La taxation des transactions financières, un impératif pour combattre la spéculation et la domination de la finance mondiale

Et pour financer des biens communs de l’humanité, avec une priorité donnée aux impératifs sociaux, écologiques et alimentaires dans les pays du Sud et du Nord.

La taxe Tobin pour le bien de la planète - Energie positive
Si les gouvernants et les organisations internationales s’interrogent sur la possibilité de taxer les transactions financières, ce n’est pas pour mettre en échec le modèle néolibéral, qu’ils essayent au contraire de préserver contre vents et marées et, dans l’immédiat, de remettre sur ses rails. Malgré l’urgence, ils ne sont pas prêts à faire de la fiscalité globale un instrument de lutte contre la spéculation, les inégalités et la dégradation des écosystèmes.

Attac propose une répartition des recettes de la TTF en trois parts dont la discussion internationale devra déterminer la proportion de chacune : une part des recettes pour les budgets sociaux au Nord, une autre pour la lutte contre la pauvreté globale et la troisième pour financer la lutte contre le réchauffement climatique et pour l’adaptation des pays du Sud. Une fraction des recettes fiscales pourra donc être utilisée dans les pays les plus touchés par la crise, y compris les pays du Nord, afin de financer les dépenses nécessaires pour réduire le coût social de la crise, et en particulier pour préserver l’emploi et les systèmes de santé.

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Greenpeace fête son anniversaire : 50 ans d’action

Le 15 septembre 1971, quatorze militants pacifistes fondaient au Canada l’organisation Greenpeace, devenue depuis l’une des plus influentes ONG agissant dans le domaine de l’environnement. Connue pour ses opérations très visuelles, l’association a marqué les esprits grâce à des actions coups de poing.

Banderoles, alpinistes, lieux interdits : les ingrédients efficaces des campagnes Greenpeace
Banderoles, alpinistes, lieux interdits : les ingrédients efficaces des campagnes Greenpeace

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Bolsonaro est en train de faire adopter un arsenal législatif qui démantèlera les droits des Indiens sur leurs terres

La France ne doit pas se rendre complice de l’ethnocide et de l’écocide en cours au Brésil, affirme un collectif d’anthropologues et d’historiens, parmi lesquels Philippe Descola et Anaïs Fléchet, plaidant pour l’application de sanctions de la part de l’UE.

Bolsonaro est en train de faire adopter un arsenal législatif qui  démantèlera les droits des Indiens sur leurs terres » (Tribune / Le Monde)  - FRANCE AMERIQUE LATINE

Depuis le 22 août, 6 000 Indiens du Brésil, issus de 170 peuples différents, ont planté leurs tentes sur l’esplanade des ministères à Brasilia

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Congrès mondial de la nature

Quatre chiffres qui montrent l’effondrement de la biodiversité

JULIAN STRATENSCHULTE / DPA / AFP


Plusieurs études mettent en lumière la chute vertigineuse des populations d’espèces animales et végétales à travers le monde ces dernières années.

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« On est en train de perdre toute notre diversité à grande allure », alerte un écologue


Le congrès mondial de la nature (UICN) ouvre ses portes à Marseille ce vendredi 3 août. (NICOLAS TUCAT / AFP)


A l’occasion de l’ouverture du congrès mondial de la nature vendredi 3 août, Serge Morand, écologue et chercheur au CNRS, juge que « tous les indicateurs » de la biodiversité « se dégradent ».  

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Pierre Cannet souhaite une « solution globale »



Invité dans le 23 heures de Franceinfo vendredi 3 septembre, Pierre Cannet, directeur du plaidoyer et des campagnes WWF France, détaille les enjeux du Congrès mondial de la nature qui se tient à Marseille (Bouches-du-Rhône).

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La planète flambe

Etats-Unis : l’incendie Dixie Fire est devenu le deuxième plus grand feu de l’histoire de la Californie

L’incendie Dixie Fire dans la petite ville de Greenville, en Californie (Etats-Unis), le 5 août 2021. (JOSH EDELSON / AFP)


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INCENDIES EN SIBÉRIE : LES CENDRES SONT EN TRAIN D’ATTEINDRE LE PÔLE NORD

Les panaches blancs sont les fumées issues des incendies en Sibérie. Les cendres ont atteint le pôle nord. @NasaEarthObservatory


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Les incendies en Algérie ont fait 65 morts dont 28 militaires

Le nord de l’Algérie, notamment la Kabylie, une cinquantaine de feux brûlent en même temps depuis lundi. (RYAD KRAMDI / AFP)


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Italie : pic de chaleur dans le pays, touché lui aussi par les incendies


