Grande Marche contre les violences faites aux femmes

Communiqué du collectif d’associations pour l’organisation de cette manifestation dont la LdH Nantes et pays nantais est partie prenante, Nantes le 20/11/2020

Un constat

Aujourd’hui plus que jamais, nos combats mettent en lumière les inégalités femmes / hommes et la nécessité de poursuivre la construction des luttes pour les éradiquer.

La crise sanitaire que nous traversons révèle une fois de plus l’importance d’un service public fort que ce gouvernement démantèle pourtant avec hargne. La fonction publique c’est 62% de femmes : et ce sont elles qui sont les plus mobilisées pour organiser la continuité de l’État. Car ce sont les métiers les plus féminisés qui sont au front : les infirmières et aides soignantes, les personnels soignantes, les femmes dans les Ehpad, les professeures des écoles qui accueillaient les enfants des soignantes. Les employées de la grande distribution ou du commerce, les femmes de ménage, les ouvrières et ouvriers sont aussi sollicité·es car leurs activités rendent souvent impossible le télétravail.

La précarité explose. Toutes les associations caritatives la vivent, Restau du Coeur, Secours Populaire se débattent pour assurer le minimum vital. Les femmes seules, les jeunes, toutes celles et ceux qui survivaient de contrats précaires et de petits boulots se retrouvent sans rien à la fin de leur contrat. Ce qui entraîne aussi 30 % de pensions alimentaires impayées ou irrégulièrement. Et les loyers ne baissent pas. Et les risques de marginalisation augmentent, pour les étudiantes qui ne s’en sortent pas, pour les femmes isolées à la rue avec des enfants.

Une fois encore, c’est la société dans son ensemble qui a besoin des plus méprisé·es du capitalisme dont les femmes constituent le gros des troupes. Nous voulons dans le même temps affirmer notre soutien à celles qui, parce que confinées avec un compagnon violent, risquent leur vie. Ce soutien passe bien sûr par la vigilance citoyenne de chacun·e·s et aussi par tous les moyens de communication afin de prévenir et alerter sur les situations de violences et secourir les victimes.

Nous dénonçons les difficultés encore plus grandes d’accès à l’IVG, du fait du confinement et de l’engorgement des hôpitaux. C’est un droit fondamental et il doit rester un acte chirurgical prioritaire.

Le Grenelle des violences conjugales est loin d’avoir répondu à nos attentes.

De manière totalement incompréhensible et inacceptable la ligne d’écoute nationale 3919, pour les femmes victimes de violences, créée et assurée par la Fédération Nationale Solidarité Femmes est mise en danger par l’intention de l’État d’ouvrir cette ligne à la concurrence. Cette procédure met à mal l’initiative féministe et l’indépendance associative pour le 3919 qui a assuré la prise en charge de centaines de milliers d’appels durant toutes ces années, y compris durant le Grenelle et la crise du Covid, grâce au professionnalisme de ces écoutantes.

Nous voulons aussi rendre visibles les violences au travail. Le racisme accentue la discrimination à l’embauche, et cantonne encore davantage les femmes dans certains emplois. 80% des femmes disent être victimes de sexisme au travail, 20% de harcèlement sexuel au travail, 10 viols ou tentatives de viol ont lieu chaque jour en France sur un lieu de travail. 70% des victimes disent ne pas en avoir parlé à leur supérieur. Quand elles l’ont fait, 40% d’entre elles estiment que le règlement leur a été défavorable (elles ont été mutées, placardisées, voire licenciées).

Après bien d’autres milieux mis en cause, c’est au tour du milieu sportif de faire l’actualité : harcèlements, agressions, viols, nous voulons que les responsables, quel que soit leur niveau de responsabilité, soient désignés, soient rejetés et surtout jugés. Mais l’enseignement supérieur n’est pas en reste : selon l’Observatoire étudiant des violences sexuelles et sexistes, 1 étudiante sur 20 a été victime de viol, 1 sur 10 d’agression sexuelle. Très peu parlent, jugeant que ça ne servirait à rien ! D’ailleurs la plupart pensent qu’il n’y a pas de structure spécifique mise en place par les institutions universitaires et de recherche, et, lorsqu’elle existe, n’en ont jamais entendu parler.

Les femmes sont toujours rendues responsables des réactions machistes : sortant trop tard le soir dans les rues , hier trop voilées, aujourd’hui habillées trop court dans les écoles, perturbant les chances de succès des garçons à l’école. Toutes ces réactions abjectes pour justifier le contrôle du corps des femmes. Ya basta le patriarcat !

Partout dans le monde, les femmes sont les premières victimes des crises économiques et du changement climatique, surtout en cas de catastrophes naturelles (moindre accès à l’information, prise en charge des enfants, augmentation des distances pour les approvisionnements en eau et en bois, recul de la scolarisation des petites filles).

Partout dans le monde, des femmes, des jeunes filles vivent l’excision, sont prostituées ou mariées de force, subissent la stérilisation forcée ou sont contraintes à des avortements clandestins. Des femmes reléguées dans les camps de réfugié.es se débattent pour survivre à l’enfer. Les femmes de Pologne luttent contre un Etat obscurantiste et le mouvement « Pro-Vie » pour obtenir un vrai droit à l’IVG. Nous pensons à elles.  

