APRÈS LE BREXIT, LA FRANCE VEUT RENVOYER À L’ANGLETERRE SES GAUCHISTES
Un militant britannique, soutien des sans papiers à Calais, a été placé en rétention administrative avant une probable expulsion dans les prochains jours. Les associations dénoncent une tentative d’intimidation contre ceux qui aident les exilés.
En fin d’année dernière, Didier Leschi, patron de l’Ofii, avait été nommé médiateur par l’État pour trouver une solution avec les trois grévistes de la faim à Calais, qui dénonçaient les conditions de vie des exilés dans la région. À la suite de rencontres avec les militants et les associations, Didier Leschi avait annoncé plusieurs mesures dont celle de ne plus évacuer les campements informels sans en informer au préalable les occupants. Près de six mois plus tard, d’autres promesses n’ont pas été tenues, selon les militants.
Le Royaume-Uni et le Rwanda ont signé mi-avril un accord pour envoyer les migrants arrivés illégalement sur le sol anglais vers Kigali. Le texte a provoqué une vague d’angoisse et d’interrogation pour les exilés qui attendent à Calais de pouvoir franchir la Manche et construire une vie côté britannique. Reportage.
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Des associations de défense des droits des migrants ont installé des boîtes aux lettres aux noms des exilés à l’entrée de huit campements calaisiens. Alors que les habitants d’un lieu visé par une mesure d’expulsion doivent normalement être entendus par un juge, cela n’est pas le cas à Calais au nom de l’impossibilité d’identifier les habitants des campements. Les associations espèrent ainsi permettre aux exilés d’avoir accès à un juge avant toute expulsion.
Dans la querelle diplomatique opposant Londres à Paris, le gouvernement britannique a déclaré prendre son temps pour « veiller à agir pour ceux qui ont besoin de notre soutien ». Paris reproche aux Britanniques de tarder à faire venir les Ukrainiens ayant de la famille outre-Manche. Quelque 400 exilés patientent aujourd’hui à Calais en attendant un visa.
L’association Mosaïc, fondée à l’été 2021, vient en aide aux migrants de Calais en leur proposant de se changer les idées en musique, autour d’un bon plat ou grâce à des activités culturelles. Une bouffée d’air frais pour ces exilés davantage coutumiers des démantèlements que des fêtes.
Parmi le millier de personnes présentes dans les campements informels autour de Calais, de nombreux mineurs non-accompagnés (MNA) survivent. Plusieurs associations déplorent un manque chronique de places d’hébergement pour ces jeunes, rendus encore plus vulnérables par la stratégie « zéro point de fixation ».
Malgré des températures négatives la nuit dans le nord de la France, la préfecture n’a pas activé ces derniers jours le plan Grand froid, qui permet d’ouvrir des hébergements d’urgence à Calais pour y loger les migrants vivants dans des campements. Les associations s’insurgent et déplorent des évacuations de camps sans proposition de mise à l’abri.
La semaine dernière, l’association l’Auberge des migrants a acheminé à Calais près de 20 tonnes de bûches, offertes par la propriétaire d’un bois des Vosges, dans l’Est de la France. Un don qui arrive à point nommé dans les campements de fortune du Calaisis, où les conditions de vie pour les exilés sont très difficiles.
Documentées depuis plusieurs années lors des évacuations de camps, les dégradations ne résulteraient pas d’une « commande de l’État », selon Gérald Darmanin, qui a demandé qu’il y soit mis fin.
Que s’est-il vraiment passé lors du naufrage à Calais qui a coûté la vie à 27 migrants ? Pour la première fois, un homme, qui se présente comme l’un des deux rescapés, témoigne. Il affirme que malgré plusieurs appels aux autorités françaises et britanniques, personne n’est venu les secourir dans un premier temps.
Plusieurs sources, associative et journalistique, indiquent à «CheckNews» que ces derniers jours encore, ces pratiques récurrentes se déroulaient sous les yeux des forces de l’ordre à Calais et à Grande-Synthe.
Le jeune homme de 21 ans, originaire du Kurdistan irakien vit depuis 10 jours dans l’un des campements de Grande-Synthe, près de Calais. En quelques semaines de voyage à arpenter l’Europe, dans l’espoir de rejoindre son frère au Royaume-Uni, Harish s’est retrouvé au cœur de deux symboles de la crise migratoire. En Pologne et sur le littoral français.
Malgré la multiplication des noyades de migrants en mer, comme celle qui a coûté la vie à 27 personnes au large de Calais mercredi 24 novembre, les candidats à l’exil continuent de vouloir tenter la traversée vers le Royaume-Uni.
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Le naufrage au large de Calais s’ajoute à la litanie des drames aux frontières de l’Union européenne. A la sidération ont succédé l’oubli, l’habitude et l’indifférence, estime l’anthropologue Michel Agier. Pourtant, des solutions existent, à commencer par la mise à l’abri des exilés.
Le gouvernement s’est engagé mardi à proposer « systématiquement » un hébergement aux migrants délogés de leurs campements de fortune à Calais. Mais ces annonces n’ont pas convaincu les humanitaires, au 23e jour d’une grève de la faim initiée par trois militants associatifs.
À l’issue de deux jours de discussions entre les trois grévistes de la faim à Calais et Didier Leschi, le directeur de l’Ofii, aucune solution n’a été trouvée. Les premiers réclament l’arrêt des expulsions des camps de migrants, le second propose de prévenir les exilés avant les démantèlements pour qu’ils aient le temps de rassembler leurs affaires. Le dialogue est dans l’impasse.
Anaïs Vogel, Ludovic Holbein, Philippe Demeestère ont entamé une grève de la faim le 11 octobre dernier pour défendre le sort des migrants.
Le directeur général de l’Office français de l’immigration et de l’intégration (Ofii), Didier Leschi, se rendra mercredi 27 octobre à Calais pour une mission de médiation, a annoncé mardi le ministère de l’Intérieur. Depuis 15 jours, Anaïs Vogel, Ludovic Holbein et le père Philippe Demeestère sont en grève de la faim dans l’église Saint-Pierre de Calais. Les grévistes réclament notamment l’arrêt des démantèlements des camps de migrants pendant la période hivernale.
Depuis le 11 octobre, ils ne mangent ni n’avalent rien, à part de l’eau. Le prêtre jésuite Philippe Demeestère et deux autres militants associatifs ont entamé une grève de la faim pour réclamer l’arrêt des maltraitances des migrants de Calais. Onze jours plus tard, les récentes annonces du préfet n’ont pas suffi à mettre fin à leur grève.