THE OLD OAK

de Ken LOACH 


Nous avons vu en avant-première ce Vendredi 20 octobre, en partenariat avec l’AATM (Association pour l’Accueil des Travailleurs et des Migrants) ce film exceptionnel de Ken Loach, soutenu par la LDH. La projection a été suivie d’un débat. 

On ne présente plus le réalisateur britannique ni son scénariste Paul Laverty, dont tous les films sont empreints d’un réel humanisme.

Celui-ci, peut-être le dernier du réalisateur (il a 87 ans), est un magnifique testament d’un humanisme fulgurant. S’emparant de la question de l’accueil des migrants (ici des Syriens ayant fui la dictature de Bachar al-Assad), il complexifie la question en situant l’action dans une petite ville sinistrée du fait de la fermeture des mines, à la population abandonnée par l’Etat ; la salle paroissiale, elle-même a disparu. Les maisons ont perdu toute valeur car qui voudrait s’installer dans ce lieu frappé par la misère sociale. Le pub demeure le seul endroit offrant un minimum de convivialité.

C’est là qu’une association d’accueil des migrants a acheté à bas prix trois maisons où loger 3 familles syriennes. TJ Ballantyne, le propriétaire du pub “The Old Oak”, un homme revenu d’une vie cabossée, donne un coup de main à l’installation des familles mais de peur de perdre la clientèle qui le fait vivre, il n’ose pas contredire les propos haineux et racistes tenus par les piliers du pub ; ce, jusqu’au jour où, sous le coup d’un drame personnel et grâce à la relation qui s’est créée avec Yara, une jeune fille syrienne autour de la photographie, il met à disposition l’arrière salle du pub pour y développer une cantine qui vient en aide aux plus démunis des habitants et devient un endroit de fraternisation. Ces moments de chaleur humaine vont être brutalement interrompus sous l’action de ceux qui accusent les migrants de tous leurs maux. Toutefois le film se clôt sur une note d’espoir dans une scène très émouvante de romantisme social naïf diront certains mais qui porte la croyance en la capacité des plus démunis de se porter assistance face au drame qui touche certains d’entre eux.

Ken Loach et Paul Laverty ont parcouru cette région du Royaume Uni pour documenter ce film qui sonne très juste et dont le personnage principal est joué par un comédien plus vrai que nature.

Le rythme du film, assez lent, épouse les hésitations de ce héros ordinaire. Les personnages sont bien caractérisés. La démonstration n’est jamais didactique ; les propos sont justes et répondent aux situations. Le film est ainsi un magnifique témoignage en faveur de l’accueil.

Ken LOACH – GB 2023 1h53mn VOSTF – avec Dave Turner, Ebla Mari, Claire Rodgerson, Trevor Fox, Chris McGlade… Scénario de Paul Laverty.

Au cinéma UTOPIA de Pont-Ste-Marie du 25/10/23 au 21/11/23

 

C’est quoi le banga à Mayotte ?


La démolition d’un vaste bidonville à Mayotte, qui avait été suspendue par le tribunal judiciaire de Mamoudzou le 25 avril, a repris le 22 mai. Le bidonville «Talus 2» se situe dans le quartier de Majicavo, dans la commune de Koungou. Une partie des petites cases vétustes revêtent pour les Mahorais une signification bien particulière, celle de l’intégration des nouvelles générations dans la société. C’est ce que montrait un reportage de 1990.

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Opération « Wuambushu » à Mayotte : « La démolition systématique n’est pas forcément la bonne réponse », regrette l’association Droit au logement

Comment favoriser l’insertion professionnelle des migrants?


En France, 7 millions de personnes sont issues d’un autre pays, selon une étude de l’INSEE de 2022.

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En Corrèze, tensions autour de l’implantation d’un nouveau centre d’accueil


Un nouveau centre d’accueil pour demandeurs d’asile de 40 places doit ouvrir ses portes à Beyssenac, en avril. Mais la préfecture fait face à l’hostilité des habitants qui s’inquiètent de ces nouveaux arrivants.

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Projet de loi immigration : selon l’Ofii, échouer au test de français ne sera pas synonyme d’expulsion


Dans le cadre de son projet de loi, le gouvernement souhaite conditionner l’obtention d’un titre de séjour à un niveau de français minimal. Le directeur général de l’Office français de l’immigration et de l’intégration (Ofii) a toutefois précisé, lundi, qu’échouer à ce test ne sera pas synonyme d’expulsion.

