Communiqué de l’ONL : « Une intense pression policière attentatoire à la liberté de manifester »

L’ONL (Observatoire nantais des libertés)* nous demande d’envoyer ce communiqué : https://partage.ldh-france.org/s/QE5isLnJPsmeAA7

Une intense pression policière attentatoire à la liberté de manifester

Lors des blocages et des manifestations du 10 et 18 septembre, les observateurs de l’ONL ont pu constater une présence massive et ostentatoire des forces de police.

Le 10, les policiers ont réalisé de nombreux contrôles et sont intervenus systématiquement pour disperser les tentatives de blocage des manifestant·es. Ils ont procédé à de nombreuses interpellations.
Le nombre des forces de police et leur extrême diligence contrastaient avec leur attentisme sur d’autres blocages, notamment à l’appel de syndicats agricoles. 

Le 18, 
    • des CRS positionnés rue Tournefort ont chargé les manifestants sur le quai avant leur passage devant la préfecture.
    • des CRS positionnés sur le quai Ceineray, en face de la préfecture, ont fait des sommations, adressées au cortège de la manifestation, pour dispersement d’attroupement avant de renoncer à charger.
    • des CRS ont chargé les manifestant·es place du Pont Morand, bousculé plusieurs d’entre elles et d’entre eux, ont blessé violemment un homme avec un coup de matraque et ont bloqué des manifestants regroupés.
    • des tirs de grenades lacrymogènes non discriminés et un tir tendu de la BAC ont été observés sur l’île Feydeau au croisement de la rue Kervegan et de la rue Bon Secours.
Cet usage de la force contrastait avec le caractère pacifique de la manifestation, quasi exempte de violences physiques et de dégradations matérielles. Il est apparu ainsi nettement disproportionné.
Il s’inscrit dans le cadre d’un discours alarmiste du ministre de l’Intérieur, annonçant violences et destructions, et justifiant la mobilisation d’un nombre inégalé de forces de police sur l’ensemble du territoire français et d’une surveillance de plus en plus généralisée. Ces constats effectués le 18 apparaissent également valables, selon les témoignages recueillis, pour la manifestation du 10. 
L’ONL rappelle que la simple participation à une manifestation, même non déclarée, n’est pas punie par la loi. Le qualificatif d’« attroupement » utilisé pour disperser des participants à une manifestation en cours apparaît clairement dévoyé, dans la mesure où les circonstances ne le rendaient pas absolument nécessaire au maintien de l’ordre public. 
Par ailleurs, la manifestation a été empêchée d’effectuer le parcours prévu, soit un passage par Talensac pour accéder à la Place Bretagne : des manifestant.es regroupés autour du ballon du syndicat Solidaires ont été bloqués pendant une dizaine de minutes.
Plusieurs personnes ont témoigné avoir été obligées d’enlever leurs badges ou plier leurs drapeaux à la fin de la manifestation. L’ONL rappelle qu’en dehors de toute manifestation, c’est le droit à la liberté d’expression qui s’applique dans l’espace public.
Enfin, la surveillance par drones a été autorisée par arrêté préfectoral pour les deux mouvements du 10 et du 18.
La pression policière associée à la surveillance, au contrôle et aux contraintes de déplacement à laquelle nous avons assisté s’apparente à une logique d’intimidation de citoyen.es qui veulent exprimer leur désaccord avec les projets économiques et politiques du pouvoir en place. Elle porte ainsi atteinte aux libertés de manifester et d’expression.

l’ONL rappelle que la préfecture a la double mission de faire respecter la liberté de manifester et de protéger les personnes, dont les manifestant·es, et les biens en accomplissant cette mission de manière adaptée et proportionnée.

L’ONL se tient à la disposition de toutes et tous pour informer sur les droits en manifestation, recueillir les témoignages et orienter les victimes.
(Adresse mail : ONlibertes@posteo.com)

*L’Observatoire nantais des libertés avec les associations Association Républicaine des Anciens Combattants, Attac, Droit au logement, France Palestine Solidarité, Ligue de l’Enseignement-Fédération des Amicales Laïques, Ligue des droits de l’Homme, Maison des Citoyens du Monde, Mouvement contre le Racisme et pour l’Amitié entre les Peuples, Mouvement National de Lutte pour l’Environnement, Syndicat de la Médecine Générale, Syndicat des Avocats de France, Tissé Métisse l’Association

Communiqué de l’ONL : « Manifestation du 1er mai : une stratégie du maintien de l’ordre préoccupant pour la liberté de manifester »

Nous partageons ce communiqué de l’Observatoire nantais des libertés – ONL – dont la LDH est partie prenante.


