En Afghanistan, trois millions d’enfants font face à une malnutrition aiguë, alors que les fonds de la Banque centrale afghane sont gelés depuis la prise de pouvoir des talibans, mi-août. Les hôpitaux locaux sont désormais incapables de fonctionner.
Une femme à Kaboul, en Afghanistan, le 31 octobre 2021. (HECTOR RETAMAL / AFP)
Le ministère taliban de la Promotion de la vertu et de la Prévention du vice leur demande également de faire en sorte que les femmes journalistes portent « le voile islamique » à l’écran.
Les victimes pourraient être des activistes des droits des femmes qui cherchaient à fuir le pays.
Un porte-parole taliban a confirmé samedi 6 novembre le meurtre de quatre Afghanes dont les cadavres ont été retrouvés à Mazar-i-Sharif (Nord), alors que plusieurs assassinats d’activistes ont été rapportés récemment.
Depuis que les Taliban ont pris le pouvoir fin août en Afghanistan, la répression s’intensifie contre les membres de la communauté LGBT+. Craignant pour leurs vies, ses membres sont contraints de vivre dans la clandestinité. « Nous savons de manière certaine que les Taliban ont une ‘liste noire’ de personnes à abattre », révèle Rainbow Railroad, une ONG canadienne qui aide des Afghans menacés de mort à obtenir l’asile.
Les fillettes Farishteh, 6 ans, (d) et Shokriya (2e) un an et demi, avec leurs parents et leur frère, sous une tente du camp de déplacés de Qala-i-Naw, le 14 octobre 2021 en Afghanistan – Hoshang Hashimi (AFP)
Quand son mari a dit à Fahima qu’ils allaient devoir vendre leurs deux petites filles pour que la famille ne meure pas de faim, après avoir été déplacée par la sécheresse dans l’ouest de l’Afghanistan, elle a « beaucoup pleuré ».
Henry Masson et Fanélie Carrey-Conte, président et secrétaire générale de la Cimade, reviennent, dans une tribune au « Monde », sur ce qui s’est passé en Afghanistan, depuis la prise de Kaboul par les talibans le 15 août, et appellent à un changement de politique sur le droit d’asile.
Tribune. Alors que les événements d’Afghanistan ne sont plus au cœur de l’actualité quotidienne, il est indispensable de ne pas s’en détourner. Au cœur du drame afghan, des familles se trouvent aujourd’hui séparées, du fait des difficultés de la mise en œuvre de la réunification familiale. Or, il est possible de faire plus et mieux sur ce sujet.
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Amena, lycéenne privée de cours, à Kaboul, le 14 octobre 2021 afp.com/BULENT KILIC
Kaboul – Le lycée d’Amena, une adolescente afghane à Kaboul, a été attaqué à la bombe en mai, des dizaines de ses camarades sont mortes mais cela ne l’avait pas dissuadée de poursuivre ses études.
Aujourd’hui, comme la plupart des élèves du secondaire dans le pays, les talibans lui interdisent de retourner en cours.
« Je voulais étudier, voir mes amis et bâtir mon avenir, mais maintenant je n’y ai plus droit », se lamente cette jeune fille de seize ans, rencontrée par l’AFP à son domicile dans l’Ouest de Kaboul.
« Depuis l’arrivée des talibans, je suis triste et en colère », dit-elle.
Danish est transgenre, Khalid est gay. Craignant pour leur vie sous le régime des talibans, les deux Afghans viennent d’être évacués vers le Pakistan. Voici leur histoire.
Dans une directive mise à jour début octobre, le Home Office, l’équivalent du ministère de l’Intérieur, revoit sa position sur la demande d’asile des Afghans. La situation de violence dans le pays y est jugée restreinte, les ressortissants devront dès lors démontrer des « motifs spécifiques » de persécution pour demander une protection internationale. Pour les ONG et avocats spécialisés, la voie est ouverte à la reprise des retours forcés.
WASHINGTON (Crumpa) – Le ministère de la Sécurité intérieure a refusé mardi aux États-Unis les droits d’atterrissage d’un avion charter transportant plus de 100 Américains et détenteurs de cartes vertes américaines évacués d’Afghanistan, ont déclaré les organisateurs du vol.
Dimanche dans un marché aux puces dans le quartier de Khari Khana à Kaboul: cet Afghan Cherche à vendre un matelas et de la literie. WAKIL KOHSAR / AFP
Dans la capitale, bon nombre d’habitants vendent leurs biens les plus essentiels pour se nourrir, un stigmate qui témoigne du drame humain et économique vécu en Afghanistan.
