Huit cadavres de migrants, dont un enfant, retrouvés sur des plages espagnoles


Environ 300 kilomètres séparent l’Algérie des côtes espagnoles. Crédit : Google map


Huit corps, dont ceux d’un enfant et de trois femmes, ont été découverts entre dimanche et mardi sur des plages du sud de l’Espagne. Selon les premiers éléments de l’enquête, ces migrants seraient partis des côtes algériennes dans l’espoir de rejoindre l’Andalousie.

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Méditerranée : l’Océan Viking porte secours à 129 personnes au cours de quatre opérations de sauvetage

Quelques jours seulement après son retour en Méditerranée centrale, l’Océan Viking de l’ONG SOS Méditerranée a porté secours à 129 personnes, dont une dizaine de femmes et une quinzaine d’enfants, au cours de quatre opérations de sauvetage menées durant le week-end des 18 et 19 septembre.

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Plus de 1 000 décès en Méditerranée depuis le début de l’année

Les navires humanitaires (Ocean Viking, Sea Watch, Mare Jonio….) sillonnent une partie très limitée de la mer Méditerranée. La présence de ces ONG est loin d’être une garantie de secours pour les migrants qui veulent tenter la traversée depuis les côtes africaines. Beaucoup d’embarcations passent inaperçues dans l’immensité de la mer. Beaucoup de canots sombrent aussi sans avoir été repérés. La Méditerranée reste aujourd’hui la route maritime la plus meurtrière au monde.

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L’Union européenne fragmentée face à la crise en Afghanistan

Équipe plaidoyer de France terre d’asile

Alors que l’arrivée au pouvoir des Talibans constitue une menace pour la population afghane, les États membres de l’Union européenne ne parviennent pas à s’accorder sur une politique commune d’accueil et de retour de ceux déboutés de leur demande d’asile au sein de l’Union.

Afghanistan : Pradié dénonce "une forme de lâcheté collective et  d'impuissance" de l'Occident
Si des dizaines de milliers d’Afghans ont pu être évacués vers l’Italie, l’Allemagne, la France, l’Espagne, la Belgique ou encore le Royaume-Uni avant le retrait des troupes américaines le 31 août, des milliers de personnes en besoin de protection demeurent toujours bloquées en Afghanistan.

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« Nous sommes aussi des artistes » : exilés et Calaisiens exposent ensemble leurs œuvres

Un collectif d’habitants et de personnes exilées dans le Calaisis a lancé « Nous sommes aussi des artistes », une exposition artistique issue d’ateliers hebdomadaires. Une façon de « faire un pied de nez au statut de migrant » et de « sortir de l’urgence », raconte l’association Shanti à l’initiative du projet.

Oeuvre de Mohamed Youssef dans le cadre de l'exposition "Nous sommes aussi des artistes", septembre 2021. Crédits : association Shanti
Œuvre de Mohamed Youssef dans le cadre de l’exposition « Nous sommes aussi des artistes », septembre 2021.

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Un apprenti boulanger menacé d’expulsion

Son employeur se mobilise ! 

Il essaie de tout mettre en œuvre pour accompagner ce jeune.

Il a saisi la presse locale et fait circuler cette pétition : 
https://chng.it/KpbVxqLP
L'objectif est d'atteindre au minimum 200 signatures.

L’obligation de quitter le territoire qu’il a reçue avant les grandes vacances met fin à tous ses efforts d’insertion, à la poursuite de sa formation et à son contrat d’apprentissage.

Notre section et d’autres associations sont particulièrement mobilisées, plus de 50 jeunes étrangers, arrivés mineurs isolés dans l’Aube subissent le même sort depuis quelques mois… 

 Un contrat d'apprentissage a été signé, un budget alloué à l'apprentissage et des subventions ont été votées mais on refuse à Oumar l'accès à la fin de sa formation alors qu'il a été premier de sa classe tout au long de sa première année et qu'il souhaite simplement travailler dignement et passer son CAP.
Ce jeune au destin fragile ne mérite pas l'acharnement de l'état de droit.  
 Soutenons Oumar Konaté !!
 
