En Chine, un milliard de personnes connectées et surveillées


Une femme prend un selfie devant un écran projetant le discours du président chinois Xi Jinping, place Tiananmen, à l’occasion du 100e anniversaire du Parti communiste chinois, le 1er juillet. (Noel Celis/AFP)


Selon le dernier pointage réalisé en juin, le pays, dont le gouvernement surveille étroitement Internet, a passé la barre du milliard d’internautes. C’est près de 22 millions de plus qu’il y a six mois.

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Femmes afghanes

« J’ai 24 ans, je suis célibataire et j’entends dire que les talibans font la traque des Afghanes célibataires » : une étudiante de Bamiyan, au centre de l’Afghanistan



Des talibans devant un salon de beauté, dont les affiches représentant des femmes ont été taguées, le 18 août, à Kaboul. WAKIL KOHSAR / AFP


Depuis la prise du pouvoir par les talibans, la jeune Afghane qui habite cette ville de 60 000 habitants s’inquiète des menaces qui pèsent sur son avenir, en tant que femme et membre de la minorité chiite hazara.


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Femmes Afghanes


« Pour les talibans, mieux vaut une femme morte qu’une femme qui parle d’amour »


Une femme en Burqa à Kaboul, le 23 août 2021. (HOSHANG HASHIMI / AFP


Najiba Sharif, ancienne vice-ministre de la Condition des femmes en Afghanistan, dénonce la « mascarade » du discours rassurant des talibans envers les femmes. Assaillie d’appels à l’aide depuis son pays, elle évoque ses amies vivant recluses ou dans la clandestinité.

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Afghanistan: des visages de femmes recouverts de peinture sur les devantures des salons de beauté


À Kaboul, capitale de l’Afghanistan, des gérants de salons de beauté ont recouvert de peinture les grandes photos de visages de femmes sur leurs devantures.

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Les présentatrices TV, symboles des contradictions des Talibans


La journaliste Beheshta Arghand face à un porte-parole taliban ©AFP


Dans une volonté de rassurer les Afghanes et la communauté internationale sur les droits des femmes, les Talibans se lancent dans une campagne médiatique d’ampleur. 

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En Tunisie, l’état d’exception prolongé « jusqu’à nouvel ordre »


Le président tunisien, Kaïs Saïed, le 1er août 2021 sur l’avenue Bourguiba à Tunis. SLIM ABID / AP


Le chef de l’Etat tunisien, Kaïs Saïed, avait décrété la suspension du Parlement le 25 juillet pour un mois.


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Pauvreté, scolarisation, opium… Découvrez à quel point l’Afghanistan a changé ces vingt dernières années


Un long conflit mettant des milliers d’Afghans sur les routes, une économie en croissance mais très inégalitaire, un système éducatif plus ouvert… Avec le retour au pouvoir des talibans, l’Afghanistan clôt un chapitre de deux décennies au cours desquelles le visage du pays s’est transformé. 


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Afghanistan : les femmes et le fils du commandant Massoud mènent la résistance aux talibans


Des Afghans manifestent dans les rues de Kaboul, jeudi 19 août, à l’occasion du 102ème anniversaire de l’indépendance du pays.
AFP


Passée l’onde de choc, ces Afghans sont bien décidés à s’opposer aux mollahs. Certains ont brandi le drapeau national dans les rues de Kaboul ce jeudi 19 août, jour du 102e anniversaire de l’indépendance du pays. De son côté, le fils du commandant Massoud tente d’organiser la résistance.


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Afghanistan : les évacuations se poursuivent dans le chaos à l’aéroport de Kaboul


Six jours après la prise de pouvoir par les Taliban, des milliers de personnes tentent toujours, samedi, de quitter l’Afghanistan par l’intermédiaire du pont aérien mis en place à l’aéroport de Kaboul.


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Les premiers Afghans arrivent à Paris : « Ces gens étaient de par leurs professions et prises de position menacés par les Taliban »


Les premiers civils évacués d’urgence d’Afghanistan atterrissent à l’aéroport de Paris Charles-de-Gaulle. Crédit : compte twitter de l’Ofii


Un premier vol de 184 civils afghans s’est posé mercredi sur le tarmac de l’aéroport Roissy Charles-de-Gaulle, en région parisienne. Environ 200 autres devraient arriver dans la soirée de jeudi. Didier Leschi, le directeur général de l’Office français de l’immigration et de l’intégration (Ofii), a expliqué à InfoMigrants l’organisation de ces évacuations d’urgence. Et détaillé la suite de leur prise en charge sur le sol français.


