cours des dernières années.

Un collectif d’associations met en demeure l’Etat d’adopter des objectifs de lutte contre la pauvreté



Le collectif Alerte a saisi la justice ce mercredi 22 janvier à propos du manque d’actions de l’Etat pour lutter contre la pauvreté. Les 37 associations appellent notamment le gouvernement à respecter une loi de 2008 qui prévoit l’adoption d’objectifs de réduction de la précarité.



Insécurité alimentaire : une bombe à retardement ?


Un·e étudiant·e sur cinq a recours à l’aide alimentaire et 25% des familles monoparentales se privent de repas au moins deux jours par mois, faute d’argent. En dix ans, les fruits et légumes frais ont augmenté de 50% et 70%. Un récent rapport chiffrait à 12,3 milliards d’euros le montant des dépenses publiques engagés par l’État français pour pallier les impacts négatifs du système alimentaire. Une double peine qui frappe davantage les plus précaires, car plus que jamais, l’alimentation est devenue la variable d’ajustement : une fois réglées toutes les charges incompressibles, on mange avec ce qui reste.

Face à une hausse des demandes inédite, les banques alimentaires ont de plus en plus de mal à pallier l’inaction de l’État. Pour ce nouvel épisode de « Bouffe de là ! », Nora Bouazzouni convoque Bénédicte Bonzi, chercheuse et docteure en anthropologie sociale, autrice de « La France qui a faim – Le don à l’épreuve des violences alimentaires » et Marie Drique, responsable «Accès digne à l’alimentation durable» au Secours Catholique.

La pauvreté en France en trois dimensions



La carte que nous proposons est une première. Elle a été réalisée par le géographe Romain Thomas pour l’Observatoire des inégalités. À partir de données qui portent sur des carreaux de 200 mètres de côté, nous présentons deux indicateurs. Le premier (en couleur) est la proportion de ménages pauvres. Plus les carreaux sont foncés, plus le taux est élevé. Le second indicateur (en relief) est le nombre de ménages pauvres : plus la colonne est haute, plus les ménages pauvres sont nombreux. Cette représentation en relief constitue une nouveauté. La carte que nous vous présentons permet de survoler l’ensemble du territoire et d’observer où vivent les ménages pauvres en visualisant leur nombre.

Reconstruire le monde – Un phare dans la nuit : paroles de SDF



Un recueil de paroles, de vies, d’espoirs et de doutes. Ce sont nos frères et soeurs d’ici, de France, d’Europe, du monde. Des êtres humains qui essaient de donner un sens à l’incohérence de leurs vies ou pas.
L’un d’entre eux nous a dit que raconter son histoire, c’est avoir une histoire commune avec l’humanité. « Je suis tous ces gens, nous sommes vivants ! »

Santé: le scorbut fait son retour en France notamment à cause de la précarité alimentaire



Le scorbut, une vieille maladie causée par un manque de vitamine C et qui avait disparu depuis le XXe siècle, est de retour en France, notamment depuis la crise du Covid. Si les cas se multiplient chez les enfants, la hausse de la précarité alimentaire et les effets de l’inflation en sont les principales causes.  



Nancy Krawczyk, la dame des douches


En 2017, Emmanuel Macron annonçait vouloir trouver une solution pour les sans-toit avant 2022. Vœu pieu. La gare du Nord abrite des victimes de la grande pauvreté. En huit épisodes, «Libération» raconte des vies brisées, parfois réparées.

Discrète et sans chichis, cette quinqua lave, rhabille et remet d’aplomb les sans-abri les plus éprouvés.

Le « Rapport sur la pauvreté en France, édition 2024-2025 » vient de paraître



Comment vit-on avec moins de 1 000 euros par mois ? Le quatrième rapport sur la pauvreté en France vient de paraître. Un état des lieux complet du sujet, unique en France.



La pauvreté en France en l’an 2024


L’Observatoire des inégalités publie son rapport sur la Pauvreté. Comme toujours avec cet organisme indépendant, il s’agit d’un document précis, qui dresse un état des lieux, donnant des outils pour les acteurs de terrain, sans jamais tomber dans la facilité ou les approximations.

