Amena, lycéenne privée de cours, à Kaboul, le 14 octobre 2021 afp.com/BULENT KILIC
Kaboul – Le lycée d’Amena, une adolescente afghane à Kaboul, a été attaqué à la bombe en mai, des dizaines de ses camarades sont mortes mais cela ne l’avait pas dissuadée de poursuivre ses études.
Aujourd’hui, comme la plupart des élèves du secondaire dans le pays, les talibans lui interdisent de retourner en cours.
« Je voulais étudier, voir mes amis et bâtir mon avenir, mais maintenant je n’y ai plus droit », se lamente cette jeune fille de seize ans, rencontrée par l’AFP à son domicile dans l’Ouest de Kaboul.
« Depuis l’arrivée des talibans, je suis triste et en colère », dit-elle.
La Cimade dénonce un « enfermement abusif » des étrangers en centre de rétention. Crédit : Reuters
Plusieurs semaines après les annonces sur la suspension des vols vers l’Afghanistan, et les évacuations médiatisées depuis Kaboul, la réalité du terrain est critique. Les enfermements de ressortissants Afghans en centre de rétention administrative (CRA), tout comme les procédures d’éloignement, n’ont pas cessé. Justine Girard, responsable rétention de la Cimade, éclaire ces « contradictions entre les pratiques et les annonces ».
Danish est transgenre, Khalid est gay. Craignant pour leur vie sous le régime des talibans, les deux Afghans viennent d’être évacués vers le Pakistan. Voici leur histoire.
Dans une directive mise à jour début octobre, le Home Office, l’équivalent du ministère de l’Intérieur, revoit sa position sur la demande d’asile des Afghans. La situation de violence dans le pays y est jugée restreinte, les ressortissants devront dès lors démontrer des « motifs spécifiques » de persécution pour demander une protection internationale. Pour les ONG et avocats spécialisés, la voie est ouverte à la reprise des retours forcés.
Depuis le 15 août, les talibans sont de retour au pouvoir en Afghanistan et les femmes afghanes notamment s’y voient privées de leurs droits et de leurs libertés. Comment leur venir en aide ? Même depuis la France, il existe des moyens concrets de les soutenir.
Un gouvernement 100% masculin, la suppression du ministère des Affaires féminines, la fin de la mixité à l’université et de l’accès à l’éducation des jeunes filles, des codes vestimentaires draconiens, l’interdiction pour les femmes de circuler seules dans l’espace public… Depuis la prise de pouvoir des talibans en Afghanistan le 15 août dernier, les droits des femmes sont plus que bafoués.
Les Afghans expulsés en Bulgarie risquent un renvoi vers leur pays d’origine. Crédit : Pixabay
Quatre Afghans ont été renvoyés lundi par la France vers la Bulgarie, dans le cadre du règlement Dublin qui permet de reconduire vers le premier pays d’arrivée en Europe les demandeurs d’asile. Des avocats redoutent que ces Afghans soient expulsés dans leur pays d’origine, la Bulgarie n’ayant pas suspendu ses renvois vers l’Afghanistan malgré la prise de pouvoir des Taliban.
WASHINGTON (Crumpa) – Le ministère de la Sécurité intérieure a refusé mardi aux États-Unis les droits d’atterrissage d’un avion charter transportant plus de 100 Américains et détenteurs de cartes vertes américaines évacués d’Afghanistan, ont déclaré les organisateurs du vol.
Pour les survivantes d’abus, les refuges étaient comme une bouée de sauvetage.
« Mes parents m’ont prévenu qu’ils me tueraient si jamais je quittais ce refuge », m’a confié Najla, une femme âgée d’une trentaine d’années. « Le pire, c’est que je n’ai personne pour me soutenir. » Depuis quelques années, elle vit dans un refuge à Herat, dans l’ouest de l’Afghanistan.
Depuis la prise de pouvoir des Taliban en Afghanistan le 15 août, des milliers d’Afghans ont fui par la route pour rejoindre le Pakistan. Parmi eux, des centaines ont demandé l’asile en France et attendent désormais l’aide de Paris.
Dimanche dans un marché aux puces dans le quartier de Khari Khana à Kaboul: cet Afghan Cherche à vendre un matelas et de la literie. WAKIL KOHSAR / AFP
Dans la capitale, bon nombre d’habitants vendent leurs biens les plus essentiels pour se nourrir, un stigmate qui témoigne du drame humain et économique vécu en Afghanistan.
S’il est un endroit où se font sentir les dégâts économiques causés par la montée au pouvoir des talibans , c’est bien le marché de l’occasion qui a vu le jour à côté du pont Khishti dans le quartier Chaman-e Hozori de Kaboul. On y trouve des ustensiles de cuisine, des fers à repasser, de vieilles télévisions et surtout des tapis ; de nombreux tapis et grands coussins qui sont des articles essentiels dans toute maison afghane, où il est courant de s’asseoir par terre. Le fait que de nombreuses familles soient obligées de mettre leurs biens en vente de cette manière souligne la grave crise humaine à laquelle l’Afghanistan est confronté .
