COMMUNIQUÉ
Nantes, le 1er août 2024
Une interpellation disproportionnée
Dans le cadre des Jeux Olympiques, un match de football entre Israël et le Japon avait lieu à Nantes au stade de La Beaujoire ce mardi 30 juillet en soirée à 21 heures.
L’association France Palestine Solidarité a voulu, à cette occasion, tenir une initiative de protestation sur ce que subissent les Palestiniens à Gaza. L’association n’a pas protesté dans le périmètre du stade qui fait l’objet d’un arrêté d’interdiction de manifestations. Elle s’est exprimée le matin vers 9 heures à La Chapelle-sur-Erdre, sur le pont de la rue du Château d’Eau qui enjambe l’autoroute A11. En choisissant ce lieu sur une commune qui entretient des liens de coopération avec le camp de réfugiés de Jénine, les militants ignoraient que cet espace faisait également l’objet d’un arrêté d’interdiction de manifester. Seulement trois personnes ont déployé, de manière pacifique, une banderole et des drapeaux. Aucune organisation n’ayant jamais connu une interdiction de manifestations dans une commune de la Métropole en dehors de Nantes, ces personnes ont expliqué que, sans le savoir, elles se sont trouvées dans une des rues formant le périmètre d’un autre arrêté d’interdiction de manifestations du fait de l’ouverture d’un « Club 2024 sur le site du CREPS » installé sur la commune de La Chapelle-sur-Erdre ; la préfecture considère, selon l’arrêté, « un risque élevé de troubles graves à l’ordre public dans les secteurs concernés par les Jeux Olympiques, que dans ces circonstances seule une interdiction de manifestations est de nature à [les] prévenir et que ces rassemblements sont susceptibles d’attirer plusieurs centaines de personnes et qu’il ne paraît pas possible de garantir l’absence de débordements».
Le rassemblement était formé de trois personnes, âgées respectivement de 69, 79 et 81 ans, qui ont été embarquées par un impressionnant dispositif policier, composé de quatre véhicules de gendarmerie, au poste de police où elles sont restées toute la matinée, avec audition libre et prise de photos de type anthropométrique. Leur banderole et drapeaux étaient saisis. Il leur a été signifié que les organisateurs de manifestation dans ce périmètre encourent 6 mois d’emprisonnement et 7500 euros d’amende, alors que les participants à un rassemblement interdit encourent une contravention de 135 euros.
L’interpellation de ces personnes est disproportionnée. Tout indique en effet qu’elles n’avaient pas l’intention d’enfreindre un arrêté d’interdiction de manifestation et que l’action de protestation ne présentait pas de « risque élevé de troubles graves à l’ordre public ».
Les conditions et la forme de cette interpellation forment une atteinte à la liberté d’expression et montrent, une nouvelle fois, une criminalisation de l’action militante.
L’abandon des poursuites de ces personnes serait légitime ; nous le demandons.