Signalement CNIL co-porté par plusieurs associations et syndicats

Vivre en EHPAD…. ce n’est pas une vie

par Jean Camus


Les établissements hospitaliers pour personnes âgées dépendantes (Ehpad) ont connu ces derniers temps des turbulences que l’on a du mal à mesurer. Beaucoup de silence autour de ces établissements, comme si on avait honte, que le grand public ne devait pas connaître la dure réalité.

Le nom de l’établissement porte en lui-même son lot de  « charges », non pas rédhibitoires, lourdes de sens cependant, qui cumulées constituent un véritable enfer pour les personnes hébergées, résidents(es). D’ailleurs ce mot « résident » résonne d’une signification mortifère, c’est plus souvent pour le résident une « assignation à résidence » qu’un choix mûri, réfléchi, qu’une décision prise en pleine conscience. C’est une option par défaut, « imposée » par d’autres, par le système qui fait de ces personnes des êtres dépourvus de tout.

L’âgisme, ou grand âge, ou vieillesse oblige à des choix dans une acception mercantile qui considère qu’on est trop vieux pour accéder à un service de qualité, une prestation de qualité, un lien social sans prendre en considération les besoins, les aspirations de la personne.

 C’est l’âge de la diminution, de la perte partielle ou totale de ses capacités sensorielles ; de l’audition, de la vue, du contrôle des autres fonctionnalités, de la mobilité générale, de la motricité manuelle fine. Le résident diminué dans des  compétences  naturelles qui faisaient de lui une personne autonome, indépendante, capable de se prendre en charge, vit une régression importante, un retour en enfance, une vie réduite à celle d’un nourrisson qu’il n’est plus. Comment faire pour changer les piles d’un appareil auditif avec des doigts gourds d’arthrose, que l’on doit faire manger avec une petite cuiller, que l’on doit aider aux toilettes. Plus d’intimité corporelle. Le résident doit abdiquer malgré lui son intégrité, sa dignité.

La vie ne peut être réduite au maintien en vie.

Ici une formule audacieuse, « vivre est pire que mourir » Judith Butler (Le vivable et l’invivable, Judith Butler et Frédéric Worms, PUF). Cette vie vivable donne valeur dans le sentiment d’appartenance sociale, une vie qui fait écho dans le monde économique.

C’est certainement inacceptable, une perte de l’estime de soi, cette relégation des personnes dépendantes constitue une vraie ségrégation sociale, une discrimination que personne ne nomme. Cette vulnérabilité a provoqué un ressenti de néant. Le résident n’est plus dans le « nous », dans les uns « dans » les autres, dans le discours collectif.

Cette disqualification du vieillissement là encore touche plus les femmes que les hommes, elles vieillissent plus longtemps, leurs retraites sont souvent plus faibles.

Le temps manque à un personnel surchargé, en nombre insuffisant, quelques fois réduit pour cause de maladie, pressé par la direction de l’établissement qui « gère » ce lieu particulier comme une entreprise. Avec les personnes dépendantes, les interventions ne peuvent être planifiées à la minute, il faut du temps pour faire.  Ce temps minuté, contrôlé altère les relations résidents/personnel. Choc frontal inconciliable de deux aspects de cette vie partagée en Ehpad, le personnel n’a pas le temps quand le résident ne sait que faire d’un temps trop long pour lui.

La pandémie a ajouté son lot de contraintes imposées par les établissements. La vie dans certains Ehpad n’est plus en ces temps de Covid qu’un « tunnel de restrictions », de privations, d’une liberté hautement surveillée. Des témoignages évoquent des réalités dures « nous avons été tels des prisonniers sans avoir le droit de sortir, de rencontrer âme qui vive ». « Maman a perdu dix ans en quelques mois ». « Dix semaines à piétiner dans la chambre c’était long en dépit des mots mêlés, du sudoku, et d’un peu de couture ».

Ayant perdu tout contrôle sur leur vie, le sentiment d’abandon, le fardeau d’inutilité occupent l’essentiel des pensées des résidents avec des effets délétères sur la santé. Idées noires, dépression, tentatives de suicides……….

Quel sens pour la vie, si réduite à ses seules productions économiques, à son utilité marchande. Juste un compte en banque ? Le travail n’a pas toujours occupé cette place centrale dans la vie, dans la Grèce antique, le travail était l’œuvre des esclaves, donc objet plus ou moins de mépris.