L’anticyclone responsable de la vague de chaleur accablant l’Italie, baptisé Lucifer, cause des records de températures dans plusieurs régions italiennes. © Crédit photo : STRINGER / AFP


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Incapable de gérer les incendies en Turquie, Erdogan préfère mettre le feu aux réseaux sociaux

Une femme turque regardant son téléphone en passant devant un portrait d’Erdogan, à Istanbul, le 21 mars 2014. AFP


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Climat : pour Jean Jouzel, « ce que nous vivons aujourd’hui était annoncé dès les années 1970 »

« Il y aura bientôt la Cop 26 à Glasgow, je garde espoir », indique le climatologue Jean Jouzel. (Photo d’archives François Destoc)


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Les scientifiques du GIEC : « Le changement climatique s’accélère et s’intensifie »



Le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat publie ce 9 août son rapport faisant l’état des connaissances scientifiques sur le changement climatique. Il détaille notamment la multiplication à attendre des événements extrêmes. Et avertit qu’il reste à peine vingt ans pour limiter le pire. Une condition : amener les émissions de gaz à effet de serre à zéro.


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Le rapport complet est ICI

Les femmes et les filles au cœur de la lutte pour la justice climatique

Par Mme Phumzile Mlambo-Ngcuka, Secrétaire générale adjointe des Nations Unies et Directrice exécutive d’ONU Femmes

L’égalité des sexes et la justice climatique sont inextricablement liées. Lors de chaque crise climatique, ce sont souvent les femmes et les filles qui souffrent des effets les plus graves de la dégradation de l’environnement et des catastrophes naturelles – qui se traduisent par une pauvreté accrue et l’escalade de la violence liée au genre. Pourtant, bien qu’elles contribuent à la création et à la mise en œuvre des solutions, elles sont trop souvent absentes de la direction formelle des actions en matière de climat, des initiatives innovantes et des emplois clés. La pandémie de Covid-19 n’a fait qu’exacerber nombre de ces inégalités.

Pour que les actions en faveur du climat et de l’environnement répondent aux besoins des femmes, il faut commencer par leur garantir un égal accès aux ressources productives, et en particulier aux financements, aux terres, à l’eau et à des énergies propres. Il convient également de soutenir le renforcement de leurs compétences, de leur plaidoyer et de leur accès aux technologies, et de produire des données désagrégées pour éclairer la planification et l’action.

Lors du Forum Génération Égalité à Paris, l’occasion a été offerte de donner aux femmes et aux filles la place qui est la leur, aux avant-postes de la lutte pour la justice climatique et du virage décisif vers une économie plus verte. Les Coalitions d’action féministe pour la justice climatique du Forum ont mis au point un programme concret qui comprend le financement de solutions climatiques pour les femmes et les filles, un soutien à leurs efforts – en particulier aux niveaux local et rural – pour répondre aux crises climatiques, et l’augmentation du nombre de femmes occupant les postes de direction et les emplois touchant aux domaines climatique et environnemental. Elles appellent les organisations du monde entier à se joindre à elles pour prendre des engagements en matière de climat.

Par le biais de leur travail, les coalitions aspirent à un monde où toutes les femmes bénéficient d’un accès équitable aux financements, aux technologies et aux connaissances se rapportant à la problématique du climat, et où leurs voix et leurs solutions, en particulier à l’échelle locale et au sein des populations autochtones, sont respectées et amplifiées.

Espérons des actions concrètes qui feront progresser l’égalité des sexes et la lutte contre le changement climatique, pour un monde plus équitable et plus durable.

Act for Equal 2

Le changement climatique créera plus de migration que n’importe quel autre événement dans les années à venir

National Geographic

Le changement climatique va transformer plus de 143 millions de personnes en réfugiés climatiques, cherchant à échapper aux mauvaises récoltes, à la pénurie d’eau et à la montée du niveau des mers.

La majeure partie de ce changement démographique aura lieu en Afrique subsaharienne, en Asie du Sud et en Amérique latine ; trois zones sensibles qui représentent 55 % de la population en voie de développement à travers le monde.

Ce scénario catastrophe est issu d’une étude inédite révélant les conséquences de la lente évolution du climat ; en opposition à des événements plus dramatiques tels que les ouragans et les inondations. Le rapport, Groundswell-Preparing for Interne Climate Migration, tente également de dédramatiser les conséquences de la migration transfrontalière, étant donné que la plupart des migrants fuient la guerre, la pauvreté et se mettent à la recherche d’un endroit stable pour y vivre. Les 143 millions de réfugiés climatiques ne représentent que 2,8% des populations d’Afrique subsaharienne, d’Asie du Sud et d’Amérique latine.

