En 4 ans, le nombre de détenus a augmenté d’un tiers. Face à cette situation indigne d’un Etat de droits, la LDH réitère sa demande au gouvernement de la mise en place d’un dispositif contraignant de régulation de la population carcérale.
Alors que les prisons françaises sont inhumaines, fabriquent de l’exclusion sociale et échouent à prévenir la récidive, un nouveau record absolu a été battu au 1er juillet, pour le neuvième mois consécutif, avec 78 509 personnes incarcérées.
Les prisons débordent, et l’Etat les remplit encore
La délinquance n’explose pas et pourtant le gouvernement ne cesse de renforcer les peines passibles d’emprisonnement, ce qui a entraîné une augmentation d’un tiers du nombre de détenus depuis quatre ans.
Mercredi 14 août, l’intersyndicale de l’institution en charge des mineurs sous main de justice a appelé à la grève de ses agents pour dénoncer un plan social. Devant l’administration, les manifestants s’inquiètent de voir une hausse de la répression des jeunes et la suppression de 500 postes de contractuels (contrats d’éducateurs, psychologues ou assistants sociaux pour la PJJ qui ne seront pas renouvelés après le 31 août).
«Le volet éducatif de notre travail disparaît»
«L’éducatif doit primer sur le répressif». «Cette phrase est au cœur de l’action de la PJJ, explique une éducatrice, « mais force est de constater qu’ils l’ont oubliée.» «Avec ces suppressions de postes, c’est tout le volet éducatif de notre travail qui disparaît. Il ne va rester que le législatif, la sanction et la détention.»
Sans contractuels, les équipes de terrains de la PJJ ne vont plus pouvoir prendre le temps de s’occuper des jeunes. «Normalement, entre le moment où le juge nous envoie un jeune et son audience de sanction, on doit le rencontrer plusieurs fois, échanger, construire un projet pour son avenir. Avec ces éléments, le juge est plus clément. Mais depuis l’adoption du code pénal de la justice pour les mineurs adopté en 2021 et raccourcissant le temps judiciaire à neuf mois, il arrive qu’on ne voit pas le jeune avant son audience. Forcément, le magistrat sanctionne plus sévèrement. Alors si on perd encore des camarades… «
Vous le savez déjà, en France, quand un fonctionnaire dysfonctionne, on lui propose un poste à responsabilités, si possible à l’Aide Sociale à l’Enfance. S’en suit une politique sociale toujours plus décadente avec cette consigne récurrente : faites mieux avec moins. C’est ainsi qu’à l’heure où se déploie une très juste campagne contre les violences sexuelles faites aux enfants, on apprend dans mon Département que seulement un poste sur cinq sera remplacé. Évidemment, vous pensez bien, il s’agit des gens de terrain, pas des chefs ou sous-chefs ou conseiller-copain-de-la-présidente. C’est un peu comme si on disait aux enfants « parlez, on vous écoute », en se bouchant les oreilles.
De ma petite lucarne d’assistante sociale, je continue pourtant à me prendre pour un colibri. Je me dis : « Ce n’est pas grave, dans mon quotidien, chaque graine de prévention semée germera peut-être. » Et la colère monte souvent. Descend parfois. Alors, puisqu’on me donne l’occasion de parler des enfants et de mon métier, je saute dessus et me dis que la meilleure chose à faire est peut-être de vous décrire certaines de ces rencontres pour ajouter quelques teintes mitigées au tableau de l’enfance en France aujourd’hui.
Partager la publication "Quand les départements abandonnement l’aide à l’enfance"
Nous relations dans ces pages en juin 2023 le lâchage par la ville de Troyes des éducateurs de la prévention spécialisée, au prétexte que cela relève de la compétence du département, avec la réduction du financement au seul domaine de l’insertion par un seul éducateur au lieu de huit précédemment.
Celui-ci met en cause le fait qu’il n’y ait « plus aucune censure dans la violence », « un détachement de l’auteur par rapport aux faits », « le problème des écrans et des réseaux sociaux », la volonté d’appartenir à un groupe », « le rôle de l’environnement familial » et « les conséquences du confinement. » Mais quid du travail de prévention dont on sait pertinemment qu’il portait ses fruits lorsqu’il était encore en odeur de sainteté ?
En judiciarisant à outrance ce phénomène, on en oublie le rôle de l’éducation. Qui, mieux que les éducateurs de terrain, sera à même de prévenir et d’apaiser les tensions entre ces jeunes de plus en plus susceptibles d’avoir des comportements à risques ?
Aujourd’hui, en 2023, les équipes de Médecins du Monde en France et à l’international constatent quotidiennement combien être femme ou minorité de genre implique des difficultés à exercer ses droits et un accès limité ou complexifié à la prévention et aux soins.
Surexposées à différentes formes de stigmatisation, les femmes et minorités de genre font face à des obstacles variés solidement ancrés dans les sociétés : des barrières géographiques, économiques, socio-culturelles, mais aussi administratives et institutionnelles.
« Face aux conservatismes, à la stigmatisation sociale et morale, aux violences liées au genre, notre combat aux côtés des associations féministes, humanitaires et de santé, reste primordial pour défendre la liberté de toute personne à disposer de son corps, à décider de sa sexualité et de sa santé. » Plan Stratégique de Médecins du Monde.
Communiqué du 12 juillet du COLLECTIF JUSTICE DES ENFANTS dont la LDH est membre
Face à la révolte des jeunes le pouvoir politique et la justice, en apportant une réponse exclusivement répressive, s’exposent au risque de creuser la fracture du pacte social fondée sur l’égalité républicaine. Loin de se questionner sur le message de la jeunesse le garde des Sceaux a appelé à une répression ferme des enfants et à la responsabilisation de leurs parents.
Or depuis des mois, voire des années, tous les acteurs et actrices de la prévention et de la protection de l’enfance alertent sur les dysfonctionnements majeurs des services publics de la jeunesse.