Oumar est né en Guinée en 2003 dans un petit village à 900km de la capitale. Sa maman décède alors qu’il n’a que 7 ans. Subissant des maltraitances de la part de sa belle mère jusqu’à l’âge de 14 ans, il quitte son pays en 2017. Il passe par le désert du Sahara pour rejoindre l’Algérie puis le Maroc. Lors de sa traversée en bateau pneumatique où il crut mourir, il fut sauvé in extremis en pleine mer par la Croix Rouge. 
Il rejoint Paris grâce à une ONG puis prend un train au hasard pour arriver à Troyes dans l’Aube où il sera pris en charge par le Centre Départemental de l’enfance à l’âge de 15 ans. 
Il obtient son brevet des collèges avec mention.
 Oumar travaille dans notre boulangerie depuis 1 an. Il vient de passer en deuxième année.
 Cet été, le couperet tombe, il reçoit une OQTF en bonne et due forme au motif de documents d’états civils « mensongers » ou « frauduleux », alors que
 le juge pour enfant a admis sa minorité et une carte consulaire lui a été délivrée par l’ambassade de Guinée à Paris !
 C'est un jeune respectueux de la société Française, toujours à l’heure à son travail et d’un courage sans faille au vu de ses expériences de vie.
 Malheureusement, ce n'est pas le seul dans notre département.  
 Quel est le but et la raison profonde de les maltraiter de cette façon à leurs 18 ans révolus alors qu’ils apportent à la société leurs forces de travail et leurs compétences acquises grâce à l’investissement des professeurs, des entreprises et des jeunes eux-même.
 Oumar est indispensable à notre entreprise car je suis seul à la production et nous espérons que les gens se mobiliseront à sa cause car n’oublions pas que la boulangerie est un commerce essentiel, il participe à la vie de quartier.
 L’employeur Frédéric B.
 
Pour rappel :

 -la pétition lancée par la LDH en mars 2021   
 https://www.ldh-france.org/petition-jeunes-majeurs/
 
 -la tribune dans Le Monde en mars 2021
 https://www.lemonde.fr/idees/article/2021/03/02/la-situation-des-jeunes-majeurs-etrangers-represente-un-terrible-gachis-humain-et-social_6071689_3232.html
 
 

Covid-19 : plus de 12 000 travailleurs étrangers « en première ligne pendant la crise sanitaire » naturalisés

Un an après son lancement, le dispositif spécifique mis en place pour les travailleurs étrangers « en première ligne » durant la crise sanitaire a abouti à la naturalisation de 12 012 personnes. Une procédure qui « masque le durcissement politique » qui s’exerce par ailleurs sur « l’accès aux droits des personnes étrangères installées en France », déplorent les associations.

En un an, 12 012 travailleurs étrangers ont été naturalisés, selon un dispositif spécifique en lien avec la pandémie de Covid-19. Crédit : DR
En un an, 12 012 travailleurs étrangers ont été naturalisés, selon un dispositif spécifique en lien avec la pandémie de Covid-19

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Londres menace de refouler les migrants en mer, Paris refuse tout « chantage »


Des migrants sur un canot pneumatique traversent illégalement la Manche pour rejoindre la Grande-Bretagne, le 11 septembre 2020. Crédit : AFP


Le gouvernement britannique, qui a fait de la lutte contre l’immigration une priorité depuis le Brexit, entend faire pression sur la France pour qu’elle laisse passer moins de migrants. De son côté, Paris a prévenu qu’aucun chantage du gouvernement britannique ne serait accepté.

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Les Nations unies vont mettre fin au statut de réfugié pour les Ivoiriens à l’horizon 2022


Le président ivoirien Alassane Ouattara reçoit l’ancien président Laurent Gbagbo à Abidjan le 27 juillet 2021. ISSOUF SANOGO / AFP


Plus de 300 000 ressortissants avaient fui les violences post-électorales de 2011 dans les pays voisins. L’ONU estime le pays suffisamment sûr pour un retour.