La montée du niveau des mers provoque déjà la migration des populations des espaces insulaires du Pacifique et d’Océanie ainsi que des zones côtières de basse altitude régulièrement inondées. De la même façon, les habitants des régions souffrant de sécheresse extrême sont partis à la recherche de terres agricoles viables. Une grande partie de la migration à venir va initier un déplacement des populations des zones rurales vers les zones urbaines sur les 30 prochaines années. Sans surprise, les personnes les plus pauvres de ces régions seront les plus touchées, et pourront, selon le rapport, difficilement se déplacer.

Les auteurs de l’étude affirment qu’il y a encore des raisons d’être optimistes : si le monde réagit à temps pour réduire les émissions de gaz à effet de serre et s’engage dans une « solide planification du développement », les déplacements de migrants pourraient être réduits de 80 % .

« Nous avons à présent une petite fenêtre pour préparer le terrain à cette nouvelle réalité avant que les effets du changement climatique ne s’aggravent » , a déclaré Kristalina Georgieva, directrice générale de la Banque mondiale, dans un communiqué. « Les mesures prises par les villes pour gérer l’affluence en provenance des zones rurales, augmenter les opportunités d’éducation, de formation et d’emploi seront bénéfiques sur le long terme ».

ÉTUDES DE CAS

Le rapport distingue trois pays comme des études de cas : l’Éthiopie, le Bangladesh et le Mexique. Il souligne que les villes à croissance rapide devront se diversifier économiquement et créer des emplois indépendants du climat pour absorber correctement la croissance démographique. Le changement climatique devrait avoir des répercussions sur le Mexique en encourageant un plus grand nombre de personnes, en provenance de régions éloignées et qui risquent davantage de subir des changements, à déménager à Mexico.

Il y a cependant des exceptions. Par exemple, la baisse des précipitations dans les hauts-plateaux du nord de l’Éthiopie peut pousser les habitants à quitter le pays à la recherche de nouvelles zones où ils peuvent développer des cultures pluviales. De plus, l’absence de précipitations à Addis-Abeba, la plus grande ville d’Éthiopie, pourrait ralentir sa croissance.

En parallèle, la montée des eaux et des ondes de tempête entraîneront une croissance dans les principales villes du Bangladesh, y compris pour la capitale Dhaka. L’étude prévoit que le Bangladesh connaisse les plus grands changements et déplacements de populations de son histoire à cause du changement climatique.

Le Mexique, pays le plus riche des trois, est moins vulnérable aux changements climatiques et mieux préparé que l’Éthiopie et le Bangladesh. Mais « il faut prêter attention aux poches de pauvreté », alertent les auteurs de l’étude. La région centrale autour de Mexico et de Guatemala City, qui peut offrir de meilleures conditions climatiques, pourrait attirer de nombreux réfugiés climatiques. Il ne reste que très peu de temps pour agir. Les auteurs concluent que sans réduction des gaz à effet de serre et autres pollutions, la migration climatique va probablement croître jusqu’en 2050 puis s’accélérer.

Des habitants d' un village touché par les inondations transportent leurs biens importants par bateau à ...

L’écoféminisme, c’est quoi ?

L’imaginaire Écoféministe contre la société patriarcale

Revue Socialter

Émilie Hache est l’une des figures du mouvement écoféministe en France, ce courant de pensée qui lie l’exploitation de la nature avec celle subie par les femmes. Maîtresse de conférence au département de philosophie de l’université Paris-Ouest-Nanterre-La Défense, elle a publié Reclaim ­(Cambourakis, 2016), une anthologie de textes écoféministes qui a permis de redécouvrir des écrits inédits signés des principales figures de ce mouvement. Elle revient sur l’engouement autour de cette notion qui donne des armes afin d’inventer un nouvel imaginaire post-capitaliste et post-patriarcal.

L’écoféminisme est une notion de plus en plus connue, voire même à la mode. Comment analysez-vous cet engouement ?

Je dirais que c’est dû à la conjonction de #MeToo et de l’accélération sidérante du dérèglement climatique, face auquel nous sommes de plus en plus nombreux.ses à ­chercher de nouvelles prises. Il y a encore peu de temps, cette articulation entre féminisme et écologie était impossible à entendre, tout rapprochement entre la nature et les femmes étant systématiquement associé à un risque de naturalisation (que ce lien  serait dans la « nature » des femmes). Pour Simone de Beauvoir par exemple, l’émancipation des femmes ne peut passer que par l’abandon de ce qui relèverait de la féminité, c’est-à-dire de ce qui a été mis dans la « sphère domestique » : le soin des autres, le soin du milieu dans lequel on vit, la question de l’engendrement, la culture de nos émotions, notre sensibilité au monde, etc. Mais jamais par la réappropriation de sa féminité, aussi bien par les hommes que par les femmes et par toute personne sortant du système hétéronormé dans lequel nous nous trouvons.

