CECI N’EST PAS UN SPECTACLE !

Par Nicole François



Partout on voit fleurir des occupations de théâtres ou autres lieux culturels, des concerts dans la rue, du théâtre de rue…

En France, une centaine d’endroits sont investis, à Paris et dans de nombreuses villes, dont Troyes. Le mouvement essaime en Belgique et en Italie.


A première vue, on pourrait penser que la SEULE revendication des artistes est la réouverture des lieux de cultures.

En regardant de plus près, non :

« CECI n’est pas un spectacle mais une manifestation revendicative ! »

Un besoin de vivre ensemble, un besoin de rencontres, de danse et de joie cristallisé autour d’une chanson devenue symbole de contestation, de textes déclamés dans la rue, un besoin de culture… ?

Pas seulement non plus !

Les artistes sont rejoints par les syndicats, les associations, avec le sentiment, disent-ils, « d’avoir des destinées communes et de ne pas être seuls ».

Petit à petit, les problèmes des professionnels de la culture sont devenues le miroir des problèmes de tous les autres secteurs professionnels. Récemment, ce sont les agriculteurs qui les ont rejoints.

La culture, un catalyseur …

Les occupants des théâtres, les éclaireuses et les éclaireurs de la lutte contre la précarité généralisée

Parce que les arts servent aussi à pointer les dysfonctionnements de nos sociétés, les différents collectifs qui se créent partout soutiennent les luttes sociales…


C’est le cas du collectif aubois « Arts En Résistance ».

L’occupation du théâtre de la Madeleine depuis le 2 avril est l’une des nombreuses actions que souhaite développer ce collectif.

Présents sur place 24 h sur 24 et 7 jours sur 7 les résidents ont créé des espaces d’échanges, de réflexion, de partage et de rencontres, le tout dans le respect des normes sanitaires en vigueur, afin de protéger la population et prouver aux institutions qu’il est possible d’accéder à des événements culturels sans prendre de risques.

Ils demandent une concertation, une meilleure écoute et prise en compte de leurs revendications : la réouverture à court et moyen terme des lieux culturels, la prolongation de l’année blanche, un plan de relance spécifique et l’annulation de la réforme de l’assurance chômage.

« L’art infuse, diffuse, ici et maintenant, il est dans la vie de la cité, dans la rue, les écoles, les théâtres, les salles de concerts, les expositions, sur les immeubles, les monuments, les places, à la télévision, sur internet, sur nous, en nous, partout où il y a de la vie humaine. Il est notre humanité. Il est entier, indivisible, il est un tout.

Depuis plus d’un an, les salles de spectacles, les musées, les théâtres, les festivals sont fermés, situation inédite dans l’histoire de France. Aucune concertation sérieuse n’a été engagée, ni au niveau national, ni au niveau local depuis lors pour trouver des solutions. Bien que le premier confinement nous ait tous pris par surprise, par la suite, il y aurait dû y avoir une envie farouche de trouver des solutions pour palier la situation actuelle et réfléchir aux moyens de prévenir un avenir incertain. Le ministère de la culture et les institutions chargées de défendre la culture ne semblent plus investis de cette mission.

Aujourd’hui, les artistes et les techniciens sont sommés de ne pas travailler puisque les lieux culturels sont fermés et que les perspectives de réouvertures restent floues et sans moyen pour palier de nouvelles restrictions sanitaires à venir. De plus, nous devons subir l’incertitude de la pérennisation de nos statuts et la peur de basculer dans la pauvreté si la réforme de l’assurance chômage est votée.

C’est pourquoi nous rallions le mouvement national d’occupation des lieux culturels public initié par l’occupation du théâtre de l’Odéon.



Même chose dans une petite ville du Sud-Ouest, exemple parmi tant d’autres, où la mobilisation s’amplifie, soutenue par des partenaires associatifs, culturels, sociaux, syndicaux (santé, retraites, éducation, etc.) et politiques. Des A.G. hebdomadaires sont organisées. Jour et nuit, des personnes sont présentes sur site.

Elles s’écoutent, se respectent, ont le sentiment de vivre un moment important, au-delà même de la revendication centrale des droits des intermittents et de la réouverture des lieux de culture. Il leur importe de poursuivre sur la durée, de mener des actions réfléchies et non violentes, sans jamais donner prétexte au pouvoir d’évacuer.

« Nous nous inscrivons dans le mouvement national d’occupation des espaces culturels, avec plus de 100 lieux occupés en France.

Au travers de nos revendications (abrogation de la réforme de l’assurance chômage, ouverture du RSA aux moins de 25 ans, etc.), nous luttons contre la précarité et pour la reconnaissance du rôle essentiel de la culture dans l’épanouissement de toute la société.

