Expulsion des exilés du square Daviais – Appel urgent aux pouvoirs publics

Appel à l’initiative du collectif pour la création de maisons d’accueil pour toutes et tous, Nantes le 20 juillet 2018

Le tribunal administratif a prononcé l’expulsion du square Daviais.

L’état a annoncé la prise en charge des plus fragiles.

Il est probable que 300 personnes vont rester à la rue.

Mme le Maire de Nantes a déclaré :
« A Nantes, nous sommes profondément attachés à nos valeurs d’humanisme. A Nantes, nous considérons que l’accueil des personnes migrantes doit être digne et organisé. C’est donc avec le souci de la responsabilité et de l’humanité que nous nous mobilisons et que nous continuerons à nous  mobiliser chaque jour aux côtés de celles et ceux qui cherchent des solutions. En ce jour de 14 juillet, quand on dit « Liberté, Égalité, Fraternité », c’est bien. Quand on le traduit dans les faits, c’est mieux « .

Les signataires de cet appel demandent qu’un traitement humain soit garanti à tous. Ils s’adressent aux pouvoirs publics :

  • à l’État, pour que les plus fragiles soient relogés et suivis au plan médical et social,
  • à l’État, pour que le transfert (au lieu d’une expulsion) soit fait dans le respect des personnes et de leurs biens
  • à la Ville, la Région et l’État pour qu’ils confrontent leur parc immobilier vacant et s’accordent pour ouvrir un lieu d’hébergement pour tous le temps de trouver des solutions durables pour chacun des migrants :
  • à la Région en particulier, pour qu’elle signe un bail précaire de mise à disposition des locaux vacants et sans affectation de l’ancien lycée Vial, solution bien adaptée aux besoins et repérée par les associations d’accueil des migrants
  • à la Ville si la Région refuse cette solution, d’assurer une mise à l’abri temporaire pour que personne ne reste à la rue. Nous savons que la Ville dispose de suffisamment de bâtiments pour répondre à cette demande.
  • à la Ville pour qu’elle ouvre un dialogue avec les bénévoles qui assurent une assistance et une distribution alimentaire sur le square depuis l’installation des premières tentes, dialogue souhaité par tous et constamment demandé depuis le début de cette crise humanitaire.

Appel lancé à l’initiative du collectif pour la création de maisons d’accueil pour toutes et tous : AC, ANADE, ASAMLA, ATD Quart Monde, CIMADE, CSF, DAL, EMMAUS, GASPROM, GREF, L’Autre Cantine, LDH, LOGIS SAINT JEAN, MRAP, RESF, collectif Urgence Jeunes 44, collectif des sans papier de Nantes et collectif soutien migrants Nantes, et l’intersyndicale 44

Demandeurs d’asile, la loi n’est pas respectée à Nantes! Le collectif UCIJ (Unis Contre Une Immigration Jetable) saisit le défenseur des droits!

Communiqué du Collectif Unis Contre Une Immigration Jetable, Nantes le 18 juillet 2018

En effet, du fait de multiples dysfonctionnements des administrations de l’État en région et de leurs prestataires, les associations d’aide aux demandeurs d’asile, constatent que les conditions d’accueil et de prise en charge des personnes demandant la protection de la France, (garanties par le Code de l’entrée et du séjour des étrangers et du droit d’asile1/10 CESEDA) ne sont pas pas remplies et conduisent les personnes à vivre dans des conditions indignes et dégradantes.

Vous pouvez lire le texte de la saisine du défenseur des droits Lettre_au_ défenseur_des_droits_juil_2018

Mort d’un homme de 22 ans à Nantes : des modes d’intervention de la police en question

Communiqué de presse de la section Nantes et pays nantais de la Ligue des droits de l’Homme le 9 juillet 2018

Mardi 3 juillet au soir, dans le quartier du Breil-Malville, à Nantes, Aboubakar Fofana, 22 ans a été tué par un policier d’une balle dans la carotide lors d’un contrôle de véhicule effectué par six CRS. Depuis, la colère des jeunes a éclaté, des équipements publics, des commerces et des voitures ont été incendiés dans plusieurs quartiers de l’agglomération. Une marche blanche a permis aux habitants de rendre hommage dans le calme, au jeune Aboubakar et à sa famille ; la section de Nantes et du pays nantais de la LdH s’y est associée. Cet événement revêt un caractère exceptionnel, comparable à celui qui avait mis le feu aux quartiers dits « difficiles » en 2005.