Que répondre aux gens qui accusent l’écoféminisme d’être essentialiste  ?

Susan Griffin, une poétesse états-unienne, a écrit que l’essentialisme était un épouvantail contenant toutes les peurs de ceux qui portent cette accusation, bien plus qu’un trait spécifique à l’écoféminisme. Cela me semble très juste. Qu’il y ait parmi les écoféministes des personnes qui tiennent parfois des propos essentialistes, c’est tout à fait ­possible… Mais ce n’est pas très grave, tant qu’elles n’empêchent pas les autres de penser et de vivre autrement. Il faut en finir avec cette maladie occidentale de la pureté, et notamment de la pureté théorique. La bonne question à mon avis est : à qui profite cette accusation ? On en a fait un débat entre féministes, mais qui compte les points ? S’il y a bien un discours violemment essentialiste, nous expliquant depuis nos premiers souffles que les hommes sont forts et plus intelligents par nature, et les femmes plus émotives et stupides parce que dotées d’un utérus, c’est cette idéologie naturaliste avec laquelle on se débat tou.te.s. C’est d’ailleurs un comble d’accuser d’essentialisme celles qui cherchent à récupérer des compétences naturalisées comme la maternité ou la question de la reproduction en général, des sujets en réalité archi-contrôlés par l’État. Ou plutôt : c’est bien joué, mais cela ne marche plus. Le fait que cette accusation d’essentialisme soit aujourd’hui en train de disparaître, ou du moins n’impressionne plus les nouvelles générations, nous indique que c’est de ce côté là qu’il faut aller.

La question de la spiritualité est également très présente dans l’écoféminisme. Cela a-t-il participé de sa décrédibili­sation ? 

Certainement, mais tout autant qu’à son immense attrait. Plutôt que de rejeter la nature ou tout rapprochement avec cette dernière, par peur de naturalisation, les ­écoféministes proposent de plonger dedans pour retrouver nos liens avec le monde vivant auquel on appartient. Au lieu de rejeter pour la millième fois les religions (Dieu est mort à tellement de reprises !), elles souhaitent se réapproprier collectivement cette dimension de l’existence. C’est une chose de critiquer les religions monothéistes pour leur incroyable misogynie et leur abandon du monde vivant autre qu’humain en général, c’est autre chose de jeter toute forme de rapport spirituel au monde. Une partie des écoféministes considère que c’est une dimension fondamentale de l’existence et qu’il n’y a aucune raison de s’en passer. Cette position est très difficile à comprendre en ­France car nous héritons d’une histoire religieuse extrêmement violente, que l’on pense aux guerres des religions ou à l’Inquisition. Pour le dire simplement, les écoféministes proposent de se réapproprier ce rapport à l’invisible qui a été capturé par une bande d’hommes blancs siégeant aujourd’hui au Vatican. Elles réaffirment que le sacré n’est pas qu’une valeur masculine, qu’il est essentiel de le rouvrir à des formes féminines, queer ou plus qu’humaines (animaux, rivières, montagnes dans les religions polythéistes par exemple) qui ont toujours existé, mais que les monothéismes ont cherché à éradiquer tout au long de leur histoire. Si cette dimension de l’écoféminisme est si critiquée, c’est qu’elle fait très peur. Ce qui est plutôt bon signe car elle touche à la question du partage du pouvoir. En l’occurrence ici, du pouvoir de l’invisible. Qui est légitime pour entrer en lien avec l’invisible ? Et que font les collectifs de leurs liens avec l’invisible ?

L’écoféminisme est né aux États-Unis, à l’époque des luttes antinucléaires. Quels sont ses liens avec l’écologie sociale de Murray Bookchin et l’écologie profonde d’Arne Næss qui se développent à la même époque ?

Avec du recul, je dirais qu’il s’agit principalement de rencontres manquées. Certes, il y a eu quelques échanges et discussions académiques entre des écoféministes et ces deux courants, mais fondamentalement, ces derniers n’ont pas du tout vu le lien entre la destruction de la nature et l’oppression des femmes. Il faut aller chercher dans les générations antérieures de penseur.seuse.s anarchistes une première élaboration de ces liens. Je pense aussi bien au philosophe ­Charles Fourier qu’à la féministe ­Emma ­Goldman. On le sait peu, mais cette dernière édita une décennie durant, au début du siècle dernier, une revue anarchiste et féministe intitulée Mother Earth. À l’inverse, si l’écoféminisme, dans ses différentes mobilisations comme dans ses pratiques quotidiennes, peut clairement être considéré comme anarchiste, peu de textes ont élaboré cette dimension. C’est à notre génération qu’il revient de déployer cette articulation comme les enjeux vitaux qui la sous-tendent.

