À contre-courant des dizaines de milliers de migrants qui traversent chaque année la Manche en direction du Royaume-Uni, près d’une centaine d’autres ont été interpellés en France depuis janvier après avoir fait le chemin inverse. Certains utilisent la Grande-Bretagne comme « porte dérobée » pour entrer en France, tandis que d’autres en reviennent déçus par les conditions d’accueil. Bien que marginal, ce phénomène migratoire est surveillé par les autorités françaises.
Migrations
Plus de 700 migrants ont traversé la Manche en une seule journée
Au total, 711 migrants sont arrivés au Royaume-Uni sur 14 petits bateaux après avoir traversé la Manche, mercredi 1er mai, selon les chiffres communiqués jeudi par le ministère de l’Intérieur. Il s’agit d’un nouveau sommet pour l’année 2024, alors que le précédent record avait été relevé le 14 avril, avec 534 traversées. Il faut encore ajouter 66 personnes, dont des femmes et des enfants, qui ont été secourues mercredi au large de Dieppe, alors que leur embarcation était en difficulté. Ils ont été ramenés à terre, selon les autorités françaises.
A quelques mois des élections législatives, le gouvernement conservateur britannique a fait de la fin de ces traversées de la Manche par des migrants une priorité. Une loi controversée, adoptée le 23 avril, vise à pouvoir expulser vers le Rwanda des milliers d’entre eux d’ici à la fin de l’année. Leur demande d’asile serait étudiée au Rwanda, sans possibilité pour eux de revenir au Royaume-Uni, quel qu’en soit le résultat.
En préparation de ces expulsions prévues pour commencer dans neuf à onze semaines, plusieurs opérations ont été menées cette semaine à l’échelle nationale pour arrêter un nombre non précisé de migrants en situation irrégulière. Le ministère de l’Intérieur a publié des photos, montrant des hommes menottés et escortés dans des camionnettes grillagées. Le gouvernement insiste sur le caractère dissuasif de cette loi.
Voie d’accès à l’Europe de plus en plus meurtrière
La route migratoire vers les Îles Canaries (Espagne) est désormais l’une des principales voies d’entrée en Europe, malgré sa dangerosité. Le nombre de décès et de disparitions ne cesse de s’accroître, aggravant un bilan humain déjà très lourd. L’utilisation croissante de cette route mortelle s’explique notamment par la militarisation des frontières et l’externalisation de la politique migratoire de l’Union européenne.
L’année 2023 a été l’année la plusmeurtrière le long des routes migratoires à travers le monde au cours des dix dernières années, avec 8 565 décès comptabilisés en mer, selon l’Organisation Internationale de la Migration (OIM). Près de 60% des décès sont liés aux noyades.
La route vers les Îles Canaries, ou « route Atlantique », ne fait pas exception. Selon l’ONG espagnole Caminando Fronteras, plus de 6 000 personnes migrantes ont perdu la vie ou sont portées disparues sur cette route vers l’archipel espagnol rien qu’en 2023. De nombreux « naufrages invisibles » se produisent, au cours desquels les bateaux partant des côtes ouest-africaines disparaissent avec leurs passagers sans laisser de trace. En 2023, 84 bateaux ont ainsi disparu corps et biens, ce qui rend difficile la comptabilisation du nombre réel de victimes.
A ne pas manquer la semaine prochaine
Mercredi 17 et jeudi 18 avril
« Après les ruines » spectacle
La Comète, Scène nationale de Châlons-en-Champagne, organise deux représentations du spectacle « Après les ruines » conçu par la compagnie régionale Pardès Rimomin qui a recueilli de nombreux témoignages afin d’aborder le thème du déplacement à travers les points de vue des personnes contraintes de se déplacer mais aussi de celles qui les accueillent.
Le spectacle est une œuvre de fiction mais extrêmement bien documentée, traitée comme du théâtre documentaire presque, et présente sur scène des comédiens, un musicien en live et de la vidéo. C’est dans une forme pluridisciplinaire que sont évoqués les parcours de plusieurs personnages dans leur déplacement et les multiples raisons qui les ont amenés à quitter leur lieu de vie pour un autre (conflit, insécurité, travail, climat, famille…).
Le prix de la place est de 26,00 € (16,00 € pour les plus de 65 ans).
COVOITURAGE POSSIBLE JEUDI 18 AVRIL: NOUS CONTACTER
Du monde entier
Iran: la peine de mort, «véritable outil de répression politique»
Ouïghours : vers une interdiction dans l’UE des produits issus du travail forcé
Spirale de violence au Burkina Faso : la FIDH demande la fin de l’impunité
Au Vietnam, trois importants opposants politiques ont été arrêtés, selon Human Rights Watch
Cambodge : Un projet de compensation carbone viole les droits d’une communauté autochtone
L’année 2023 a été la plus meurtrière de la décennie pour les migrants (ONU)
Loi immigration: la Fédération des étudiants troyens opposée au texte
La traversée de la Méditerranée, encore plus dangereuse pour les femmes
La traversée de la Méditerranée coûte chaque année la vie à plusieurs milliers de personnes. Contrairement à l’idée reçue, de nombreuses femmes se lancent aussi dans ce dangereux voyage pour espérer se (re)construire en Europe.
