Allocation de rentrée scolaire : y a-t-il plus « d’achats d’écrans plats au mois de septembre », comme le dit Jean-Michel Blanquer ?
Le ministre de l’Éducation était interrogé sur France 3 sur l’allocation de rentrée scolaire, versée mi-août à quelques trois millions de familles modestes.
En Belgique, le plan d’action national contre les violences basées sur le genre piloté par la secrétaire d’État Sarah Schlitz prévoit de comptabiliser les féminicides. Belga via AFP
C’est en Belgique que le terme de « féminicide » fut utilisé pour la première fois. Mais comment être sûr qu’une femme a été tuée en raison de son sexe, de la même manière qu’il existe des crimes motivés par la haine raciale ? se demande notre chroniqueuse bruxelloise, Nadia Geerts (Marianne).
L’obstétricien hongrois Ignác Semmelweis (1818-1865) : « Il était un homme des Lumières, un précurseur de l’éthique médicale », Christine Lecerf, autrice de la série documentaire. Whiteimages / Leemage
Voici l’incroyable histoire d’un jeune médecin hongrois qui voulait sauver la vie des femmes.
Alors que des vagues de fièvre puerpérale s’abattent dans toutes les maternités, Ignác Fülöp Semmelweis (1818-1865) fait une découverte fracassante : les mains des médecins transmettent la mort. Esprit libre et rationnel, Semmelweis tente alors d’imposer un geste simple d’une saisissante actualité : se laver les mains. Rompant avec les croyances de son époque, Semmelweis est rejeté par ses pairs et meurt oublié dans un asile psychiatrique de Vienne. Était-il lucide, génial, visionnaire ou fou ? Médecins, écrivains, historiens et artistes se penchent sur cette figure exceptionnelle et tragique de l’histoire de la médecine.
Trop long, trop court, trop échancré, ou encore trop moulant… La tenue des femmes dans le sport n’aura jamais autant fait parler. Et pour cause. À l’heure où les questions de liberté du corps et de l’apparence agitent régulièrement notre société, les sportives sont de plus en plus nombreuses à se mobiliser contre les assignations à la “féminité” et la sexualisation de leur corps.
Le 25 juillet, les gymnastes allemandes ont voulu montrer que chaque femme avait “le droit de choisir ce qu’elle voulait porter”. Les sportives sont arrivées au dernier tour de qualifications en arborant une combinaison rouge et blanche, recouvrant les jambes et bras, et ont laissé de côté leur traditionnel justaucorps.
Une prise de position qui a fait écho à un précédent, juste avant les JO. Quelques jours plus tôt, l’équipe de beach-handball norvégienne écopait en effet d’une amende de 1500 euros pour avoir revêtu un short plutôt qu’un bikini “ajusté et échancré” (comme inscrit dans le règlement) au cours d’un match. Dans la foulée, de nombreuses équipes et personnalités, à commencer par l’entraîneuse de France de beach-handball, ont souligné et ouvertement critiqué la rigidité des règles de la Fédération en matière des tenues des sportives.
Un mouvement plus large
Le point commun entre ces deux histoires? Outre la médiatisation qui a suivi ces gestes forts, c’est la volonté de montrer la nécessité d’être à l’aise dans sa tenue pour pratiquer son sport.
Ces revendications de sportives s’inscrivent en réalité dans un “contexte plus large”, celui du “mouvement féministe” de ces dernières années, parfois appelé “3e vague féministe”, commente Florys Castan-Vicente, enseignante-chercheuse à l’université Lyon 1.
Et de préciser: “Les questions de liberté du corps et de l’apparence sont très présentes sous différentes formes: reconnaissance des difficultés liées aux règles, contestation du port du soutien-gorge, remise en cause de l’épilation, revendication de la liberté d’allaiter dans les lieux publics, de la fluidité du genre…”
L’historienne va plus loin en prenant l’exemple du fameux crop top à l’école, objet de nombreuses polémiques en politique. “De plus en plus, des revendications se font jour pour affirmer que ce n’est pas aux filles de rater les cours pour rentrer se changer (leur éducation apparaîtrait alors moins importante que celle des garçons qu’elles “perturberaient”) mais que le problème viendrait de la manière dont les garçons sont éduqués.”
Des tenues hyper féminisées dès les années 20
Aujourd’hui, certaines sportives évoquent un ras-le-bol de cette hyperféminité qui entoure leurs sports, notamment au travers des vêtements. Elles ne demandent qu’une chose: mettre un stop aux décennies de discriminations qui affectent, depuis longtemps, les disciplines féminines. Car les injonctions qui concernent le corps et la tenue des sportives remontent à loin.