Les sociétés matriarcales sont aujour­d’hui mal connues et peu étudiées. Quel est leur lien avec l’écoféminisme ?

La critique qu’adresse l’écoféminisme aux sociétés patriarcales et capitalistes les amène nécessairement à s’interroger sur la possibilité de l’existence d’organisations sociales non patriarcales et non prédatrices du monde vivant. Ce qui, en tant que tel, n’a rien d’extraordinaire. Pourquoi ne pourraient-elles pas exister ? L’Histoire que nous connaissons est principalement celle des États qui ne rend compte que d’une infime partie de l’histoire de l’humanité. La vraie question n’est pas de s’esclaffer devant l’idée délirante de sociétés non patriarcales, mais de se demander plutôt comment on en est venus à penser que ces dernières ne pouvaient pas exister, qu’elles n’étaient qu’un mythe. C’est ça qui est proprement délirant. La responsabilité de l’anthro­pologie dans ce mythe du patriarcat universel – pour le coup ! – est très grande. Tout d’abord dans sa version évolutionniste : certains anthropologues, à l’instar de l’américain L.H. Morgan, renvoient les sociétés matriarcales à un stade primitif irrémédiablement perdu. Quant aux structuralistes, ils préfèrent nier l’existence de ces sociétés ­plutôt que de contredire certaines caractéristiques qu’on pense propres à toutes les sociétés, comme le fameux échange des femmes pour éviter l’inceste et l’endogamie. Or, ces caractéristiques sont en réalité propres aux sociétés patriarcales. Pourtant, il existe des sociétés sans père ni mari, pour reprendre le très beau titre d’une ethnographie sur les Na en Chine. Il en existe même beaucoup, malgré leur destruction en cours, comme l’a montré la chercheuse Heide Göettner-Abendroth. Et ces sociétés sans État, matrilinéaires , se caractérisent par une profonde égalité entre les hommes et les femmes, où le viol, l’inceste comme le féminicide semblent inexistants. Elles s’avèrent aussi infiniment moins destructrices du monde vivant.

Quelles sont les différences fondamentales entre les sociétés matriarcales et patriarcales ?

On peut discuter de la pertinence d’utiliser le terme matriarcat pour désigner ces sociétés non patriarcales. Mais qu’on le fasse au moins sur de bonnes bases : ce terme n’a jamais signifié l’inverse du concept de patriarcat, à savoir la domination des femmes sur les hommes. Il faut plutôt l’entendre au sens de « femmes au commencement » (arkhe, en grec), renvoyant à la maternité. La reconnaissance de l’existence de ces sociétés ouvre des abîmes de questions : pourquoi cela se passe-t-il mieux quand le pouvoir économique est dans les mains des femmes ? Pourquoi les rapports entre les personnes composant ces collectifs semblent-ils infiniment moins ­violents ? Et comment en rendre compte autrement que par des explications essentialistes ? L’hypothèse que l’on peut faire, dans la lignée de l’anthropologue et l’ethnologue ­Pierre ­Clastres et de l’anthropologue anarchiste américain James C. Scott , est la suivante : de même que les sociétés sans État (matriarcales ou non) ne sont pas des sociétés qui sont restées en dehors de l’Histoire mais des sociétés qui refusent activement l’État, ces sociétés matriarcales rejettent activement leur patriarcalisation. Et nous, qui sommes plongé.e.s jusqu’au cou dans des sociétés patriarcales, à supposer même que leur regain de violence actuel à l’égard de tous les vivants puisse être entendu comme le dernier râle des vieux mâles, quelles formes voulons-nous pour nos sociétés non patriarcales et écoféministes ?

Cela passe-t-il par l’invention de nouveaux imaginaires ?

Absolument. Cette question est présente depuis le début du mouvement et explique pourquoi de nombreuses écoféministes ont écrit de la science-fiction, comme ­Françoise ­d’Eaubonne ou ­Starhawk, et se sont immensément nourries de SF féministe, comme celle ­d’Ursula Le Guin, qui commence à être découverte aujourd’hui en France. Le texte que vous republiez ici pose parfaitement le problème. Si notre culture est un ensemble de récits que l’on se raconte collectivement, changer ces récits est fondamental, dans nos fictions mais aussi dans nos textes de droit, en philosophie, dans nos mythes, dans notre épistémologie… Or, si cela pouvait sembler jusqu’à il y a peu insurmontable, héritant de plus de deux millénaires de récits de héros qui se font la guerre, nous ne pouvons que nous réjouir et célébrer la désertion de cet imaginaire dominant nous menant droit au désastre. Cette désertion est en cours partout, dans l’ouverture de nos histoires d’amour à de nouvelles formes de familles, choisies, avec ou sans enfants ; dans l’érotisation de nos liens au vivant et la désérotisation du pouvoir ; dans nos multiples manières de re-sentir que nous ne sommes que de passage, de renouer avec nos mort.e.s, de nous ré-ouvrir à notre animalité, à nos enchevê­trements végétaux… 

