Communiqué commun : Dans un arrêt du 26 avril 2022, la Cour de justice de l’Union européenne (CJUE) juge qu’en vertu du principe de liberté de circulation au sein de l’espace Schengen, un État membre ne peut rétablir des contrôles à ses frontières intérieures pour une durée excédant 6 mois, sauf apparition d’une nouvelle menace, distincte de la précédente. La CJUE juge également que le contrôle d’identité mis en œuvre dans le cadre d’un rétablissement des contrôles aux frontières intérieures excédant cette durée est illégal.
Le camp du Old Liddl, à l’est de Calais, où vivent en majorité des Soudanais, en avril 2022. Crédit : InfoMigrants
En fin d’année dernière, Didier Leschi, patron de l’Ofii, avait été nommé médiateur par l’État pour trouver une solution avec les trois grévistes de la faim à Calais, qui dénonçaient les conditions de vie des exilés dans la région. À la suite de rencontres avec les militants et les associations, Didier Leschi avait annoncé plusieurs mesures dont celle de ne plus évacuer les campements informels sans en informer au préalable les occupants. Près de six mois plus tard, d’autres promesses n’ont pas été tenues, selon les militants.
Alladin, Soudanais de 25 ans, veut tenter de se rendre au Royaume-Uni malgré l’accord conclu entre Londres et Kigali. « Une fois là-bas, il faudra tout faire pour ne pas aller au Rwanda ». Crédit : InfoMigrants
Le Royaume-Uni et le Rwanda ont signé mi-avril un accord pour envoyer les migrants arrivés illégalement sur le sol anglais vers Kigali. Le texte a provoqué une vague d’angoisse et d’interrogation pour les exilés qui attendent à Calais de pouvoir franchir la Manche et construire une vie côté britannique. Reportage.
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Des migrants arrivent à Douvres après avoir traversé la Manche, le 14 avril 2022. Crédit : Reuters
Quelques jours après la signature d’un accord entre le Royaume-Uni et le Rwanda sur l’envoi des demandeurs d’asile à Kigali, le Danemark a lui aussi repris ses discussions avec le gouvernement de Paul Kagamé, dans l’espoir de conclure le même genre de partenariat. Quelles conséquences cet accord peut-il avoir sur les États membres de l’Union européenne ? Entretien avec Camille Le Coz, chercheure au Migration Policy Institute Europe, à Bruxelles.
Le Danemark a fourni un avion pour l’opération de surveillance de la mer du Nord et de la côte anglaise de la Manche menée par Frontex. Crédit : ministère de l’Intérieur
Frontex devrait augmenter ses effectifs permanents à 10 000 garde-frontières et garde-côtes à l’horizon 2027. Dans cette perspective, l’agence européenne de surveillance des frontières commence à répondre à ses futurs besoins en matière d’équipement. Dès 2023, elle envisage des commandes d’armes « létales et non-létales », révèle l’ONG StateWatch.
La ministre britannique de l’Intérieur, Priti Patel (à gauche), et le ministre rwandais des Affaires étrangères, Vincent Biruta (à droite), signent l’accord sur les demandeurs d’asile, le 14 avril 2022. Crédit : AP
L’accord conclu jeudi 14 avril par le Royaume-Uni pour envoyer au Rwanda ses demandeurs d’asile est décrié par plusieurs ONG et par l’ONU, qui lui reprochent sa cruauté et son illégalité. France 24 fait le point avec François Gemenne, chercheur spécialiste des flux migratoires à Sciences Po.
Les migrants arrivent au port de Douvres à bord d’un navire de la Border Force après avoir été secourus lors de la traversée de la Manche, à Douvres, le 10 janvier 2022. Crédit : Reuters
Avec l’accord passé avec le Rwanda pour envoyer dans ce pays d’Afrique de l’Est les demandeurs d’asile arrivés par la Manche, Londres espère décourager les migrants de se rendre au Royaume-Uni. Pourtant, les passages d’embarcations n’ont pas faibli ces derniers jours. Selon des ONG, cet accord risquerait d’ailleurs davantage d’enrichir les passeurs. Entretien.
La vie des étrangers sans-papiers est une vie aux aguets, raconte le chercheur Stefan Le Courant. La menace de la police s’immisce jusque dans les rêves. En cinquante ans, l’irrégulier susceptible d’être régularisé a cédé la place au clandestin, à expulser fissa.