De l’argent il y en a. Construisons de nouveaux droits ! »


Le collectif a interpellé le Préfet en ces termes :

« Monsieur le Préfet,

Dans la volonté d’être dans le dialogue avec vous et l’ensemble des forces de l’ordre, nous vous adressons cette lettre.

Toutes nos actions sont revendicatives. TOUTES ! Nous sommes en droit de leur donner le caractère et la forme que nous voulons.

Aujourd’hui, les manifestations ne sont plus uniquement des marches dans la rue avec quelques pancartes, les manières de revendiquer ont changé et tous les modes de revendication sont légitimes.

Nos actions musicales et performatives s’inscrivent pleinement dans notre mouvement revendicatif.

En jouant ici gratuitement, les artistes dénoncent les conditions d’accès à l’intermittence du spectacle.

Aujourd’hui, il faut justifier de 507 heures de travail payées pour obtenir et valider le statut d’intermittent.

Mais avec le prolongement de la fermeture des lieux culturels, la grande majorité ne sera pas en mesure de déclarer ces 507 heures d’ici la fin de l’année blanche, en août 2021. C’est donc un grand nombre d’artistes et technicien.ne.s qui vont se retrouver à la rue ! A la rue !! Puisque cela équivaut à une perte d’emploi.

Comment un tel message sortirait-il du cadre juridique d’une manifestation revendicative ? Cela nous échappe !

Ce que nous revendiquons avec l’occupation des lieux culturels depuis le début, ce sont des « moyens convenables d’existence » pour toutes et tous (Article 11 du Préambule de la Constitution du 27 octobre 1946).

Nous nous battons donc CONTRE la Précarité et POUR la Culture. Raison pour laquelle nous exigeons et continuerons de manifester.

Pour cela, nous avons besoin de la certitude de pouvoir poursuivre nos manifestations musicales et performatives sans risque de saisie du matériel et de verbalisations.

De notre côté, nous nous engageons à faire respecter les gestes barrières et les normes sanitaires lors de nos manifestations, engagez-vous à faire respecter notre liberté d’expression. »




En occupant des lieux partout en France, les travailleurs de la culture ont engagé un mouvement à la fois radical et large.

Tout a commencé début mars lorsque, dans plusieurs villes de France, des manifestations « Culture en colère » défilent dans les rues. À Paris, un groupe entre dans le théâtre de l’Odéon avec l’idée d’y passer au moins une nuit. Plus d’un mois plus tard, l’occupation de l’Odéon dure toujours et de nombreux théâtres, opéras, scènes de danses et lieux culturels sont occupés un peu partout en France.

« Dans les cortèges des manifestations “Culture en colère”, nous étions au côté d’organisations patronales de la culture dont les mots d’ordre se limitaient à la réouverture des lieux. On pensait que c’était insuffisant et qu’il fallait commencer à élargir le mouvement »

C’est ainsi que, côte à côte, salariés permanents de la culture, intermittents, petites compagnies, syndicat du spectacle musical, syndicats des entreprises artistiques et culturelles, fédération des employeurs du spectacle vivant, associations de producteurs, d’entrepreneurs du spectacle ou de télévisions locales, se rassemblent autour du seul mot d’ordre « la réouverture des salles ».

Mais très vite surgissent des revendications qui excèdent le seul domaine culturel, une volonté de durcir le mouvement et de l’élargir à d’autres franges de la société: aux précaires.


« Pourquoi se tourner vers les précaires ? Mais parce que nous sommes nous-même des précaires ! »


Et ce n’est pas seulement parce qu’elle est d’actualité que la réforme de l’assurance chômage est au cœur de la bataille des théâtres. La survie même du métier d’intermittent du spectacle dépend de ses conditions particulières d’accès au chômage. Or, l’actuelle réforme de l’assurance chômage, s’il elle ne s’en prend pas directement aux intermittents, s’en prend à leurs semblables : ceux qui alternent périodes de travail et périodes de chômage et qu’on appelle « intermittents hors spectacle ».

« Les saisonniers, les salariés de la restauration, toutes ces professions précaires… c’est elles qui vont être les plus touchées par la réforme ! Le gouvernement le dit clairement : il n’accepte plus que l’assurance chômage leur assure un revenu décent pendant les périodes où ils sont hors de l’emploi. Or c’est bien sur ce principe de solidarité que repose le statut d’intermittent : à partir du moment où on a travaillé un certain nombre d’heures, on est assuré d’avoir un revenu toute l’année, même quand on n’est pas en emploi. En 2022, les annexes 8 et 10 de l’assurance chômage, qui régissent notre statut, seront renégociées. Si on ne se bat pas dès maintenant, on peut être sûr que ce régime sera perdu. »




En mettant la question du chômage dans leur viseur, les occupations réussissent à rassembler au-delà des seuls intermittents.