→ Émilie Hache est maîtresse de conférence en philosophie à l’université de Nanterre. Dans Ce à quoi nous tenons. Propositions pour une écologie pragmatique (Les Empêcheurs de penser en rond / La Découverte, 2011), elle développe une écologie fondée sur un compromis entre les différentes espèces terrestres. Par la suite, elle engage un travail de définition de l’écologie politique à travers deux ouvrages qu’elle coordonne, dont Écologie politique. Cosmos, communautés, milieux (Amsterdam, 2012). Elle est devenue l’une des figures de la diffusion de la pensée écoféministe en France avec Reclaim (Cambourakis, 2016), un recueil de textes écoféministes choisis et présentés par elle.

Artificialisation des sols : menace sur les espaces naturels



On ne compte plus, ces derniers mois, le nombre de protestations contre l’artificialisation des sols en réponse à un besoin grandissant d’espace face à une crise sanitaire qui n’en finit pas. Malgré, plusieurs tentatives de réglementations, l’urbanisation se poursuit à une vitesse vertigineuse. Et la protection des terres reste fragilisée par de vieux schémas culturels difficiles à endiguer.


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Polluants et antidémocratiques, les Jeux olympiques à bout de souffle



«Écoblanchiment», constructions «inutiles», zone contaminée… Alors que se poursuivent les Jeux olympiques de Tokyo, la Japonaise Natsuko Sasaki, du collectif Saccage 2024 opposé aux JO de Paris, explique les problèmes que posent les J.O.


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Ce génocide qui vient…



Pétition adressée à: Congrès national du Brésil

Le projet de loi 490/2007 violera les droits constitutionnels et internationaux durement acquis par les peuples autochtones et aura des conséquences sociales et environnementales sans précédent. Nous appelons les députés à opposer leur veto au projet de loi 490/2007 au Congrès et à respecter les peuples autochtones du Brésil, comme le prévoit la loi.


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Jour du dépassement : à partir de ce jeudi 29 juillet nous vivons à crédit sur la planète




Nous sommes le 29 juillet et la planète à atteint le Jour du Dépassement, alerte l’organisation internationale pour la protection de l’environnement et le développement durable WWF. A compter de cette date, nous avons épuisé toutes les ressources que la planète peut nous offrir en une année.


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100 % renouvelable, c’est possible !


La France est à un tournant. Grâce au poids du nucléaire, sa production d’électricité émet très peu de CO2. Mais ses réacteurs sont âgés. Et même si l’Autorité de sûreté nucléaire devrait valider leur prolongement de dix ans, il n’y a aucune discussion sur le fait que quasiment aucun ne fonctionnera encore en 2050, date à laquelle la France est supposée atteindre la neutralité climatique. D’où la question : par quoi les remplacer au cours des trente prochaines années, sachant qu’il est exclu de recourir à des technologies émettant du CO2 ?

Des investissements nécessaires

Faut-il, comme le veulent EDF et la majorité de la classe politique, lancer un programme de construction de nouveaux réacteurs ? Ou doit-on s’appuyer sur les seules énergies renouvelables pour atteindre un « mix électrique » décarboné ? En sachant qu’il serait essentiellement fondé sur des sources variables et non pilotables (l’éolien et le solaire), compte tenu des potentiels limités de développement des autres filières, comme l’hydraulique.

Ce débat ultrasensible en France semble enfin progresser. L’opérateur public RTE (Réseau de transport d’électricité, détenu à 50,1 % par EDF) a engagé mi-2019, à la demande de l’exécutif, une étude de deux familles de scénarios, avec ou sans nucléaire à l’horizon 2050. Fin janvier 2021, il a remis un premier rapport sur la faisabilité technique d’un mix électrique 100 % renouvelable, qui était une condition dirimante. Viendra cet automne un second rapport sur l’évaluation économique, sociétale et environnementale des deux grandes options sur la table.

