
Imaginez un navire humanitaire qui transporte à un peuple bombardé et affamé 600 couches, du lait infantile, des produits d’hygiène pour les femmes, des béquilles, des médicaments, 250 kilos de riz, 100 kilos de farine, avec à son bord des médecins, des journalistes, une élue, des bénévoles associatifs…
Imaginez maintenant que ce bateau soit intercepté dans les eaux internationales, en dépit du droit international, et qu’une partie de son équipage soit envoyé en prison…
Le voilier Madleen (en hommage à Madleen Kulab, une pêcheuse gazaouie), arraisonné dans la nuit de dimanche à lundi par des commandos israéliens, trône comme nouveau symbole du blocus de l’aide humanitaire par Israël, et de la transgression du droit international.
À bord, douze passagers : un médecin, Baptiste André, deux journalistes, Yanis Mhadi (Blast) et Omar Faid (Al Jazeera), une eurodéputée, Rima Hassan (LFI), la militante écologiste Greta Thunberg, un militant de la CGT, Pascal Maurieras, et plusieurs militants de longue date de la cause palestinienne.
« Jamais, dans aucun conflit, un couloir humanitaire n’a été interdit. » alertait Hala Abou-Hassira, ambassadrice de Palestine en France, que nous avions rencontrée il y a quelques semaines.
« L’État israélien utilise la famine comme arme de guerre. Après avoir assassiné nos enfants, nos profs, nos médecins, nos journalistes, les témoins, ils continuent à bombarder en ce moment même nos écoles, nos hôpitaux, nos maisons. Ce moment appelle à la conscience humaine. 2,3 millions de personnes font face à une mort imminente à Gaza. »
En descendant du Madleen, quatre des passagers ont été expulsés d’Israël, huit d’entre eux ont refusé de signer un papier reconnaissant que leur entrée sur le territoire israélien était illégale (ce qui est faux : l’interception du bateau par Israël a eu lieu dans des eaux ne relevant pas de sa juridiction, comme le montre un tracker qui suivait le navire).
Ils devraient être présentés à un juge israélien dans les prochains jours, et vont d’ici là attendre leur jugement dans la prison de Givon, dans le centre d’Israël. Plusieurs dizaines de milliers de personnes se sont rassemblées en France ce lundi pour réclamer leur libération.
Alors que selon Reporters Sans Frontières l’armée israélienne a tué près de 200 journalistes palestiniens depuis le début de la guerre à Gaza, l’opération a la vertu de remettre les projecteurs sur le blocus qu’impose Israël à l’enclave assiégée, et qui interdit toute entrée de vivres.
« Le projet de Netanyahu, c’est de nous tuer, nous détruire, nous, le peuple palestinien, et nos camps de réfugiés, de sang-froid. Nous ne sommes pas des ennemis : nous appelons à la paix. Nous détestons la guerre. Nos droits sont volés. On cible nos enfants, nos hôpitaux, nos journalistes, nos associations, on cible tout le peuple palestinien », nous expliquait Afif El Ghatasha, président du comité populaire d’Al Fawar, village de 13 000 habitants et camp de réfugié palestinien situé dans la partie sud de la Cisjordanie.
Les bombes et la famine ont tué 54 607 personnes depuis le début du génocide à Gaza, dont 15 613 enfants, selon l’UNICEF.
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