Vertou le 3/08/19 – Cette tragédie est tout sauf un malheureux accident

Samedi 3 août un enfant d’à peine un an est mort dans un incendie de caravanes à Vertou, sur un terrain où vivait sa famille venue de Roumanie. Accident domestique, appareils électriques ou à gaz défectueux, autre cause ? L’enquête le dira peut-être.

Mais on doit bien convenir que cette tragédie est tout sauf un malheureux accident. Elle ne doit sans doute pas grand-chose au hasard mais beaucoup à la pauvreté, à la précarité.

Ce n’est pas le premier incendie de caravanes dans un bidonville de l’agglomération nantaise, mais c’est le premier qui soit mortel. Cela s’est passé sur un de ces terrains que les autorités qualifient d’illégalement occupés, et auxquels on refuse donc l’accès à l’eau, à l’électricité (mais sur ce terrain là, les familles avaient obtenus un accord tacite de résidence temporaire du propriétaire )

Alors ces habitants bricolent dans des conditions difficiles, détournent de l’eau des bornes à incendie, de l’électricité du réseau. Soumis à des expulsions à répétition, ils n’ont pas toujours l’occasion de pouvoir habiter six mois au même endroit, comme ce fut le cas à Vertou. On refuse souvent à leurs enfants l’inscription à l’école – oui, des maires français osent cette discrimination . Quels crimes ont commis ces parias? Personne ne sait. Ils sont roumains, ils sont d’ailleurs, ils n’ont pas vocation à vivre ici, ils sont suspects. Citoyens européens discriminés, mais néanmoins souvent travailleurs appréciés des entreprises de la région, comme dans le maraîchage. Utilisables d’un côté, marginalisés de l’autre.

On pourrait penser que la situation est transitoire, mais, elle est présente sur l’agglomération nantaise depuis le début des années 2000 et elle perdure. Quand les projets de la métropole sur la résorption des bidonvilles concerneront seulement un quart de cette population, on comprend que la précarité s’installe durablement et que le risque de tragédie comme celle de Vertou va augmenter.

Nous refusons l’abandon dans lequel notre pays laisse cette population, les risques qu’elle leur fait courir, la relégation à laquelle elle est soumise, et qui rejoint la dérive de notre société vers une augmentation des populations précaires.

Le Collectif Romeurope de l’agglomération nantaise est composé
– d’associations de défense des Droits de l’Homme : LDH, MRAP, GASPROM-ASTI
– d’associations humanitaires : CIMADE, CCFD-Terre Solidaire,Médecin du Monde
– d’association d’éducation populaire : Ligue de l’Enseignement-FAL 44, CEMEA
– d’associations de solidarité : Romsi Indre, Soleil Roms Ste-Luce, Sol’Rom St-Herblain, Ame Sam Rezé, Solidaroms Vigneux, Treillières Solidaire, Avec Carquefou, Action Solidaire Orvault, Droujba Clisson, Solida-Roms-Bouguenais, Association Solidaire Roms Nantes Est, Citoyens Solidaires Montaigu, Solidarité Nantes centre, Cell’Accueil, ADIS Sautron, Fraternité couëronnaise, Roata, UFUT
– ainsi que de citoyens.
Il est indépendant de tout parti politique et non confessionnel.
Il dispose d’un blog https://collectifromeuropenantes.wordpress.com/contacts (on peut s’abonner) et est présent sur les réseaux sociaux Twitter et Facebook (@RomeuropeNantes).
Carte des associations : https://collectifromeuropenantes.wordpress.com/contacts
Site du collectif national Romeurope : http://www.romeurope.org

Pour le droit de manifester, encore et toujours !

Communiqué LDH, Paris, le 2 août 2019

La LDH a saisi, en urgence, le juge administratif de Nantes pour obtenir la suspension de l’arrêté portant interdiction de la tenue, dans le centre-ville de Nantes, d’une manifestation non déclarée le samedi 3 août 2019.

Quelques jours après la découverte du corps de Steve Maia Caniço, lundi dernier, un appel au rassemblement était lancé en élan de soutien aux proches du défunt.

Ce rassemblement a été interdit par un arrêté du préfet de la Loire-Atlantique, pris le 1er août 2019, qui interdit toute manifestation ou rassemblement dans la plus grande partie du centre-ville de Nantes, le samedi 3 août 2019 entre 10h et 20h.

Cet arrêté pris moins de 48 heures avant le rassemblement prévu, restreignant ainsi la possibilité de le contester devant le tribunal administratif, porte une atteinte grave à la liberté de manifestation, empêchant ainsi la population de se recueillir et d’exprimer sa douleur.

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Décès de Steve : une affaire de trop

Communiqué LDH, Paris, le 2 août 2019

Le 21 juin dernier à Nantes, lors de la soirée de la fête de la musique, plusieurs personnes ont été contraintes de se jeter dans l’eau suite à une intervention très violente de la part des forces de l’ordre.

Ces dernières n’ont pas hésité à utiliser sans discernement des gaz lacrymogènes et des grenades de désencerclement alors que le lieu où se déroulaient les faits était dangereux.

Depuis plus d’un mois la disparition de Steve, tombé dans la Loire, était passée sous silence de la part des autorités. La découverte de son corps le 29 juillet a malheureusement conforté ce que tout le monde craignait.

Il est l’heure aujourd’hui de faire le bilan de cette triste soirée.

La Ligue des droits de l’Homme (LDH) dénonce, une fois de plus, les conditions d’intervention des forces de l’ordre qui ont à l’évidence manqué totalement de discernement, démontrant que le pouvoir choisit la répression comme méthode face aux contestations ou événements de toutes sortes qu’ils soient revendicatifs ou simplement… festifs.

Elle demande que toute la lumière soit faite par le biais d’une enquête judiciaire impartiale, claire et complète.

Le rapport de l’Inspection générale de la police nationale (IGPN), sorti le jour même de la découverte du corps de Steve, et ses conclusions selon lesquelles « Il ne peut être établi de lien entre l’intervention de police et la disparition » laissent pour le moins interrogatif devant ce simulacre d’enquête. Même le Premier ministre semble ne pas vouloir se contenter de ce rapport.

La LDH constate que l’IGPN est saisie de centaines de plaintes depuis de nombreux mois sans qu’il y ait de suite, ce qui démontre que cette institution rattachée au ministère de l’Intérieur n’est plus crédible. Etant à la fois juge et partie, l’IGPN ne peut, par sa fonction même, que mettre à mal la confiance que la société devrait avoir en la police.

La nécessité d’une autorité indépendante, comme cela existe dans la plupart des pays européens, devient une évidence car cela pose la question du lien de confiance entre les forces de l’ordre et les citoyens, socle fondamental de notre démocratie.

La LDH mènera ce combat nécessaire. Elle présente ses condoléances à la famille de Steve et les assure de sa solidarité.

Paris, le 2 août 2019

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