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Le monde à l’envers : à peine les talibans ont-ils conquis l’Afghanistan que la Cour nationale du droit d’asile envisage de restreindre la protection des Afghan-es…

Titres de séjour, demandes d’asile… Les chiffres avancés par Éric Ciotti sur l’immigration sont-ils exacts ?

Le Ravi de plâtre de juillet 2020 : Eric Ciotti


Le député LR et candidat à la présidentielle, Éric Ciotti, interrogé sur franceinfo, a avancé plusieurs chiffres confus sur l’immigration. La cellule Vrai du Faux fait le point.

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La Convention de 1961 sur la réduction des cas d’apatridie : 60 ans de plaidoyer et de protection du droit à une nationalité


L’ancien apatride Marc Eric est désormais un citoyen de Côte d’Ivoire, après la confirmation de son droit à la nationalité par une décision judiciaire.   © HCR/Mark Henley


Les efforts pour garantir le droit à une nationalité et éliminer l’apatridie sont réalisables et plus urgents que jamais, a souligné aujourd’hui le HCR, l’Agence des Nations Unies pour les réfugiés, alors que la communauté internationale marque le 60e anniversaire de l’adoption de la Convention des Nations Unies de 1961 sur la réduction des cas d’apatridie.

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En Europe, des murs s’élèvent face à la crise afghane


Pressée de venir en aide à une trentaine de migrants coincés à sa frontière avec la Biélorussie, la Pologne a refusé et annoncé l’installation d’une « solide clôture ». (Jaap Arriens/AFP)


Plusieurs pays, dont la Turquie, la Grèce et la Pologne, ont annoncé un renforcement de leurs frontières pour prévenir les flux de migrants en provenance d’Afghanistan. Les Européens peinent à apporter une autre réponse que sécuritaire aux questions migratoires.

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Information à l’intention des Afghanes et Afghans en quête de protection en France


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Traversées de la Manche : nouveau record, avec plus de 800 arrivées au Royaume-Uni en une journée


Des membres de la border force britannique aident des migrants à débarquer d’un navire, dans le port de Douvres, le 5 août 2021. Crédit : Reuters.


Les autorités britanniques ont porté secours à 828 migrants, répartis sur 30 bateaux samedi, a annoncé le Home office. Il s’agit du plus grand nombre d’arrivées sur les côtes britanniques en une seule journée. De leurs côtés, les autorités françaises ont annoncé avoir empêché près de 200 personnes de rejoindre l’Angleterre.


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Afghanistan : « La France va encore être le pays européen à n’accueillir pratiquement personne », s’inquiète le Collectif pour une nation refuge


Un combattant taliban passe devant un salon de beauté vandalisé à Kaboul, le 18 août 2021. (WAKIL KOHSAR / AFP)


La membre du CNR Marie-Laure Malric dénonce la réticence d’Emmanuel Macron et de la France à accueillir plus de quelques centaines de réfugiés afghans, notamment des femmes, dont la vie est gravement menacée par l’arrivée des talibans au pouvoir. 


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Le HCR rappelle que les besoins humanitaires en Afghanistan ne doivent pas être oubliés

Environ un demi-million d’Afghans sont devenus des déplacés internes du fait des violences durant la seule année 2021.   © HCR/Edris Lutfi


Ceci est un résumé des déclarations de la porte-parole du HCR Shabia Mantoo – à qui toute citation peut être attribuée – lors de la conférence de presse du 13 août 2021 au Palais des Nations à Genève.


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Emmanuel Macron veut « protéger l’Europe des flux migratoires » venus d’Afghanistan : une déclaration « complètement indigne », s’emporte François Gemenne


François Gemenne, chercheur en science politique à l’université de Liège et à l’université de Versailles Saint-Quentin-en-Yvelines. (FRANCEINFO)

« Demander l’asile, c’est un droit fondamental », martèle le directeur de l’observatoire Hugo à l’Université de Liège en Belgique.

