« Ici, on t’emmène faire ton entretien d’asile menotté  » : témoignage d’un Guinéen enfermé en Lituanie

La vue de la chambre de Sekou, à Pabradé, Lituanie, en janvier 2022. Crédit : DR


De nombreux migrants venus de Biélorussie voisine survivent actuellement dans le camp de Pabradé en Lituanie, aux allures de centre de détention. Sekou, un demandeur d’asile guinéen, y est enfermé depuis sept mois. Outre les conditions de vie déplorables, il raconte que les entretiens d’asile sont une « mascarade » dont les réponses reviennent automatiquement négatives.

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En Lituanie, Ylva Johansson rappelle l’illégalité des refoulements de migrants

La commissaire européenne Ylva Johansson, à Vilnius, le 21 janvier 2022. Crédit : Reuters

La commissaire européenne a, une nouvelle fois, dénoncé comme « illégaux » les refoulements de migrants à la frontière, à Vilnius, avant une conférence sur le thème de la protection des frontières. La Lituanie, comme la Lettonie et la Pologne, a eu recours aux refoulements pour expulser les exilés entrés illégalement dans le pays depuis l’été.

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L’UE « ne financera pas les barbelés et les murs » érigés à ses frontières


La Pologne veut construire un mur 353 millions d’euros à la frontière avec la Biélorussie. Crédit : Reuters


Depuis Bruxelles, la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Layen, a adressé à plusieurs pays de l’Union européenne une fin de non recevoir : l’Union européenne n’octroiera pas de financements pour la construction de murs et de barbelés à ses frontières. Récemment, la Pologne et la Lituanie avaient adressé à l’UE des factures pour l’érection de futures clôtures.

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L’Union européenne promet 30 millions d’euros à la Lituanie pour contrer les arrivées de migrants

InfoMigrants

À l’occasion d’un déplacement en Lituanie, dimanche 1er août, la Commissaire européenne en charge des Affaires intérieures a annoncé un soutien de 20 à 30 millions d’euros aux autorités pour renforcer leur contrôle frontalier. Cette déclaration s’inscrit dans un contexte d’augmentation des arrivées de migrants sur le territoire européen, via la frontière extérieure entre la Lituanie et la Biélorussie.

Alors que la Lituanie durcit sa politique migratoire face à un accroissement des arrivées, l’Union européenne (UE) vient de lui promettre un soutien financier dans sa lutte contre l’immigration. Vingt à trente millions d’euros seront débloqués afin d’appuyer les autorités dans le contrôle de leur frontière avec la Biélorussie, qui constitue un point d’entrée sur le territoire européen.

Cette annonce a eu lieu à l’occasion d’un déplacement, dimanche 1er août, de la Commissaire européenne aux Affaires intérieures, Ylva Johansson. Par ce financement, l’UE « soutient la Lituanie afin de défendre notre frontière extérieure commune avec la Biélorussie » a-t-elle déclaré, rapporte Associated Press (AP). « Nous devons montrer qu’il n’y a pas de libre accès au territoire de l’Union européenne », a-t-elle ajouté.

La Commissaire européenne a également indiqué qu’une délégation serait dépêchée sur place quelques jours, afin de « discuter en détails des possibilités de financer un système de contrôle frontalier efficient, incluant une surveillance et une protection contre les migrants illégaux ». L’allocation de ces dizaines de millions d’euros, les objectifs poursuivis et le circuit par lesquels ils transiteront seront alors précisés.

La Biélorussie accusée d’être responsable des arrivées

Le jour de la venue de la Commissaire européenne, 287 migrants sont entrés sur le territoire européen depuis la Biélorussie, soit trois fois plus de personnes que sur toute l’année 2020 – un record. Au total, plus de 3 800 migrants ont été interceptés depuis le début de l’année en Lituanie, contre 81 en 2020, selon les autorités. « Nous avons atteint nos limites » en termes de capacités d’accueil et d’hébergement des arrivants, a affirmé lundi 2 août le directeur des garde-frontières, Rustamas Liubajevas, devant AP.

Les deux-tiers des personnes entrant sur le territoire sont irakiennes. C’est la raison pour laquelle, au-delà de la réduction du nombre d’arrivées, la « plus grande attente » des autorités lituaniennes vis-à-vis de l’Union européenne reste que celle-ci « utilise sa force de négociation avec le gouvernement irakien », a souligné la Première ministre lituanienne, Ingrida Simonyte.

Le gouvernement biélorusse voisin, mené d’une main de fer par Alexander Lukashenko (exerçant son sixième mandat depuis août 2020), est accusé d’être responsable de cette augmentation des arrivées. Pour les autorités lituaniennes, celui-ci organise cet afflux avec le soutien de la Russie, en représailles aux sanctions économiques de l’UE et parce que la Lituanie accueille nombre d’opposants au régime. Sur place, Ylva Johansson a validé cette version, évoquant une « provocation du régime de Lukashenko ».

« Nous finirons par construire le mur »

Le 9 juillet, les autorités lituaniennes ont annoncé la construction d’un mur le long de la frontière avec la Biélorussie. La première étape consiste à dérouler des barbelés, avant d’établir un mur long de 550 kilomètres. Coût de l’opération, selon le gouvernement lituanien : plus de 100 millions d’euros.

La Lituanie va construire une barrière à la frontière biélorusse pour arrêter les migrants


La Première ministre lituanienne Ingrida Simonyte . REUTERS/Ints Kalnins


VILNIUS, 7 juillet (Reuters) – La Lituanie construira une barrière à sa frontière avec la Biélorussie et fera appel à l’armée pour la patrouiller afin de dissuader les migrants, a déclaré mercredi la Première ministre, après que la Biélorussie a décidé d’autoriser les passages en Lituanie en réponse aux sanctions de l’Union européenne .

« Nous allons commencer à construire une barrière physique supplémentaire, qui divise la Lituanie et la Biélorussie, ce qui serait un signe certain et un effet dissuasif certain pour les organisateurs des flux migratoires illégaux », a déclaré Ingrida Simonyte lors d’une conférence de presse.

Reportage d’Andrius Sytas, écrit par Alan Charlish; Montage par Jon Boyle