A Marseille, « des membres de syndicats de précaires, des salariés d’entreprises en lutte , des membres d’associations culturelles passent nous voir, ils sentent que l’on mène un combat commun ».

À Rennes, une coordination d’intermittents et de précaires est renforcée par des travailleurs de l’éducation, et encore des postiers en grève.

A Toulouse , « nous avons établi un décompte, plus de 1000 personnes sont passées par notre occupation ».

A Paris, de nombreux étudiants en art se sont également emparés de ce mode d’action particulier qu’est l’occupation en ouvrant le théâtre de la Colline à Paris, un des premiers lieux occupés après l’Odéon. « À l’heure actuelle, on demande aux étudiants de se projeter sur un marché de l’emploi qui n’existe pas. C’est bien normal qu’ils soient angoissés ! Ce que nous attendons de cette occupation c’est qu’elle puisse toucher les gens au-delà des habitués du théâtre ».


 
Une mobilisation solidaire

Au-delà de l’ampleur que prend cette mobilisation, elle porte en elle un combat qui dépasse le seul sujet des arts et de la culture.

Les occupants de l’Odéon, puis toutes celles et ceux qui ont suivi et continuent de suivre leur démarche, ont fait le choix de se battre non uniquement pour leur condition de travailleurs de l’art, mais pour l’ensemble des citoyennes et citoyens.

Convergences

Convergence des revendications

Convergence des luttes

Convergences des espérances 

Déflagrations, des dessins d’enfants pour parler de la guerre et des violences

« Déflagrations », exposé au Mucem, c’est la guerre des adultes vue à hauteur d’enfants à travers une collection exceptionnelle de plus de cent cinquante dessins, de la Première Guerre mondiale à la Syrie contemporaine. L’exposition est un hommage au geste de création des enfants qui dans ces guerres, ont repris une forme de langage, celui de tracer, de dessiner, de se dessiner.  © ©Mucem/Julie Cohen



En attendant la réouverture du Mucem, découvrez l’exposition “Déflagrations” à l’occasion d’une émission spéciale diffusée sur les réseaux sociaux le dimanche 25 avril 2021 et visible ci-dessous.


ENTRETIEN. Elle a enquêté sur les jeunes filles en milieu rural populaire

Yaëlle Amsellem-Mainguy, sociologue/Jérôme FOUQUET, OUEST-FRANCE


La sociologue Yaëlle Amsellem-Mainguy est allée rencontrer des jeunes filles de milieu populaire vivant en milieu rural. Elle met en lumière les ressources déployées par cette jeunesse.


Lire ICI

« Quand c’est non, c’est non ! »

Par Nicole François


        

Le harcèlement de rue est caractérisé par des propos et/ou gestes déplacés à l’encontre d’un individu non-consentant, répétés ou non successivement par une même personne ou plusieurs personnes.

Le harcèlement de rue est une infraction punie par la loi, passible d’amendes de 90 à  1500 €, et pouvant atteindre 3 000 € en cas de récidive.

– Quelques essais de définitions :

« tout geste ou comportement qui a pour objet d’exprimer un mépris à l’égard d’une personne, en raison de son appartenance sexuelle, ou de la considérer, pour la même raison, comme inférieure ou comme réduite essentiellement à sa dimension sexuelle et qui entraîne une atteinte grave à sa dignité »

« tout comportement non désiré à connotation sexuelle, sous forme verbale, non-verbale ou physique, avec pour but ou pour effet de violer la dignité d’une personne, en créant un environnement intimidant, hostile, dégradant, humiliant ou offensant »


– Dit avec les mots d’une collégienne de 14 ans :

« Je crois que la différence entre faire un compliment à quelqu’un et harceler, dans la rue ou ailleurs, c’est « le trop », c’est l’insistance malsaine et l’attente que grâce à cette insistance il est possible d’espérer un contact, un rendez-vous etc…

C’est ça qui met mal à l’aise les filles. La plupart du temps le harcèlement est le fait de garçons ou d’hommes, ils voient les filles ou les femmes comme des objets, comme « seulement un corps », juste un physique duquel ils pourraient disposer… C’est humiliant.

Mais les garçons aussi subissent du harcèlement : quand ils ne correspondent pas, dans l’esprit de certains, à l’idée de ce que doit être un garçon !

Les filles peuvent s’habiller comme elles veulent, se maquiller comme elles veulent, les garçons se comporter comme ils veulent, personne ne devrait se sentir mal à l’aise ou en danger dans la rue !