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Un second souffle

« La paysannerie offre le lien entre la terre, dont on sort tous, et qui on est. Le travail de la terre crée une possibilité d’évasion, de s’échapper des problèmes » Cédric Herrou Emmaüs Roya

« Je suis passé par l’enfer de la Lybie. Travailler, faire des occupations saines, apprendre et gagner un peu d’argent m’a libéré. » Un résident Emmaüs Roya

« Depuis que je suis là, ma vie a changé. Avant j’étais laissé pour compte, à la rue, je n’existais pas. Ici j’ai retrouvé un second souffle » Un résident Emmaüs Roya

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Peut être une image de 2 personnes, plein air et arbre
Emmaüs Roya | Breil-sur-Roya
Défends Ta Citoyenneté EMMAÜS ROYA, fondateur Abbé Pierre | HelloAsso

Projet de loi immigration

Le gouvernement veut créer une carte de séjour pour les professionnels de santé

Une nouvelle carte de séjour pluriannuelle dénommée « talent – professions médicales et de pharmacie », qui concerne les médecins « quelle que soit leur spécialité », les sages-femmes, les chirurgiens-dentistes et les pharmaciens qui « permettra d’améliorer la lisibilité et l’attractivité du droit au séjour pour ces publics qualifiés, tout en tenant compte des enjeux de vérification de l’aptitude de professionnels étrangers à exercer dans le domaine hospitalier », justifie l’exécutif.

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Ce projet de loi sur l’immigration, qui doit être présenté en Conseil des ministres en janvier avant d’être examiné au Sénat puis à l’Assemblée nationale début 2023, a fait l’objet de concertations tous azimuts en cette fin d’année ainsi que d’un débat houleux et sans vote au Parlement.

Comme indiqué depuis plusieurs mois par le gouvernement, il fait la part belle aux mesures destinées à favoriser les expulsions des étrangers délinquants, notamment par une réforme « structurelle » de l’asile, et contient plusieurs articles visant à rendre plus efficace l’intégration des étrangers.

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Evolution historique de la notion d’intégration François Héran et Delphine Rouilleault

Pour lancer la Semaine de l’intégration du 17 au 21 octobre 2022, le Réseau pour l’emploi et le logement des réfugiés (RELOREF)* a organisé un webinaire sur le thème « Interroger la notion d’intégration et son évolution historique ».

Avec la participation de : • François Héran, sociologue, anthropologue et démographe, professeur au Collège de France et directeur de l’Institut Convergences Migrations / CNRS • Delphine Rouilleault, directrice générale de France terre d’asile

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*RELOREF est un projet de France terre d’asile cofinancé par l’Union Européenne. Plus d’informations : https://www.france-terre-asile.org/no…

Ile-de-France : une enquête fait le point sur l’emploi de la main d’œuvre immigrée

Des soignantes de la clinique de Stains, en Seine-Saint-Denis, regardent la conférence de presse du 18 mars au cours de laquelle Jean Castex, le Premier ministre annonce le troisième confinement,. Crédit : Reuters


Plus de 20% des actifs en Ile-de-France sont des travailleurs immigrés, selon une étude statistique de l’Insee (l’Institut national de la statistique et des études économiques) qui a établi une radiographie de cette main d’œuvre d’origine étrangère.

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D’ici et d’ailleurs, le pire et le meilleur


« Démago, partisane, menée à deux contre un » : la CGT France Télévisions critique l’interview d’un syndicaliste par Franceinfo

Soudan : un an après le coup d’État, les espoirs brisés des femmes, « premières victimes du retour en arrière »


ISRAËL : À QUAND UNE ENQUÊTE SUR LES CRIMES DE GUERRE COMMIS EN AOÛT À GAZA ? 


Avec le food truck des hôtels sociaux de la banlieue sud


Un service de bagagerie et laverie gratuit pour les sans-abri


De la rue à une prestigieuse école d’ingénieurs : l’extraordinaire parcours d’un jeune migrant congolais reçu au bac avec mention « Très bien »


Repoussé, le projet de loi immigration de Gérald Darmanin se précise

Gérald Darmanin, le 2 août, à l’Assemblée nationale. (Alain Jocard /AFP)


Depuis un mois, le ministre de l’Intérieur avance des pistes répressives visant les immigrés. Nombre d’associations y voient des obstacles sur la voie de leur intégration.