Des mesures pro-riches : voici ce qu’a voté le RN à l’Assemblée nationale sur le budget



Alors que le gouvernement est menacé par une motion de censure soutenue par le Rassemblement national, Basta! s’est penché sur l’attitude du parti d’extrême-droite lors du débat budgétaire. Il en ressort la défense des intérêts les plus fortunés.

Une situation « insupportable » : 128 000 bébés ont été accompagnés par Les Restos du cœur en 2024



« Nous avons fait le choix de renforcer notre aide pour les personnes en situation de mal-logement, pour les familles monoparentales et les enfants », déclare l’association au lancement de la nouvelle campagne annuelle.

Ce sont des chiffres qui donnent le vertige : ce sont 128 000 bébés de 0 à 3 ans qui ont été « accompagnés » durant la 39e campagne des Restos du cœur en 2023-2024, indique l’association, mardi 19 novembre, jour d’ouverture de la 40e campagne.



« Que les enfants d’aujourd’hui ne soient pas les adultes accueillis de demain », les Restos du cœur lancent leur 40ᵉ campagne


Pour leur 40ᵉ campagne, les Restos du cœur mettent l’accent sur les familles monoparentales et la petite enfance. L’objectif, briser la spirale de la précarité et protéger les adultes de demain.

Âge de départ, niveau de vie des retraités… une étude du ministère de la Santé dresse un état des lieux



On parle beaucoup des retraités en ce moment, de leur niveau de vie souvent comparé à celui des actifs, et des différences entre les hommes et les femmes. Une étude du ministère de la Santé fait le point.

En 2023, 735 personnes sans domicile fixe sont mortes, selon le collectif Les Morts de la rue



Ce collectif dénonce un nombre de décès qui n’a jamais été aussi élevé, en hausse par rapport à 2022, où 624 personnes étaient mortes dans la rue.

Sept cent trente-cinq personnes sans domicile fixe sont mortes en France en 2023, un nombre d’une ampleur inédite, a annoncé, mercredi 30 octobre, le Collectif Les Morts de la rue, en dénonçant l’« indifférence » dont cette partie de la population fait l’objet.

Le nombre d’allocataires des minima sociaux poursuit sa hausse en 2023



En 2023, le nombre de bénéficiaires a atteint 4,36 millions de personnes, marquant une hausse de 0,5 % par rapport à 2022, selon le rapport de la Drees publié jeudi.

Le rapport complet

Plus d’un milliard de personnes dans le monde souffrent de pauvreté « aiguë »



Plus d’un milliard de personnes dans le monde souffrent de pauvreté « aiguë », dont la moitié sont des mineurs, a dénoncé jeudi le Programme des Nations Unies pour le Développement (Pnud).

Dans leur rapport annuel, l’agence de l’ONU et le centre de recherche Initiative d’Oxford sur la pauvreté et le développement humain (Ophi) s’alarment particulièrement du taux de pauvreté trois fois plus élevé dans les pays en guerre, alors qu’il n’y a jamais eu, depuis la Seconde guerre mondiale, autant de conflits armés en 2023.

Minima sociaux, aide alimentaire, sans domicile : la misère persiste en France



Deux millions de personnes touchent moins de 800 euros par mois. 300 000 personnes sont sans domicile. La France est l’un des pays les plus riches au monde. Mais elle n’a pas éradiqué la misère.

Faute de données statistiques, il n’est pas simple de savoir combien de personnes ont les conditions de vie les plus difficiles. Pour tenter d’évaluer le phénomène, on dispose de quelques éléments [1].

Haïti : Des enfants pris au piège de la violence criminelle et de la faim



Des centaines, voire des milliers, d’enfants en Haïti, poussés par la faim et la pauvreté, ont rejoint des groupes criminels, où ils sont contraints de participer à des activités illégales et sont confrontés à des abus, a déclaré Human Rights Watch aujourd’hui.