Comme trop souvent en pareil cas, les premières déclarations des autorités ont mis en avant la présomption de délinquance pour la victime et la possible légitime défense pour le policier, attisant ainsi la colère des proches, persuadés qu’il s’agissait d’une bavure policière. Une enquête a été confiée à l’IGPN, mais, si les circonstances précises restent à établir, lors de sa garde à vue le policier est revenu sur ses premières affirmations pour déclarer avoir tiré par accident. Il a été mis en examen et laissé en liberté sous contrôle judiciaire.

Cet événement éclaire de façon tragique une situation qui tend à être ordinairement occultée, celle des rapports conflictuels entre la police et la population, en particulier les jeunes des quartiers populaires. Comme l’a exprimé dans la presse une mère de famille du quartier, la multiplication des contrôles d’identité est l’un des facteurs de cette tension : « ce n’est pas normal que les jeunes se fassent contrôler comme des chiens, mon fils subit ça régulièrement.. ». Ces contrôles, dont de nombreuses enquêtes ont pu établir qu’ils étaient souvent « au facies », est l’un des éléments de cet affrontement permanent qui signe la faillite d’un mode d’intervention policière, souvent plaqué de l’extérieur (les CRS qui sont intervenus faisaient partie d’une compagnie de Bergerac, tout le contraire d’une police de proximité). Par ailleurs, il est difficile de ne pas mettre en rapport ce tir mortel avec le constat de la hausse de 54 % entre 2016 et 2017 de l’usage des armes à feu par les policiers, constat réalisé par l’IGPN dans un rapport paru le 26 juin.

Nul doute qu’il faille relier ces tensions à la situation de nombreux jeunes, fortement touchés par le chômage, notamment du fait des discriminations à l’embauche. Ces jeunes tendent à rester enfermés dans leur quartier et se trouvent pris dans des processus de mise à l’écart qui se traduisent par un « repli sur soi ». Les dégradations qui ont essentiellement touché les équipements des quartiers où ils vivent et portent préjudice à tous les habitants sont pour partie l’expression de leur rejet d’un système qui les exclut.

La Ligue des droits de l’Homme demande que l’enquête judiciaire fasse au plus vite toute la lumière sur ce qui s’est passé, détermine les circonstances exactes qui ont conduit à la mort de cet homme et, s’il y a lieu, conduise à des poursuites. Elle appelle à l’écoute et à l’apaisement. Elle appelle à ne pas banaliser un tel événement au prétexte de la lutte contre la délinquance mais à réorienter et adapter les modes d‘intervention de la police. Elle appelle enfin à des politiques ambitieuses de lutte contre les discriminations et pour l’égalité des droits.

Obtenir transparence et vérité

Communiqué de l’Observatoire nantais des libertés, Nantes, le 6 juillet 2018

Lors ‘un contrôle, un CRS a tiré et tué un jeune homme de 22 ans le mardi 3 juillet au soir dans le quartier de Breil-Malville.

Le procureur a promis une « enquête approfondie » sur cette « affaire particulièrement grave ». Il est demandé que la justice fasse la transparence. L’Observatoire nantais des libertés n’en attend pas moins. Il entend qu’effectivement l’enquête judiciaire fasse au plus vite toute la lumière sur ce qui s’est passé, détermine les circonstances qui ont conduit à la mort de cet homme et, s’il y a lieu, conduise à des poursuites.

Ce tragique événement pose la question du respect de l’égalité sociale et des droits dans tous les territoires de la République. Elle doit être au centre des réflexions à conduire.

L’Observatoire nantais des libertés avec les associations Association Républicaine des Anciens Combattants, ATTAC, Droit au logement, France Palestine Solidarité, Ligue de l’Enseignement-Fédération des Amicales Laïques, Ligue des droits de l’Homme, Maison des Citoyens du Monde, Mouvement contre le Racisme et pour l’Amitié entre les Peuples, Mouvement National de Lutte pour l’Environnement, Syndicat de la Médecine Générale, Syndicat des Avocats de France, Tissé Métisse. ONL@rezocitoyen.net