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Migrants


À écouter : ces Africains qui ont choisi l’Ukraine


Royaume-Uni : les autorités « dépassées » et « inefficaces » face aux arrivées de migrants


Après les avoir acceptés, la mairie de Paris refuse des contrats à des immigrés


Un peu d’espoir pour les migrants ?


Des activités aquatiques pour dépasser les traumatismes des migrants


A Bagnolet, des familles de migrants ne veulent plus être invisibles


À Calais, le rappeur Dallo est devenu la voix des exilés

« Face aux sans-papiers, la menace est un instrument de gouvernement »


Expulser mieux, expulser plus : ces discours reviennent régulièrement dans la bouche des responsables politiques. Le président de la République Emmanuel Macron a ainsi annoncé il y a quelques mois que s’il était réélu, le refus d’asile vaudrait automatiquement obligation de quitter le territoire français. Il a fustigé les trop nombreuses « voies de recours » et réaffirmé un objectif de « maîtrise des frontières ». Une (énième) loi sur l’immigration a été annoncée, mais elle risque d’être bousculée par la composition de la nouvelle assemblée nationale, les députés LR et RN ayant bien l’intention de peser de tout leur poids sur le sujet.

Le président réélu veut aussi réformer l’espace Schengen et renforcer les frontières extérieures de l’Union européenne grâce à l’agence de garde-frontières européenne, Frontex. Cette politique, dans la droite ligne de celle impulsée par Nicolas Sarkozy dans les années 2000, est pourtant un échec. Réforme après réforme, les taux d’exécution des principales mesures d’expulsion restent faibles : 12 % pour les OQTF (obligations de quitter le territoire français) en 2018, pour un coût de 14 000 euros en moyenne.

L’accès au droit est de plus en plus malmené. Un rapport du Sénat publié en mai pointait un « contentieux ubuesque » : en 2021, 40 % de l’activité des tribunaux administratifs concerne le contentieux des étrangers, dont une partie ne tient pas à l’existence d’un litige mais au fait de pouvoir obtenir un rendez-vous en préfecture. Quels effets produit une telle politique sur les sans-papiers qui en font les frais ? Pourquoi s’obstiner dans une voie qui échoue si manifestement ? Telles sont les questions qu’explore l’anthropologue Stefan Le Courant, chargé de recherche au CNRS et auteur de Vivre sous la menace. Les sans-papiers et l’Etat, (Le Seuil, 2022).

Votre livre s’intitule Vivre sous la menace : qu’avez-vous souhaité montrer ?

Stefan Le Courant : Je m’intéressais aux questions d’enfermement en général. En commençant cette enquête, je me suis rapidement rendu compte – chose bien connue – que la plupart des personnes enfermées en centre de rétention administrative (CRA) ne sont pas expulsées mais relâchées sur le territoire. Or les CRA sont en principe des lieux où sont enfermés les étrangers sans-papiers avant d’être expulsés. J’ai voulu comprendre, avec les outils de l’anthropologie, ce que fait cette politique. A quoi aboutit une politique qui a l’air d’échouer ?

Les discours sur les CRA sont souvent de deux ordres : soit on dit « ça ne sert à rien, de toute façon, les sans-papiers en sortent libres » – c’est l’argumentaire des partisans de l’abolition –, soit on dit « les sans-papiers ne sont pas expulsés, le dispositif n’est pas assez efficace, il faut le renforcer » – c’est le discours dominant chez les responsables politiques. Cette ligne s’est imposée lorsque Nicolas Sarkozy était ministre de l’Intérieur [2002-2004 puis 2005-2007, NDLR] et plus encore lorsqu’il est devenu président de la République en 2007.

Concrètement, le nombre de places en rétention a augmenté, passant de moins de 800 en 2002 à plus de 1 700 en 2017 ; il fallait renforcer la solidité des procédures et mettre en place des pôles juridiques capables de répondre aux questions de préfectures. Les points de blocage du système étaient bien connus des responsables politiques. Or depuis, rien n’a changé. Le nombre de places en rétention va encore augmenter dans les années qui viennent. D’anciens CRA s’agrandissent et de nouveaux sont en construction à Bordeaux ou Orléans. Dans les années à venir la capacité d’enfermement en métropole avoisinera les 2 200 places.