Ce n’est pas aux victimes de faire attention à la longueur de leur jupe ou à leur façon d’être, c’est aux harceleurs de « se tenir ».

Et il faut arrêter de dire que c’est de la drague ou de la séduction. Il faut utiliser les vrais mots : agressions, insultes, injures, harcèlement, et même violence. » (Eloïse)


– Des chiffres :

         Selon une enquête réalisée par « Les Glorieuses », 99 % des filles âgées de 14 à 24 ans ont été victimes de harcèlement dans l’espace public.

         Selon « Osez le féminisme », 94 % des femmes ont déjà été harcelées dans les transports en commun ou dans la rue et 80% déclarent avoir déjà reçu des insultes dans l’espace public.

         Selon l’association américaine Stop Street Harassment 99 % des femmes interrogées confient avoir subi des formes de harcèlement de rue : des commentaires sexistes (87 %) , des sifflements ou coups de klaxon (95 %), des attouchements (23 %), ont été suivies par des inconnus (20 %) et ont été contraintes à des faveurs sexuelles (9 %).

         Selon l’INSEE, les femmes immigrées sont les plus touchées.


– Points de vue :

         Du côté des victimes, beaucoup de personnes banalisent le harcèlement de rue, voire font un déni de ce qu’elles ou ils subissent. Beaucoup d’hommes estiment encore que ce qui est en réalité du sexisme « c’est de l’humour » et justifient leurs « blagues » en disant qu’on « ne peut plus rien dire ». Il est important de rappeler qu’une « blague sexiste » n’est pas moins qu’une façon de dénigrer une personne du sexe opposé.

         Du côté de l’entourage, souvent, l’entourage banalise ce que la victime a subi, alors que les conséquences peuvent être lourdes et handicapantes. Les remarques sexistes, les insultes et/ou les agressions entraînent systématiquement des mécanismes de protection. Il est important de rappeler qu’une tenue ou du maquillage ne justifient aucune agression.

Il arrive que des femmes s’habillent de façon à ne pas être remarquées dans la rue pour pouvoir se déplacer plus sereinement. Après avoir été suivie, une victime peut prendre le réflexe inconscient de se retourner constamment à chaque fois qu’elle sort pour vérifier que personne ne marche derrière elle. Ces mécanismes, inconscients, s’inscrivent dans le quotidien des victimes et créent des traumatismes lourds à porter.


D’où viendrait donc ce pouvoir qui, dès l’enfance, apprend aux filles à se faire discrètes, à être belles, et aux garçons à leur manquer de respect ?

–  Analyse par Fatima Ben Omar (militante féministe cofondatrice des Effrontées, venue à Troyes le jeudi 5 mars 2020 pour une conférence sur le sexisme, les violences et les inégalités dans le cadre du programme aubois « Toutes et tous ensemble pour les droits des femmes » ) :

« Le harcèlement est peut-être l’oppression la plus universellement vécue par les femmes, et la plus invisible aux yeux des hommes. Les hommes peuvent être témoins des violences faites aux femmes en général, ils peuvent voir les inégalités salariales, voir la prostitution, mais le harcèlement semble être un phénomène invisible pour eux. Comme s’ils étaient absolument chez eux dans l’espace public, tandis que les femmes doivent sans cesse y  négocier leur place implicitement. »

Séduire, dit-on. Mais ce n’est pas de cela dont il est question ici. Confondre le « harcèlement » et la séduction rappelle une histoire, des plus symptomatiques, qui se déroula en 2011. L’année où toute la scène médiatique et politique, lors de ce que l’on appela « l’affaire DSK », se mit à confondre « désir », « drague », « libertinage » avec « harcèlement sexuel », « agression » ou « viol », transformant l’agresseur potentiel en « victime » et la violée présumée en « tentatrice »…

« Il n’y a pas mort d’homme », avait déclaré, on s’en souvient, l’ancien ministre Jack Lang.

L’affaire mettait à jour la domination masculine et la solidarité sans failles de la caste dirigeante et de ses agents : éditorialistes, écrivains et faiseurs d’opinion en tous genres.

Harcèlement de rue, harcèlement sexuel et viol sont les trois étapes d’une même dynamique: un sentiment de pouvoir qui annule le consentement de la personne que l’on désire pour soi.

Certains hommes justifient leur acharnement à accoster toutes les personnes de sexe féminin par une trop grande frustration.

Alain Soral assure même que la femme ne peut, par essence, trancher entre le oui et le non et que le véritable harcèlement sexuel est celui que l’on impose aux hommes par l’omniprésence, dans l’espace public, de publicités de « femmes-objets » sensuelles et dénudées – nourrissant ainsi la frustration des hommes !!!