Communiqué de presse de l’ONL (Observatoire Nantais des libertés)

Manifestation du 1 mai : Une stratégie du maintien de l’ordre préoccupante pour la liberté de manifester


Les observateurs de l’Observatoire Nantais des Libertés (ONL) ont pu constater l’importance et le caractère ostensible de la présence des forces de police et la mise en œuvre d’une nouvelle stratégie d’encadrement des manifestations.
De nombreux contrôles des sacs, y compris les sacs à main, ont été mis en place aux abords immédiats du lieu de départ de la manifestation.
Tout au long de la manifestation des fourgons de police se sont positionnés devant la manifestation. Ainsi à 12h30, 30 policiers et 8 fourgons stationnent, à proximité de la préfecture, sur le parcours de la manifestation. Habituellement, la circulation est assurée par quelques motards pour sécuriser le passage de la manifestation aux intersections. En l’espèce, les forces de police se sont positionnées
de façon à être prêtes à intervenir.
Lorsque des personnes ont tagué les murs de la préfecture et lancé des projectiles par dessus les murs, des grenades lacrymogènes ont été lancées et les lances à eau ont été activées comme cela s’est déjà passé à de nombreuses reprises lors des manifestations nantaises. Plus surprenant au regard du caractère prévisible de ces échanges, des gendarmes ont chargé sans égards pour les manifestants pacifiques. Plusieurs personnes ont été alors interpellées. Cette charge a provoqué un mouvement de sidération, de panique puis de colère de manifestant.es. Les gendarmes ont battu en retraite sous la pression des manifestant.es.
Sur la suite du parcours, les gendarmes et policiers ont pratiqué une technique de « flanc garde », particulièrement serrée. Au lieu de se mettre a distance de la manifestation, le long des murs ou de la ligne du tramway, ils sont restés au contact avec les manifestant.es, souvent épaule contre épaule, intégrant quasiment le cortège. Ils ont provoqué quelques mouvements d’exaspération, sans que ceux ci ne donnent lieu à des violences.
On a ainsi assisté à la mise en œuvre d’une stratégie d’encadrement agressive et d’intimidation, aux modalités relativement inédites à Nantes. Cette stratégie a créé un climat de tension en tête de manifestation, comme ont pu le ressentir les syndicats organisateurs. Elle s’inscrit dans la logique d’abandon du maintien à distance pour un maintien de l’ordre privilégiant l’intervention violente destinée à neutraliser le « black block ». Comme nous l’avons écrit dans le dernier rapport de l’ONL(1), cette stratégie porte atteinte à la liberté de manifester et va à rebours du mouvement de désescalade que nous préconisons.

l’ONL rappelle que la préfecture a la double mission de faire respecter la liberté de manifester et de protéger les personnes, dont les manifestant·es, et les biens en accomplissant cette mission de
manière adaptée et proportionnée.
L’ONL se tient à la disposition de tous pour informer sur les droits en manifestation, recueillir les témoignages et orienter les victimes.
(Adresse mail : ONlibertes@posteo.com)

(1) « Exercice du maintien de l’ordre et respect des droits lors des manifestations contre la réforme des retraites en 2023 » https://www.ldh-france.org/wp-content/uploads/2024/07/2024_07_04_Rapport_ONL_manifs_retraite_2023.pdf

L’Observatoire nantais des libertés avec les associations Association Républicaine des Anciens Combattants, Attac, Droit au logement, France Palestine Solidarité, Ligue de l’Enseignement-Fédération des Amicales Laïques, Ligue des droits de l’Homme, Maison des Citoyens du Monde, Mouvement contre le Racisme et pour l’Amitié entre les Peuples, Mouvement National de Lutte pour l’Environnement, Syndicat de la Médecine Générale, Syndicat des Avocats de France, Tissé Métisse l’Association