En se demandant « que se passe-t-il pour les personnes qui sont arrêtées, mais ne sont pas expulsées ? », on est amené à complexifier le discours sur la rétention. Cette politique qui semble échouer a pourtant des effets très concrets.

Que produit cette politique ?

S.L.C. : Une part de la population qui habite ici parfois depuis des décennies vit avec le couperet de l’arrestation et de la découverte de son irrégularité. La menace ne concerne pas uniquement l’expulsion, même s’il s’agit de la perspective la plus redoutée et la plus dangereuse. C’est aussi, par exemple, le fait d’être découvert par son patron comme sans-papier, qui expose au risque de perdre son emploi.

« Je fais l’hypothèse que derrière l’apparent échec de l’expulsion, il y a une forme de contrôle d’une population, qui passe par sa fragilisation continuelle »

Ce contrôle a des dimensions spatiales. Beaucoup d’étrangers qui arrivent en France l’expriment en signifiant que la frontière géographique, la frontière franchie, devient une nasse. Ils ne peuvent plus la franchir dans l’autre sens car ils risquent alors d’être découverts comme sans-papiers. Ils sont confinés sur le territoire. Le champ lexical fait aussi référence au monde carcéral. « J’ai l’impression de vivre en cavale », entend-on souvent. Les sans-papiers se sentent traités comme des délinquants. Cet effet spatial du contrôle a souvent pour effet de limiter leur présence dans l’espace public, où ils risquent de rencontrer un policier. Ou elle leur fait développer une hypervigilance et des stratégies constantes d’adaptation qui mobilisent une grande partie de leur énergie.

L’effet spatial se double d’un effet temporel. Les sans-papiers sont enfermés dans le temps, coincés dans un éternel présent. « On ne peut pas avancer, on ne peut pas reculer », est quelque chose qui revient régulièrement dans les discours.

Cette politique produit une fragilisation, une perte de repères et de formes d’insertion plus ou moins solides. Je fais l’hypothèse que derrière l’apparent échec de l’expulsion, il y a une forme de contrôle d’une population, qui passe par sa fragilisation continuelle, par le fait de la maintenir dans une situation où elle sait que tout peut s’effondrer du jour au lendemain. La menace est un instrument de gouvernement, il y a un gouvernement par la menace.

Qu’est-ce que cette politique nous dit de la frontière ?

S.L.C. : La frontière est susceptible de revenir à tout moment. Le contrôle des étrangers ne se fait pas seulement à la frontière, mais par la frontière. On les empêche de s’insérer dans la société, on les tient à la marge, sur le côté. Cette politique s’explique par une forme de paradoxe de l’Etat, qui est à la fois impuissant à empêcher les étrangers d’arriver sur le territoire et tout-puissant, au sens où il a un pouvoir immense d’agir sur la vie des sans-papiers et de leur rendre la vie infernale.

De cette tension entre impuissance et toute-puissance se dégage une forme de contrôle. L’Etat essaie de les empêcher de franchir la frontière, avec Frontex aux frontières extérieures de l’Union européenne et la police aux frontières au sein de l’UE. Et pour les étrangers, assez nombreux malgré cela, qui sont arrivés sur le territoire, on les endigue, on les empêche, on les maintient dans un éternel présent.

Cela signifie-t-il que les gouvernants mettent délibérément en place cette politique ?

S.L.C. : La question de l’intentionnalité est très complexe à trancher. Les gouvernants ont-ils conscience de ce qu’ils font ? Ont-ils conscience de produire cette menace avec ces effets-là ? Pour y répondre, il faudrait mener une enquête au sein de la haute administration et recueillir des propos, qui du reste ne seraient certainement pas confirmants en tant que tels.

Il y a néanmoins deux éléments à relever. La menace est revendiquée comme outil de gouvernement par les dirigeants. Un exemple : en juillet 2017, le Premier ministre d’alors, Edouard Philippe, avait déjà exprimé sa volonté de procéder à des expulsions en nombre pour montrer que les frontières existent. L’idée est qu’il faut dissuader les étrangers qui veulent venir en France, et faire peur à ceux qui sont déjà là. La France n’a du reste pas l’apanage de cette revendication.