Les groupes criminels ont augmenté leur recrutement d’enfants en réponse aux opérations de maintien de l’ordre de la Mission multinationale d’appui à la sécurité (MMAS) et de la Police nationale d’Haïti (PNH), selon des organisations humanitaires et de droits humains locales et internationales.

Deux millions de personnes âgées vivent sous le seuil de pauvreté, alertent Les Petits Frères des pauvres



Dans un rapport, l’association demande donc de relever le minimum vieillesse au niveau du seuil de pauvreté.

Deux millions de personnes vivent le troisième âge sous le seuil de pauvreté, alerte le rapport annuel de l’association Les Petits Frères des pauvres. Ce chiffre correspond aux personnes de 60 ans et plus qui vivent avec moins de 60% du niveau de vie médian (soit 1 216 euros par mois pour une personne seule et 1 824 euros pour un couple). L’association demande donc de relever le minimum vieillesse au niveau du seuil de pauvreté.

Les professionnels de la protection de l’enfance en colère et dans la rue à Paris




Plus d’un millier de personnes sont descendues dans la rue ce 25 septembre à Paris pour dénoncer l’état de « délabrement » du secteur de la protection de l’enfance et exiger une « réaction forte » du nouveau gouvernement.



« Un bénéficiaire des Restos du Cœur sur dix est un bébé de moins de trois ans »


Depuis cinq ans, Radio Restos prend l’antenne un week-end par an au profit des Restos du Coeur. Cette année, c’est à partir de ce vendredi soir et jusqu’à dimanche que de grands animateurs et grandes animatrices de radio vont de relayer. Cette année, l’opération vise particulièrement la petite enfance, les bébés de 0 à 3 ans : « Il y en a 126 000 parmi les bénéficiaires des Restos, c’est assez considérable : 10% de nos personnes accueillies sont des bébés« , relève Yves Mérillon, porte-parole de l’association.



Violences, surdosages médicamenteux, travail forcé : comment l’Aide sociale à l’enfance a travaillé avec des familles d’accueil sans agrément


Alors qu’elles ne disposaient pas de l’agrément nécessaire, plusieurs familles renvoyées devant la justice ont hébergé des dizaines de mineurs qui racontent avoir vécu un calvaire. Les 630 000 euros d’argent récoltés n’ont jamais été déclarés au fisc.

C’est une affaire hors-norme qui sera jugée du 14 au 18 octobre 2024, devant le tribunal de Châteauroux. Dix-neuf personnes comparaissent pour, entre autres chefs d’accusations, graves maltraitances sur une vingtaine d’enfants qu’ils ont hébergés entre 2010 et 2017 dans l’Indre, la Haute-Vienne et la Creuse. En toute illégalité. Ces « familles d’accueil » n’ont en réalité jamais obtenu l’agrément officiel des autorités et se sont pourtant vu confier des dizaines d’enfants par l’Aide sociale à l’enfance (ASE) du Nord. La cellule investigation de Radio France a enquêté sur ce scandale, qui pose plus largement la question du contrôle et des moyens accordés par la puissance publique à l’aide aux mineurs.

« Les difficultés alimentaires d’une partie de la population s’aggravent »

Entretien avec Nicole Darmon




L’inflation a aggravé les difficultés d’une partie de la population. Le manque d’argent contraint les plus précaires à une alimentation insuffisante et néfaste à la santé, explique la chercheuse en santé publique Nicole Darmon.

Subventionner la malbouffe puis en réparer les dégâts : quand l’État paie deux fois



L’État dépense au moins 19 milliards d’euros par an pour soigner des maladies liées à la malbouffe ou dépolluer les contaminations aux pesticides, révèle une étude. Sans pour autant flécher les dépenses publiques vers une agriculture plus vertueuse.

Il y a le prix affiché en rayon, celui que nous payons à chacune de nos courses pour des produits laitiers, des plats préparés, des conserves ou de la viande emballée. Et il y a le coût caché, celui des conséquences négatives des modes de production les plus polluants, ou des aliments transformés les plus néfastes pour la santé. Ce prix sera aussi payé, par la collectivité – et les contribuables.