“La question se pose dès les premières championnes, dans les années 1920. Elles sont alors fréquemment accusées d’être laides pendant l’effort, peu féminines, ce qui est considéré comme contraire à leur rôle de femme” c’est-à-dire “plaire aux hommes, selon leurs détracteurs”, analyse Florys Castan-Vicente.
Ainsi, à l’époque, la femme, assignée à la séduction, ne devait pas avoir une musculature trop développée ni pratiquer des sports dits “trop violents”, au risque de perdre sa fonction maternelle et de fragiliser ses capacités respiratoires. Au tennis par exemple, elles devaient porter les mêmes vêtements que ceux utilisés pour prendre le thé dans les salons victoriens.
“Dans les sports d’origine aristocratique, comme le tennis, les injonctions vestimentaires sont encore plus fortes que dans d’autres disciplines”, observe la sociologue Béatrice Barbusse, auteure du livre Du sexisme dans le sport.
L’apparence plutôt que la performance
S’attarder sur l’apparence des femmes athlètes plutôt que sur leur performance n’est donc pas nouveau et se perpétue encore de nos jours. Aujourd’hui encore, les sportives sont souvent évoquées dans les médias sous l’angle de leur plastique, plus que sous celui de leurs résultats.
En 2008, une étude soulignait cette vision sexiste du sport féminin. Réalisée à partir des images filmées lors des matchs de beach-volley des Jeux olympiques de 2004, elle révélait que plus de 37% des plans étaient centrés sur la poitrine ou les fesses des joueuses. “Une telle analyse confirme que le sexe et la sexualité ont été utilisés non seulement pour promouvoir les athlètes, mais aussi pour vendre le sport aux téléspectateurs du monde entier”…
Autre problème de taille et persistant: celui du faible taux de femmes dans les instances décisionnaires. Sans parler du fait que les questions financières pèsent plus lourd que les questions éthiques. “Certains éléments bougent très peu: le nombre de femmes en position de décision dans les instances, ainsi que dans les domaines économique et marketing. Donc, la question des tenues peut se poser en réunion, mais celle qui se pose ensuite, elle est financière, c’est celle des sponsors. Donc la décision sur les tenues des athlètes ne pèsera pas lourd”, expliquait récemment l’enseignante-chercheuse Sandy Montañola.
Ce qui a récemment changé, ce sont les prises de paroles des premières concernées par ces discriminations qui se sont multipliées. “C’est une revendication fréquente de la part des sportives d’être considérées comme des athlètes réalisant des performances et non pour leur apparence physique”, explique Florys Castan-Vicente, qui a consacré une thèse aux liens entre les débuts des activités physiques des femmes et la première vague féministe en France.
D’autres tabous, liés aux corps de femmes, ont également été mis en lumière par les sportives elles-mêmes. Elles abordent certaines incommodités ou difficultés qui peuvent accompagner leur quotidien de sportives. “En 2016, la nageuse Fu Yuanhui brise le tabou des règles dans le sport. En 2018, Serena Williams crée l’événement avec sa tenue moulante conçue pour l’aider à surmonter des problèmes physiologiques liés aux suites de son accouchement. Cette année, Ona Carbonell demande à pouvoir allaiter ”.
Autant de prises de paroles et d’actes dont il faut espérer qu’ils mettent le sexisme dont souffrent les sportives au bas du podium.
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Des manifestants assistent à une manifestation contre une loi interdisant l’évocation des LGBTQ dans les écoles et les médias au palais présidentiel de Budapest, en Hongrie, le 16 juin 2021. REUTERS/Bernadett Szabo
BUDAPEST, 24 juillet (Reuters) – Des milliers de Hongrois ont rejoint samedi la marche annuelle des fiertés de Budapest pour soutenir les personnes LGBTQ et protester contre une loi qui limite l’enseignement à propos de l’homosexualité et des questions transgenres dans les écoles.
HCR – Un grand évènement en ligne aura lieu le 28 juin afin de trouver des solutions pour assurer la participation des femmes et des filles déplacées de force et apatrides grâce à une approche multipartite locale contre la violence sexiste et en faveur de l’égalité des genres.
L’accès à la prévention, aux soins et à la vaccination reste difficile pour les personnes en situation de vulnérabilité. Face à ces enjeux et à l’occasion de la journée mondiale des réfugiés du 20 juin 2021, Santé publique France propose plusieurs supports d’information multilingues co-construits avec des associations et des professionnels.