L’autre élément est que les effets négatifs de cette politique sont bien connus et que rien n’est fait, au contraire, pour essayer de les limiter. A l’époque où Nicolas Sarkozy était président de la République, il y avait des rapports annuels sur les étrangers en France. Tous mettaient en avant les difficultés à expulser. Rien n’était fait pourtant pour atténuer ces effets.

Pire, chaque réforme ne fait que les accentuer. En 2019, la durée maximale d’enfermement est passée de 45 à 90 jours. Cela accentue les effets de la privation de liberté sur l’image de soi, l’incorporation d’une image négative de soi, ainsi que le risque de perdre son emploi ou son logement. Difficile après autant de jours d’enfermement de reprendre son travail comme si de rien n’était, ou de convaincre son logeur que le loyer sera payé à temps. Ces politiques ont des effets destructeurs sur les capacités d’insertion dans la société.

Elles sont aussi, comme la prison, un catalyseur de pratiques illégales. Des personnes insérées qui se vivaient comme légitimes à être en France car elles recevaient une fiche de paie (même sous un faux nom) et payaient des impôts, vont chercher ailleurs, dans l’économie informelle, des sources de revenus. Le dispositif d’expulsion fabrique les clandestins.

Quels sont les effets de cette politique sur le travail ?

S.L.C. : La lecture la plus répandue de ce système général de la menace est la suivante : avec les sans-papiers, il y a une production par l’Etat d’une population destinée à servir les intérêts du marché. C’est une lecture fonctionnaliste : on trouve une fonction à ce système pour rendre compte de l’acharnement contre une population qu’on ne peut pas expulser. L’appareil répressif de l’Etat est mis au service du marché. Cette théorie n’est pas totalement fausse : beaucoup de sans-papiers travaillent dans des conditions qui leur sont préjudiciables. Il y a toutefois deux façons de nuancer ce propos.

« Lorsque vous êtes en situation irrégulière, un employeur peut prendre le pouvoir sur vous, mais cela vaut aussi dans une relation amicale ou votre cercle social, avec des formes de chantage »

D’abord, beaucoup de sans-papiers travaillent avec des titres de séjour qui ne sont pas les leurs. Il y a certes un avantage pour le patron dont l’employé sera sans doute moins revendicatif et moins exigeant sur le respect du droit du travail. Cet avantage n’est pourtant pas si évident : le patron paie malgré tout le sans-papier au même salaire, à partir du moment où celui-ci a réussi à produire un titre de séjour régulier. Les grèves de sans-papiers montrent que les sans-papiers ont des fiches de paie, même si ce n’est pas à leur nom. D’ailleurs beaucoup de patrons, dans la restauration notamment, se mobilisent pour la régularisation de leurs employés. Pour eux, c’est aussi l’assurance que le salarié ne sera pas arrêté un matin, les obligeant trouver une solution au dernier moment.

Ensuite, il y a d’autres mécanismes qui permettraient aux patrons de bénéficier d’une main d’œuvre corvéable. En témoigne la tristesse qu’éprouvent les sans-papiers lorsqu’ils découvrent que leur régularisation n’a pas d’effet miraculeux sur leurs conditions de travail. Ils n’ont pas plus de formation, continuent à subir du racisme dans l’emploi, etc.

Du reste, on peut encore approfondir le raisonnement : la circulation d’une main d’œuvre sans contrainte pourrait tout à fait répondre aux exigences d’une économie néolibérale qui ferait jouer la concurrence entre les travailleurs pour faire baisser les conditions salariales.

Quels sont les effets de cette politique sur la vie intime et amoureuse ?

S.L.C. : Lorsque vous êtes en situation irrégulière, un employeur peut prendre le pouvoir sur vous, mais cela vaut aussi dans une relation amicale ou votre cercle social, avec des formes de chantage : « Si tu ne fais pas ceci ou cela, je vais te dénoncer à la police. » La personne va-t-elle le faire ? La police interviendra-t-elle ? C’est hypothétique, mais un moyen de pression existe.