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Emmanuel Macron veut « protéger l’Europe des flux migratoires » venus d’Afghanistan : une déclaration « complètement indigne », s’emporte François Gemenne


François Gemenne, chercheur en science politique à l’université de Liège et à l’université de Versailles Saint-Quentin-en-Yvelines. (FRANCEINFO)

« Demander l’asile, c’est un droit fondamental », martèle le directeur de l’observatoire Hugo à l’Université de Liège en Belgique.

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La famille de Villiers accapare les terres paysannes pour le Puy du Fou


Entrée principale du Puy du Fou. – © Emmanuel Clévenot/Reporterre


Le parc de loisirs le Puy du Fou, fondé en Vendée par la famille de Villiers, grignote toujours plus les terres agricoles environnantes. Résultat : seulement trois paysans vivent encore sur les terres historiques de leurs familles. Et un seul ne travaille pas avec le parc.


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Offensive des Taliban : que va devenir la condition des femmes afghanes ?


Alors que les talibans progressent, la Chine prépare le terrain pour accepter une réalité difficile


Le conseiller d’Etat chinois et ministre des Affaires étrangères Wang Yi rencontre le mollah Abdul Ghani Baradar, chef politique des talibans afghans, à Tianjin, Chine, le 28 juillet 2021. Li Ran/Xinhua via REUTERS


BEIJING, 14 août (Reuters) – Une série de photos publiées le mois dernier par les médias d’Etat chinois du ministre des Affaires étrangères Wang Yi se tenant côte à côte avec un responsable taliban en visite vêtu d’une tunique traditionnelle et d’un turban a levé les sourcils sur les réseaux sociaux du pays.

Depuis lors, la machine de propagande chinoise a tranquillement commencé à préparer son peuple à accepter un scénario de plus en plus probable selon lequel Pékin pourrait devoir reconnaître les talibans, le mouvement islamiste de ligne dure qui gagne rapidement du territoire en Afghanistan , comme un régime légitime.

« Même s’ils ne peuvent pas contrôler l’ensemble du pays, ils seraient toujours une force importante avec laquelle il faut compter », a écrit jeudi un commentateur influent des médias sociaux connu pour être familier avec la pensée de la politique étrangère de la Chine. Le commentateur, qui porte le pseudonyme de Niutanqin, ou « Vache jouant de la cithare », a fait ces remarques sur sa chaîne WeChat.

Vendredi, le Global Times, un grand tabloïd soutenu par l’État, a publié une interview avec le chef d’un parti d’opposition afghan qui a déclaré que « le gouvernement de transition doit inclure les talibans ».

L’élan des talibans alors que les forces américaines se retirent est gênant pour la Chine, qui a accusé l’extrémisme religieux de force déstabilisatrice dans sa région occidentale du Xinjiang et craint depuis longtemps que le territoire contrôlé par les talibans ne soit utilisé pour abriter des forces séparatistes.

Mais la Chine respecte également une politique de non-ingérence dans les affaires intérieures des autres pays.

Il a également considérablement renforcé la sécurité au Xinjiang, durcissant ses frontières et plaçant ce que les experts de l’ONU et les groupes de défense des droits estiment être au moins un million d’Ouïghours et d’autres musulmans dans des centres de détention que la Chine décrit comme des centres de formation professionnelle pour aider à éradiquer l’extrémisme et le séparatisme islamistes.

La réunion du mois dernier à Tianjin, dans le nord de la Chine, faisait suite à une visite similaire d’une délégation talibane en 2019, mais intervient alors que le groupe est beaucoup plus puissant, Wang affirmant qu’il espérait que l’Afghanistan puisse avoir une « politique islamiste modérée ».

« N’est-ce pas le même taliban qui a fait exploser les bouddhas de Bamiyan devant les médias mondiaux ? Ne devrions-nous pas avoir un bilan ? un internaute chinois a commenté Weibo, semblable à Twitter, sous un clip d’actualité montrant Wang debout à côté d’un responsable taliban.

LA CHINE PRAGMATIQUE

Face aux talibans, une Chine de plus en plus puissante pourrait tirer parti du fait que, contrairement à la Russie ou aux États-Unis, elle ne les a jamais combattus.