Des Afghans dans les rues de Pantin, au nord de Paris, en février 2022. Crédit : InfoMigrants
Depuis la prise de pouvoir par les Taliban, les Afghans en France ne peuvent pas être expulsés vers Kaboul, comme l’a souligné le ministre de l’Intérieur d’Emmanuel Macron, Gérald Darmanin. En revanche, certains peuvent être renvoyés vers des pays-tiers européens qui, eux, restent flous sur leur politique d’éloignement. Précisions.
Marine Le Pen et Emmanuel Macron s’affronteront pour le deuxième tour de la présidentielle française le 24 avril prochain. Crédit : Reuters
Comme en 2017, Emmanuel Macron et Marine Le Pen ont tous deux été qualifiés dimanche soir pour le deuxième tour de l’élection présidentielle. Si elle est élue, la cheffe du parti d’extrême-droite fera de l’immigration la grande cause de son mandat en supprimant toute une série de mesures – comme le regroupement familial, le droit du sol ou l’Aide médicale d’État. Le président candidat se montre, lui, moins expansif sur le sujet mais souhaite néanmoins expulser un plus grand nombre de ressortissants étrangers et durcir les conditions d’accès aux titres de séjour. Décryptage.
À 30 ans, Ibrahima attend depuis presque deux ans de régulariser sa situation en France. Désœuvré, sans accès au marché du travail ni aux études, ce Guinéen qui ne supporte pas de ne rien faire est bénévole auprès d’associations caritatives dans une petite ville du Maine-et-Loire. Une manière de s’intégrer et de prouver, aux autres ainsi qu’à lui-même, sa valeur. Reportage.
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Des policiers grecs patrouillent le long d’une clôture en acier construite le long du fleuve Evros, à la frontière avec la Turquie, le 22 août 2021. Crédit : EPA
Dans un rapport publié jeudi, Human Rights Watch révèle que des migrants sont utilisés par la police grecque, à la frontière gréco-turque, pour renvoyer en Turquie d’autres migrants. L’ONG a collecté plusieurs témoignages. Les exilés chargés des refoulements ont affirmé devoir collaborer plusieurs mois avec la police grecque en échange d’une éventuelle autorisation de séjour dans le pays.
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Quand des candidats racontent n’importe quoi sur l’immigration
Un camp de migrants à Paris, en 2020. Crédit : MSF / Bruno Fert
Approximations douteuses et fausses promesses. Certains candidats à la magistrature suprême n’hésitent pas – depuis le début de la campagne et depuis plusieurs années – à surenchérir sur la question migratoire. À quelques jours du premier tour de l’élection présidentielle, InfoMigrants revient sur les principaux clichés concernant l’immigration.
La commission sénatoriale sur la concentration des médias (lancée en novembre 2021 et conclue fin mars 2022), la proposition de deux candidats d’extrême droite de privatiser (au moins une partie de) l’audiovisuel public (décembre), et l’annonce par Emmanuel Macron de vouloir supprimer la redevance audiovisuelle (mars) : trois moments de la campagne qui ont vu s’inscrire à l’agenda du débat public la question des médias au sens large. En dehors de ces trois séquences, et malgré le renforcement de la concentration ayant eu cours durant le quinquennat du locataire de l’Élysée – et qui a encore vocation à s’étendre, force est de constater que les projets de transformation des médias peinent à intéresser les chefferies éditoriales et les intervieweurs. Nombre de propositions figurent pourtant dans les programmes des différents candidats, ainsi que dans des sources complémentaires. Acrimed les a examinés à la loupe.
Conférence de presse commune de la LDH, de la Cimade et du MRAP
La Ligue des droits de l’Homme, la Cimade et le Mouvement contre le racisme et pour l’amitié entre les peuples poussent un coup de gueule contre le vocabulaire utilisé depuis le début de la campagne pour dénigrer les étrangers en France. « L’immigration n’est pas un problème », militent-ils .
par CHRISTOPHE RUSZKIEWICZ
L ’immigration n’est pas un problème, l’étranger ne doit pas servir de bouc émissaire pour les maux de la France », s’insurge Sylvie Garet. La présidente du Mouvement contre le racisme et pour l’amitié entre les peuples (Mrap) est, depuis le début de la campagne présidentielle, « affolée par ce qu’on peut entendre. Les pourvoyeurs de haine cherchent à diviser la société en brandissant le chiffon rouge de l’immigration massive ».