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Rapport mondial sur les déplacements forcés en 2020


Yémen . Shaker Ali, 52 ans, est assis devant ce qui était autrefois un marché à Aden. 
« J’habite ici depuis plus de 15 ans, et voir mon quartier comme ça me bouleverse et me rend triste. La guerre nous a obligés à partir et à déménager. 
Nous avons déménagé dans la ville d’Inma’a lorsque les choses se sont réchauffées et maintenant je suis de retour chez moi. Nous manquons de nombreux services de base, comme l’électricité. © HCR/Saleh Bahulais


L’année 2020 restera dans les mémoires comme aucune autre. La pandémie de COVID-19 a bouleversé toutes les facettes de la vie, causant des millions de morts dans le monde et entraînant des souffrances humaines, une récession économique, des restrictions à la mobilité humaine et de graves limitations de la vie quotidienne.

Plus d’un pour cent de la population mondiale – soit 1 personne sur 95 – est désormais déplacée de force. 



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Témoignage poignant sur la mort du prêtre vendéen

Témoignage que je viens de rédiger. Je ne peux plus me taire.

Cécile Murray, le mardi 10 août 2021. Partagez si le cœur vous en dit. 

Je suis choquée d’apprendre le meurtre d’un homme, qui était prêtre et qui tendait la main aux personnes dans le besoin. Je veux lui dire merci. Je suis bouleversée pour cet homme qui a tendu la main à Emmanuel.  Et je suis bouleversée parce que Emmanuel, le suspect, était mon élève et mon ami depuis 2013. 
Et pour cette raison, je ressens vraiment le besoin en lisant tout ce qu’il se dit sur les réseaux de donner mon témoignage, qui j’espère clarifiera et aidera à mieux comprendre cette tragique situation.  Peut être pourra il aider à ne pas juger trop vite. 
Je ne crois pas, comme beaucoup le déclarent, qu’il s’agisse d’un incident terroriste ou radical.  Madame Le Pen, non, ne faites pas l’erreur de vous emparer trop vite de cette histoire tragique. Car cette histoire nous ramène bien avant l’incendie, bien avant ce meurtre terrible. 
J’avais 24 ans lorsque j’ai connu Emmanuel. Aujourd’hui j’en ai 32. Emmanuel a mangé à notre table, nous avons été au musée ensemble, plusieurs fois je l’ai conduit ici ou là en voiture, seule, parce qu’Emmanuel était un homme bon et doux, profondément respectueux, avec lequel on se sentait en sécurité. Il a offert à la naissance de mon premier fils une peluche que nous avons toujours. Il a joué avec mes enfants.  Il a été hébergé par des membres de ma famille plusieurs mois, lorsqu’il n’avait nulle part où aller. Il était discret, gentil, était aimé de tous. Bref, vous l’avez compris, je connais bien cet homme.    Il avait la confiance de beaucoup de personnes, avant l’incendie à la cathédrale. Il était bénévole, tous le décrivaient comme calme, paisible, plutôt timide et discret. Il bégayait un peu. De tous les réfugiés que je connais (et on emploie le terme “réfugié” à tort parce que justement, il ne l’était pas), il était que j’aurais placé en dernier sur la liste de ceux qui pourraient un jour faire du mal à autrui.  Je précise, avec regret mais je m’y sens forcée vu les commentaires lus aujourd’hui, qu’il n’était pas musulman. Il était chrétien, catholique.  Et il s’est beaucoup investi bénévolement au service de l’Église Catholique. 