Éric Zemmour, lui, accuse la « féminisation de la société » d’être responsable de tous ses maux. La victime n’est, finalement, pas celle que l’on croit – et l’idée qu’elle l’aurait de toute façon bien cherché n’est jamais bien loin…

La question de l’espace public comme étant masculin et dominé par les hommes serait donc une simple question de logique, voire de loi naturelle! Lorsqu’on évoque par exemple que le métro parisien est, le soir, utilisé quasi exclusivement par des hommes, on ramène cela à une question de bon sens, comme s’il était normal qu’une femme ait peur de prendre le métro.

Très souvent, lorsqu’une autre est agressée dans l’espace public, on lui demande ce qu’elle y faisait, comme si elle n’était pas à sa place.

Ce qui caractérise aussi le harcèlement c’est la répétition. Chaque harceleur n’a aucune conscience qu’il est peut-être le dixième de la journée à faire une remarque à cette femme.

Le message envoyé aux femmes est celui de se débrouiller pour ne pas se faire violer, et non aux hommes de ne pas violer.

La honte du corps demeure du côté du sexe féminin et empêche encore massivement les victimes d’agressions sexuelles de porter plainte et de parler.

Le harcèlement sexiste entretient l’idée que ce qui s’apparente au genre féminin est à disposition de tous, donc des hommes.

On attend des femmes qu’elles s’adaptent passivement à cette réalité et organisent leur circulation dans l’espace de la cité  à partir de la peur de l’agression potentielle.

C’est à elles d’agir: s’habiller pour ne pas trop plaire, circuler à certaines heures, éviter d’être seules pour ne pas finir mal accompagnées, etc… , pour éviter d’être harcelée, agressée ou violée.

Fatima Benomar poursuit : « Il est très important d’affirmer qu’il n’y a rien d’hormonal dans la domination masculine – autrement, on pourra toujours tout justifier par les déterminismes biologiques. Les hommes auraient une sexualité irrépressible et incontrôlable, donc ce serait aux femmes de s’adapter à cette réalité. Cela devient normal pour les hommes, puisque c’est le fruit d’une éducation qui commence très jeune. En Suède, pays plus féministe que la France, les hommes se tiennent davantage dans l’espace public. Pour la plupart d’entre eux, il ne viendrait pas à l’idée de harceler une femme ! C’est donc bien une question d’idéologie, et non de biologie.»


-Tout est question d’éducation !

Quels sont les moyens à mettre en œuvre pour que cesse un jour le harcèlement de rue ?
L’éducation.

Dès la maternelle, expliquer que soulever la jupe d’une fille n’est pas respectueux et qu’il ne faut pas recommencer, que le rose ça peut être pour les garçons, et que le bleu ça peut être pour les filles. Et ainsi de suite, à chaque âge son niveau d’éducation avec la réalité du quotidien…

Éduquer les garçons…

Si l’on apprend au plus tôt aux enfants que filles et garçons sont égaux, qu’une fille n’est pas là pour décorer l’espace public, alors le harcèlement de rue disparaîtra de lui-même. Dès la naissance, on constate que les parents agissent différemment lorsqu’ils ont une fille ou un garçon. Seule l’éducation peut limiter la misogynie et donc le harcèlement. 

L’ABCD de l’égalité, programme d’enseignement en classes de maternelles et élémentaires, ayant pour objectif de lutter contre le sexisme et contre les stéréotypes de genre, est composé de séquences pédagogiques adaptables selon le niveau, mettant à disposition des enseignants des outils et des ressources pour « aider à la prise de conscience des préjugés et transmettre à tous une culture de l’égalité entre les sexes ».

Éduquer les filles…

Leur enseigner que les femmes ne portent pas « en toutes circonstances la responsabilité du maintien de l’harmonie émotionnelle entre les gens ». Leur apprendre à exprimer clairement le refus, mais aussi, si une situation d’agression le nécessite, à pratiquer l’autodéfense mentale et physique. Le « sexe faible » manque cruellement de modèles pour asseoir la confiance en ses propres capacités : on ne lui a pas appris à réagir ou se rebeller, mais à se taire et se conformer aux pulsions masculines.