« Ce contre quoi on lutte, c’est le vocabulaire utilisé. »
C’est pour pousser un coup de gueule en commun que le Mrap, la Ligue des droits de l’Homme et la Cimade s’unissent contre ces mauvais signaux envoyés. « Ce contre quoi on lutte, c’est le vocabulaire utilisé », soulignent ces associations d’une seule voix. « Ministère de la remigration », « assimilation », « grand remplacement », autant de termes galvaudés selon elles. « À chaque élection présidentielle, il y a de la part de candidats une banalisation, une montée de comportements qui sont délictuels. Le racisme est un délit. (…) Derrière, il y a une volonté de stigmatisation, de propager des idées fausses, comme celle du Français de souche. La France est constituée de personnes différentes, et chacun a le droit de cité », fait valoir Hubert Bruneel, secrétaire de la Ligue des droits de l’Homme. « Et ce n’est plus seulement l’extrême droite », constate Jean-Louis Dufaut (Cimade).
DIPLÔME SUIVI D’UNE OQTF
Les trois associations regrettent le sort réservé aux jeunes majeurs réfugiés qui, une fois leur majorité atteinte, « sont laissés dans la nature » après leur apprentissage. « Souvent, ils reçoivent leur diplôme et, juste derrière, leur OQTF (obligation de quitter le territoire français) », constate Hubert Bruneel. Hélène Darodes, pour la Cimade, regrette par ailleurs le développement de la dématérialisation des actes, « une machine à discriminer », engendrant « des lourdeurs administratives » et l’absence de prise en charge. Et d’ajouter que, depuis peu, « les Dublinés*, assignés à résidence, doivent aller signer en compagnie des enfants, obligés de quitter l’école, alors que c’est contraire aux textes », regrette Hélène Darodes. Si elles sont favorables « au droit inconstitutionnel à l’accueil », la Ligue des droits de l’Homme, la Cimade et le Mrap regrettent la différence de traitement entre les réfugiés selon leur nationalité : « Pour l’Ukraine, heureusement qu’il y a cette mobilisation, mais cet accueil doit être inconditionnel. Combien de Syriens, d’Afghans, d’Érythréens n’ont pas le droit au même traitement ? On a vu l’élan de solidarité avec les Ukrainiens, on a vu que tout un coup, l’accueil était possible. C’est bien un choix politique… »
Certains discours sont ouvertement homophobes, sexistes et misogynes.
« Outre le problème lié au vocabulaire utilisé contre les étrangers, certains discours sont ouvertement homophobes, sexistes et misogynes », complète Rémy Dufaut, vice-président de la Ligue des droits de l’Homme. Hubert Bruneel est exaspéré de ce candidat qui considère que l’affaiblissement de la société dépend de la place que l’on donne aux femmes… Qui plus est, « ce sont des opinions que l’on essaie de faire passer pour des faits », s’agace Hubert Bruneel. « C’est tellement ahurissant dans le pays de la déclaration des Droits de l’Homme », conclut Jean Camus, secrétaire adjoint de la Ligue des droits de l’Homme.
*Les Dublinés sont soit des personnes qui demandent l’asile sur le territoire français, mais c’est un autre pays européen qui se révèle responsable de leur demande ; soit des personnes interpellées en situation irrégulière et ayant formulé une demande d’asile dans un autre pays européen.
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Un camp de migrants soudanais, près de Calais (illustration). Crédit : Mehdi Chebil pour InfoMigrants
Des associations de défense des droits des migrants ont installé des boîtes aux lettres aux noms des exilés à l’entrée de huit campements calaisiens. Alors que les habitants d’un lieu visé par une mesure d’expulsion doivent normalement être entendus par un juge, cela n’est pas le cas à Calais au nom de l’impossibilité d’identifier les habitants des campements. Les associations espèrent ainsi permettre aux exilés d’avoir accès à un juge avant toute expulsion.
L’accueil à bras ouverts des Ukrainiens rappelle de douloureux souvenirs à d’autres réfugiés. En 2015, Afghans et Syriens arrivaient en Europe, et notamment en Belgique. Que deviennent-ils après les interminables files devant l’Office des Étrangers ? Nous avons rencontré Zulfali, réfugié afghan et Ajmad, réfugié syrien. Eux aussi ont fui les bombardements dans leurs pays respectifs. Ils ont aujourd’hui 23 ans et construisent leur avenir en Belgique.
Avant le début de l’invasion, les étudiants africains représentaient un tiers des étudiants étrangers en Ukraine. Eux-aussi ont été forcés de fuir mais ne bénéficient pas de la politique d’accueil exceptionnelle mise en place par l’Europe. Rostan, 20 ans, a quitté son Cameroun natal pour suivre des études à Marioupol. Arrivé en France un peu par hasard, il est englué dans les démarches administratives afin de poursuivre son cursus dans l’Hexagone.