Le rapport technique de RTE aboutit aux mêmes conclusions qu’une étude de l’Ademe de 2015 : un système électrique 100 % renouvelable avec une forte pénétration de sources variables peut répondre à chaque instant t à la demande. S’il n’y a pas d’impasse techno­logique, des actions très importantes sont toutefois à mener dans quatre domaines, prévient RTE. D’abord, et principalement, le développement de moyens pour s’assurer que l’offre répondra en permanence à la demande : stockage (moyens hydrauliques, batteries…), capacités supplémentaires de puissance pilotable (centrales à biogaz ou hydrogène vert…), flexibilisation dans la mesure du possible de la demande (pour réduire les besoins de capacités à la pointe), meilleure connexion des réseaux électriques. Il faudra, ensuite, développer des systèmes pour garantir la stabilité de la fréquence de l’onde électrique sur le réseau (50 Hertz), aujourd’hui assurée par la rotation des alternateurs des centrales classiques. S’ajoutent également des besoins d’adaptation du réseau et, enfin, de capacités de réserve en cas de défaillance.

Les gains économiques à attendre d’un scénario « avec » nucléaire par rapport à un scénario « sans » sont faibles

Tous ces impératifs techniques représentent des coûts, même si tous ne sont pas additionnels. Sans nucléaire ou avec, des réserves opérationnelles sont nécessaires. Et une large partie du réseau, construite avant les années 1970, va devoir de toute façon être renouvelée.

Quel serait alors le coût total d’un système électrique décarboné avec un peu, pas mal ou pas du tout de nucléaire en France ? En attendant de voir ce qu’en dira cet automne l’étude très attendue de RTE, les travaux menés par l’Ademe en 2015 et en 2018 ainsi que ceux d’une équipe du Cired en 2020 donnent déjà des éléments de réponse.

En 2015, l’Ademe avait déjà modélisé le coût d’un système 100 % renouvelable en 2050. Il atteindrait, sur la base d’une consommation de 422 TWh, 50,4 milliards d’euros par an (11,9 cts par kWh). Soit un coût quasiment égal à celui d’un système décarboné où le nucléaire atteindrait 50 % (49,5 milliards d’euros/an). En revanche, pour un système 100 % renouvelable avec peu d’efforts sur la demande (hypothèse d’environ 500 TWh/an), le coût annuel pour les Français atteindrait 63,6 milliards d’euros (12,5 cts par kWh).

Publiée trois ans plus tard, une autre étude de l’Ademe a tourné autrement la question : quel serait le système électrique le moins coûteux à ces horizons ? Conclusion : en 2050, pour une demande située entre 430 TWh et 600 TWh par an, le bouquet optimal serait celui où les renouvelables atteindraient 85 %. A l’horizon 2060 : 90 %. Inversement, décider de la construction d’une quinzaine d’EPR se traduirait à cet horizon par un surcoût de 39 milliards d’euros par rapport à un scénario de sortie progressive du nucléaire.

En 2020, deux nouvelles modélisations publiées par des chercheurs du Cired ont également jeté un pavé dans la mare. En 2050, pour une hypothèse de demande correspondant au scénario de référence de l’Ademe (422 TWh), le coût total d’un scénario électrique 100 % renouvelable (optimalement composé de 57 % d’éolien et de 31 % de solaire) atteint, hors coûts de réseau, 5 centimes par kWh. Soit autant que le système actuel. A noter que les coûts de gestion de la variabilité de la production sont faibles : 14,5 % du total. Quant au mix optimal, il fait apparaître une part d’ENR de 75 %. Le nucléaire n’y a de place que si la tonne de CO2 dépasse 100 euros, seuil au-delà duquel les centrales à gaz avec capture du CO2 ne sont plus compétitives. Et encore. Car les chercheurs du Cired ont retenu les hypothèses de coût du JRC, le centre scientifique lié à la Commission européenne, très optimistes pour le nucléaire neuf : une baisse de 50 % par rapport aux coûts d’investissement des trois EPR actuellement en construction en Europe. Si l’on retient une baisse de 40 %, ce qui serait déjà beaucoup, le nucléaire est éliminé du mix optimal, indiquent les chercheurs.

Incertitudes

Beaucoup d’incertitudes pèsent sur deux variables clés de l’équation : la demande électrique future et les coûts du nucléaire de demain. Mais ces études, comme d’autres, n’en délivrent pas moins un message clair : la place du nucléaire dans un mix électrique optimal est faible et les gains économiques à attendre d’un scénario « avec » par rapport à un scénario « sans » sont minces. Si le nucléaire ne doit jouer qu’un rôle d’appoint, est-il bien justifié au regard de l’énorme appareil industriel qu’il mobilise ? Et si les gains économiques à attendre sont réduits (à supposer qu’ils existent), peuvent-ils encore être opposés aux risques ? Il est tout sauf certain que la France ait intérêt à construire de nouveaux réacteurs.