Victor Haddad, gériatre et praticien hospitalier s’indigne dans une tribune au « Monde » ; les personnes âgées ont été fragilisées par l’interdiction des visites, sans pour autant que celle-ci empêche des milliers de morts. Des proches de résidents déplorent les « abus de pouvoir » de certains directeurs et le manque de fermeté du gouvernement. Bien tardivement, Brigitte Bourguignon, ministre chargée de l’autonomie, face aux critiques des familles, propose un document pour mettre fin « aux situations abusives… ». Claire Hédon, défenderesse des droits, dans un rapport, mai 2021, met en exergue l’accentuation depuis la crise des « atteintes aux droits des résidents, plus particulièrement leur droit au maintien des liens familiaux ».

Des morts invisibles, en toute discrétion, sans les familles au début de la crise, ces morts qui n’ont pas été pleurés collectivement. Ces disparus, sans accompagnement, comme des pestiférés, des parias, sans le rituel du deuil. N’étaient-ils pas dignes d’être pleurés comme les autres ? Pas de commémoration ? Les pouvoirs publics seraient bien inspirés d’organiser une journée de deuil national consacré aux morts, à ces disparus anonymes, aux soignants et aux Français touchés par l’épidémie.

La fin de vie, le grand âge sont des impensés des pouvoirs politiques. Déjà en 2003, la canicule avait causé un nombre important de décès. Aucune leçon n’a été tirée. En 2020 le gouvernement n’était pas préparé, a réagi à contre sens. Les mensonges, les annonces à la télévision aux JT du soir, les décomptes macabres surtout dans le but de faire peur ont provoqué un choc, un redoublement de l’angoisse générale, une perte de crédibilité de l’État, des résistances à accepter les consignes de sécurité.

La réforme de la dépendance semble sur les rails (B. Bourguignon nommée à cet effet, à l’été 2020, ministre déléguée à l’autonomie) ; une réforme parfaite pensent certains pour un second mandat…… « En 2030, demain, un tiers de la population aura plus de 65 ans donc c’est un projet de société, qui ne doit pas être regardé comme un coût mais comme un investissement » B. Bourguignon.

La vieillesse, le grand âge ne sont pas forcément des fatalités contre lesquelles on ne peut rien. Nos sociétés, hautement « technologisées » ont peiné à trouver la parade. Cette pandémie doit nous obliger à repenser le sens de la vie, à repenser le sens à donner à la vie.

La résilience de certains ne peut pas être la solution d’un mode de vie, de la manière de faire société, les plus forts édictant les règles. On mesure le degré de civilisation d’une société à la façon dont elle accompagne les jeunes, les personnes âgées dépendantes, ses populations fragiles, vulnérables.  

JC

Sainte Savine, mai 2021

Communiqués de la LDH

Communiqués de la LDH

Appel pour les libertés, contre les idées d’extrême-droite



Appel à la mobilisation le 12 juin


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Féminicide d’Hayange : pour le procureur, il n’y a pas eu « de dysfonctionnement des services judiciaires »


Christian Mercuri, procureur de la République de Metz. • © France Télévisions


Mardi 25 mai, au lendemain de la mort de Stéphanie da Vincenzo, poignardée à Hayange et de l’arrestation de son conjoint, meurtrier présumé de la jeune femme, Christian Mercuri, le procureur de la République de Metz a tenu une conférence de presse pour préciser les faits.

Il s’avère que la victime avait déposé cet automne une plainte pour menaces de la part de son conjoint, plainte restée lettre morte.


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Communiqués de la LDH

Après la guerre, les habitants de Gaza encore plus démunis face au Covid-19 : « On a tous oublié le virus mais il est toujours là »


Des soignants d’un hôpital de Gaza prennent en charge des patients atteints du Covid-19, le 22 avril 2021. (ABED ALRAHMAN ALKAHLOUT / MAXPPP)


Les onze jours d’affrontements entre le Hamas et l’armée israélienne ont notamment détruit le seul centre public de dépistage de l’enclave palestinienne. Le chef de l’unité Covid du plus grand hôpital a été tué.