Lorsque les talibans étaient au pouvoir pour la dernière fois entre 1996 et 2001, la Chine avait déjà suspendu ses relations avec l’Afghanistan, ayant retiré ses diplomates en 1993 suite au déclenchement de la guerre civile.

« C’est nous qui sommes pragmatiques. La façon dont vous voulez gouverner votre pays est en grande partie votre propre affaire, mais ne laissez pas cela affecter la Chine », a déclaré Lin Minwang, expert en Asie du Sud à l’Université Fudan de Shanghai.

« Quand une grande puissance asiatique comme la Chine montre qu’elle reconnaît la légitimité politique des talibans en les rencontrant si ouvertement, cela donne aux talibans une grande victoire diplomatique », a déclaré Lin.

Les médias d’État ont publié cette semaine au moins deux articles analytiques soulignant que l’Afghanistan avait été le « cimetière des empires » et mettant en garde la Chine de ne pas s’embourber dans le « Grand Jeu », renforçant le message selon lequel la Chine n’a ni l’intention d’envoyer des troupes en Afghanistan ni l’illusion qu’il peut combler le vide de pouvoir laissé par les États-Unis.

Après leur rencontre avec Wang, les talibans ont déclaré qu’ils espéraient que la Chine pourrait jouer un rôle économique plus important.

« Cela montre que la Chine pourrait avoir fait miroiter des promesses d’aide économique et d’investissement à un Afghanistan d’après-guerre comme une carotte pour encourager les deux parties à arrêter les combats et à parvenir à un règlement politique », a déclaré Zhang Li, professeur d’études sud-asiatiques à l’Université du Sichuan. .

Les risques d’instabilité régionale pour la Chine ont été mis en évidence le mois dernier lorsque 13 personnes, dont neuf travailleurs chinois, ont été tuées au Pakistan dans un attentat suicide dans un bus. La Chine construit d’énormes projets d’infrastructure au Pakistan dans le cadre de son initiative Belt & Road.

« La priorité numéro un de la Chine est l’arrêt des combats, car le chaos engendre l’extrémisme religieux et le terrorisme », a déclaré Zhang.


Reportage par Yew Lun Tian Montage par Tony Munroe et Kim Coghill


(Traduction automatique)

Le Covid-19 révèle inégalités et abus de pouvoir, partout dans le monde


La police arrête plusieurs manifestants alors que la tension monte pendant les manifestations qui se sont poursuivies pour la quatrième semaine consécutive, suite à la décision du Conseil constitutionnel de statuer en faveur du pass sanitaire et de la vaccination obligatoire des soignants, à Paris, le 7 août 2021. (Photo by Alaattin Dogru/Anadolu Agency via Getty Images)


Nous devons corriger certaines des tendances de gouvernance insidieuses qui émergent. L’expérience montre que les déséquilibres de pouvoir déclenchent instabilité et conflits.


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La chaîne C8 va diffuser un film anti-avortement



La chaîne du milliardaire Vincent Bolloré consacrera également l’essentiel de son antenne dimanche à des contenus catholiques, le jour de la fête de l’Assomption.


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Lutter pour le droit d’informer


Manifestation en hommage à la journaliste d’investigation Daphné Caruana Galizia, tuée dans l’explosion criminelle de sa voiture en 2017 à Malte. © STRINGER AFP/File


Les journalistes sont régulièrement attaqués à travers l’Europe. Accents d’Europe revient aujourd’hui sur deux affaires en cours. (Rediffusion)


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Séparatisme : le Conseil constitutionnel valide l’essentiel du projet de loi


Le Conseil constitutionnel à Paris le 20 décembre 2018 à Paris. (MAXPPP)


Les Sages n’ont censuré que deux mesures sur les dissolutions d’associations et les retraits de titres de séjour accordés aux étrangers.


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LES POPULATIONS AUTOCHTONES DU NÉPAL EXPULSÉES AU NOM DE LA « PRÉSERVATION DE LA NATURE »


REUTERS


Les populations népalaises autochtones subissent depuis près de 50 ans de nombreuses violations de leurs droits. Les autorités se justifient en brandissant leurs politiques de « préservation de la nature ».