Pour les sans-papiers, ces questions sont omniprésentes : à qui le dire ? à quel moment le dire ? à qui est-il préférable de le cacher ? Par définition, les intentions d’autrui sont difficilement prévisibles. Cela place les personnes concernées dans une position permanente d’évaluation du risque, dans une économie de la dissimulation et de la révélation. Avec ce paradoxe que pour pouvoir bénéficier d’aide, il faut être capable de le dire.

Souvent, les anticipations en amont de la révélation dans une relation amoureuse s’avèrent déplacées. « J’ai quelque chose de grave à te dire, j’espère que ça ne changera pas notre relation », et la copine a rigolé, elle s’attendait à quelque chose de plus terrible. Pour d’autres, en revanche, la révélation met fin à la relation. L’idée popularisée par Eric Besson lorsqu’il était ministre de l’Immigration, de l’Intégration et de l’Identité nationale (2007-2009), que le sans-papier est un profiteur perdure dans l’espace du débat public.

Ce discours est très genré : il s’agit toujours d’un homme subsaharien qu’on soupçonne d’être manipulateur face à une femme française aimante et sans préjugé. Cette représentation est dans la droite ligne des stéréotypes coloniaux, raciaux, et genrés les plus classiques qui mettent en scène la femme blanche abusée et l’homme noir calculateur. Dans les CRA et les locaux de rétention, on rencontre parfois des hommes dénoncés par leur conjointe à l’occasion d’une dispute. Ces situations sont rares, mais elles existent. Jusque dans une dispute de couple, le statut administratif d’un des deux partenaires peut surgir.

Source

L’Allemagne va régulariser des milliers de migrants qui ne peuvent être expulsés

La ministre allemande de l’Intérieur, Nancy Faeser. Crédit : Picture alliance


Berlin va permettre aux migrants vivant depuis plus de cinq ans en Allemagne avec le statut de « Duldung », une résidence tolérée, d’obtenir un permis de séjour longue durée. Environ 130 000 personnes seraient concernées. Les associations d’aide aux étrangers saluent cette réforme.

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Jeunes majeurs étrangers

A Troyes, le Collectif de Veille lance un cri d’alarme

(Obligation de Quitter le Territoire français)



Le collectif de Veille est constitué des principales associations locales soucieuses du respect des droits humains et se mobilise à chacune des atteintes à ceux-ci.

Nous sommes aujourd’hui atterrés par la situation de dizaines de jeunes majeurs étrangers, qui, après avoir été pris en charge par l’état, éduqués, scolarisés ou pris en apprentissage dans des métiers souvent en tension, se retrouvent dans la précarité, privés d’avenir en France, parce que la préfecture leur refuse un titre de séjour.
Nous ne pouvons pas les laisser pour compte, nous voulons les rendre visibles.


C’est pourquoi à partir du jeudi 30 juin, nous serons présents en continu pour alerter de leur situation

au n°5, rue Charbonnet à TROYES


où vous pourrez nous rencontrer et vous joindre à nous.

Nous mènerons parallèlement dans la ville des actions d’information.

Emploi : « L’intégration des réfugiés, c’est un marathon, pas un sprint »

54 094 personnes ont obtenu le statut de réfugié en France en 2021. La grande majorité n’a pas accès au marché du travail. Crédit : Mehdi Chebil


Compétences linguistiques insuffisantes, impossibilité de faire reconnaître en France des diplômes obtenus hors de l’Union européenne, mal-logement : pour les réfugiés en France, décrocher un emploi est un parcours du combattant. Mais à l’heure où les employeurs font face à des pénuries de main-d’œuvre, les entreprises se disent prêtes à se tourner vers « ce nouveau vivier de recrutement ». Interview.

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Londres va équiper les migrants de bracelets électroniques

Communiqués de la LDH

Sur le chantier des JO de Paris, des travailleurs sans-papiers exploités espèrent une embauche

L’inspection du travail a révélé en mars 2022 que des sans-papiers travaillaient sur le chantier des JO de Paris. Image d’illustration. Crédit : Creative commons


Le chantier de construction des Jeux olympiques de Paris devait être exemplaire. Pourtant, l’inspection du travail a révélé, fin mars, que des travailleurs sans-papiers avaient été embauchés sur le site par un sous-traitant de GCC, grand groupe de BTP, donneur d’ordres sur le chantier du village olympique. Ces travailleurs ont pu être régularisés rapidement après l’inspection. Ils réclament aujourd’hui leur embauche par GCC.

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