Plus d’une centaine de personnes se sont rassemblées à Hayange, le 26 mai, pour rendre hommage à Stéphanie, tuée en pleine rue par son ex-compagnon, contre qui elle avait porté plainte pour des violences, en vain. (Pascal Bastien/Libération)
Si les meurtres de femmes par leur ex ou leur conjoint restent si nombreux, c’est aussi le signe d’une défaillance des pouvoirs publics et de la société tout entière. Une défaillance qu’il nous faut combattre.
La Ville s’engage dans la lutte contre l’homophobie, la lesbophobie, la transphobie et contre toutes les formes de discrimination dues aux préférences amoureuses et sexuelles des individus.
L’amour et la liberté sont des valeurs communes qui doivent être préservées. Aujourd’hui et tout au long de la semaine, la mairie sera donc parée de drapeaux arc-en-ciel
Rappelons qu’en France, en Europe et à travers le monde ce sont des milliers de citoyens qui sont victimes chaque jour de discriminations et de violences, parfois fatales, en raison de leurs choix amoureux et/ou sexuels.
Les gouvernements devraient agir rapidement pour réparer les dégâts sans précédent causés à l’éducation des enfants par la pandémie de Covid-19, a déclaré Human Rights Watch dans un rapport rendu public aujourd’hui.
À l’occasion de la journée internationale de lutte contre l’homophobie, la transphobie et la biphobie, l’Observatoire LGBT+ de la Fondation Jean-Jaurès et FLAG ! organisent une visioconférence pour présenter les résultats de leur rapport sur les signalements répertoriés au sein de l’application FLAG !, lancée il y a un an, et sur les grands enseignements à tirer à partir de leur analyse. À partir des données anonymes, issues des signalements faits grâce à l’application FLAG !, le rapport met en avant différents éléments – les lieux où se produisent les LGBTphobies, le profil des victimes, mais aussi celui des agresseurs – dont les pouvoirs publics doivent se saisir pour lutter efficacement contre les LGBTphobies.
La visioconférence sera introduite par Sophie Élizéon, déléguée interministérielle à la lutte contre le racisme, l’antisémitisme et la haine anti-LGBT+ (DILCRAH).
Présentation du rapport en présence de :
Johan Cavirot, président de FLAG !
Flora Bolter, co-directrice de l’Observatoire LGBT+ de la Fondation Jean-Jaurès
Denis Quinqueton, co-directeur de l’Observatoire LGBT+ de la Fondation Jean-Jaurès
Cette année, l’abolition de l’esclavage est revenue plus tôt dans le débat public qu’elle ne le fait actuellement. En déposant une gerbe devant la tombe de Napoléon à l’occasion du bicentenaire de la mort de l’Empereur, Emmanuel Macron a relancé le débat autour de l’héritage de Bonaparte, qui en 1802 avait rétabli l’esclavage, aboli en 1794 par les Révolutionnaires à Saint-Domingue, en Guadeloupe et en Guyane.
Après que Valeurs Actuelles ait appelé les citoyens à signer la nouvelle tribune des militaires d’active, comment M6 va faire jouer aux Français le rôle d’auxiliaires et indicateurs de police…
Partout on voit fleurir des occupations de théâtres ou autres lieux culturels, des concerts dans la rue, du théâtre de rue…
En France, une centaine d’endroits sont investis, à Paris et dans de nombreuses villes, dont Troyes. Le mouvement essaime en Belgique et en Italie.
A première vue, on pourrait penser que la SEULE revendication des artistes est la réouverture des lieux de cultures.
En regardant de plus près, non :
« CECI n’est pas un spectacle mais une manifestation revendicative ! »
Un besoin de vivre ensemble, un besoin de rencontres, de danse et de joie cristallisé autour d’une chanson devenue symbole de contestation, de textes déclamés dans la rue, un besoin de culture… ?
Pas seulement non plus !
Les artistes sont rejoints par les syndicats, les associations, avec le sentiment, disent-ils, « d’avoir des destinées communes et de ne pas être seuls ».
Petit à petit, les problèmes des professionnels de la culture sont devenues le miroir des problèmes de tous les autres secteurs professionnels. Récemment, ce sont les agriculteurs qui les ont rejoints.
La culture, un catalyseur …
Les occupants des théâtres,les éclaireuses et les éclaireurs de la lutte contre la précarité généralisée…
Parce que les arts servent aussi à pointer les dysfonctionnements de nos sociétés, les différents collectifs qui se créent partout soutiennent les luttes sociales…
C’est le cas du collectif aubois « Arts En Résistance ».
L’occupation du théâtre de la Madeleine depuis le 2 avril est l’une des nombreuses actions que souhaite développer ce collectif.