Le collectif « Stop au harcèlement de rue » sensibilise à cette question et des hommes, solidaires de ces questionnements, et conscients que tordre le cou aux inégalités profondes ne peut se faire sans travailler ensemble à une société plus juste, participent à abattre les stéréotypes .

http://www.stopharcelementderue.org/


« La façon dont je m’habille ne sera jamais LE problème. Le problème c’est toi !!! »

Pour aller plus loin

https://www.cabinetaci.com/le-harcelement-de-rue-au-prisme-du-droit-penal/

http://leparticulier.lefigaro.fr/article/le-harcelement-de-rue-est-desormais-sanctionne

https://www.senat.fr/rap/l17-589/l17-5899.html

https://www.lumni.fr/dossier/harcelement-a-l-ecole

Comment libérer la parole des femmes handicapées victimes de violences


Selon l’ONU, 4 femmes handicapées sur 5 seraient victimes de violence. Pourtant elles sont peu nombreuses à oser en parler © Getty / jacobia dahm



L’association « Femmes pour le dire, femmes pour agir » lance ce lundi sur les réseaux sociaux un hashtag nommé #HandicapInceste, afin de sensibiliser et de favoriser la libération de la parole pour les femmes handicapées victimes de violences ou d’inceste. Une parole encore trop contenue, selon les écoutants.



Lire ICI

Semaine d’éducation et d’actions contre le racisme et l’antisémitisme




La Journée Internationale pour l’élimination de la discrimination raciale d’hier n’était que la première de la Semaine d’éducation et d’actions contre le racisme et l’antisémitisme durant laquelle un accent particulier sera porté sur la sensibilisation aux phénomènes de racisme et d’antisémitisme, dans 8 Académies qui se sont mobilisées en France, dont la nôtre.

Il est important de rappeler le rôle de l’éducation comme rempart contre le racisme, la xénophobie et toutes les discriminations qui s’opposent aux libertés individuelles et au droit de chaque humain d’être différent.

Il serait pourtant souhaitable que ce travail primordial, destiné à toutes et tous les élèves du CP à la Terminale, ne se limite pas à cette seule semaine phare et que ce louable effort soit maintenu largement au delà, sans limitation dans le temps…


RD

« N’Y VOYEZ PAS MALICE »

IL EST ENFIN ARRIVÉ, sorti tout chaud des presses de HOP en Vendée, le livre de bonne humeur de Jean Lefèvre. 

Pourquoi ce livre ?

Pour honorer cent ans d’un journal, la DÉPÊCHE DE L AUBE, né en décembre 1920 et toujours debout, la crête rouge et le cœur ardent. 

Jean Lefèvre y écrit des billets depuis plus de 40 ans où il égratigne ou caresse de nombreuses têtes d’affiches du monde politique ou artistique. 

Un livre de billets d’humeur « pour vous déplisser de plaisir la matière grise » dit Barnard Vasseur dans sa préface. 

Il s’agit en effet pour l’auteur de libérer certains  lecteurs de leur idolâtrie pour  certains hommes politiques qui ont failli et failliront encore.

Des textes lestes, pétillants,  incisifs, rudement bien tournés, parfois de mauvaise foi, l’auteur le reconnaît, mais c’est pour mieux déboulonner les statues.

Il y a aussi des textes d’amour, ceux qui mettent en scène les artistes d’ici et de plus loin: le TPC, la Strada, les Humbert, la Madeleine, le  Gérard-Philipe, les Octaves, l’OSA, l’accordéon de Packo ou d’Azzola, la guitare d’Alain, les Nuits, et bien d’autres , photographes, chroniqueurs, etc.

Le livre s’est permis à la fin de récolter parmi les  1000 billets non publiés, des pensées éparses que Jean Lefèvre appelle MALICERIES. Tout un art, toute une philosophie. 

Le livre sera disponible à la Dépêche de l’Aube, 22 ter Avenue Anatole France à Troyes  à partir de lundi 22 mars. 

N’Y VOYEZ PAS MALICE, La Dépêche de l’Aube 2021, 260 pages, 16 €. (Port + 8 €) 

La Dépêche est ouverte entre 9 h 30 et 17 h 30. 

Signatures de l’auteur: Mercredi 24 à 16 h

Vendredi 26 à 16 h

Romilly s Seine le samedi 27 mars à 15 h. 66 rue de la Boule d’Or.


Corinne BAUDEMENT

Avec ses femmes nues, l’artiste afghane Kubra Khademi continue de briser les tabous


Les œuvres de Kubra Khademi, « The Two Page Book » et « In the Realm », exposées à la galerie Éric Mouchet. © Rebecca Fanuele / Galerie Éric Mouchet


La peintre afghane exilée en France depuis cinq ans met la sexualité et le plaisir féminin à l’honneur dans une exposition à Paris. Loin des clichés sur l’Afghanistan, le travail de cette artiste sans tabou rend hommage aux traditions des poèmes humoristiques et érotiques de sa culture natale.


