Squat rue de Crucy à Nantes : après 18 mois d’occupation, l’expulsion comme réponse

Communiqué de presse de la section de Nantes et du pays nantais de la Ligue des droits de l’Homme. Le 6 mai 2014.

Une centaine de personnes, pour la plupart des demandeurs d’asile, régularisés ou sans papiers ont été évacuées ce matin du squat qu’elles occupaient rue de Crucy à Nantes par les forces de l’ordre arrivées en nombre dès 7 heures. La trêve hivernale a pris fin le 1er avril. Le droit de propriété a retrouvé ses couleurs. L’immeuble est propriété de l’Etat.

Ces personnes vont ainsi rejoindre les dizaines de milliers de personnes expulsées les années précédentes. Leur droit à l’hébergement, pourtant reconnu par la loi, est régulièrement bafoué sous prétexte d’un manque de places. Toutes subissent aussi la fermeture de milliers de places d’hébergement d’urgence, et sont condamnées à subir les violences de la vie dans la rue, comme si vivre et dormir dehors hors gel était absolument sans danger. Or, ceux qui vivent ainsi meurent en moyenne à l’âge de 49 ans.

La Ligue des droits de l’Homme rappelle que la circulaire interministérielle du 26 août 2012 relative à l’anticipation et à l’accompagnement des opérations d’évacuation des campements illicites précise qu’il convient « d’assurer un traitement égal et digne à toute personne en situation de détresse sociale ». Cela suppose d’établir, « chaque fois que possible, un diagnostic et rechercher des solutions d’accompagnement, dans les différents domaines concourant à l’insertion des personnes ». Il ne semble pas que les services de la Préfecture aient procédé ainsi puisqu’un rendez vous a été proposé à ces personnes avec des travailleurs sociaux ce mardi 6 mai dans la matinée, donc seulement après l’expulsion, pour faire une évaluation au cas par cas de leur situation et définir avec eux, en téléphonant au 115, la possibilité d’un relogement éventuel d’une ou deux nuits.

Nous savons par expérience, comme maintes fois signalé aux autorités compétentes, que, pour la plupart des personnes, cette la solution d’urgence proposée restera vaine car les dispositifs d’hébergement sont par trop souvent saturés.

Dans toutes les villes où sévit la crise du logement, des sans logis occupent des immeubles vides, ou s’installent sur des friches. Ce n’est pas un délit, c’est une nécessité légitime, car les lois qui devraient les protéger ne sont pas respectées. Le droit à l’hébergement est trop souvent bafoué, la loi Dalo et la loi de réquisition trop souvent inappliquées, alors même qu’il subsiste plus de deux millions de logements vacants en France, dont certains sont propriétés de l’Etat.

La Ligue des droits de l’Homme rappelle que pouvoir se loger et se maintenir dans un logement décent est une nécessité vitale pour chacun. Elle réitère ses demandes à l’attention des pouvoirs publics quant à la mise en place urgentes de réponses adaptées et suffisantes pour le respect du droit à l’hébergement à Nantes et en Loire-Atlantique.