Ces derniers mois ont vu les mobilisations féministes grandir à un point que nombre d’entre nous n’avait pas encore expérimenté. Elles sont le signe que nos actions au quotidien participent de cette prise de conscience radicale : l’égalité n’est pas acquise. Nous ne pouvons que nous réjouir de ces mobilisations dont le caractère international est un encouragement, comme le rappel d’un système de domination qui dépasse toutes les frontières. Nous nous réjouissons de ces « Rosies » dans les cortèges contre la réforme de retraite à point, de ce gant levé qui réunit toutes les générations. Nous nous réjouissons que le 8 mars les inégalités salariales soient dénoncées. Nous nous réjouissons des soutiens apportés aux femmes grévistes de la clinique du Parc à Nantes. Nous nous réjouissons de la mobilisation unie de plus de 2 000 manifestant.es à Nantes pour le 25 novembre l’an passé. Ces mobilisations inventives et enthousiasmantes sont et seront les nôtres jusqu’à la victoire !

Violences, Féminicides STOP. Violences, féminicides, STOOP

Nous savons qualifier les violences : racisme, sexisme, harcèlement moral, cyberharcèlement, harcèlement sexuel, agression sexuelle, inceste, viol, par surprise, par intimidation, par force, par personne ayant autorité, viol conjugal, mutilations sexuelles, mariage forcé, prostitution, qui peuvent toucher femmes, jeunes filles et enfants..

Nos revendications

Nous voulons que les discriminations à l’égard des personnes LGBTQI+ cessent, en milieu scolaire, dans le sport, au travail comme dans la vie courante. En 2019, 1970 victimes d’actes homophobes, transphobes et lesbophobes ont été recensés. Les lesbiennes subissent une double discrimination : en tant que femmes, et en tant que lesbiennes. Nous en avons plus qu’assez des discriminations dans l’adoption, nous voulons la PMA pour toutes les femmes et la reconnaissance de la filiation pour la deuxième mère.

Ce dont nous avons besoin, c’est d’une politique forte des pouvoirs publics, en matière de prévention des violences, d’accueil des victimes, et de traitement des situations à hauteur de leur gravité, que ce soit en ville ou dans les zones rurales. Pour celles-ci, des permanences et des équipes mobiles sont nécessaires ou doivent être renforcées. La communication la plus large possible doit permettre d’identifier de façon claire les lieux et personnes ressources existantes pour briser l’isolement des victimes.

Le Grenelle des violences conjugales nous laisse sur notre faim : dans les situations de violences conjugales, toujours rien d’inscrit dans la loi sur le retrait du droit d’hébergement, le retrait de l’autorité parentale, du droit de visite du père, l’exclusion de la résidence alternée, la possibilité pour les victimes de dissimuler l’adresse des enfants ainsi que celle de leur école et ce, sans le prononcé d’une Ordonnance de Protection. Et il n’y a toujours pas assez de places pour accueillir les femmes et leurs enfants dans des centres d’hébergements spécifiques.

Nous ne voulons pas d’ouverture à la concurrence de la ligne d’écoute nationale 3919.

Et visiblement, le Grenelle n’a eu aucun effet sur le nombre de féminicides : (nombre à préciser au dernier moment)

Nous voulons la fin de l’objection de conscience spécifique à l’IVG et le renforcement des centres pour garantir une égalité d’accès pour toutes.

Au travail, nous voulons en finir avec l’impunité des auteurs de harcèlement et de violence, que cela devienne un thème obligatoire de négociation, que les entreprises qui ne mettent pas de cadre en place soient sanctionnées, Les salariées victimes de violences doivent être protégées de toute sanction ou licenciement. Des jours de congés exceptionnels devraient leur être octroyés pour entreprendre leurs démarches. Elles devraient bénéficier d’aménagements d’horaires et de postes, ou de facilités de mutation. Elles devraient bénéficier de la priorité absolue de relogement dans le parc du 1 % patronal.Nous ne voulons plus que les victimes de violences subissent une double peine. Nous voulons que la norme 190 de l’OIT (Organisation Internationale du Travail) contre les violences sexistes et le harcèlement sexuel au travail soit immédiatement transcrite par la France.

Nous voulons qu’une demande d’asile soit traitée favorablement pour les femmes victimes de menaces d’excision, de mariage forcé ou en raison de leur orientation sexuelle et qui se réfugient en France. L’arrêt des violences administratives pour les femmes migrantes, dépendantes du statut de leur conjoint. Que ces femmes accèdent à un statut autonome, donc, que les lois françaises leur soient appliquées en France. Quel que soit leur pays d’origine, nous demandons que les résidentes ne soient pas soumises à des lois discriminatoires.

En somme, nous voulons une véritable loi cadre qui traite de toutes les questions à la fois.

Mais nous constatons que dans notre département aussi, les féminicides n’ont pas cessé. 3 meurtres connus à ce jour (21 octobre) dans le cadre conjugal : 1 à Saint-Herblain (18 mai), 1 à Pornic (26 mai), 1 à Herbignac (10 juillet).

Persuadées de la nécessité d’un avenir d’égalité, qui passera par une transformation sociale évidemment féministe, nous ne lâcherons rien, nous nous retrouvons aujourd’hui 25 novembre 2020 pour le dire, encore et encore : nous sommes fortes, nous sommes fières, féministes et toujours en colère.

Le collectif d’associations signataire de cet appel à manifestation et du texte ci-dessus est composé de : SOlidarité femmeS Loire Atlantique, 44 Vilaines Filles, Osez le féminisme 44, Alfa Apel EgalitE, Emulsion, Femmes Solidaires-comité de Nantes, RAFU ( Réseau d’Actions Féministes Unies), Collectif abolitionniste nantais, Ciné Femmes, Espace Simone de Beauvoir, Le Mouvement du Nid, Attac 44, LDH-Nantes, UD CGT44, FSU 44, Solidaires 44, CFDT, Ensemble!44, France Insoumise Nantes, Jeunes Communistes de Loire-Atlantique, UDB de Loire–Atlantique, Génération-s Loire Atlantique, EELV44…