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CONTRIBUTION portant sur certaines dispositions du projet de loi confortant le respect des principes de la République

L’écoféminisme, c’est quoi ?

L’imaginaire Écoféministe contre la société patriarcale

Revue Socialter

Émilie Hache est l’une des figures du mouvement écoféministe en France, ce courant de pensée qui lie l’exploitation de la nature avec celle subie par les femmes. Maîtresse de conférence au département de philosophie de l’université Paris-Ouest-Nanterre-La Défense, elle a publié Reclaim ­(Cambourakis, 2016), une anthologie de textes écoféministes qui a permis de redécouvrir des écrits inédits signés des principales figures de ce mouvement. Elle revient sur l’engouement autour de cette notion qui donne des armes afin d’inventer un nouvel imaginaire post-capitaliste et post-patriarcal.

L’écoféminisme est une notion de plus en plus connue, voire même à la mode. Comment analysez-vous cet engouement ?

Je dirais que c’est dû à la conjonction de #MeToo et de l’accélération sidérante du dérèglement climatique, face auquel nous sommes de plus en plus nombreux.ses à ­chercher de nouvelles prises. Il y a encore peu de temps, cette articulation entre féminisme et écologie était impossible à entendre, tout rapprochement entre la nature et les femmes étant systématiquement associé à un risque de naturalisation (que ce lien  serait dans la « nature » des femmes). Pour Simone de Beauvoir par exemple, l’émancipation des femmes ne peut passer que par l’abandon de ce qui relèverait de la féminité, c’est-à-dire de ce qui a été mis dans la « sphère domestique » : le soin des autres, le soin du milieu dans lequel on vit, la question de l’engendrement, la culture de nos émotions, notre sensibilité au monde, etc. Mais jamais par la réappropriation de sa féminité, aussi bien par les hommes que par les femmes et par toute personne sortant du système hétéronormé dans lequel nous nous trouvons.

Que répondre aux gens qui accusent l’écoféminisme d’être essentialiste  ?

Susan Griffin, une poétesse états-unienne, a écrit que l’essentialisme était un épouvantail contenant toutes les peurs de ceux qui portent cette accusation, bien plus qu’un trait spécifique à l’écoféminisme. Cela me semble très juste. Qu’il y ait parmi les écoféministes des personnes qui tiennent parfois des propos essentialistes, c’est tout à fait ­possible… Mais ce n’est pas très grave, tant qu’elles n’empêchent pas les autres de penser et de vivre autrement. Il faut en finir avec cette maladie occidentale de la pureté, et notamment de la pureté théorique. La bonne question à mon avis est : à qui profite cette accusation ? On en a fait un débat entre féministes, mais qui compte les points ? S’il y a bien un discours violemment essentialiste, nous expliquant depuis nos premiers souffles que les hommes sont forts et plus intelligents par nature, et les femmes plus émotives et stupides parce que dotées d’un utérus, c’est cette idéologie naturaliste avec laquelle on se débat tou.te.s. C’est d’ailleurs un comble d’accuser d’essentialisme celles qui cherchent à récupérer des compétences naturalisées comme la maternité ou la question de la reproduction en général, des sujets en réalité archi-contrôlés par l’État. Ou plutôt : c’est bien joué, mais cela ne marche plus. Le fait que cette accusation d’essentialisme soit aujourd’hui en train de disparaître, ou du moins n’impressionne plus les nouvelles générations, nous indique que c’est de ce côté là qu’il faut aller.

La question de la spiritualité est également très présente dans l’écoféminisme. Cela a-t-il participé de sa décrédibili­sation ? 

