Tribune : Alerte du comité régional Pays de la Loire LDH

Tribune :

Alerte du comité régional des Pays de la Loire LDH (Ligue des Droits de l’Homme)


Pour penser et activer nos solidarités, pour la paix civile, pour nos droits et pour nos libertés, un impératif : défaire ensemble l’extrême droite et ses idées.

Scrutin après scrutin, portées par des crises multiples qui se répètent et par une manne financière et médiatique, les idées des extrêmes droites progressent partout dans le monde. En Europe, en France, dans nos régions et dans nos quartiers, elles vont jusqu’à fausser nos manières de penser. L’autre n’est pas, n’est plus, le début de la solution, il devient le problème. De sorte que les forces politiques républicaines et démocratiques se retrouvent en position défensive, sans présenter un projet de société fondé sur l’égalité face aux défis qui se posent à l’ensemble des sociétés humaines.

L’approche historiquement portée par les extrêmes droites met au centre de toute politique la légitimité d’exclure certaines personnes de l’accès aux droits en fonction de critères « identitaires ». Sont concernées le plus souvent les personnes étrangères, jugées « différentes », ne correspondant pas à une prétendue « culture nationale ». Exclure certaines personnes d’un droit est présenté comme la condition pour assurer ce droit au reste de la population qu’ils nomment « de souche ». Cette approche raciste ou xénophobe et discriminatoire est la négation absolue de l’universalité des droits telle que portée par le droit international, voire de toute régulation juridique. Comme le démontrent ses votes au parlement européen et français, dans la logique de sa vision d’une population à l’identité homogène, l’extrême droite rejette la redistribution comme outil premier pour répondre aux besoins sociaux, même au sein de la « communauté nationale » qu’elle dit pourtant vouloir protéger. Elle conforte au contraire l’inégale répartition des richesses dans la société, allant encore plus loin que la droite républicaine. Ainsi les discours sociaux présentés par l’extrême droite ne sont que fallacieux et mensongers, ils ne trompent pas celles et ceux qui interrogent et observent au fond leurs programmes et leurs pratiques du pouvoir.

Pour exclure impunément, pour justifier l’injustice, pour éliminer les contre-pouvoirs (donc la démocratie) et pour s’installer durablement au pouvoir, les partis d’extrême-droite tels que le Rassemblement National (RN) ou Reconquête auraient à cœur, pour mettre en place leurs programmes, de désigner comme « ennemi de l’intérieur » toute personne ou tout groupe de personnes qui n’appartiendraient pas à la vision identitaire nationaliste (politique, ethnique et/ou religieuse) de leur parti.

Les exemples dans l’histoire et au présent ne manquent pas pour illustrer les conséquences funestes pour les populations tombées sous le joug de ces régimes politique fondés sur l’exclusion.

À la porte de l’Europe, nous avons la fédération de Russie aux ordres de Poutine, référence pour certains cadres de l’extrême droite. Le Kremlin multiplie les manipulations à grande échelle, les faux procès et les accusations mensongères à l’encontre de toute opposition.

En Europe, la Hongrie de Victor Orban (lié étroitement à Poutine) sert de laboratoire et d’école pour les extrêmes droites. Sa population subit un gouvernement qui détourne les fonds européens pour servir directement des intérêts privés y compris extra-européens. Un gouvernement qui met à mal les services publics, avec la suppression du statut des fonctionnaires et l’exploitation des enseignants contraints d’être corvéables à merci et assujettis à l’idéologie du parti sous peine d’être privés de moyens. Ils sont les plus mal payés de toute l’Europe et les conditions d’enseignement y sont déplorables. La justice et les médias ont perdu toute indépendance. En développant un arsenal juridique liberticide et en muselant la magistrature, Victor Orban met à mal l’État de droit dans son pays. C’est non seulement un modèle, mais aussi un rêve d’avenir pour le RN et Reconquête. C’est un cauchemar d’avenir pour celles et ceux qui sont attaché.es aux progrès sociaux et à l’universalité des droits.

Plus proche de nous, en région Pays de la Loire, sous les effets conjugués des médias aux mains de quelques milliardaires et de leurs chroniqueur·se·s, des réseaux sociaux et de la parole haineuse des responsables politiques du RN et de Reconquête, on observe au fil des mois une augmentation notable d’actes d’intimidation, de menaces, voire de violence de la part d’activistes d’extrême droite.

Ainsi, sur l’ensemble du territoire ligérien, on constate des dégradations de permanences d’élu.es, de locaux syndicaux et associatifs, des bandes armées et casquées qui s’en prennent à des personnes dans les centres-villes, comme à Angers, au Mans ou à Nantes. À Saint-Brévin-les-Pins, l’incendie volontaire de sa voiture qui s’est propagé à sa maison et à ses occupant.es a conduit le maire à démissionner. Des activistes d’extrême droite racistes et xénophobes, venus d’autres départements, ont exprimé leur opposition au projet de déménagement et d’agrandissement d’un centre d’accueil de demandeurs d’asile par des manifestations, des menaces de mort et cet incendie. Ce ne sont pas ces demandeuses et demandeurs d’asile ayant fui la mort et les exactions qui ont troublé la tranquillité des habitant.es de Saint-Brévin-les-Pins mais bien ces activistes d’extrême droite mus par leur haine de l’Autre.