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L’appel des marins solidaires pour l’inconditionnalité du sauvetage en mer


Laurin Schmid/SOS MEDITERRANEE


Dans une tribune, écrite par Isabelle Autissier et Roland Jourdain, 70 personnalités du monde maritime invitent « les pouvoirs publics et les organisations nationales et internationales, ainsi que les citoyens, à cesser de détourner le regard, à prendre leur responsabilité en mettant en place des moyens de sauvetage des réfugiés en mer, en soutenant et en finançant les ONG qui leur apportent assistance et réconfort ».


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George Floyd



Les commémorations du premier anniversaire de la mort de George Floyd débutent aujourd’hui dans les rues de Minneapolis. Sa famille et ses proches ont prévu de se rassembler devant le bâtiment où Derek Chauvin a été reconnu coupable de meurtre le 20 avril. L’ancien policier, aujourd’hui incarcéré, sera fixé sur sa peine le 25 juin. Les proches de George Floyd prendront la parole avant un défilé dans les rues de la ville.


D’autres commémorations sont prévues dans les prochains jours, notamment mardi, jour anniversaire du meurtre, où le président Joe Biden accueillera la famille de George Floyd à la Maison Blanche.


Source : France Info

Suggestion de lecture pour un WE pluvieux…


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Formation des agents publics à la laïcité : « Il y a une carence »

Le projet de loi sur le respect des principes de la République prévoit de rendre obligatoire la formation des agents publics à la laïcité. © DENIS CHARLET / AFP


Le projet de loi sur le respect des principes de la République prévoit de rendre obligatoire la formation des agents publics à la laïcité. Un rapport consacré au sujet a été remis au gouvernement ce 18 mai. « Marianne » s’entretient avec Isabelle de Mecquenem, agrégée de philosophie et coauteure du rapport.


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Loi sur la « sécurité globale » : « C’est un camouflet pour le gouvernement, mais aussi pour la majorité », selon l’avocat Arié Alimi


L’avocat Arié Alimi parle à la presse avant une manifestation contre le projet de loi sur la « sécurité globale », le 5 décembre 2020 à Paris; (AURELIEN MORISSARD / MAXPPP)


Le Conseil constitutionnel a censuré l’ex-article 24 de la proposition de loi sur la « sécurité globale » qui punit la « provocation à l’identification » des forces de l’ordre en opération.


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Communiqués

Rassemblement pour une paix durable


Sans-papiers : accidents du travail dans le bâtiment


Boubou Konaté tient une photo de son cousin Bary Keita, victime d’un accident du travail, lors de l’hommage qui lui a été rendu, le 1er mai, à Montreuil. Crédit : InfoMigrants


« Le plus dur, c’est de ne pas savoir » : les familles de sans-papiers démunies face aux accidents du travail dans le bâtiment.


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Solidarité avec la Colombie

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Une info partagée par L’EclairCit

Education, emploi, reconfiguration politique… Huit raisons de vous intéresser aux élections départementales et régionales


Les élections départementales et régionales auront lieu les 20 et 27 juin 2021. (ELLEN LOZON / FRANCEINFO)

Les conseils départementaux et régionaux, qui seront renouvelés à l’issue des élections des 20 et 27 juin, possèdent des compétences importantes dans de nombreux domaines. Et ces scrutins pourraient donner un premier aperçu des stratégies politiques à l’œuvre pour la présidentielle de 2022.


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Journée mondiale des abeilles le 20 mai


Dans le monde, trois cultures sur quatre qui produisent des fruits ou des semences destinés à l’alimentation humaine dépendent en partie des abeilles et d’autres pollinisateurs.PHOTO :FAO / Greg Beals


Nous dépendons tous de la survie des abeilles


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Netanyahou-Hamas : ennemis irréductibles en apparence mais « alliés objectifs » pour beaucoup


Pour certains commentateurs, l’objectif ultime de Benjamin Netanyahu est de tout faire pour empêcher coûte que coûte la création d’un Etat palestinien si bien qu’il frappe très durement le Hamas, sans chercher à mettre fin au régime des islamistes dans la bande de Gaza.
© NurPhoto via AFP


Sans verser dans le complotisme, des commentateurs, d’anciens ministres, et des rivaux politiques de « Bibi » estiment que malgré les échanges de tirs qui ont fait des dizaines de morts, le Premier ministre israélien et les islamistes ont des intérêts convergents.


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