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Pour gagner l’Espace, nous perdons la Terre


Au tour de Jeff Bezos, l’ex-patron d’Amazon, de s’offrir un saut dans l’espace. L’inauguration du tourisme extraterrestre marque un nouveau moment de publicité pour l’industrie spatiale. Pourtant, comme l’explique notre chroniqueuse, cette activité cause des dégâts potentiellement stratosphériques à la Terre.


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Savez vous planter des slips ?


Et si on plantait notre slip ? © Getty / Westend61


Qui a dit que les écolos manquent d’humour ?


« Plante ton slip », c’est le nom totalement décalé mais accrocheur, d’une opération menée par l’Agence de la transition écologique, pour découvrir ce qui se passe sous nos pieds. L’idée vient du Canada, lancée par des agriculteurs en 2016, et le principe est très simple : planter donc, enterrer, un de nos sous-vêtements, pour le transformer en quelque sorte en espion des sous-sols… C’est grâce à lui qu’on va savoir si tout se passe bien là-dessous, ou pas.


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Actualité chargée en cette mi-juillet



InfoMigrants

Image d’archives de migrants franchissant la clôture séparant le Maroc de Melilla. Credit: Reuters

Une centaine de migrants tentent d’entrer dans l’enclave espagnole de Melilla

La crise en Algérie pousse des milliers de ses jeunes à prendre la mer, direction l’Andalousie

Plus de 1 000 migrants sont déjà morts en mer cette année, le double par rapport au premier semestre 2020

Emploi : le secteur de l’aide à domicile fait le pari de l’immigration

La Lituanie adopte un projet de loi autorisant la détention de migrants



Amnesty International

© JACQUES WITT / POOL / AFP


[CARNET DE VACANCES] AMUSEZ-VOUS AVEC LES VENTES D’ARMES FRANÇAISES !

Amnesty International dénonce « les souffrances des personnes interceptées en mer et renvoyées en Libye »



Human Rights Watch


Équateur : Emprisonnées pour avortements présumés

Des promesses pour mettre fin aux mariages d’enfants en Afrique francophone

Japon : Cesser la participation au projet immobilier au Myanmar



Haut Commissariat aux Réfugiés

Une déplacée afghane se prépare à allumer un feu pour faire bouillir de l’eau dans un camp de déplacés à Mazar-e-Sharif, au nord de l’Afghanistan.   © HCR/Edris Lutfi


Le HCR lance une mise en garde sur une crise humanitaire imminente en Afghanistan

Déclaration du Haut Commissaire des Nations Unies pour les réfugiés, Filippo Grandi, sur la situation des réfugiés érythréens dans la région du Tigré en Éthiopie



France 24

Le logo Google, affiché à La Défense, le 1er septembre 2020. © Charles Platiau, Reuters


Google condamné en France à payer une amende de 500 millions d’euros

Les bugs observés ces derniers temps sur certains services Google constitueraient-ils une vengeance de l’intéressé contre les vilains Européens ?



Democracy Now

(Crédit image : Giniw Collective / Democracy Now)


« Défendre le sacré » : les protecteurs de l’eau autochtones continuent de résister au pipeline de la canalisation 3 au Minnesota



France Inter

Ursula Von Der Leyen, lors de la présentation du plan « Fit for 55 ». © AFP / Anadolu Agency / Dursun Aydemir

Climat : les principales mesures du plan de la Commission européenne




Le Monde


Droits des LGBT+ : l’UE passe à l’offensive en lançant des procédures contre la Hongrie et la Pologne

Les famines liées au changement climatique se multiplient dans le monde



La sécheresse fait rage depuis plusieurs mois dans le sud de Madagascar, causant une famine qui touche plus d’un million de personnes. Selon l’ONU, «l’instabilité climatique est un facteur majeur de l’augmentation de la faim dans le monde et est l’une des principales causes des graves crises alimentaires».


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RAPPORT ANNUEL 2021 du Haut conseil pour le climat – RENFORCER L’ATTÉNUATION, ENGAGER L’ADAPTATION



Le rapport « Renforcer l’atténuation, engager l’adaptation » fait le point sur la trajectoire des émissions de gaz à effet de serre de la France et de ses régions et sur la mise en œuvre des politiques et mesures pour les réduire, dans un contexte européen. Dans ce rapport, un regard est porté pour la première fois sur les impacts du réchauffement climatique et les politiques d’adaptation.


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Une nouvelle loi sur le climat approuvée par les membres de l’Union Européenne


©Pascal Rossignol/REUTERS


Une loi renvoyant à la hausse les objectifs de réduction des émissions de gaz à effet de serre a été approuvée par l’ensemble des membres de l’UE, à l’exception de la Bulgarie.


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