En 2013 j’ai lu en long et en large les documents qu’il a reçus où sa demande d’asile était refusée. Nous étions assis dans ma salle à manger, je lisais en silence le courrier de l’OFPRA (office français de protection des réfugiés et apatrides), essayant de rester calme. Emmanuel pleurait, impuissant. Dans ce dossier, il y avait la transcription de son interview à l’OFPRA, et donc de son histoire.  J’ai tout lu en ravalant mes larmes et j’ai attendu qu’il reparte de chez moi pour m’effondrer. C’était la première fois que je lisais les détails de son histoire. Je me demandais comment il pouvait tenir si calmement, sans suivi psychiatrique après ces horreurs. Il me faudrait, si je traversais ça, un suivi psychiatrique de plusieurs années pour m’en remettre !  Non seulement il avait besoin d’un suivi psy, comme de nombreux demandeurs d’asile d’ailleurs, qui vivent hantés par leurs souvenirs et les traumas… mais en plus, puisque le refus de l’OFPRA doit toujours être argumenté, on lui disait que son histoire n’était pas la vérité. On remettait en question la véracité des documents qu’il avait fournis, par exemple. Tant de personnes vivent ça. Ça serait tellement plus sain pour ceux qui racontent la vérité d’entendre qu’on ne peut pas accueillir davantage de personnes en France. S’entendre dire qu’on ment n’est pas facile pour tout le monde. J’ai vu ce jour là commencer pour cet homme qui avait déjà vécu la torture (au premier degré) une torture psychologique. L’angoisse, la peur, le sentiment d’injustice. Ce dossier est confidentiel et j’espère qu’un jour il sera relu, afin qu’on puisse réaliser non seulement l’horreur que cet homme a traversé,  mais aussi la brutalité et l’indifférence avec laquelle on répond à une personne sur un sujet si délicat que l’histoire de sa vie, surtout parsemée de tels traumas. 
Vous vous direz peut être : si ils ont jugé que son histoire n’est pas recevable, ils sont experts, nous devons faire confiance.  C’est là que les choses se compliquent : ces 9 dernières années au contact de demandeurs d’asile m’ont appris que, bien au delà de l’histoire de la personne, il y a des enjeux politiques et des accords entre les pays, voire même l’implication de notre pays dans certains conflits qui font que certains demandeurs d’asile ayant vraiment vécu atrocités et danger de mort ne sont pas reconnus réfugiés en France. Pour le Rwanda, la France considère que le génocide est terminé. Elle ne reconnaît pas les représailles qui ont pu avoir lieu après le génocide. Or un génocide et la haine ne se termine pas du jour au lendemain. Ça se saurait. Je me retiens de parler du Tchad et de la position de la France, et tellement d’autres exemples qui peuvent nous faire tellement honte, nous citoyens français. 
Personnellement, je n’ai jamais réussi à m’imaginer dans la peau d’Emmanuel.  Il a fui la violence, pour finalement vivre un autre cauchemar de plusieurs années, sans toit, sans futur, sans être cru. Une fragilité  psychologique s’est progressivement installée..  une impuissance terrible. 
 Il a essayé de croire, essayé de positiver. Plusieurs fois, nous avons prié. Il était croyant, catholique. Il essayait de placer sa confiance en Dieu. Il passait du temps d’ailleurs à l’église. Il a même été rencontré le Pape et était très fier d’une photo de lui qui lui serrait la main. L’Église, c’était sa bouffée d’oxygène.  Mais récépissés, OQTF se sont enchaînés. Les montagnes russes. Le désespoir revenait souvent. On ne peut pas ce que c’est. Pendant 8 ans, errer sans toit, dépendre de la bienveillance de certains qui t’accueillent. Tu ne peux pas travailler. Tu n’es pas réfugié. Tu ne peux pas retourner au pays, parce même si la France veut pas te croire pour ses raisons à elle qui dépasse de loin l’échelle des individus concernés, toi tu as connu la torture et l’horreur. Mais on te dit que tu mens. Malgré ce que le docteur qui a inspecté ton corps a écrit. Malgré les preuves que tu fournis. Aucune issue.