Des évènements nationaux tel le drame de Crépol sont instrumentalisés par les partis et les médias d’extrême droite. C’est ainsi qu’ils ont pu réunir à Laval une centaine de militants venus de loin pour défiler un dimanche matin dans les rues en scandant leurs cris de haine. Or ce jour-là, des dirigeants départementaux du RN et de Reconquête étaient présents dans l’organisation de cette opération, montrant ainsi leur vraie nature.

Toutes les portes d’entrée possibles sont exploitées par ces forces réactionnaires. Des écoles post baccalauréat, à Angers et à La Roche-sur-Yon notamment, abritent complaisamment des foyers de foisonnement de leurs idées. Des élus locaux, parfois condamnés par la justice, affichent leur sympathie pour les partis d’extrême droite. Le rejet de la République et de ses principes est cultivé par des représentant·es politiques, avec toujours plus d’ardeur.

L’histoire et le patrimoine sont détournés par des groupes nationalistes et identitaires pour pousser en avant un récit national très partial, leurs idées d’exclusion, voire leurs thèses suprémacistes. Ils prônent un catholicisme identitaire et réactionnaire. Pour exemples, le spectacle controversé du Puy du Fou ou les actions d’associations du type « SOS Calvaire » qui, sous couvert de rénovation du petit patrimoine religieux, offrent une tribune à de véritables idéologues qui militent contre les principes d’universalité portés par les droits de l’Homme.

Le discours haineux du « Rassemblement Vendéen » est appuyé et relayé sur les réseaux sociaux et des sites internet, avec de nombreux « followers », comme « Riposte Laïque », et qui peuvent appeler à des actions violentes à l’encontre de manifestations citoyennes pacifiques. Ce discours trouve un écho dans d’autres villes ligériennes comme au Mans, avec le défilé annuel du « souvenir vendéen ».

Le trait commun des extrêmes droites est un projet fondé sur la guerre de civilisation, sur une prétendue hiérarchie entre les peuples. C’est la suppression de tous les moyens de régler pacifiquement les conflits, de la justice impartiale et du droit qui permettent d’éviter d’aller jusqu’aux rapports de force extrêmes.

Pour y parvenir, l’extrême droite manipule l’opinion en intégrant quelques éléments vérifiables et en les tordant pour mieux déformer les faits.

Si nous pouvons collectivement convenir que :

– notre système démocratique est loin d’être parfait, qu’il est perfectible et qu’il doit être amélioré ;

– le système néo-libéral hégémonique qui concentre les richesses et n’investit pas dans nos services publics, jusqu’à créer des inégalités insupportables, est à combattre ;

– la préservation du vivant doit maintenant être le préalable à tous les projets politiques ;

– tous les êtres humains naissent et demeurent libres et égaux en dignité et en droits, quoi qu’en disent les extrêmes droites qui refusent ce principe universel ;

– l’extrême droite est actuellement aux portes du pouvoir en France, utilisant et manipulant les colères et les peurs avec duperie, duplicité, changement de pied permanent, diffusion de menaces et rumeurs fantasmées, il faut impérativement œuvrer à ce que cela n’arrive pas ;

Nous considérons que les fortes mobilisations de ces dernières années, ayant couvert les préoccupations dans le champ social, environnemental, des droits des femmes, des droits de toutes les personnes discriminées, en défense des libertés individuelles et des libertés publiques, contre les violences policières et institutionnelles, traduisent les aspirations collectives à une société inclusive, d’égalité, de solidarité. Ces mobilisations doivent être amplifiées et être au fondement de l’alternative à l’arrivée au pouvoir de l’extrême droite.

Partant de ce que nous sommes, des militantes et des militants engagé·es pour les droits et les libertés, préoccupé.es principalement par le grand danger que représentent les idées et les thèses propagées par les extrêmes droites envers nos sociétés et les droits fondamentaux de tous les individus, notre comité régional, au travers de l’ensemble de ses sections, souhaite, en écho à la résolution adoptée lors du 92ème congrès national de la LDH, participer à l’émergence d’une nécessaire convergence.

Nous souhaitons voir converger, d’une part, ce que portent les mobilisations organisées par les syndicats, les associations et les mouvements sociaux et, d’autre part, une offre politique inscrite dans une perspective porteuse d’émancipation, d’égalité, de solidarité, d’une société inclusive, de démocratie, de libertés publiques.

La LDH des Pays de la Loire appelle toutes et tous, collectivement, à travailler au rassemblement contre les idées d’extrême droite et contre celles et ceux qui les portent, afin d’en assurer la défaite en 2027 sur la base d’un nouveau contrat social structuré par les solidarités, l’inclusion, le refus des discriminations, respectueux des libertés publiques et promouvant la démocratie. Nous avons besoin d’une table commune, ouverte aux discussions impliquant tous les partenaires progressistes de la société civile, associations, collectifs, syndicats et forces politiques pour contribuer à construire une offre unitaire. Nous considérons que c’est l’union et la construction d’une telle « offre politique » qui peut assurer la défaite de l’extrême droite et de ses idées dans les urnes.

Tél: 07 85 98 23 48 / Mail region.paysdelaloire@ldh-france.org