Présents sur place 24 h sur 24 et 7 jours sur 7 les résidents ont créé des espaces d’échanges, de réflexion, de partage et de rencontres, le tout dans le respect des normes sanitaires en vigueur, afin de protéger la population et prouver aux institutions qu’il est possible d’accéder à des événements culturels sans prendre de risques.
Ils demandent une concertation, une meilleure écoute et prise en compte de leurs revendications : la réouverture à court et moyen terme des lieux culturels, la prolongation de l’année blanche, un plan de relance spécifique et l’annulation de la réforme de l’assurance chômage.
« L’art infuse, diffuse, ici et maintenant, il est dans la vie de la cité, dans la rue, les écoles, les théâtres, les salles de concerts, les expositions, sur les immeubles, les monuments, les places, à la télévision, sur internet, sur nous, en nous, partout où il y a de la vie humaine. Il est notre humanité. Il est entier, indivisible, il est un tout.
Depuis plus d’un an, les salles de spectacles, les musées, les théâtres, les festivals sont fermés, situation inédite dans l’histoire de France. Aucune concertation sérieuse n’a été engagée, ni au niveau national, ni au niveaulocal depuis lors pour trouver des solutions. Bien que le premier confinement nous ait tous pris par surprise, par la suite, il y aurait dû y avoir une envie farouche de trouver des solutions pour palier la situation actuelle et réfléchir aux moyens de prévenir un avenir incertain. Le ministère de la culture et les institutions chargées de défendre la culture ne semblent plus investis de cette mission.
Aujourd’hui, les artistes et les techniciens sont sommés de ne pas travailler puisque les lieux culturels sont fermés et que les perspectives de réouvertures restent floues et sans moyen pour palier de nouvelles restrictions sanitaires à venir. De plus, nous devons subir l’incertitude de la pérennisation de nos statuts et la peur de basculer dans la pauvreté si la réforme de l’assurance chômage est votée.
C’est pourquoi nous rallions le mouvement national d’occupation des lieux culturels public initié par l’occupation du théâtre de l’Odéon.
Même chose dans une petite ville du Sud-Ouest, exemple parmi tant d’autres, où la mobilisation s’amplifie, soutenue par des partenaires associatifs, culturels, sociaux, syndicaux (santé, retraites, éducation, etc.) et politiques. Des A.G. hebdomadaires sont organisées. Jour et nuit, des personnes sont présentes sur site.
Elles s’écoutent, se respectent, ont le sentiment de vivre un moment important, au-delà même de la revendication centrale des droits des intermittents et de la réouverture des lieux de culture. Il leur importe de poursuivre sur la durée, de mener des actions réfléchies et non violentes, sans jamais donner prétexte au pouvoir d’évacuer.
« Nous nous inscrivons dans le mouvement national d’occupation des espaces culturels, avec plus de 100 lieux occupés en France.
Au travers de nos revendications (abrogation de la réforme de l’assurance chômage, ouverture du RSA aux moins de 25 ans, etc.), nous luttons contre la précarité et pour la reconnaissance du rôle essentiel de la culture dans l’épanouissement de toute la société.
De l’argent il y en a. Construisons de nouveaux droits ! »
Le collectif a interpellé le Préfet en ces termes :
« Monsieur le Préfet,
Dans la volonté d’être dans le dialogue avec vous et l’ensemble des forces de l’ordre, nous vous adressons cette lettre.
Toutes nos actions sont revendicatives. TOUTES ! Nous sommes en droit de leur donner le caractère et la forme que nous voulons.
Aujourd’hui, les manifestations ne sont plus uniquement des marches dans la rue avec quelques pancartes, les manières de revendiquer ont changé et tous les modes de revendication sont légitimes.
Nos actions musicales et performatives s’inscrivent pleinement dans notre mouvement revendicatif.
En jouant ici gratuitement, les artistes dénoncent les conditions d’accès à l’intermittence du spectacle.
Aujourd’hui, il faut justifier de 507 heures de travail payées pour obtenir et valider le statut d’intermittent.
Mais avec le prolongement de la fermeture des lieux culturels, la grande majorité ne sera pas en mesure de déclarer ces 507 heures d’ici la fin de l’année blanche, en août 2021. C’est donc un grand nombre d’artistes et technicien.ne.s qui vont se retrouver à la rue ! A la rue !! Puisque cela équivaut à une perte d’emploi.
Comment un tel message sortirait-il du cadre juridique d’une manifestation revendicative ? Cela nous échappe !
Ce que nous revendiquons avec l’occupation des lieux culturels depuis le début, ce sont des « moyens convenables d’existence » pour toutes et tous (Article 11 du Préambule de la Constitution du 27 octobre 1946).