Certainement, mais tout autant qu’à son immense attrait. Plutôt que de rejeter la nature ou tout rapprochement avec cette dernière, par peur de naturalisation, les ­écoféministes proposent de plonger dedans pour retrouver nos liens avec le monde vivant auquel on appartient. Au lieu de rejeter pour la millième fois les religions (Dieu est mort à tellement de reprises !), elles souhaitent se réapproprier collectivement cette dimension de l’existence. C’est une chose de critiquer les religions monothéistes pour leur incroyable misogynie et leur abandon du monde vivant autre qu’humain en général, c’est autre chose de jeter toute forme de rapport spirituel au monde. Une partie des écoféministes considère que c’est une dimension fondamentale de l’existence et qu’il n’y a aucune raison de s’en passer. Cette position est très difficile à comprendre en ­France car nous héritons d’une histoire religieuse extrêmement violente, que l’on pense aux guerres des religions ou à l’Inquisition. Pour le dire simplement, les écoféministes proposent de se réapproprier ce rapport à l’invisible qui a été capturé par une bande d’hommes blancs siégeant aujourd’hui au Vatican. Elles réaffirment que le sacré n’est pas qu’une valeur masculine, qu’il est essentiel de le rouvrir à des formes féminines, queer ou plus qu’humaines (animaux, rivières, montagnes dans les religions polythéistes par exemple) qui ont toujours existé, mais que les monothéismes ont cherché à éradiquer tout au long de leur histoire. Si cette dimension de l’écoféminisme est si critiquée, c’est qu’elle fait très peur. Ce qui est plutôt bon signe car elle touche à la question du partage du pouvoir. En l’occurrence ici, du pouvoir de l’invisible. Qui est légitime pour entrer en lien avec l’invisible ? Et que font les collectifs de leurs liens avec l’invisible ?

L’écoféminisme est né aux États-Unis, à l’époque des luttes antinucléaires. Quels sont ses liens avec l’écologie sociale de Murray Bookchin et l’écologie profonde d’Arne Næss qui se développent à la même époque ?

Avec du recul, je dirais qu’il s’agit principalement de rencontres manquées. Certes, il y a eu quelques échanges et discussions académiques entre des écoféministes et ces deux courants, mais fondamentalement, ces derniers n’ont pas du tout vu le lien entre la destruction de la nature et l’oppression des femmes. Il faut aller chercher dans les générations antérieures de penseur.seuse.s anarchistes une première élaboration de ces liens. Je pense aussi bien au philosophe ­Charles Fourier qu’à la féministe ­Emma ­Goldman. On le sait peu, mais cette dernière édita une décennie durant, au début du siècle dernier, une revue anarchiste et féministe intitulée Mother Earth. À l’inverse, si l’écoféminisme, dans ses différentes mobilisations comme dans ses pratiques quotidiennes, peut clairement être considéré comme anarchiste, peu de textes ont élaboré cette dimension. C’est à notre génération qu’il revient de déployer cette articulation comme les enjeux vitaux qui la sous-tendent.

Les sociétés matriarcales sont aujour­d’hui mal connues et peu étudiées. Quel est leur lien avec l’écoféminisme ?

La critique qu’adresse l’écoféminisme aux sociétés patriarcales et capitalistes les amène nécessairement à s’interroger sur la possibilité de l’existence d’organisations sociales non patriarcales et non prédatrices du monde vivant. Ce qui, en tant que tel, n’a rien d’extraordinaire. Pourquoi ne pourraient-elles pas exister ? L’Histoire que nous connaissons est principalement celle des États qui ne rend compte que d’une infime partie de l’histoire de l’humanité. La vraie question n’est pas de s’esclaffer devant l’idée délirante de sociétés non patriarcales, mais de se demander plutôt comment on en est venus à penser que ces dernières ne pouvaient pas exister, qu’elles n’étaient qu’un mythe. C’est ça qui est proprement délirant. La responsabilité de l’anthro­pologie dans ce mythe du patriarcat universel – pour le coup ! – est très grande. Tout d’abord dans sa version évolutionniste : certains anthropologues, à l’instar de l’américain L.H. Morgan, renvoient les sociétés matriarcales à un stade primitif irrémédiablement perdu. Quant aux structuralistes, ils préfèrent nier l’existence de ces sociétés ­plutôt que de contredire certaines caractéristiques qu’on pense propres à toutes les sociétés, comme le fameux échange des femmes pour éviter l’inceste et l’endogamie. Or, ces caractéristiques sont en réalité propres aux sociétés patriarcales. Pourtant, il existe des sociétés sans père ni mari, pour reprendre le très beau titre d’une ethnographie sur les Na en Chine. Il en existe même beaucoup, malgré leur destruction en cours, comme l’a montré la chercheuse Heide Göettner-Abendroth. Et ces sociétés sans État, matrilinéaires , se caractérisent par une profonde égalité entre les hommes et les femmes, où le viol, l’inceste comme le féminicide semblent inexistants. Elles s’avèrent aussi infiniment moins destructrices du monde vivant.

Quelles sont les différences fondamentales entre les sociétés matriarcales et patriarcales ?