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Dimanche 21 : Journée internationale pour l’élimination de la discrimination raciale



Le 21 mars 1960, à Sharpeville (Afrique du Sud), la police ouvre le feu et tue 69 personnes lors d’une manifestation pacifique contre les lois relatives aux laissez-passer imposées par l’apartheid.


En proclamant la Journée internationale en 1966, l’Assemblée générale de l’ONU engage la communauté internationale à redoubler d’efforts pour éliminer toutes les formes de discrimination raciale (résolution 2142 (XXI)).

En 1979, l’Assemblée générale adopte un Programme d’activités à entreprendre au cours de la seconde moitié de la Décennie de la lutte contre le racisme et la discrimination raciale (A/RES/34/24). À cette occasion, l’Assemblée générale décide qu’une semaine de solidarité avec les peuples en lutte contre le racisme et la discrimination raciale, commençant le 21 mars, sera organisée chaque année par l’ensemble des États.

En 2001, la Conférence mondiale contre le racisme produit le programme le plus autorisé et le plus complet de lutte contre le racisme, la discrimination raciale, la xénophobie et l’intolérance qui y est associée : Déclaration et Programme d’action de Durban

En septembre 2021, l’Assemblée générale des Nations Unies réunira les dirigeants du monde pour une réunion d’une journée à New York afin de marquer le vingtième anniversaire de l’adoption de la Déclaration et du Programme d’action de Durban sous le thème « Réparations, justice raciale et égalité pour Les personnes d’ascendance africaine ».


Rassemblement

Samedi 20 mars à 10h00

Place Jean Jaurès à Troyes

L’Affaire Dreyfus, alliés et adversaires. D’autres regards sur l’Affaire.



Après la conférence d’Alain Pagès le jeudi 11 mars, « Zola et ses amis dreyfusards » ,

JEUDI 18 MARS 2021

Conférence de Jean-Sébastien Macke, « Lectures musicales de l’affaire Dreyfus »

Ingénieur de recherches à l’Institut des Textes et des Manuscrits Modernes (ITEMCNRS), Jean-Sébastien Macke a consacré son travail de thèse à la mise en valeur d’Alfred Bruneau, compositeur ami proche de Zola, dont l’œuvre comporte des adaptations de romans de Zola pour la scène lyrique.

Dans sa conférence intitulée « Lectures musicales de l’affaire Dreyfus », il propose de réfléchir à l’implication des musiciens dans l’Affaire, tant dans leur engagement effectif que dans leur œuvre musicale. Il s’attachera à souligner combien la fracture de l’Affaire est déjà bien lisible dans le monde musical de l’après 1870.


A venir:

JEUDI 8 AVRIL 2021

Conférence de Marie Aynié, « Dreyfus et ses amis inconnus »

Agrégée d’histoire, Marie Aynié a soutenu, sous la direction de Patrick Cabanel (Université Toulouse-le Mirail), une thèse sur “les amis inconnus” du capitaine Dreyfus – ceux qui ont soutenu sa cause par leurs lettres et leurs pétitions notamment. Ses recherches portent sur l’histoire politique à la fin du XIXe siècle, notamment sur les formes de mobilisation et de manifestation de l’opinion, sur ses réactions et ses émotions face aux discours et aux représentations politiques. Elle s’intéresse principalement à la construction de l’opinion, aux modes de mobilisation et à l’expression politique à la fin du XIXe siècle.

Conditions : Les conférences ont lieu en visioconférence, via Zoom.
Tarifs : 5€ par séance. Tarif réduit pour les demandeurs d’emploi et personnes handicapées. Gratuit pour les lycéens et étudiants.

Inscription obligatoire : contact@institut-rachi-troyes.fr

Possibilité de s’inscrire et de payer en ligne via Hello Asso : https://www.helloasso.com/…/cycle-de-conferences-sur-l…

INFORMATIONS PRINCIPALES
Institut Universitaire Européen Rachi
2, rue Brunneval – 10 000 Troyes
03.10.95.30.07.
www.institut-rachi-troyes.fr
contact@institut-rachi-troyes.fr

Rixes entre bandes rivales : Face aux faits de violences entre jeunes, privilégions l’action sociale, l’éducation et la médiation !

Enfin ! Dissolution de Génération identitaire

Le ministre de l’intérieur l’avait annoncé, c’est désormais effectif. Le conseil des ministres a prononcé la dissolution du groupe d’extrême droite Génération identitaire (GI), mercredi 3 mars, a annoncé Gérald Darmanin dans un tweet.

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« Sans Filtre », l’émission de Gabriel Attal avec des influenceurs agace les étudiants



Le premier rendez-vous de l’émission « Sans Filtre » de Gabriel Attal a été diffusé sur Twitch et Youtube mercredi 24 février © capture d’écran

Des dizaines de milliers de messages postés sur les réseaux sociaux avec le hashtag #etudiantspasinfluenceurs critiquent le choix d’avoir rassemblé autour du porte-parole du gouvernement des stars du web, déconnectées des réalités de la vie étudiante.