Il y a eu un tournant, dans la santé mentale d’Emmanuel. C’était en hiver 2019 (?)  il me semble. Ça faisait déjà longtemps qu’on ne s’était pas revus. Emmanuel est venu chez nous, balafré à la joue, ses lunettes cassées, dans un état de panique, il était confus, il pleurait, il n’arrivait pas à s’exprimer. Le regard dans le vide, il répétait qu’il ne comprenait pas pourquoi il avait été attaqué. Quelques jours plus tôt, sur le parvis de la cathédrale, il avait été attaqué. Je lui ai mis de la crème sur la joue, je lui ai donné le tube. Je devais partir faire je ne sais quoi avec mes enfants, je n’ai pas pris le temps qu’il fallait. Je n’ai pas mesuré ce qu’il se passait. Je crois que ce jour la, il a vécu un trauma de plus, un trauma de trop. Peut être qu’à cette attaque, des traumas sont remontés…
Il y a quelques mois, je parlais avec un jeune qui était dans ma classe de français, avec Emmanuel. B. avait 16 ans quand il est arrivé.  Lui aussi avait eu un OQTF (obligation de quitter le territoire français ) et lui aussi je l’avais vu pleurer, dans notre salon. Sa maman lui manquait. Il n’était qu’un ado, après tout ! Il ne savait pas où il allait. Mais parce qu’il était mineur, il a bénéficié de la protection de l’enfance et après une année de galère et de détresse, il a reçu ses papiers. Aujourd’hui iil a fait des études, il travaille et il conduit. Alors que je lui donnais la terrible nouvelle de l’incendie de la cathédrale, voici ce qu’il a dit:  « Si les problèmes avaient duré 8 ans pour moi, moi aussi je serais devenu fou, c’est invivable, intenable. Je suis désolé pour Emmanuel.» … Comprenons nous ? 
Déjà l’année dernière à l’incendie de la cathédrale, de nombreuses personnes ont crié à l’attaque terroriste. Cette cathédrale, Emmanuel l’aimait beaucoup. C’était son lieu de travail et son lieu de recueillement. En quelque sorte, c’était chez lui. Il ne s’agit pas d’un homme qui est entré dans une cathédrale pour y mettre le feu! Il s’agit d’un homme qui n’en pouvait plus et qui a foutu le feu à l’endroit qu’il connaissait peut être le mieux. Nous qui connaissons Emmanuel savons que c’était bien plus profond. Il aimait vraiment servir à l’église, ça lui permettait de penser à autre chose. Il aimait vraiment l’église. Sauf que même l’Église n’avait pu l’aider à hauteur du besoin. Le soutenir comme il l’aurait fallu. Parce qu’un homme a qui on refuse de vivre comme un homme, à un moment, ne peut plus tenir. Malgré le vrai soutien qu’il a reçu de la part de plusieurs personnes et de l’Église. 
Je voudrais dire à  Madame le Pen que oui, oui, il fallait accueillir cet homme menacé de mort au Rwanda. Oui il fallait l’accueillir. Mais ce n’est pas ce que nous avons fait. Il n’a pas été accueilli par la France, on lui a refusé l’asile suite à une interview, on lui a dit qu’il mentait, et pour des raisons qui dépassent son histoire et qui concernent la France et ses accords politiques, et cela malgré son intégration, son bénévolat, ses grands efforts, sa claire envie de s’en sortir, toutes les attestations que nous autres avons fournies, sa motivation à travailler, on l’a laissé survivre seul, sans ressources, sans toit, sans futur et sans perspective d’avenir. On l’a laissé la nuit revivre l’horreur de son passé dans ses cauchemars et le jour, faire face au cauchemar que vit l’homme débouté du droit d’asile. L’homme qui ne peut vivre comme un homme. On la laissé dans une détresse psychologique telle qu’un homme pourtant si doux, et encore une fois je ne suis pas la seule à le dire, se retrouve aujourd’hui tellement perturbé psychologiquement qu’il a tué celui qui lui tendait la main. Sans parler de la prison depuis l’acte terrible d’incendier la Cathédrale. L’Unité psychiatrique de la prison. Il ne mangeait plus pendant un temps. Il ne parlait plus. L’avez vous visité? avez vous cherché ce qui a pu le pousser à déclencher un incendie dans la cathédrale? 