Nous nous battons donc CONTRE la Précarité et POUR la Culture. Raison pour laquelle nous exigeons et continuerons de manifester.
Pour cela, nous avons besoin de la certitude de pouvoir poursuivre nos manifestations musicales et performatives sans risque de saisie du matériel et de verbalisations.
De notre côté, nous nous engageons à faire respecter les gestes barrières et les normes sanitaires lors de nos manifestations, engagez-vous à faire respecter notre liberté d’expression. »
En occupant des lieux partout en France, les travailleurs de la culture ont engagé un mouvement à la fois radical et large.
Tout a commencé début mars lorsque, dans plusieurs villes de France, des manifestations « Culture en colère » défilent dans les rues. À Paris, un groupe entre dans le théâtre de l’Odéon avec l’idée d’y passer au moins une nuit. Plus d’un mois plus tard, l’occupation de l’Odéon dure toujours et de nombreux théâtres, opéras, scènes de danses et lieux culturels sont occupés un peu partout en France.
« Dans les cortèges des manifestations “Culture en colère”, nous étions au côté d’organisations patronales de la culture dont les mots d’ordre se limitaient à la réouverture des lieux. On pensait que c’était insuffisant et qu’il fallait commencer à élargir le mouvement »
C’est ainsi que, côte à côte, salariés permanents de la culture, intermittents, petites compagnies, syndicat du spectacle musical, syndicats des entreprises artistiques et culturelles, fédération des employeurs du spectacle vivant, associations de producteurs, d’entrepreneurs du spectacle ou de télévisions locales, se rassemblent autour du seul mot d’ordre « la réouverture des salles ».
Mais très vite surgissent des revendications qui excèdent le seul domaine culturel, une volonté de durcir le mouvement et de l’élargir à d’autres franges de la société: aux précaires.
« Pourquoi se tourner vers les précaires ? Mais parce que nous sommes nous-même des précaires ! »
Et ce n’est pas seulement parce qu’elle est d’actualité que la réforme de l’assurance chômage est au cœur de la bataille des théâtres. La survie même du métier d’intermittent du spectacle dépend de ses conditions particulières d’accès au chômage. Or, l’actuelle réforme de l’assurance chômage, s’il elle ne s’en prend pas directement aux intermittents, s’en prend à leurs semblables : ceux qui alternent périodes de travail et périodes de chômage et qu’on appelle « intermittents hors spectacle ».
« Les saisonniers, les salariés de la restauration, toutes ces professions précaires… c’est elles qui vont être les plus touchées par la réforme ! Le gouvernement le dit clairement : il n’accepte plus que l’assurance chômage leur assure un revenu décent pendant les périodes où ils sont hors de l’emploi. Or c’est bien sur ce principe de solidarité que repose le statut d’intermittent : à partir du moment où on a travaillé un certain nombre d’heures, on est assuré d’avoir un revenu toute l’année, même quand on n’est pas en emploi. En 2022, les annexes 8 et 10 de l’assurance chômage, qui régissent notre statut, seront renégociées. Si on ne se bat pas dès maintenant, on peut être sûr que ce régime sera perdu. »
En mettant la question du chômage dans leur viseur, les occupations réussissent à rassembler au-delà des seuls intermittents.
A Marseille, « des membres de syndicats de précaires, des salariés d’entreprises en lutte , des membres d’associations culturelles passent nous voir, ils sentent que l’on mène un combat commun ».
À Rennes, une coordination d’intermittents et de précaires est renforcée par des travailleurs de l’éducation, et encore des postiers en grève.
A Toulouse , « nous avons établi un décompte, plus de 1000 personnes sont passées par notre occupation ».
A Paris, de nombreux étudiants en art se sont également emparés de ce mode d’action particulier qu’est l’occupation en ouvrant le théâtre de la Colline à Paris, un des premiers lieux occupés après l’Odéon. « À l’heure actuelle, on demande aux étudiants de se projeter sur un marché de l’emploi qui n’existe pas. C’est bien normal qu’ils soient angoissés ! Ce que nous attendons de cette occupation c’est qu’elle puisse toucher les gens au-delà des habitués du théâtre ».
Une mobilisation solidaire
Au-delà de l’ampleur que prend cette mobilisation, elle porte en elle un combat qui dépasse le seul sujet des arts et de la culture.
Les occupants de l’Odéon, puis toutes celles et ceux qui ont suivi et continuent de suivre leur démarche, ont fait le choix de se battre non uniquement pour leur condition de travailleurs de l’art, mais pour l’ensemble des citoyennes et citoyens.
Convergences
Convergence des revendications
Convergence des luttes
Convergences des espérances
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