Des gendarmes démantèlent un campement de migrants à Calais, en octobre 2019. Crédit : Mehdi Chebil pour InfoMigrants
Mercredi 11 mai, le corps d’un Soudanais de 27 ans a été retrouvé pendu à l’arrière d’un camion, à Calais. Hassan était arrivé dans le nord de la France il y a deux mois dans l’espoir de passer en Angleterre. Ses amis décrivent un jeune homme discret, mais déprimé. Il avait essuyé plusieurs refus d’asile par trois pays européens.
APRÈS LE BREXIT, LA FRANCE VEUT RENVOYER À L’ANGLETERRE SES GAUCHISTES
Un militant britannique, soutien des sans papiers à Calais, a été placé en rétention administrative avant une probable expulsion dans les prochains jours. Les associations dénoncent une tentative d’intimidation contre ceux qui aident les exilés.
Le camp du Old Liddl, à l’est de Calais, où vivent en majorité des Soudanais, en avril 2022. Crédit : InfoMigrants
En fin d’année dernière, Didier Leschi, patron de l’Ofii, avait été nommé médiateur par l’État pour trouver une solution avec les trois grévistes de la faim à Calais, qui dénonçaient les conditions de vie des exilés dans la région. À la suite de rencontres avec les militants et les associations, Didier Leschi avait annoncé plusieurs mesures dont celle de ne plus évacuer les campements informels sans en informer au préalable les occupants. Près de six mois plus tard, d’autres promesses n’ont pas été tenues, selon les militants.
Alladin, Soudanais de 25 ans, veut tenter de se rendre au Royaume-Uni malgré l’accord conclu entre Londres et Kigali. « Une fois là-bas, il faudra tout faire pour ne pas aller au Rwanda ». Crédit : InfoMigrants
Le Royaume-Uni et le Rwanda ont signé mi-avril un accord pour envoyer les migrants arrivés illégalement sur le sol anglais vers Kigali. Le texte a provoqué une vague d’angoisse et d’interrogation pour les exilés qui attendent à Calais de pouvoir franchir la Manche et construire une vie côté britannique. Reportage.
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Un camp de migrants soudanais, près de Calais (illustration). Crédit : Mehdi Chebil pour InfoMigrants
Des associations de défense des droits des migrants ont installé des boîtes aux lettres aux noms des exilés à l’entrée de huit campements calaisiens. Alors que les habitants d’un lieu visé par une mesure d’expulsion doivent normalement être entendus par un juge, cela n’est pas le cas à Calais au nom de l’impossibilité d’identifier les habitants des campements. Les associations espèrent ainsi permettre aux exilés d’avoir accès à un juge avant toute expulsion.
Au Royaume-Uni, à Londres, une manifestation a eu lieu dimanche 5 mars en soutien aux Ukrainiens et contre l’invasion russe dans le pays. Crédit : Reuters
Dans la querelle diplomatique opposant Londres à Paris, le gouvernement britannique a déclaré prendre son temps pour « veiller à agir pour ceux qui ont besoin de notre soutien ». Paris reproche aux Britanniques de tarder à faire venir les Ukrainiens ayant de la famille outre-Manche. Quelque 400 exilés patientent aujourd’hui à Calais en attendant un visa.
A Calais, l’association Mosaïc organise des événements festifs pour lâcher prise. Crédit : David Perriers pour Mosaïc
L’association Mosaïc, fondée à l’été 2021, vient en aide aux migrants de Calais en leur proposant de se changer les idées en musique, autour d’un bon plat ou grâce à des activités culturelles. Une bouffée d’air frais pour ces exilés davantage coutumiers des démantèlements que des fêtes.
Khaled guette les départs sur la plage des dunes de la Slack, à Wimereux, dans le Pas-de-Calais, le 8 septembre 2021. Crédit : Mehdi Chebil pour InfoMigrants
Parmi le millier de personnes présentes dans les campements informels autour de Calais, de nombreux mineurs non-accompagnés (MNA) survivent. Plusieurs associations déplorent un manque chronique de places d’hébergement pour ces jeunes, rendus encore plus vulnérables par la stratégie « zéro point de fixation ».
Malgré le froid, les évacuations de campements ont continué sans proposition de mises à l’abri, selon les associations. Crédit : Utopia 56
Malgré des températures négatives la nuit dans le nord de la France, la préfecture n’a pas activé ces derniers jours le plan Grand froid, qui permet d’ouvrir des hébergements d’urgence à Calais pour y loger les migrants vivants dans des campements. Les associations s’insurgent et déplorent des évacuations de camps sans proposition de mise à l’abri.
