par Rémy Dufaut
C’est le 9 décembre prochain, date anniversaire de
promulgation de la loi de 1905 de séparation des églises et de l’Etat, que sera
présenté le projet de loi sur les « séparatismes » dans le but de
« préserver la laïcité et l’unité de la République » en contrant les
groupes qui lui sont « hostiles ».
La date n’est de toute évidence pas anodine.
Ce qui l’est encore moins, c’est quand, dans son ambition de
supprimer le système des imams détachés, le président annonce le 2
octobre : « Nous allons nous-mêmes former nos imams
et psalmodieurs en France, et donc, nous devons détacher ce lien qui
est celui qu’on nomme l’islam consulaire. »
Comment le gouvernement de la France compte-t-il s’y prendre pour former les « imams et psalmodieurs » ? Cela est-il du ressort du gouvernement de la République ? Qui financera cette formation ? Où sera-t-elle dispensée ? Cela ne va-t-il pas à l’encontre de l’article 2 de la loi qui stipule :
« La République ne reconnaît, ne salarie ni ne subventionne aucun culte.
[…]
Les établissements publics du culte sont supprimés, sous réserve des
dispositions énoncées à l’article 3. »
Jusqu’à preuve du contraire (et hormis certaines
spécificités régionales), je ne pense pas que la formation des prêtres,
pasteurs, rabbins, bonzes et autres chargés de missions pastorales soit effectuée
et, à plus forte raison, financée par l’Etat français…
Dès 2018, invoquant des « risques extérieurs, Emmanuel Macron envisageait déjà d’ « amender » la loi de 1905. Le 12 décembre 2018, nous avions été reçus par T. Mosimann, préfet de l’Aube, avec plusieurs associations de défense de la laïcité pour exprimer nos inquiétudes face aux projets d’E. Macron.
En février dernier, le président annonçait ses premières mesures contre le « séparatisme islamiste » depuis Mulhouse. Début septembre il remettait le couvert au Panthéon à l’occasion des 150 ans de la proclamation de la République, défendant la notion de « patriotisme républicain » et pointant, notamment, le « séparatisme ».
Selon les commentateurs, soit il tente de brouter l’herbe sous le
pied de Marine Le Pen pour se positionner face à elle en 2022, soit il lui
ouvre un boulevard phénoménal dans la même perspective.
Dans tous les cas, il n’a de cesse que de réformer cette loi si
contraignante pour ses amis de tous bords, si désireux d’avoir les coudées
franches dans leurs ferveurs calotines, fondamentalistes et réactionnaires…
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