On a fait vivre un cauchemar à ce pauvre homme, pendant de nombreuses années. Aujourd’hui, je pense qu’Emmanuel souffre de troubles psychiatriques graves qui ont fait de lui, hier, lundi 9 août 2021, un criminel. Il a tué cet homme qui lui tendait la main. C’est un acte d’une gravité énorme, et un acte incompréhensible qui, pour moi et à la lumière de ce que je sais de cette histoire, ne s’explique que par le trouble psychiatrique. Un trouble psychiatrique qui doit être reconnu. Un trouble psychiatrique installé par des années d’angoisse, dû à l’indifférence et la survie que vivent les déboutés du droit d’asile.  Et ce sont des citoyens, des religieux, des missionnaires, qui dans l’ombre prennent soin de ces gens qui sont là sans être là. Peu d’associations le font puisqu’il n’y a pas de financement pour ce public la. Qui sont les fantômes de notre République des droits de l’homme. Qui bossent au black dans notre pays. 
Aujourd’hui je peux dire que mon ami Emmanuel est devenu un meurtrier, lui qui avait fui son pays et tout risqué pour ne pas l’être. Il est devenu un meurtrier.  Mais  jamais je n’oublierais qu’avant hier, lundi, il était d’abord une victime, une victime du Rwanda, et une victime d’une France qui ne lui a pas tendu la main alors qu’il avait besoin de secours, pendant de longues années. 
Madame Le Pen se permet de s’emparer du sujet en le reliant à un acte terroriste, disant que cet homme n’aurait jamais dû venir en France. Elle se saisit d’une histoire qu’elle ne connaît pas comme d’un argument pour faire pencher la balance en sa faveur. 
Cet homme comme tant d’autres est venu trouver refuge en France parce que nous sommes le pays des Droits de L’Homme. Mais nous ne lui avons pas donné refuge. Nous l’avons laissé dans la misère et sa souffrance a pris le dessus. Hier il a commis le pire. 
Aucun de nous ne peut savoir  s’il aurait supporté les souffrances d’Emmanuel. Celles du Rwanda, et celles de ces 9 dernières années en France. Moi, je ne pense pas que j’aurais pu les supporter. Déjà les lire dans un dossier c’était trop. Alors les vivre, non. 
Au prêtre décédé hier, tué par l’ami qu’il hébergeait, avec l’espoir de le voir aller mieux : merci du fond de mon cœur ♥️ il n’y a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ses amis. Vous avez tendu la main que la France n’a pas tendu à cet homme. 
A tous, que celui qui a déjà vécu une vie comme celle d’Emmanuel lui jette la première pierre. 
Moi, fille de fils d’immigré d’Algérie, j’ai eu la chance d’apprendre à écrire. Aujourd’hui je tenais à ce que ma plume témoigne de l’histoire d’un exilé, qui n’a lui pas eu la même chance que ma famille en France. Un exilé qui a été ignoré lorsqu’il tenait bon, et qui aujourd’hui est connu parce qu’il est tombé.
Voila, merci de m’avoir lue.  Cécile Issaad Murray cecile.asolidaire@gmail.com
Ma tante, Odile Brousse, qui a hébergé Emmanuel plusieurs mois, tient à dire qu’elle co-signe cette lettre. 
Vous pouvez partager, et largement si le cœur vous en dit.

La France suspend les expulsions des Afghans déboutés de leur demande d’asile


Les expulsions, notamment vers l’Afghanistan, ont suscité de nombreuses manifestations en Allemagne | Photo : Picture-alliance/dpa/S.Babbar


Le 12 août, le ministère de l’Intérieur a annoncé avoir suspendu les éloignements forcés des Afghans déboutés de leur demande d’asile, et ce depuis début juillet. À plusieurs reprises, le gouvernement afghan avait demandé aux pays membres de l’Union Européenne de suspendre ces expulsions, en raison de la dégradation du contexte sécuritaire.


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