Des migrants quittent leur camp de Calais où ils séjournent depuis des semaines dans l’espoir d’atteindre l’Angleterre. Crédit : Reuters
La semaine dernière, l’association l’Auberge des migrants a acheminé à Calais près de 20 tonnes de bûches, offertes par la propriétaire d’un bois des Vosges, dans l’Est de la France. Un don qui arrive à point nommé dans les campements de fortune du Calaisis, où les conditions de vie pour les exilés sont très difficiles.
Marlene Schiappa lors d’un déplacement à Calais (Pas-de-Calais), le 1er décembre 2021. FRANCOIS LO PRESTI / AFP
Documentées depuis plusieurs années lors des évacuations de camps, les dégradations ne résulteraient pas d’une « commande de l’État », selon Gérald Darmanin, qui a demandé qu’il y soit mis fin.
Que s’est-il vraiment passé lors du naufrage à Calais qui a coûté la vie à 27 migrants ? Pour la première fois, un homme, qui se présente comme l’un des deux rescapés, témoigne. Il affirme que malgré plusieurs appels aux autorités françaises et britanniques, personne n’est venu les secourir dans un premier temps.
Une équipe de nettoyage lacère les tentes des exilés devant les forces de l’ordre, à Grande-Synthe, le 16 novembre. (Michael Bunel/Le Pictorium pour Libération)
Plusieurs sources, associative et journalistique, indiquent à «CheckNews» que ces derniers jours encore, ces pratiques récurrentes se déroulaient sous les yeux des forces de l’ordre à Calais et à Grande-Synthe.
Un camp de migrants à Grande-Synthe, près de Calais. Crédit : Dana Alboz / InfoMigrants
Le jeune homme de 21 ans, originaire du Kurdistan irakien vit depuis 10 jours dans l’un des campements de Grande-Synthe, près de Calais. En quelques semaines de voyage à arpenter l’Europe, dans l’espoir de rejoindre son frère au Royaume-Uni, Harish s’est retrouvé au cœur de deux symboles de la crise migratoire. En Pologne et sur le littoral français.
Une quarantaine de migrants se préparent à traverser la Manche vers le Royaume-Uni à bord d’une embarcation de fortune près de Wimereux dans le Nord de la France le 16 octobre 2021 (Photo d’illustration). (MARC SANYE / AFP)
Malgré la multiplication des noyades de migrants en mer, comme celle qui a coûté la vie à 27 personnes au large de Calais mercredi 24 novembre, les candidats à l’exil continuent de vouloir tenter la traversée vers le Royaume-Uni.
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Devant les grilles du hangar Paul-Devot à Calais, où ont été amenés les corps des victimes du naufrage de mercredi. (Marie Magnin/Hans Lucas)
Le naufrage au large de Calais s’ajoute à la litanie des drames aux frontières de l’Union européenne. A la sidération ont succédé l’oubli, l’habitude et l’indifférence, estime l’anthropologue Michel Agier. Pourtant, des solutions existent, à commencer par la mise à l’abri des exilés.
Le gouvernement s’est engagé mardi à proposer « systématiquement » un hébergement aux migrants délogés de leurs campements de fortune à Calais. Mais ces annonces n’ont pas convaincu les humanitaires, au 23e jour d’une grève de la faim initiée par trois militants associatifs.
Les trois grévistes de la faim réclament l’arrêt définitif des démantèlements de campements. Crédit : capture d’écran Youtube
À l’issue de deux jours de discussions entre les trois grévistes de la faim à Calais et Didier Leschi, le directeur de l’Ofii, aucune solution n’a été trouvée. Les premiers réclament l’arrêt des expulsions des camps de migrants, le second propose de prévenir les exilés avant les démantèlements pour qu’ils aient le temps de rassembler leurs affaires. Le dialogue est dans l’impasse.
Les deux militants et le prêtre en grève de la faim à Calais (Pas-de-Calais), le 18 octobre 2021. (MAXPPP)
Anaïs Vogel, Ludovic Holbein, Philippe Demeestère ont entamé une grève de la faim le 11 octobre dernier pour défendre le sort des migrants.
Le directeur général de l’Office français de l’immigration et de l’intégration (Ofii), Didier Leschi, se rendra mercredi 27 octobre à Calais pour une mission de médiation, a annoncé mardi le ministère de l’Intérieur. Depuis 15 jours, Anaïs Vogel, Ludovic Holbein et le père Philippe Demeestère sont en grève de la faim dans l’église Saint-Pierre de Calais. Les grévistes réclament notamment l’arrêt des démantèlements des camps de migrants pendant la période hivernale.