Lire ICI
Plus d’un million de personnes ont fui le Soudan en raison du conflit, indique l’OIM
L’Organisation internationale pour les migrations a déclaré mardi que plus d’un million de personnes vivant au Soudan ont été contraintes à l’exil depuis le début du conflit qui a éclaté il y a près de quatre mois, entre des factions militaires rivales.
Lire ICI
Tunisie : le sort des migrants montre « l’inhumanité qui s’installe progressivement, y compris en France », dénonce la Fédération des acteurs de la solidarité
Pascal Brice, président de la Fédération des acteurs de la solidarité, s’insurge contre les propos qui « instrumentalisent des fragilités identitaires, sociales et politiques » et conduisent à regarder des hommes et des femmes mourir dans « l’indifférence et le silence ».
Lire ICI
Les mots de la migration
En 2022, il y avait 281 millions de migrants internationaux dans le monde, c’est-à-dire 3,6% de la population mondiale. Parmi eux, on compte 48% de femmes et 14,6% d’enfants. Sur ces 281 millions de personnes, 108,4 millions sont des déplacés de force et 35,3 millions sont des réfugiés.
Selon le rapport du Haut-Commissariat aux réfugiés (HCR), sur ces quelque 108,4 millions de personnes déplacées de force dans le monde, il y a 35,3 millions de réfugiés* contre 27,1 millions en 2021. Cette forte augmentation est due à la guerre en Ukraine.
En 2022, 52% des réfugiés et migrants ayant besoin de protection internationale provenaient de Syrie, d’Ukraine et d’Afghanistan.
Quelques définitions pour bien appeler par leur nom ces personnes déplacées.
LIRE ICI
Pour une Convention Citoyenne sur la Migration: 90 associations mobilisées
Communiqués de la LDH
Il faut bâtir un nouveau système complet pour la migration et l’asile en Europe
Notre invité Margaritis Schinas, vice-président de la Commission européenne en charge de la Migration s’exprime une semaine avant un Conseil européen consacré à l’Ukraine et aux questions migratoires.
Lire ou écouter ICI
À Roissy, la police aurait tenté de forcer un exilé à quitter la France
Débat sur les migrations : comment démonter la mauvaise foi xénophobe
Pierre Tevanian et Jean-Charles Stevens s’attaquent à la rhétorique aussi répandue que creuse qui se cache derrière le classique « On ne peut pas accueillir toute la misère du monde ».
Lire ICI
Le dérèglement climatique aggrave aussi le trafic d’êtres humains
Réinstallation au sein de l’Union en 2023 : des engagements en-deçà des besoins
Face aux besoins croissants de protection à l’échelle mondiale, plusieurs ONG européennes avaient demandé en octobre aux États membres de l’UE la réinstallation d’au moins 40 000 réfugiés en 2023, en plus d’au moins 8 500 Afghans ayant besoin d’une protection.
Bien que la Commission européenne indique que le soutien aux réfugiés afghans sera « maintenu et renforcé » en 2023, le nombre de places promises pour leur réinstallation n’a pas été communiqué.
Le nombre de personnes déplacées dans le monde dépasse pour la première fois les 100 millions et les conflits sont plus nombreux que jamais depuis la Seconde Guerre mondiale.
Les organisations de la société civile rappellent l’urgence de développer les voies d’accès légales et sûres, dont les programmes de réinstallation.
LIRE ICI
La CIMADE donne la parole aux invisibles
Pour le plein respect des droits et de la dignité des passager.e.s de l’Ocean Viking
Pour une véritable politique d’accueil européenne
L’accueil de l’Ocean Viking à Toulon en France a été un soulagement face au drame terrible et indigne que vivaient ses passager.e.s depuis plusieurs semaines, balloté.e.s sur les flots en attente d’une décision sur leur possibilité de débarquement.
Maintenant se pose la question des conditions de l’accueil
Un changement de modèle politique est indispensable : passer de politiques européennes fondées sur la fermeture et le repli vis-à-vis des migrant.e.s considéré.e.s comme indésirables pour prôner un autre système :
◦ permettre un accès inconditionnel au territoire européen pour les personnes bloquées à ses frontières extérieures afin d’examiner avec attention et impartialité leurs situations et assurer le respect effectif des droits de tou∙te∙s
◦ Permettre l’accueil des réfugié.e.s non pas sur la base de quotas imposés aux pays, mais sur la base des choix des personnes concernées (selon leurs attaches familiales, leurs compétences linguistiques ou leurs projets personnels), dans le cadre d’une politique de l’asile harmonisée, fondée sur la solidarité entre Etats et le respect inconditionnel des droits fondamentaux.
LIRE ICI
Signataires ADDE, Anafé, Ardhis, CMRCC, Cimade, Fasti, Gisti, LDH, SAF