On peut discuter de la pertinence d’utiliser le terme matriarcat pour désigner ces sociétés non patriarcales. Mais qu’on le fasse au moins sur de bonnes bases : ce terme n’a jamais signifié l’inverse du concept de patriarcat, à savoir la domination des femmes sur les hommes. Il faut plutôt l’entendre au sens de « femmes au commencement » (arkhe, en grec), renvoyant à la maternité. La reconnaissance de l’existence de ces sociétés ouvre des abîmes de questions : pourquoi cela se passe-t-il mieux quand le pouvoir économique est dans les mains des femmes ? Pourquoi les rapports entre les personnes composant ces collectifs semblent-ils infiniment moins ­violents ? Et comment en rendre compte autrement que par des explications essentialistes ? L’hypothèse que l’on peut faire, dans la lignée de l’anthropologue et l’ethnologue ­Pierre ­Clastres et de l’anthropologue anarchiste américain James C. Scott , est la suivante : de même que les sociétés sans État (matriarcales ou non) ne sont pas des sociétés qui sont restées en dehors de l’Histoire mais des sociétés qui refusent activement l’État, ces sociétés matriarcales rejettent activement leur patriarcalisation. Et nous, qui sommes plongé.e.s jusqu’au cou dans des sociétés patriarcales, à supposer même que leur regain de violence actuel à l’égard de tous les vivants puisse être entendu comme le dernier râle des vieux mâles, quelles formes voulons-nous pour nos sociétés non patriarcales et écoféministes ?

Cela passe-t-il par l’invention de nouveaux imaginaires ?

Absolument. Cette question est présente depuis le début du mouvement et explique pourquoi de nombreuses écoféministes ont écrit de la science-fiction, comme ­Françoise ­d’Eaubonne ou ­Starhawk, et se sont immensément nourries de SF féministe, comme celle ­d’Ursula Le Guin, qui commence à être découverte aujourd’hui en France. Le texte que vous republiez ici pose parfaitement le problème. Si notre culture est un ensemble de récits que l’on se raconte collectivement, changer ces récits est fondamental, dans nos fictions mais aussi dans nos textes de droit, en philosophie, dans nos mythes, dans notre épistémologie… Or, si cela pouvait sembler jusqu’à il y a peu insurmontable, héritant de plus de deux millénaires de récits de héros qui se font la guerre, nous ne pouvons que nous réjouir et célébrer la désertion de cet imaginaire dominant nous menant droit au désastre. Cette désertion est en cours partout, dans l’ouverture de nos histoires d’amour à de nouvelles formes de familles, choisies, avec ou sans enfants ; dans l’érotisation de nos liens au vivant et la désérotisation du pouvoir ; dans nos multiples manières de re-sentir que nous ne sommes que de passage, de renouer avec nos mort.e.s, de nous ré-ouvrir à notre animalité, à nos enchevê­trements végétaux… 

→ Émilie Hache est maîtresse de conférence en philosophie à l’université de Nanterre. Dans Ce à quoi nous tenons. Propositions pour une écologie pragmatique (Les Empêcheurs de penser en rond / La Découverte, 2011), elle développe une écologie fondée sur un compromis entre les différentes espèces terrestres. Par la suite, elle engage un travail de définition de l’écologie politique à travers deux ouvrages qu’elle coordonne, dont Écologie politique. Cosmos, communautés, milieux (Amsterdam, 2012). Elle est devenue l’une des figures de la diffusion de la pensée écoféministe en France avec Reclaim (Cambourakis, 2016), un recueil de textes écoféministes choisis et présentés par elle.

L’essentiel de la nouvelle loi antiterroriste validé par le Conseil constitutionnel


Le siège du Conseil constitutionnel à Paris, le 15 octobre 2018. (BERTRAND GUAY/AFP)


Le Parlement avait définitivement adopté cette loi le 22 juillet dernier.


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COLOMBIE : RETOUR À CALI, L’ÉPICENTRE D’UNE RÉPRESSION VIOLENTE

Des manifestants sont rassemblés la nuit dans l’un des « points de résistance » de la ville de Cali, 2021 / ©Amnesty International – Christian EscobarMora

D’importantes manifestations ont éclaté en Colombie depuis avril. Elles ont été réprimées violemment par les autorités. Retour dans la ville de Cali, épicentre de la contestation.


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