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Comment éviter une 4e vague psychologique à nos jeunes



ALISTAIR BERG VIA GETTY IMAGES
Une vie étudiante et sociale entre parenthèses. L’apprentissage de la liberté, la responsabilité, parfois même la vie affective sont mis en pause. Plus de « petits boulots » pour subvenir à ses besoins primaires, pour préparer ses vacances ou parfois se divertir. Les tensions sont fortes parfois dans les familles, l’isolement pèse dans la solitude des chambres d’étudiants, l’incertitude est présente pour chacun. Des drames aussi, qu’il s’agisse de tentatives de suicide, de développement d’addictions chez les jeunes ou les étudiants.

Nous proposons 4 mesures simples et efficaces.

Par Odile Agopian et Marcel Rufo

Directrice de la Santé Mentale – Ramsay Santé

Pédopsychiatre

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Les brèves de Jean

L’actu à travers la loupe de Jean Camus


L’État condamné pour carence fautive dans « l’affaire du siècle ».

Le tribunal administratif de Paris estime que l’État a commis une « faute » en ne réduisant pas assez ses émissions de gaz à effet de serre.

Quatre ONG ( Notre affaire à tous, Greenpeace, Oxfam, la fondation Hulot) avaient déposé un recours à la suite d’une pétition qui a recueilli plus de 2 millions de signatures en moins d’un mois.

Le Haut Conseil pour le climat a jugé sévèrement la politique du gouvernement. «  C’est un jugement révolutionnaire » ( C. Baldon, avocate de la fondation N. Hulot). Le juge a refusé l’indemnisation financière mais a reconnu la réparation en nature. Pour réparer le préjudice, les juges ont  prononcé un supplément d’instruction assorti d’un délai de 2 mois.

La suite s’avère compliquée et un long combat commence.  La reconnaissance d’une faute de l’État ouvre-t-elle la voie à des actions en justice des victimes du dérèglement climatique ?

Cette pression des ONG devant les tribunaux pourra-t-elle modifier le rapport de force, au moment où le projet de loi issu des propositions de la convention citoyenne pour le climat doit être présenté en conseil des ministres avant d’être débattu au parlement ?

« Un texte qui n’est pas à la hauteur des objectifs climatiques », selon le Conseil économique, social et environnemental  et le Conseil national de la transition écologique.

Une victoire pour les amich et leur lampe à huile cependant.


L’école tâtonne face aux transgenres

L’Éducation nationale en a pris acte. Pour l’instant on ne peut proposer de chiffre mais la tendance est à la hause. Ce sont ces jeunes qui s’affichent par milliers sur les réseaux sociaux hastags#nonbinaires, c’est l’écho rencontré par le film documentaire «  Petite fille » sur Arte fin 2020,  c’est aussi la vive émotion causée par le suicide d’une ado transgenre.

Que répondre à ces jeunes ? Les enseignants sont bousculés, les familles désorientées, l’institution en panne de réponse.  La peur de parler a dissimulé le phénomène.

Bien souvent, les jeunes se montrent plus ouverts que les observateurs « A la différence de l’homophobie, la transphobie en milieu scolaire n’émane pas des pairs, mais des directions d’établissement ou des enseignants  » (L. Jomat, vice-présidente de SOS Homophobie).

Le monde éducatif, bousculé, se tourne vers le ministère.

« Les jeunes interrogent les carcans de la  binarité en revendiquant un espace de liberté plus large avec du féminin et du masculin et aussi de la neutralité » (Karin Espineira, sociologue spécialiste des questions de transidentité).

Ce soir sur France 5

50 ANS DE RÉPRESSION DES DROGUES

Après le ministre de l’Économie et le président de la République, le Sénat refuse d’étendre le RSA aux 18-25 ans

Illustration d’une demande de RSA. (Riccardo Milani/Hans Lucas via AFP)


Le ministre de l’Économie et le président avaient annoncé la couleur.
Le Sénat a rejeté mercredi 20 janvier au soir une proposition de loi visant à étendre le RSA aux 18-25 ans pour répondre à
« l’urgence sociale » des jeunes sans emploi dont la précarité a été aggravée par la crise du Covid-19.

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« Jean-Michel Blanquer finit d’achever le lycée »

Par Harold Bernat et Mathias Roux

© Quentin De Groeve / Hans Lucas / Hans Lucas via AFP


Lire ICI la tribune dans le magazine Marianne.