S’il est un endroit où se font sentir les dégâts économiques causés par la montée au pouvoir des talibans , c’est bien le marché de l’occasion qui a vu le jour à côté du pont Khishti dans le quartier Chaman-e Hozori de Kaboul. On y trouve des ustensiles de cuisine, des fers à repasser, de vieilles télévisions et surtout des tapis ; de nombreux tapis et grands coussins qui sont des articles essentiels dans toute maison afghane, où il est courant de s’asseoir par terre. Le fait que de nombreuses familles soient obligées de mettre leurs biens en vente de cette manière souligne la grave crise humaine à laquelle l’Afghanistan est confronté .
Assis sur un grand tapis rouge et bleu, Ahmad Khalid attend un acheteur. « Je vends le tapis et les coussins parce que depuis la chute du gouvernement précédent, je n’ai pas reçu mon salaire et chez nous, nous n’avons pas de nourriture », dit-il en baissant les yeux. Sa famille ne fait pas partie des milliers d’échappés des combats entre les talibans et les forces de sécurité qui se sont réfugiés dans les parcs de la capitale . Il y a un mois et demi, Khalid, 20 ans, était dans l’armée. Son salaire et la retraite de son père, ancien militaire, faisaient vivre toute la famille. Il est l’aîné de neuf frères et sœurs. Ils vivaient sans excès, mais sans besoins.
« Lorsque les talibans sont entrés à Kaboul, tout le monde dans la caserne est rentré chez lui », explique-t-il. Deux semaines plus tard, la famille n’avait plus de revenus et l’argent commençait à manquer. « Chaque jour, je vends quelque chose et avec ce que j’obtiens, j’achète de la nourriture », dit-il. Il espère aujourd’hui toucher 3 000 Afghans (environ 30 euros) pour le tapis qui lui a coûté le double. « Je travaillerais n’importe quoi, mais il n’y a pas de travail », ajoute-t-il avec résignation.
Environ 30 % de la main-d’œuvre afghane travaillait dans le secteur public et le principal employeur était les forces de sécurité (armée, police et services de renseignement). L’interruption de l’aide internationale a laissé l’État sans ressources pour faire face aux salaires et autres dépenses courantes. 40 % de leurs revenus provenaient de donateurs. Le secteur privé est très faible et la plupart des emplois sont informels et à faible productivité, principalement dans l’agriculture.
Le marché aux puces de Chaman-e Hozori a vu le jour au cours des trois dernières semaines, sur une terre aride à côté de la rivière Kaboul. C’est un bazar informel où particuliers et brocantes posent leurs étals. Certains juste un chiffon sur le sol ou un petit tabouret. D’autres, plus professionnels, installent des comptoirs de fortune sur des tréteaux. Il y a ceux qui classent les produits et ceux qui les proposent dans un méli-mélo.
Une rentrée 100% masculine : seuls les collégiens et lycéens afghans étaient autorisés à reprendre le chemin de l’école samedi, une mesure déplorée par l’Unicef qui a exhorté le nouveau régime taliban à ne pas « laisser les filles de côté » et par l’Unesco qui met en garde contre des « conséquences irréversibles ».
Les femmes conservent certes le droit d’étudier à l’université, mais elles devront pour cela porter une abaya ainsi qu’un hijab et les cours se feront dans la mesure du possible en non-mixité.
Le Ministère des Affaires féminines devient le Ministère de la Promotion de la vertu et de la Prévention du vice.
La France n’expulse pas directement vers l’Afghanistan, mais renvoie en Croatie, en Autriche… des pays qui eux vont exécuter les mesures d’éloignement et où il n’y a aucune garantie sur l’examen des demandes d’asile. Hypocrisie…
Car si la France, l’Allemagne, les Pays-Bas, la Suède ou la Finlande ont indiqué clairement qu’ils cessaient ces expulsions, nombre d’autres membres des 27 ne se sont pas positionnés officiellement, entretenant une zone d’ombre sur l’avenir de ces migrants.
Alors que l’arrivée au pouvoir des Talibans constitue une menace pour la population afghane, les États membres de l’Union européenne ne parviennent pas à s’accorder sur une politique commune d’accueil et de retour de ceux déboutés de leur demande d’asile au sein de l’Union.
Si des dizaines de milliers d’Afghans ont pu être évacués vers l’Italie, l’Allemagne, la France, l’Espagne, la Belgique ou encore le Royaume-Uni avant le retrait des troupes américaines le 31 août, des milliers de personnes en besoin de protection demeurent toujours bloquées en Afghanistan.
Malgré leurs promesses « d’ouverture », les Taliban ont annoncé de premières mesures inquiétantes pour les droits des femmes en Afghanistan. Parmi elles, la fin de la mixité dans les universités ou encore l’interdiction de la pratique sportive.