Assis sur un grand tapis rouge et bleu, Ahmad Khalid attend un acheteur. « Je vends le tapis et les coussins parce que depuis la chute du gouvernement précédent, je n’ai pas reçu mon salaire et chez nous, nous n’avons pas de nourriture », dit-il en baissant les yeux. Sa famille ne fait pas partie des milliers d’échappés des combats entre les talibans et les forces de sécurité qui se sont réfugiés dans les parcs de la capitale . Il y a un mois et demi, Khalid, 20 ans, était dans l’armée. Son salaire et la retraite de son père, ancien militaire, faisaient vivre toute la famille. Il est l’aîné de neuf frères et sœurs. Ils vivaient sans excès, mais sans besoins.
« Lorsque les talibans sont entrés à Kaboul, tout le monde dans la caserne est rentré chez lui », explique-t-il. Deux semaines plus tard, la famille n’avait plus de revenus et l’argent commençait à manquer. « Chaque jour, je vends quelque chose et avec ce que j’obtiens, j’achète de la nourriture », dit-il. Il espère aujourd’hui toucher 3 000 Afghans (environ 30 euros) pour le tapis qui lui a coûté le double. « Je travaillerais n’importe quoi, mais il n’y a pas de travail », ajoute-t-il avec résignation.
Environ 30 % de la main-d’œuvre afghane travaillait dans le secteur public et le principal employeur était les forces de sécurité (armée, police et services de renseignement). L’interruption de l’aide internationale a laissé l’État sans ressources pour faire face aux salaires et autres dépenses courantes. 40 % de leurs revenus provenaient de donateurs. Le secteur privé est très faible et la plupart des emplois sont informels et à faible productivité, principalement dans l’agriculture.
Le marché aux puces de Chaman-e Hozori a vu le jour au cours des trois dernières semaines, sur une terre aride à côté de la rivière Kaboul. C’est un bazar informel où particuliers et brocantes posent leurs étals. Certains juste un chiffon sur le sol ou un petit tabouret. D’autres, plus professionnels, installent des comptoirs de fortune sur des tréteaux. Il y a ceux qui classent les produits et ceux qui les proposent dans un méli-mélo.
Des habitantes de la ville d’Herat ont décrit la suppression de leurs libertés individuelles du jour au lendemain.
(New York, le 23 septembre 2021) – Dans la ville d’Herat, située dans l’ouest de l’Afghanistan, les talibans se livrent à des violations graves et généralisées à l’encontre des femmes et des filles, ont déclaré aujourd’hui Human Rights Watch et l’Institut des droits humains de San Jose State University (SJSU). Depuis qu’ils ont pris le contrôle d’Herat le 12 août 2021, les talibans y ont semé la peur parmi les Afghanes, y compris en recherchant les femmes qui avaient une certaine notoriété. Les talibans ont restreint la liberté de circulation des femmes à l’extérieur de leur domicile et leur ont imposé des codes vestimentaires obligatoires. Ils ont strictement limité leur accès à l’emploi et à l’éducation, ainsi que leur droit de réunion pacifique.
Une rentrée 100% masculine : seuls les collégiens et lycéens afghans étaient autorisés à reprendre le chemin de l’école samedi, une mesure déplorée par l’Unicef qui a exhorté le nouveau régime taliban à ne pas « laisser les filles de côté » et par l’Unesco qui met en garde contre des « conséquences irréversibles ».
Les femmes conservent certes le droit d’étudier à l’université, mais elles devront pour cela porter une abaya ainsi qu’un hijab et les cours se feront dans la mesure du possible en non-mixité.
Le Ministère des Affaires féminines devient le Ministère de la Promotion de la vertu et de la Prévention du vice.
La France n’expulse pas directement vers l’Afghanistan, mais renvoie en Croatie, en Autriche… des pays qui eux vont exécuter les mesures d’éloignement et où il n’y a aucune garantie sur l’examen des demandes d’asile. Hypocrisie…
Car si la France, l’Allemagne, les Pays-Bas, la Suède ou la Finlande ont indiqué clairement qu’ils cessaient ces expulsions, nombre d’autres membres des 27 ne se sont pas positionnés officiellement, entretenant une zone d’ombre sur l’avenir de ces migrants.
Alors que l’arrivée au pouvoir des Talibans constitue une menace pour la population afghane, les États membres de l’Union européenne ne parviennent pas à s’accorder sur une politique commune d’accueil et de retour de ceux déboutés de leur demande d’asile au sein de l’Union.
Si des dizaines de milliers d’Afghans ont pu être évacués vers l’Italie, l’Allemagne, la France, l’Espagne, la Belgique ou encore le Royaume-Uni avant le retrait des troupes américaines le 31 août, des milliers de personnes en besoin de protection demeurent toujours bloquées en Afghanistan.